Rituel de la Pleine Nuit - Orage - Makara

MAKARA
ψ Chapardeur Raeder ; 5 ans ψ
F A E I

La vague vint le cueillir sans douceur, l'avalant avec toute la voracité de l'Océan, mais aussi telle l'étreinte paternelle ultime. Bourrue mais sécurisante comme un élément de son toujours. Après tout, il était né sur Navire, il avait fait ses premiers pas sur son pont au rythme du roulis et avait appris à nager dès qu'il avait su marcher. Il était fils de la mer comme sa mère et son père avant lui. Comme ses sœurs, plus promptes à passer leur épreuves avec brio. Il n'eut pas le temps de répondre et de remercier Paquot, premier fois que le Roi lui apparaissait si majestueusement. Il se sentit honoré, Makara, pourtant loup peu impressionnable.

Englouti pat l'Océan, coincé entre deux eaux, il apercevait Navire au dessus et l'obscurité des abysses en dessous. Une chaîne le reliait à un merveilleux coffre prometteur, assez lourd pour le maintenir à telle distance de la surface, mais pas trop car il ne l'entraînait pas particulièrement vers le fond. Seul le courant semblait avoir emprise sur la boite à butin, si bien qu'il dansait tranquillement. La lumière parvenait, saccadée, violente, jusqu'à lui et replongeait son monde de pénombre, avant de revenir sans régularité mais fréquemment. C'était donc la tempête là haut et Navire semblait l'attendre. Il se hissa vers le haut de quelques battements de queues et fût coincé quasiment tout de suite. Ce n'est pas juste comme ça qu'il remonterait. Le pirate fronça le museau et redescendit vers le coffre pour l'inspecter. Fermé et donc gardant ses secrets, le noiraud en gardait une impression d'importance, de grandes richesses à ne pas perdre aux pattes tentaculaire de l'Océan. Il lui fallait à tout prix le ramener. Ou alors il était rempli de pierres et il l'aurait bien mauvaise. Il prit quelques secondes pour réfléchir et essaya de tourner autour. Il remarqua qu'à chaque mouvement un peu brusque, il parvenait à gagner quelques centimètres de distance et rapprocher le coffre de lui. Ce n'était pas grand chose, mais ça pourrait peut-être déjà l'aider un peu. Ne parvenant à se donner directement de l'élan vers le haut, il préféra prendre le plus long cheminement de la diagonale : battant furieusement des pattes et des queues pour se propulser de côté, très légèrement plus haut que la fois d'avant, pour faire venir à lui le coffre.

[ Réussite sur 2 END - RC ]

Cela lui prit un temps certain car les courants frayant dans un sens ou dans l'autre, rarement là où il en avait besoin, et une énergie pharaonique pour une distance pas tout à fait diminuer d'un demi. Il gronda contre lui-même, il s'était fatigué et n'avait pas gagné assez de terrain à son goût. Il lui fallu donc faire fonctionner les rouages de son esprit pour une autre solution moins énergivore mais plus efficace. Il tourna un peu encore, autour de ce coffre dont le poids le retenait, le freinait plutôt. L'ouvrir ici le tentait grandement, mais c'était risquer de perdre une partie de son contenu entre les courants parfois brusques et la tempête qui faisait rage en haut. Il réalisa soudain, que si le lourd coffre ralentissait sa progression, il ne l'entraînait tout de même pas plus loin vers le fond : il n'était donc pas suffisamment lourd pour contrer l'énergie déployable par sa propre masse corporelle. De fait, plutot de que le tirer, Makara devait le pousser ! Plongeant vers le dessous, le noiraud vint coller son garrot contre le bois et battit furieusement des pattes et de ses trois queues pour se propulser vers le haut. Ainsi il gagna plus aisément du terrain et rejoignit une surface secouée de vagues et zébrée d'une lumière cinglante. Il avait diablement chaud, et tous ses muscles réclamait le repos. Il repoussa l'idée de ralentir car il était loin d'avoir gagner la partie. Navire n'était plus très loin, mais chaque vague semblait l'éloigner du bateau et il n'avait pas la force de contrer l'Océan.

Alors il plongea, le regard déterminé, et fouilla l'immensité sombre dès qu'un trait de lumière lui offrait un peu plus de visibilité. Un reflet de lumière sur le métal lui indiqua la position de la chaine de l'ancre, baissée jusqu'à quelques longueurs dans l'eau sans doute pour lui offrir la possibilité de grimper et remonter sur Navire. Sauf qu'avec ce coffre si imposant... Un nouvel éclair illumina les environs, et son esprit au passage. Il poussa le coffre jusqu'à la chaîne et nagea tout autour des lourds et épais maillons juste au dessus de l'ancre pour sécuriser son butin par un nœud entre les deux attaches : celle de l'ancre et celle de sa patte. Il ne lui restait plus qu'à se défaire de son entrave. De son autre patte, il agrippa le triple hameçon à son cou et crocheta la serrure de la menotte pour s'en libérer, maintenant que son coffre était bien attaché. Ainsi libre de ses gestes, il nagea jusqu'en haut, à la surface, en longeant la ligne de vie que représentait la chaîne de l'ancre. Il s'en servit pour remonter jusqu'au bastingage et se laisser choir, fatigué, sur le pont que balayait les eaux du ciel et de la mer. Il reprit son souffle un peu, mais ne tarda pas. Il fallait maintenant remonter l'ancre manuellement en puisant dans ses derniers retranchements pour tourner la roue du mécanisme et fait pivoter les barres. Tout en maudissant, évidemment, l'absence de son frère Cimerii, qui aurait fait ce job d'une patte, presque. Trempé, lessivé, violenté par la pluie qui tombait dure comme des petits cailloux sur ses épaules et son dos, il arrêta son manège dès que ancre et coffre furent soulevés hors des flots.

Maintenant, il n'y avait plus qu'à rentrer, voguer fièrement sur Navire, et espérer que le nœud de chaînes tienne le choc jusqu'à Morne-Oeil ou au moins suffisamment prêt de l'île pour que tirer le trésor ne soit plus une épreuve !