Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter [Epreuve de Vie]

Epreuve de Vie:

Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter [Epreuve de Vie] Fenouil

Après des rencontres au dénouement incertain avec des membres d'une tribu particulièrement étranges, Fenouil se retrouvait à nouveau dans les Montagnes. Il foulait encore une fois ces chemins rocailleux. Si pauvres en vie. Si grisâtres. Vraiment ennuyeux comme paysage. Mais la chance finit par lui sourire. Un peu plus loin devant lui, près d'une paroi effondrée, il y avait quelque chose ! Avec prudence, il longea le vide pour s'approcher de ce qui avait attiré son attention. Ses pas s'arrêtèrent. Ses yeux venaient de découvrir un nouveau passage. Une brise lui apporta l'odeur typique de la végétation. Une forêt ? De quoi manger ! De quoi se cacher des Prédateurs ailés ! Il y aurait sûrement aussi de l'eau ! Et plein d'abris !

Remonté par toutes ces belles promesses, il s'engagea vivement dans le passage. Il marcha un long moment avant d'atteindre les premiers arbres. Il n'avait pas choisi le bon moment pour visiter ces bois. Il faisait sacrément moche et humide. On ne voyait pas très bien avec tout ce brouillard. Il n'aimait pas trop ce type d'environnement. Certes, il pouvait se cacher dans la brume. Mais les ennemis pouvaient en faire de même. Mais c'était toujours mieux que de cheminer sur les sentiers montagneux. Il décida donc de rester pour explorer plus en profondeur.

Il découvrit des champignons qu'il prit pour des fleurs. Car il était peu habitué à cette espèce-là. Il en goba un et le goût lui plut. En plus, c'était facile à trouver car çà avait une odeur si particulière ! Il commença sa cueillette et ce fut celle-ci qui le conduisit dans une situation embarrassante. Il marchait droit en direction d'un groupe de champignons appétissants lorsque le sol se déroba sous ses pattes. Il chuta de pas très haut. Mais suffisamment pour se retrouver bloqué.

Surpris par la disparition du sol, il mit un peu de temps à comprendre qu'il venait de tomber bêtement dans un trou. Un trou caché par des feuilles mortes. Les voilà d'ailleurs disposées autour et sous lui. Il releva la tête et fixa la sortie. Avant de s'élancer pour bondir contre les parois. Cherchant à sortir par la force de ses sauts. Il s'agissait là de son premier réflexe. Mais en fait, çà ne fonctionna pas. Il eut beau sauter encore et encore, son corps lourd retombait à chaque fois au fond de la fosse. Il avait sûrement trop mangé de champignons. C'était pour çà qu'il n'y arrivait pas. Et si il se faisait vomir pour redevenir léger ? Sauf qu'il n'avait pas la patte agile de Tris. Il risquait plus de s'ouvrir le palais qu'autre chose. Merde alors. Comment faire pour sortir de là ?

Il se mit à tourner en rond dans l'espace réduit. Il n'aimait pas particulièrement réfléchir. Son instinct lui servait généralement de guide. Mais là, il était bien silencieux. Il poussa un grognement avant d'essayer de faire tourner ses méninges. De se mettre à la place de son partenaire. Comment Lame aurait-il réagi ?

Et si il poussait un puissant hurlement ? Pour indiquer sa présence. Peut être que quelqu'un de plus intelligent pourrait venir ? Non ! Il raya immédiatement cette idée. Trop dangereux. Il risquait d'attirer des Prédateurs. Il n'avait aucun moyen de combattre dans ce trou si l'un d'eux décidait de descendre lui rendre visite. Et puis, il n'avait encore retrouvé aucun membre de sa tribu susceptible de l'aider. Toutes les rencontres qu'il avait faites n'étaient que des silhouettes passagères. Un peu comme des petits oiseaux qui volaient dans le ciel. On le voit passer et on les oublie aussitôt. Il était seul dans cette épreuve. A ne compter que sur sur lui et ses propres capacités pour s'en sortir.

Cela allait être compliqué. Il aurait mille fois mieux préféré tomber nez à nez avec un Allosaure. Çà, il savait gérer. Combattre, se cacher ou fuir. Les actions étaient déjà claires dans sa tête. Mais il ne connaissait aucun plan pour sortir d'un trou. C'était embêtant. Et voilà qu'en plus son nez se mit à le piquer. Une série d'éternuements le laissa avec le museau dégoulinant de morve. D'un mouvement de tête agacé, il envoya ses sécrétions s'écraser sur la parois. Il n'avait pas besoin de çà.

Après un moment de flottement, il se dressa sur ses membres postérieurs et appliqua ses antérieurs sur la roche. Il allait observer son problème plus en détail. Il tendit le cou au maximum et observa la distance qui le séparait de la sortie. Ainsi dressé sur ses pattes arrières, il fit tout le tour de son trou. Cherchant la faille, l'endroit dans lequel il pourrait s'engager pour sortir d'ici. Sa méthode ne lui apporta que de la frustration. Frustration de voir l'extérieur si proche mais inaccessible. Il détestait cette sensation d'être piégé ! Il faudrait interdire de creuser des trous comme çà !

Comble de malchance, la pluie fit son apparition. Les gouttes d'eau froides ricochèrent contre sa collerette dans une triste musique tout à fait adaptée à sa situation. Esseulé, sous une pluie d'automne, bloqué dans un trou avec des feuilles mortes comme seule compagnie.

A moins que ce ne fut cela la solution ! Attendre que la pluie remplisse la fosse, se laisser flotter et à lui la liberté ! En plus, là, il était certain de ne pas se faire manger par une bête marine. Il n'y avait pas assez de place pour elle. Fébrile, il se mit à fixer les feuilles. Prêt à les voir bouger toute seules, par la force de l'eau. Il attendit. Encore. Encore. Mais aucune feuille ne se mit à flotter. Parce que la fosse absorbait toutes les gouttes !

Sa frustration devint colère. Il se jeta à nouveau sur les parois. Mais pas pour grimper. Non. Pour les détruire. Comme il détruisait les obstacles sur son chemin. Ou ses ennemis. Il balança violemment son corps contre la roche. De toutes ses forces. Parce que l'étroitesse du trou ne lui permettait pas de prendre l'élan nécessaire à une bonne charge. Il usa de toutes ses armes naturelles. Cornes, griffes, crocs. Toutes entrèrent au contact de la paroi. Si il devait bouffer de la terre et des cailloux pour sortir, il le ferait sans hésitation ! Et si çà ne marchait pas, il aura au moins réussi à créer un mini abri contre cette foutue pluie ! Parce qu'il n'avait pas survécu à des Carnivores pour finir sa vie dans un vulgaire trou !

Taper, taper, taper !

Une légère secousse se fait sentir. Presque imperceptible parmi ses mouvements brutaux. Fenouil continua à exercer sa violence, libérant toute son énergie alimentée par la colère. Un deuxième tremblement plus fort. Sans crier gare la paroi ennemie s'effondra sous ses coups. Dégageant un épais nuage poussière qui le fit tousser. Il ne voyait plus rien. Il avait des cailloux qui lui arrivaient à la moitié des pattes. Il ferma les yeux, écoutant les battements saccadés de son cœur. Boum boum ! Boum boum ! Le sol paraissait s'être calmé. Il rouvrit ses paupières et inspecta son environnement. Une partie de la fosse s'était effondrée, formant comme une pente vers la sortie. L'invitant à choisir ce chemin.

Il commença par se dégager du lit de cailloux et de terre qui entravait ses mouvements. Comme d'habitude, il constata l'apparition de quelques plaies. Rien de bien important. Il était quasiment toujours blessé après chacune de ses activités. Ce n'était pas un boulot facile de vivre sa vie. Ce n'était pas fait pour des faibles. Fallait avoir son mental et sa force. Tout le monde n'en était pas doté.

Et sans plus attendre, il se mit à cavaler sur le nouveau chemin. Sautant par dessus les rochers. Ne perdant pas une seconde de plus. Au cas où le terrain ne serait pas stable. Il courut jusqu'à retrouver sa liberté. Sorti enfin de ce perfide trou. Il ne mourrait pas au fond d'une fosse aujourd'hui.

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