Chaos - Elely

Comment on vit avec, hein ?
Avec cette culpabilité.

On vit avec, c'est tout.

Il lui fallait continuer.
Il lui faudrait réparer, du mieux qu'elle pourrait.

Dans sa tête, s'alignaient les choses à effectuer pour cela, de façon plus ou moins organisée. C'était des objectifs auxquels elle se tiendrait, dans cette détermination qu'elle avait de rester impliquée dans ce qu'elle avait causé, en partie, pour éviter que d'autres, des innocents, se retrouvent en danger.
Par ce qu'elle ne saurait supporter plus de morts sur son chemin, sans que cette résolution ne soit liée, elle pensait, à son sang de licorne.

Onyx n'était pas comme Maman, Agathe et Prudence, elle n'avait pas cette si grande culpabilité face à un affront à la vie.
Hormis celui dont elle était coupable.

Sur ses babines, son sourire s'était fané, au profit d'une expression bien trop grave, bien trop sérieuse pour qu'elle soit sienne.
Comment le faire, sourire, maintenant ? Peut-être qu'elle était cassée, derrière son glowstick bleu étincelant de détermination, celle qui la poussait à avancer malgré la fatigue, à se tenir à son but et ne pas s'effondrer sous le poids de la culpabilité. Quelque chose s'était brisé, en tout cas, cette nuit là, avant même que ses yeux de chat ne se posent sur les corps sans vie des deux sacrifiés.
Isrâ et Lewis.

Elle s'en tirait bien, finalement, à être en vie lorsqu'eux avaient péri.
Par ce qu'elle s'était occupée de la partie la plus simple de tout ce merdier : Celle qui consistait à ouvrir des bouquins poussiéreux à la recherche de mots clés, de croiser les sources, de faire pousser les cailloux pour permettre à un parent endeuillé d'atteindre ce qu'iel cherchait sur les plus hautes étagères.
Tout ça pour un sourire ravissant, une accolade, pour ne pas briser des espoirs vains.

Elle lui avait souhaité le meilleur, à Isrâ, pour qu'iel subisse le pire.

Un soupir las fila entre ses crocs serrés. Onyx balaya les alentours du regard : A la recherche d'une silhouette, d'une odeur particulière, d'un signe du chaos, que ce soit celui que Miraj portait en elle ou celui du Monstre qu'elle traquait sans relâche.
Ca faisait des jours, qu'elle ne faisait que ça : chercher.

J'te retrouverai, Miraj, même si j'dois retourner les terres pour ça.

Ce fut un mirage tout autre, qu'elle aperçut, plus loin.
Celui qu'elle n'attendait plus.

Elely

Le soleil avait tourné tant de fois au dessus de sa tête, tantôt visible dans le ciel dégagé, tantôt caché dans la brume nuageuse, que son visage commençait à être marqué par le temps. Elely ignorait totalement depuis quand cela durait car les ténèbres l'aveuglaient depuis presque un an. Un an déjà, et toujours pas de signe de son frère Méridor. Elle avait cru naïvement en lui mais ce n'était qu'énergie gâchée pour le retrouver, trahison dans son cœur. Il n'était jamais venu quand elle avait besoin de lui et pire encore, il l'esquivait elle et tout le reste de la famille, il les avait abandonné pour une meute de dégénérés. Par amour. Par faiblesse. Alors même qu'Isrâ et Rhaegar étaient au plus mal et que mère se mourrait au temple de la tigresse.
C'était comme un coup de poignard pour la disciple rose, une lame épaisse enfoncée grossièrement et lentement dans sa chair. Elle qui avait fait tout ce chemin loin de leur territoire, qui avait pris tant de risques et qui était prête à en prendre plus encore rien que pour s'assurer de sa survie, de sa bonne santé. Et pour quoi ? Pour au final tout apprendre de la gueule d'autres personnes. De la pire personne au monde même, d'une insolente et méprisante Etelkrue. Celle même qui le manipulait et voulait le garder rien que pour elle.

Ses crocs se serrèrent et elle faillit suffoquer lorsque l'eau tenta de s'infiltrer entre ses babines. En quelques coups de pattes elle remonta vers la surface et sortit la tête hors de l'eau. Gueule ouverte, ses poumons se remplirent aussitôt d'air et ses cheveux lui tombèrent sur le visage. Acharnée d'entraînement, elle l'était encore plus avec la colère qui gonflait ses muscles et c'était devenu une distraction pour ne plus penser à tout ses tracas. Aujourd'hui elle avait commencé par une course sur plusieurs lieux et par de l'escalade en montagne, puis elle avait terminé par longé toute la côte des monts célestes au sud jusqu'à la pointe de la lagune à la nage. Elle sentait ses muscles crier de douleur et c'est pourquoi elle s'imposa une petite pause avant de rentrer. C'était un endroit qu'elle n'avait encore jamais visité par ici, le sable était d'un blanc presque neigeux et plus vaste qu'ailleurs. Quelques arbres tâchaient le fond et les monts venaient couronner le tout de leur hauteur majestueuse. A l'opposé de la mer se dessinaient d'autres paysages, à en juger par l'emplacement et le trajet qu'elle venait de faire il ne pouvait s'agir que de terres Etelkrues. Une observation qu'elle gardera bien dans sa mémoire. Elle était tentée d'aller y jeter quelques yeux mais elle savait que ce n'était pas raisonnable surtout sans sa cape.

Méfiante de cet environnement qu'elle découvrait elle resta à moitié dans l'eau, elle préférait ne pas s'attarder surtout que le soleil déclinait déjà. Quelque chose suscita sa curiosité cependant et elle s'immobilisa rapidement, son corps s'abaissant pour se cacher presque entièrement dans l'eau. Là, plus loin une petite silhouette avait fait son apparition, un corps fin, une cape sur les épaules, des cornes sur le dessus de la tête, un pelage marronné, des cheveux courts aussi rose que les pétales d'un cerisier.. Pas de doutes que c'était Onyx.

Onyx...

Quelle surprise. Bonne ou mauvaise, Elely ne saurait le dire.. Une chose était pourtant sûre son cœur battait très vite dans sa poitrine, comme si elle avait peur. Elle ignorait si elle devait s'enfuir ou sortir de l'eau et l'hésitation la travailla tel qu'elle se paralysa bêtement, avec seulement le haut de sa tête à découvert parmi les vagues roulantes.

Et ce mirage, qui n'en était pas vraiment un, manqua de disparaître sous les vagues.
Elle l'avait connue plus fière, Elely.

Son regard de chat se posa sur elle et ne la lâcha plus. Elle analysa ses mouvements -ou leur absence, plutôt-, tint compte de son expression. Elle avait... peur ?
Onyx laissa tomber son postérieur dans le sable et un soupir franchit ses babines.

Elle n'était guère plus courageuse que son frère.

- J'pensais pas être si intimidante.

Ni être si détestable, pour que tu continues de m'éviter comme ça, Elely.
La rancœur qu'elle cultivait depuis quelques jours -bien malgré elle- laissa voir d'autres pétales, grandit, s'épanouit. Le comportement de la louve rouge ne l'aiderait pas à faire preuve de compassion ou de compréhension.
Il le fallait pourtant peut-être... Non ?

Avait-elle réellement envie d'infliger à Elely, qui avait été son amie, le même mal dont elle souffrait ? C'était lourd à porter, cette culpabilité.
Ses oreilles se couchèrent sur l'arrière de son crâne.

- J'ai un truc à t'dire. Viens là. C'est... C'est à propos d'Isrâ.

Malgré toute cette rancœur, elle n'aurait pas la force de lui balancer à la gueule, et avec colère, que son adelphe était mort•e. Que ça aurait été bien, d'aller lea voir tant qu'iel était encore vivant•e, par ce que c'était ce qu'elle avait dit, Elely. Hein, c'était ce qu'elle avait dit, qu'elle irait lea voir ?
Mais elle l'avait jamais fait ! Et maintenant, Isrâ se faisait bouffer par les asticots.

Elle aussi, devrait vivre avec ça.

Elely

C'était trop tard, elle avait été repérée. Il n'était plus question de se cacher et d'espérer l'éviter désormais alors elle sortit sans détour, marchant calmement hors de l'eau. Son corps se découvrit à chaque pas, dégoulinant comme une serpillière. Lorsqu'elle fut entièrement sortie, le sable lui collant aux pattes, elle s'ebroua pour retirer le plus gros de l'eau de son pelage épais. Puis elle s'approcha jusqu'à Onyx, le visage affichant une mine impassible. Et pourtant.. Dans sa tête se remuaient tout un tas d'excuses qui pourraient justifier son comportement mais rien ne lui paraissait juste. C'était un gros brouhaha qui ne faisait que de la stresser.

Plus intimidante qu'on ne l'aurait soupçonné, apparemment. Répondit-elle sur le ton de l'humour, un petit sourire venant étirer brièvement ses babines.

Bonjour Onyx.. Salua-t-elle tout de même, d'une voix plus avenante.

Elle retira les pics sur sa tête et défit son chignon tout en grimaçant à la demande de la disciple bleue. Ses cheveux couleur sang tombèrent sur ses épaules, tout ondulés par l'eau qui s'y égouttaient. Ce n'était pas habituel de la voir donner des instructions, d'être aussi solennel et froide. Il y avait quelque chose de charmant aux yeux d'Elely car elle prenait de l'assurance et elle paraissait tout de suite moins fragile. D'un autre côté c'était aussi inquiétant car elle avait perdue toute mine joyeuse.. Et la mention d'Isrâ attira tout de suite son attention, au point où la disciple rose arrêta de toucher à ses cheveux. Dès que ça touchait à sa famille Elely était tout de suite concentrée et prête à réagir. Sourcils froncés, elle questionna la louve cornée de son regard perçant.

Elle ne savait pas, Onyx, si elle possédait seulement la capacité d'intimider quelqu'un... Et s'en foutait bien : ce n'était pas son but, pour le moment.
Puis, elle avait bien d'autres trucs auxquels penser, actuellement.

- Salut.

Quand même.

- Tu devrais t'asseoir.

Le ton de sa voix s'était fait plus doux. Ces mots, elle les avait déjà eus pour son père, pour qu'il puisse se préparer au choc de la nouvelle. Elle souhaitait faire la même chose pour Elely, sans pour autant tourner autour du pot.
Elle dirait ce qui se devrait d'être su, car c'était sa responsabilité, désormais.

- Isrâ a eu une fille, Miraj. Elle est mort-née, malheureusement et iel s'en est jamais remis. Ce qu'iel faisait, à la bibliothèque, c'était d'essayer de la ramener à la vie grâce à un rituel de nécromancie.  Puisqu'iel souffrait de l'absence de son enfant... J'ai voulu l'aider. Nous avons mené quelques recherches, ensemble.

Elle ferma les yeux, un instant, et reprit la parole.
Il fallait qu'elle termine avant de laisser Elely s'exprimer.

- Nous avons trouvé beaucoup de choses. Je devais revoir Isrâ et Miraj le lendemain de la dernière pleine lune mais... Mais Isrâ s'est sacrifié•e pour que Miraj puisse vivre.

Je ne sais pas pourquoi.
Ne devaient-ielles pas vivre ensemble ?

C'était ce que je voulais, moi, qu'ielles soient heureuses.

- Je suis tellement désolée.

Désolée de ne pas avoir cherché à lea dissuader, à l'époque, je n'en ai pas eu le courage.
Désolée de l'avoir aidée dans ce projet, c'était une idée de merde !

Désolée, tellement désolée, de ne pas avoir pu empêcher sa mort.

Désormais, elle se préparait à encaisser le contrecoup de cet aveu, quel qu'il soit.
Larmes, violence ou quelque chose d'autre, les possibilités étaient infinies.

Elely

Elely n'était pas dupe, elle voyait bien que quelque chose n'allait pas, que ce qui allait suivre n'allait pas lui plaire. Plus la violette prenait un air autoritaire et distant, plus elle sentait l'angoisse se former en une grosse boule dans son ventre. Bien trop nerveuse pour s’asseoir elle fit un signe négatif de la tête et attrapa l'un de ses pics tranchants pour jouer avec entre ses babines.  Attentive aux paroles qui suivirent, elle fit des vas et viens devant le regard d'Onyx et plus les mots s’enchaînaient, plus son étonnement et sa jalousie grandissaient. Ainsi donc, Onyx était proche d'Isrâ. Peut-être même plus proche qu'elle..
Toutes ces informations, très importantes qui plus est, Elely les ignoraient. Comment pouvait-elle être aussi proche et à la fois aussi étrangère à son sang ? Mère le savait-elle seulement ? Isrâ avait-iel caché cette information à toute la famille ou seulement à elle ? Pourquoi tant de secrets, pourquoi s'être confié à une étrangère ? Pourquoi Onyx ? Étaient-ielles plus que de simples confidents... ?

Son regard se baissa sur le sol, frustré, tandis que ses crocs se serrèrent sur son pic.

Iel souffrait.. Et elle ne l'avait pas vu.

Pourquoi lui dire tout ça maintenant ? Depuis combien de temps avait-elle ce genre d'information ?

….

Les mots coulèrent facilement d'entre les babines de la violette et pourtant, ils filèrent aussi vivement que ses plumes meurtrières jusqu'à son cœur.

Sacrifié-e ? Comment ça sacrifié-e ? Interrogea-t-elle d'un ton agressif et incrédule.

Ses pensées se bousculèrent dans sa tête et tapèrent violemment contre ses tempes.  Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vu.. Pourquoi ne pas avoir sollicité l'aide de leur famille ? Tout ça sonnait faux. Elle refusait d'y croire. C'était comme Méridor, un membre de plus qui aurait des secrets, qui agiraient dans le dos de son propre sang. Non. Pas Isrâ. Pas iel. Elely agita sa tête de gauche à droite, persuadée qu'il s'agissait d'une erreur. Son allure accéléra au point où elle sauta presque pour faire demi-tour à chaque vas et viens. Ses cheveux trempés claquaient contre son encolure et sur son visage assombri. A force de serrer son pic il coupa le creux de ses babines comme du beurre et un liquide rouge écarlate teinta ses crocs et ses mâchoires.

Non, tu n'es pas désolée Onyx. Parce qu'Isrâ va bien. Parce que ce n'est pas possible. Non.. Pas possible..  Pas encore.. Non...

Pas de larmes, pas de violence.
Au lieu de tout cela, vint le déni.

Onyx se sentit bête, de ne pas l'avoir envisagé en premier lieu : C'était pourtant ce qu'elle avait elle-même ressenti, cette nuit là, lorsque sa route avait croisé celle de ces deux Nakhus qui emportaient Miraj avec elles.
Miraj, seule, sans Isrâ.

Isrâ qui n'était, pour elle, qu'une rencontre faite à deux reprises, et, quand bien même iel avait su la captiver assez pour lui plaire, d'une certaine manière, ça ne restait pas grand chose, sûrement, si l'on comparait cela à ce que sa propre soeur pouvait ressentir.
Enfin, pourtant, cette soeur avait été gardée éloignée du secret, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Peut-être qu'Elely, en ayant l'information claire, en ayant connaissance de la souffrance de son adelphe, aurait pu venir en aide à ce dernier.
Bien plus efficacement qu'elle, en tout cas.

Elle avait échoué à aider Isrâ.
Elle avait échoué à protéger Miraj.

C'était un bien triste bilan.
C'était pour cela, qu'il lui faudrait changer la donne : l'échec n'était pas une finalité acceptable et tant qu'elle ne tombait pas sur le corps sans vie de Miraj, tant qu'Elely se tenait debout, alors elle devait continuer d'assumer, de protéger.
De les protéger.

Onyx suivit la louve rouge du regard.
Son cœur se serra un peu plus, face à toute sa détresse.

C'était une vie pour une vie.
Une vie pour le rituel.
Une autre vie pour l'enfant.

Je l'ai su trop tard, lorsque j'ai brûlé les recherches.

Elle s'avança, un peu.

- Lors du rituel pour ramener Miraj... Ramener quelqu'un à la vie, c'est pas gratuit. Quelque chose n'a pas du se passer comme iel l'avait prévu. Par ce que c'était avec Miraj qu'Isrâ voulait vivre, ça, j'en suis certaine.

Iel était si fier•e, trop pour se suicider comme ça.
Et pourquoi s'entailler les veines, alors qu'enfin, iel était parvenu à atteindre son objectif ?

- Je... j'l'ai su après, qu'il fallait une vie pour ramener l'enfant. Isrâ s'est ôté la sienne pour l'offrir à Miraj. Iel... Iel souffrait beaucoup, sans elle.

Elle était si grande, sa solitude.

Elely

Isrâ souffrait.. Iel souffrait..

Les yeux écarquillés d'Elely étaient braqués sur le sol qui défilait sous ses pattes, perdus dans la boucle incessante de ses pensées noires.

Iel s'est sacrifié-e. Iel ne reviendra pas. Iel ne reviendra jamais.

Chaque pensée était comme une aiguille plantée dans son palpitant. Elle ressentait leur tranchant la piquer et s'enfoncer avec lenteur et précision dans la chair. Elles étaient si nombreuses que sa poitrine était complètement paralysée et son souffle ne parvenait plus à faire le chemin correctement hors de sa gueule. Son cœur était en hémorragie et elle suffoquait silencieusement. Le visage d'Isrâ était affiché juste là, dans son esprit et elle voyait son sourire si fier, si fort.

Un sourire réduit à néant. Une fierté balayée par un acte abominable.

Il ne restait plus rien désormais que des souvenirs remplis de regrets. Ielles n'avaient pas vécu grand chose ensemble mais malgré cela ielles avaient un passé partagé. Ielles avaient dû se surpasser dès leur plus jeune âge, se battre, s'entraîner et frôler la mort pour la fierté de mère. Bien que leurs sentiments étaient masqués ils étaient bels et bien présents.

Mais iel n'est plus là maintenant pour partager leur enfance difficile. Iel n'est plus là pour les soutenir.

Toujours plus de tristesse et de colère à contenir. Mais y parviendra-t-elle ? Leur famille saura-t-elle se relever après autant de souffrances ? Mère.. Mère est déjà si affaibli par l'âge que ça pourrait bien la tuer.

Non.. Pas encore... Pas elle non..

Parce qu'elle était le pilier de cette famille, celle qui leur faisait garder la tête haute en toutes circonstances. Si elle s’effondrait aussi alors c'est toute la famille qui disparaissait avec elle. Elle avait déjà tant donné pour ses enfants et elle en avait perdu beaucoup trop. Sa force avait des limites.

Elely s'arrêta et ferma les yeux, ses paupières se remplissant inexorablement de larmes. Le visage caché derrière ses cheveux mouillés elle resta immobile un moment, plongée dans un silence angoissant.

Merci de me l'avoir dit, Onyx.

Sa voix était dure mais les tremblements dans son intonation trahissaient sa détresse. Elle avait beau vouloir cacher ses émotions, celles-ci débordaient malgré elle.

Elle se mit dos à la louve violette, ne voulant pas croiser son regard. Elle avait envie de lui dire combien elle avait pensé à elle ces derniers temps. Qu'elle aimerait la revoir.. Elle avait envie de pleurer sur son épaule, de lui confier toute la colère et la peine qu'elle avait sur le cœur. Mais rien de tout cela ne sortit de sa gueule. La tristesse pétrifiait ses mâchoires et la fierté l'empêchait d'être aussi sentimentale. Elle n'avait pas le droit d'être aussi faible. Encore plus maintenant que leur famille se réduisait.
Alors elle balança son corps en avant et, les larmes noyant son visage, elle s'enfuit loin de la disciple bleue. Loin de son regard peiné et de sa pitié blessante.

Elle était si grande, la tristesse, dans les yeux d'Elely.

N'ayant jamais perdu l'un de ses proches, Onyx ne pouvait pleinement comprendre ce qu'elle ressentait exactement. Elle pouvait, cependant, imaginer sans peine à quel point cette annonce était douloureuse à encaisser. Elle fut cependant acceptée par son amie qui, même dans le chagrin, se battait pour sauver les apparences, pour paraître si forte, alors qu'elle était anéantie.
Onyx s'avança vers elle.

Cette fois ci, peut-être par ce qu'elle l'avait vue courir loin d'elle plusieurs fois, elle anticipa ses mouvements et put prendre sa suite.
Cette fois, Elely, tu partiras pas : Tu peux pas rester à gérer ça toute seule !

- ELELY ATTENDS !

Isrâ est mort•e par ce qu'iel était seul•e.
J'veux pas que tu subisses le même sort.

- Tu peux pas rester seule !

Je suis là.

Elely

Elle entendit les pas de la disciple bleue courir derrière elle ainsi que sa voix qui l'appelait. Elle voulait la retenir mais plus elle s'approchait, plus Elely sentait le chagrin noyer ses yeux et c'était inconcevable. Elle devait retenir ses larmes, elle devait garder ses émotions et ne jamais rien montrer. Elle devait toujours paraître forte et souriante, comme mère.

Mais c'était trop dur devant Onyx. Elle avait ce don de faire ressentir à Elely des choses qu'elle ne contrôlait pas.

Ses crocs se serrèrent et elle accéléra l'allure, elle devint si rapide que des gouttes d'eau se dégagèrent de ses cheveux et de son pelage pour s'envoler derrière elle.

Désolée Onyx..

La voir lui courir après ne faisait qu'aggraver sa torture et bien qu'elle mourrait d'envie de s'arrêter pour la serrer contre elle, sa fierté l'en empêchait. Encore elle, cette fierté. Foutu héritage familial à la con.

[2PC AGI : Lancé de dé fuite pour distancer Onyx.]