Prémices d'un jour nouveau [ft Ajani]

Un peu plus loin, à l'entrée des Champs Mystique, se dessina une haute silhouette blanche. Un peu avant l'aube, l'Oracle Nakhu s'était rendu au temple de la Corneille. Il était revenu la veille de chez les Raeders, et avait ramené des plages de Morne-Oeil un coquillage blanc aux reflets nacrés, qu'il avait déposé en offrance aux pieds de la haute statue. Leurs relations avec les raeders allaient en s'améliorant, et il était certain d'avoir la bénédiction de Yurai depuis leur dernière entrevue. C'était un modeste geste, comme pour lui montrer qu'il était allé là-bas et qu'il avait été reçu en ami. Même s'il n'ignorait pas, et le ressentait même avec plus d'accuité désormais, qu'elle était toujours à ses côtés, où qu'il soit. Il avait passé un peu de temps là-bas, jusqu'à ce que les premeirs rayons du soleil n'éclairent les murs du temple de reflets mordorés et roses. Alors il avait quitté l'Eglise pour véritablement commencer sa journée.

En revenant au dédale, il avait croisé la piste de l'une de ses fils, Cheza, visiblement sorti seul. Une idée lui trottait dans la tête depuis un moment, et il prit cela comme un signe du destin : il était temps d'en faire une réalité. Ou au moins d'aller s'enquérir de sa possibilité. Son pas lourd s'était donc dirigé là où sa truffe l'avait mené, et ce fut près du Petit Eden. Il ne s'était pas trompé : la silhouette colorée de Cheza était visible un peu plus loin, contournant les différentes plantations qui s'y trouvaient. L'Oracle s'assit, restant à distance, et observa un instant ce jeune loup qui lui ressemblait tant. De tous ses enfants, c'était celui qui avait physiquement le plus hérité de lui. Il était grand, déjà massif pour son âge, et avait une lourde chevelure qui tombait déjà sur son front et ses épaules. Si Ajani avait eu des ailes, on aurait pu supposer qu'elles aient ressemblé à celles qu'il portait. Il n'était pas encore certain cependant de leurs ressemblances autres que physique, et son idée pallierait en partie le fait qu'il ne le connaissait pas vraiment.

Il finit par lancer un jappement rauque. Sa voix grave résonna dans les alentours, alors qu'il invitait le jeune ailé à se joindre à lui, assis à contempler la Vallée qui s'étendait devant eux.

[Je précise qu'il n'y a pas de promontoire hein, il est juste assis dans l'herbe, et  la vallée un peu plus basse derrière :) ]

S'il eût été plus omniscient, ou peut-être simplement plus proche, l'Oracle aurait eu une chance de pouvoir comprendre et interpréter correctement la réaction de Cheza. Mais la réalité étant ce qu'elle était, il ne put que contempler la scène, sans idée aucune de ce qui l'avait provoquée. Il n'était pas spécialement du genre à faire du rentre dedans ni à imposer sa compagnie à ses semblables. Il se contentait d'invitations, de manifester sa présence pour que ceux qui s'en fassent une joie puisse venir à lui, et que ceux qui ne la souhaitaient pas passent leur chemin. Il ne se sentait jamais personnellement offensé par ces refus, puisque là était le principe d'une proposition : laisser à l'autre la possibilité de dire non.

Il vit son fils se redresser, l'ayant sans aucun doute entendu, et tourner la tête vers lui. Ce qui agitait les pensées de Chea à cet instant là lui était étranger - et il était trop loin pour que sa sensibilité exacerbée de Prêtre ne puisse lui donner la moindre piste à ce sujet. Mais il était patient, et il ne bougea pas. Ses iris clairs quittèrent un instant la silhouette ailée et le Petit Eden pour se perdre dans les brumes qui voletaient encore dans la Vallée, non loin. Puis ils revinrent sur Cheza, qui n'avait pas bougé. Il entendit comme un écho, comme s'il se parlait à lui-même. Mais encore une fois la distance empêchait le grand mâle blanc de percevoir exactement les mots prononcés. Ses oreilles tressaillirent légèrement, montrant qu'il avait entendu quelque-chose. Mais aucun mot ne parvint assez distinctement jusqu'à lui.

Puis un mouvement, une tension dans les muscles de la silhouette lointaine. Il vit se déployer les larges ailes et Cheza prit son envol. Il le suivit du regard, légèrement interrogatif. Contrairement à ce que tout aurait pu laisser présager, ce dernier ne le rejoignit pas. Au contraire, il vira sur l'aile et s'en alla dans une direction complètement opposée. C'était au moins une réponse claire à son invitation, bien qu'elle soulevât moult questions dans l'esprit du lion blanc. Il regarda la silhouette s'effacer dans le ciel, et un moment passa avant qu'il ne se relevât à son tour. Et fit volte-face pour retourner vers le Sanctuaire, large silhouette dans les herbes printanières.

[Si tu as envie on peut faire la suite dans une ellipse temporelle, ou clore le rp ici :) je te laisse rep ou non, ou me mp pour qu'on voit !]