Orage du soir [Libre]

Emilitia

Elle s'arrêta un instant pour contempler la plaine dont les émanations blanchâtres s'échappant du sol saturait l'air d'une odeur de soufre. Le soleil se couchait doucement à l'horizon mais l'air n'était pas beaucoup plus frais, la chaleur étouffante de l'été créant un nuage d'orage prêt à éclater au dessus des têtes. Il n'y aurait pas d'abris ici, Emilitia pourtant profitait de son arrêt, fermant les yeux sous son masque, museau légèrement relever, inspirant l'air nauséabonde du lieu. Pourtant, ce n'était pas l'odeur qui l'intéressait à cet instant.

« C'est ici. »

La première frontière du monde où elle était né. Elle était encore sans doute loin l'île où elle avait passé son enfance, cette plaine morte, elle n'avait dû la traverser qu'une seule fois, pour partir à la mort de sa mère mais il y avait quelque chose, l'instinct de sa moitié de louve sans doute, qui disait qu'ici et au-delà s'étendaient les terres que foulaient tout un arbre généalogique d'inconnus lié à elle par sa mère. Emilitia avait une impression de sentiment d'appartenance, légèrement différent de celui ressenti dans les temples noirs, comme si elle rentrait à la maison. Sauf qu'ici, elle n'avait pas de maison, la louve noire ne comptait pas non plus retourner chez les Raeders, pas en définitif. Peut-être serait-il plus poli d'au moins leur dire bonjour tout de même.

L'orage gronda.

« On va encore être mouillé si tu restes planter là. »
« Avançons. »