Bird That Carries You Over A Disproportionately Small Gap [PV. Holly ; à archiver]

À poursuivre son frère Makara sans succès, Susie s'était perdue entre les rayonnages de la bibliothèque, qui lui paraissaient tout simplement immenses. Ou plutôt, elle-même avait l'impression d'être ridiculement petite dans cet univers qui lui était parfaitement inconnu. Pourtant, la louvette arborait déjà une taille relativement importante pour son âge de presque deux mois.
Et son malaise était accentué par un autre fait qui ne lui plaisait que très peu et entrait pourtant en contradiction avec cette impression de n'être qu'un point dans la galaxie que constituait à ses yeux la bâtisse. Et cela résidait dans l'aspect clos de l'endroit. On ne pouvait pas sentir ni le vent ni le soleil ni la pluie ni quelque élément météorologique chatouiller son pelage. Le climat ici était frais mais, en dehors de cela, constituait une absence de tout stimulus. De plus, il n'y avait pas de ligne d'horizon. Le regard finissait indubitablement par se confronter à une étagère, à un livre, à un mur…
Alors, certes, la louvette et sa fratrie avaient grandi dans la cale de Navire, qui était lui-même un endroit fermé. Mais elle s'y sentait beaucoup plus confortable, dans ce territoire connu aux allures de cocon familial. Elle en connaissait les moindres recoins et, surtout, savait maintenant comment en sortir - il n'y avait que quelques marches à grimper, après tout.

Susie aurait pu appeler sa mère, comme Ann le leur avait fait savoir. Mais elle estimait n'avoir besoin de personne pour se sortir de ce mauvais pas. Il fallait simplement qu'elle s'adapte.
Alors, cessant de marcher sans but, elle observa ses alentours. Et trouva un emplacement de forme cubique, d'approximativement sa hauteur, ne contenant que peu de livres.
C'est donc tout naturellement que la femelle sombre vint s'y fourrer. Bon, ça ne réglait pas le problème de l'aspect confiné de l'espace. Mais au moins, c'était un espace confiné qu'elle avait choisi, et où elle ne se sentait pas perdue.

Codage par Libella

Bird That Carries You Over A Disproportionately Small Gap [PV. Holly ; à archiver] Headrpholly

Ca puait la marée.
C'était ce que s'était dit l'Alpha bleue, en franchissant le seuil de la bibliothèque.

- Merci, Azymondias.
- Tu n'auras qu'à me faire signe, lorsque tu seras lassée de... batifoler.

Elle était heureuse d'avoir la bête éclipsante à ses côtés, malgré son caractère parfois un peu difficile, il était d'une compagnie appréciable.
En plus d'honorer ses pensées de ses remarques, il lui rendait service en l'emmenant à la bibliothèque quand sa patte, encore fragile, ne lui permettrait pas la folie de traverser les terres en marchant. Azymondias, lui, était rapide, et la menait rapidement là où elle souhaitait.
Sans qu'elle ne songe à en abuser pour autant, puisqu'il n'était pas son serviteur. Il savait le lui rappeler, de toutes manières.

Sa présence à ses côtés se fit plus lointaine, elle savait, pourtant, qu'il n'était pas loin. Il n'était jamais loin, d'autant plus lorsqu'elle se retrouvait plus vulnérable qu'à l'accoutumée.
Pour cela, aussi, elle lui était reconnaissante.

Holly fit quelques pas, dans la bibliothèque, à la recherche de son amant. Elle avait été prise, comme bien souvent, d'une grande envie de le voir. Et puisque son familier lui avait proposé de l'emmener... eh bien, elle n'avait pas refusé.
Mais ne s'était clairement pas attendue à ce que les lieux soient pris par telle puanteur. Elle fronça le museau. Grouillante était la vermine, aujourd'hui.

Elle se reproduisait, se répandait.
Son regard bleu tomba sur un louveteau. Caché.
Ils ne faisaient que ça, se terrer comme des rats, dès leur plus jeune âge.

Les enfants espérés auraient du avoir son âge.
Son cœur se serra un peu. Elle chassa ces pensées de son esprit.

- Certains devraient s'abstenir de se reproduire.

Ce n'était même pas capable de surveiller ses enfants, et voilà que cette progéniture se retrouvait face à une Etelkru, sans que personne ne se manifeste.
Cela la renvoyait à l'apparition de cet enfant de l'océan, sur leurs terres. Elle lui ressemblait un peu, d'ailleurs, dans toute sa monstruosité.

Pathétique peuple.
Vermine.

Une louve passa devant le rayonnage. Ce n'était pas la première, depuis que Susie avait décidé de s'y réfugier. Mais celle-ci s'arrêta. Et adressa un regard à glacer le sang à la louvette. Toutefois, cette dernière ne se sentit pas effrayée pour autant, non. Elle se sentit… Électrisée.
On ne l'avait jamais regardée comme ça. Même Chimaera, qui était celui qui faisait le moins preuve de bienveillance envers la portée, n'adoptait pas cette attitude pleine de dédain - sans doute maman ne le lui aurait pas permis, de toutes façons. ¹ C'était un comportement que les adultes réservaient généralement aux autres adultes. Et subitement, Susie se sentit grandie.
Le poitrail de la jeunette se gonfla donc de courage et d'orgueil. Elle se sentait prête à relever ce défi.
- Certains devraient s'abstenir de se reproduire.
"Comme les commères dans ton genre ?" ²
La petite avait répondu du tac au tac. Elle ne s'était pour l'instant entraîné à la joute verbale qu'avec ses frères et sœurs, mais semblait d'ores et déjà faire preuve d'un don particulier pour la méchanceté. Ou du moins d'une absence flagrante d'empathie et de gentillesse.
Son secret, c'était qu'elle ne pensait pas avoir quoi que ce soit à perdre. Elle n'avait même pas peur de se faire croquer. Elle n'était pas le moins du monde impressionnée par la différence de taille ou d'âge. Pourquoi cette grande perche aurait-elle eu un avantage ?
Et elle sortie donc de sa cachette pour se rapprocher de la femelle. Ce n'était pas un endroit pour mener tel combat.

Mais en s'approchant de l'adulte, son objectif changea. Elle était trop intriguée par son odeur, et sans doute trop peu méfiante de la menace. Elle vint donc coller sa truffe à l'un des antérieurs de l'inconnue et se mit à inspirer par à-coups. Finalement, elle redressa la tête, comme pour plonger son regard dans celui de son interlocutrice, à l'exception près qu'il se trouvait camouflé sous sa frange.
"Tu sens bizarre" lança-t-elle sans le moindre tact.

¹ Il aurait vu ses crocs de près, comme la sorcière le disait si bien.
² Fort heureusement pour l'inconnue - ou bien pour Susie -, son vocabulaire n'était encore que peu fleuri. Sinon, elle aurait très certainement opté pour le terme "pétasse" plutôt que "commère". Les mots avaient du moins étaient prononcés avec le même aplomb.

Codage par Libella

Abjecte créature que voilà.
Elle n'avait, vraiment, rien à voir avec les jolis louveteaux au pelage duveteux que l'on avait pu voir, il y a un moment, certes, sur leurs terres. Cette enfant là était bien laide et bien plus proche du monstre que du louveteau, même, de son apparence. Comment les Raeders se débrouillaient-ils pour pondre de telles ignominies.
Plus que du mépris, elle lui inspirait un dégoût profond.

Lorsque le monstre s'approcha d'elle pour venir renifler l'un de ses antérieurs, sa réaction ne se fit pas attendre, instinctive : Elle la repoussa de cette même patte touchée par la truffe, durement, l'envoyant bouler plus loin.
C'était quelque chose dont la vermine pourrait se réjouir : Si elle ne s'était pas retrouvée en territoire Nakhu, peut-être l'aurait-elle écrasée comme on écrasait les araignées indésirables dans une tanière.
Holly posa, sur elle, un regard écœuré.

- Ne me touche pas, tu me dégoûtes !

Berk berk berk.
Elle lui collait presque des frissons.

Susie ne comprit pas tout de suite ce qui lui arriva. Elle se sentit heurtée avant de valdinguer, retour à la case rayonnage. Se redressant, elle fit le lien et parvint à déterminer que l'autre… moche - il fallait vraiment qu'elle étaie son vocabulaire pour être crédible - l'avait envoyée bouler d'un geste de la patte.
Que la vie était injuste. La louvette aurait bien voulu lui rendre la pareille, mais elle doutait que David et Goliath ça marchait encore… Elle se contenta donc de se redresser, sans un mot, et de s'ébrouer pour faire voler les éventuels moutons collés à son pelage - n'y avait-il donc personne pour s'occuper du ménage ?
Mais la phrase suivante vint faire naître sur ses babines ce sourire tout en dents qui lui était si caractéristique :
- Ne me touche pas, tu me dégoûtes !
"C'est vrai ?" répondit instamment la brune, levant la tête vers son interlocutrice, une lueur d'émerveillement mêlée de curiosité dans le regard.

Codage par Libella

Etait-elle réellement en train de discuter avec la vermine ?
Qu'avait-elle à gagner de cet étrange échange ? Elle ne pouvait même pas se laisser aller à la colère et pulvériser ce monstre, puisqu'elles se trouvaient toutes les deux en terres Nakhus.
Monstre qui se plaisait à l'être, visiblement. La vermine était, décidément, bien différente des loups de chez eux.

La louve bleue eut un dernier regard écœuré et, ne jugeant pas intéressant de répondre à cette chose, s'éloigna d'elle, sans un autre mot, pour rejoindre son chevalier à l'armure dorée.

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