[EVENT] La quête du Serpent

C'était vrai, qu'elle avait peur.
Comment ne pas avoir peur, d'ailleurs, lorsque ce genre de mission réveillait ses vieux démons ? Elle ne craignait pas pour sa propre vie, Holly, soldat évoluant depuis des années en ayant apprivoisé la possibilité de perdre la vie à tout moment. Par contre, et c'était bien pire, elle avait appréhendait pour ceux qui ne se trouvaient pas à ses côtés, actuellement, Alexandrine et Méridor.
Alors oui, elle avait peur, si peur, d'apprendre une issue tragique, à son retour. Si peur de connaître, à nouveau, l'immense douleur que causait la perte d'un être cher.
Et ce qu'elle avait su, grâce au son, au contact d'Alexandrine, ne l'avait pas rassurée.

Il lui fallait, pourtant, donner toute son attention à cette mission complexe qui les attendait, une fois encore, Daisy, Narcy, et elle. L'on comptait sur elle, sur ses compétences, et il n'était pas question de décevoir pour un affect qu'elle ne savait gérer. Alors, confiance elle s'efforcerait d'avoir en Alexandrine, surtout, et Méridor. Par ce qu'ils étaient grands, forts, et surtout Etelkrus, ils s'en sortiraient et les dinosaures n'avait qu'à bien se tenir.

Elle laissa ses craintes de côté et suivit ses camarades sur la glace.
Déterminée.

Elle aussi, s'était préparée.
Holly avait rapporté avec elle ce qui lui restait de viande du mozzasaure. Elle pourrait leur être utile, au cas où l'un d'entre eux venait à ressentir un gros coup de mou. Ou un bon appât pour les autres dinosaures, l'on ne savait jamais, quand bien même l'épée n'espérait pas avoir à utiliser cette précieuse denrée à de telles fins.
Mais qui savait vraiment ce qui les attendait, sur la piste de Kiro ? Elle les entendait gronder, au loin, les monstres. Combien étaient-ils ? Quel danger représentaient-ils ?

Le plus grand des dangers, c'était évident.
Un danger qu'il ne fallait pas oublier.

Alors, puisque Daisy analysait la piste du serpent avec ce talent qu'il avait pour ces choses là, à des années lumières de ses propres capacités d'observation, Holly, elle, prêta toute son attention à l'environnement.
Ainsi, le loup gris pourrait se focaliser entièrement sur ses observation, se glisser dans sa bulle, comme elle savait qu'il le faisait, grâce au don. N'étant pas savante, elle, serait présente pour assurer leurs arrières.
Pour les protéger de ce danger.

De nouveau ici. Les sauvageons ne sont pas revenus cette fois, probablement occupés ailleurs. Tant mieux. Qu’ils aillent donc s’amuser au chat et à la souris avec leurs petits monstres, Narcisse n’aurait sûrement pas supporté une nouvelle fois leur présence.
Aux côtés de l’ami équipé d’un sac, et de la conseillère bavarde. Le cloporte ailé aussi était là, volant aux côté de son maître, avec son épaisse carapace. Les pattes griffues de l’animal viennent finalement s’accrocher au harnais de l’hybride, alors que la petite créature ailée se pose sur le dos. Pas le meilleur endroit. Narcisse n’aurait aucune gêne à  le dégager de force en cas de problème. Au moins aurait-il une quelconque utilité. Sait-on jamais, pour faire diversion, au cas où les choses se compliqueraient, ou en petit éclaireur au vu de sa capacité à pouvoir rebondir. Du moment qu’il se montrait utile, c’était tout ce qui comptait.

Le regard glisse sur Désastre qui déjà la truffe au sol, explore la piste, suivit par les deux autres. La queue féline se tient bien basse. Narcisse sent l’odeur de la peur qui émane d’Holly. Étais-ce normal d’avoir peur ? Ou plutôt étais-ce normal de ne pas être effrayé ? Car Narcisse ne se sentait pas inquiet de par ce nouveau lieu. Ce qui l’inquiétait, c’était d’échouer, mais plus encore que quelqu’un s’en prenne à ses deux amis.
Rien ne leur arriverait, à aucun des deux. Car ils faisaient partis de la famille. Hollyhock était devenue belle-soeur en devenant compagne d’Alex. Désastre était le frère d’arme. Le frère de coeur. Là était donc le seul but de l’assassin, tout faire pour rien ne leur arrive, quitte à en payer le prix fort. Quitte, à le laisser prendre le contrôle. Car il avait juré de les protéger et tenait ses promesses quand bien même ses mots n’étaient que poison.

Je maudis le jour où tu es parvenu à me faire accepter cet accord. La liste de ceux à dévorer s’est bien restreinte à ce moment-là…
C’est un mal nécessaire. Ta parole, c’était tout ce qui m’importait. Tu connais ton rôle. Tu sais quelle est ta place, n’est-ce pas Phénix ?

Narcisse a un peu plus chaud, alors qu’il a l’impression de sentir comme une étreinte autour de son cou. Le Phénix aimait manifester sa présence à son porteur.

Les protéger. Les tiens. Les nôtres. Ceux qui font partis de notre meute. Ceux que nous jugeons dignes. Notre famille. Car quand nous sommes en parfaite symbiose, nous ne faisons plus qu’un.
Un seul être pour défendre ta conseillère.
Un seul être pour défendre celui auquel tu tiens, visiblement plus que ta vie.
Une soeur et un frère.
C’est bien cela ?

Les paupières se ferment un bref instant, les griffes de l’hybride s’enfoncent dans la terre. Oui. C’était bien cela. C’était bien là sa mission. Leur mission. La démarche est sûr, alors que brille dans les yeux la détermination.
C’est entre les deux, que Narcisse se place. Assez proche de Désastre, plongé dans ses analyses. Proche d’Hollyhock, pour pouvoir l’assister en cas d’embuscade. Car ils ne connaissaient rien de cet endroit, ni les habitants, ni les prédateurs. Et si ils étaient tous aussi aimables que les deux sauvageons et leur mascotte en forme de poisson rouge géant, il ne fallait prendre aucun risque.

La marche est silencieuse.
Pour ne pas attirer l’attention.
Alors que celle des trois loups est portée sur cette piste aussi étrange qu’intrigante.  

Les griffes viennent toucher la substance dorée, alors que le regard de Narcisse l’observe un bref instant. Ce n’était pas la même substance liquide que celle qui remplissait leurs glowsticks, ça semblait plus… gluant. Hum. Un peu comme du sang ? La truffe pointue vient renifler le sol tâché, sans pour autant qu’une odeur particulière ne s’en dégage. La patte se repose alors que les yeux dorés scrutent les alentours avec concentration. S’attardant sur les buissons, au mouvement des feuilles dans les arbres, mais également à la perception de mouvement. Peut-être que les ennemis ici n’avaient d’odeur en particulier, aussi bien, mieux valait se fier à d’autres sens.

Elle pouvait sentir, chez Narcisse, le même désir de protéger.
Fort bien : Ils ne seraient pas de trop de deux, pour surveiller les alentours tandis que Daisy, lui, mettait son attention ailleurs, là où elle pourrait être bien exploitée.
Eux, faisaient bien de surveiller, étant donné ce qu'ils pourraient voir arriver. Holly dévisagea la créature, avant que celle ci ne décide d'attaquer Narcisse. Qu'était-ce donc ? Il ressemblait aux proies herbivores qu'ils pouvaient trouver sur certaines terres Etelkrus mais, pourtant, la violence dont il faisait preuve n'était pas habituelle, pour une proie.
Cependant, sa chair pourrait faire un met de choix, pour résister au froid, et sa peau tout aussi exploitable.

Il n'était, cependant, pas question de le sous-estimer. Et ce, même si elle savait que, désormais, Azymondias serait présent pour la ramener au campement en cas de problème. Ce n'était pas le cas de ses camarades et, pour cette mission qui débutait à peine, ils avaient besoin d'elle.
Donc, il allait falloir agir avec un maximum de prudence. Mais vite, tout de même, avant que Narcisse ne se retrouve réellement blessé.

Son échine se gonfla et la louve bleue fit quelques pas en avant, étudiant l'adversaire, sa grande taille, ses immenses bois... Elle prit le partie de jouer de cela pour se glisser vers ses flancs.

Le museau se redresse brusquement, alors que les sourcils se froncent face à l’arrivée de la créature. Un élan. Un élan aux bois géants. Suffisamment grand pour qu’ils puissent tous les trois se coucher dedans. Les yeux dorés suivent le mouvement des bois qui se balancent vers lui. Pas le choix, il devait esquiver pour ne pas se retrouver blessé en début d'exploration.

(Lancé de dés AGI)

Balancer les bois ainsi, devait porter préjudice à l'élan. À tel point qu'il ne devait pas réellement voir si ses attaques portaient. Narcisse parvint à éviter les coups, effectuant un pas de côté avec souplesse, alors qu'Hollyhock choisit la force brute et attaque ce nouvel adversaire. Pourtant... le disciple de Kiro ne s'attarde pas sur la bête, car au fond ce n'était qu'une proie et les proies étaient très souvent chassées par plus dangereux. Alors que la Conseillère s'occupe de la bête, la queue féline se redresse, alors que l'hybride est à l'affut. Ils n'étaient pas chez eux ici, la chaîne alimentaire devait bien comporter bête plus dangereuse qu'un petit élan.
Le disciple de Kiro se place aux côtés de Désastre, lui plongé dans ses pensées. Le poil de Narcisse se gonfle, alors que son regard s'attarde sur le moindre élément, le petit mouvement qui pouvait être suspect. Ils ne devaient pas rester ici, ni s'attarder en présence de cet élan. C'était trop dangereux, cela les mettait à découvert.

« — On doit continuer à avancer. »

Ils perdaient du temps en l'attaquant.
Ils se mettaient en danger en s'attardant.
N'avaient-ils pas un moyen d'effrayer la bête de sorte qu'elle les laisse en paix et qu'ils puissent poursuivre leur périple ?

Lui aussi se jette dans le combat, l’ami. Pour s’en prendre à son tour à cette proie nouvelle qui n’avait pas eu de chance en croisant leur chemin. Ou peut-être étais-ce là le but de la manoeuvre ? Peut-elle la bête n’était que diversion ? Narcisse n’était toujours séduit de l’idée d’abattre la bête, car elle restait proie quand chasseur pouvait rôder en ces lieux. Ils ne savent rien de ce lieu.
Hollyhock et Désastre l’ont presque achevé. Pourtant, la bête trouve encore la force de lancer une attaque. Peut-être par désespoir ? Narcisse en ressent presque de l’admiration, face à ce désir de demeurer plus que tout en vie. Mais face à de telles blessures comment survivre ? La laisser repartir, c’était la condamner à présent. L'achever, c'était la délivrer.

Les pattes arrières se fléchissent, quand le doré des yeux avisent la blessure à la gorge. Le sang coulait déjà bien trop. Les griffes en avant, la carotide est atteinte. Le disciple de Kiro le sent au bout de ses pattes. L'ami n'avait plus rien à craindre. La menace avait été abattu. Pourtant... Narcisse ne se sentait nullement victorieux. Il vient essuyer ses griffes sur l'herbe, car l'odeur était forte. Trop pour passer inaperçu. C'était là tout le problème du sang. Une fois qu'il était sur vous, il vous collait à la peau. Le grognement monte dans la gorge de l'assassin, un agacement général.

« — Ils vont sentir le sang. »

Les autres. Les prédateurs. Ceux à craindre.
Ils ne devaient s'attarder ici, car c'était prendre des risques.

- Sa viande grasse nous aidera à lutter contre le froid.

Car ils ne pouvaient pas perdre, après ces premiers coups portés, après ces actions totalement inefficaces de la part du cervidé des temps anciens.
L'affaire fut vite pliée et, bientôt, elle plongea sa gueule, encore immaculées, dans les entrailles brûlantes et rougeoyantes du mammifère.

- Ils seront davantage attirés par la carcasse que par les quelques gouttes de sang sur nos pelages, j'imagine. Prenons des forces. Ensuite, nous partirons.

Elle pouvait, cependant, comprendre les inquiétudes de Narcisse.
Ses crocs arrachèrent un dernier morceau de chair et la louve bleue se lécha les babines, essuyant ainsi les dernières traces rouges.
Elle, était prête à repartir.

Hollyhock ne semble pas comprendre le réel danger. Comment lui vouloir ? Conseillère était son rôle, suivre les pistes, s’attarder sur les détails en était un autre. Si des prédateurs venaient jusqu’ici pour voir la carcasse, il leur serait tout aussi aisé de suivre la piste de ceux qui l’ont laissé. Les yeux dorés se posent sur chaque recoin douteux, sur chaque buisson agité par la brise. La bleue, elle, ne perd pas de temps et plonge déjà ses crocs dans le corps de la proie. La queue féline de Narcisse s’agite, alors qu’il sent fourmillement sous ses pattes.

Le sol vibre.
Et une autre menace approche.

C’est léger au début. Les paupières se ferment, alors que Narcisse vient fléchir son corps pour coller une de ses longues oreilles au sol. Et alors, se fait entendre le bruit des sabots. Ceux qui tambourinent le sol. Ceux qui approchent.
Concentres toi.
Que martèlent leurs sabot.
Peur ? Indignation ? Colère ?
Les sourcils se froncent sous la concentration. Ils sont nombreux, un troupeau. Ce n’est pas une simple course… c’est de la peur dans leur marche. Oui, ils ont peur. Et la peur n’est jamais chose bénéfique.

Le disciple de Kiro se redresse, écoutant la proposition de Désastre. À l’idée du monstre, le Phénix s’agite, fait luire un peu plus le glowstick de Narcisse. Devenir serpent géant, comme la dernière fois sur la glace. Face au monstre des abîmes. La taille de Quetzalcóatl avait suffisamment attiré l’attention pour que le gris en perde un oeil, qu’il devienne la cible des attaques. Le serpent était impressionnant, mais comparé aux prédateurs de cet autre monde, il n’était pas menaçant. L’assassin secoue doucement la tête. Ce serait bien dangereux, pour eux, pour son ami.
Personne ne devait être blessé.

« — Nous devons passer inaperçus sur ces terres. Nous ne croisons pour l’heure que des cerfs, mais plus dangereux nous guette. »

Attirer le regard de ces choses, serait bien trop risqué. Pour autant, ils ne pouvaient se permettre de perdre la piste. Rien ne leur empêchait de la suivre, en contournant le troupeau de cerf. La forêt était dense, le troupeau ne pouvait charger d’un coup, il y aurait des brèches, des moyens de se faufiler. Aussi bien, le troupeau ne s’arrêterait pas et poursuivrait sa course ? À la vue du corps d’un des leurs, leur instinct prendrait le dessus. Si les loups se faisaient suffisamment discrets pour passer inoffensifs, alors les cerfs n’auraient aucune raison de les attaquer, n’est-ce pas ?

« — Quetzalcóatl attirait trop les regards. Soyons des ombres, au point qu’ils en oublient notre présence. »

Il avait cette sensation désagréable au fond de ses tripes. Que chose plus dangereuse encore les attend.
Soyons agiles. Comme Kiro. Comme ses dignes disciples.
Les yeux dorés de l’Etelkrus vont de Désastre à Hollyhock, avant de revenir sur le gris.

« — Si nous nous montrons suffisamment agiles et discrets, nous pourrons nous faufiler parmi eux, sans qu’ils ne s’en rendent compte et nous attaquent. Pour cela, nous devons travailler en équipe pour avancer, sans pour autant les alarmer avec le son de notre voix. »

Auquel cas, tout serait perdu. La cohésion serait essentielle. Avancer ensemble. S’arrêter au moindre faux mouvement. Marquer les pauses nécessaires. Se fier aux signaux. Et si la peur venait à les envahir, alors tout serait perdu.

Mais les sabots tambourinent le sol de plus en plus fort.
Ils approchent.
Et il fallait vite se décider, avant qu’il ne soit trop tard.

À Hollyhock de décider.