Elle sait pourquoi elle est là.
Tout résonne dans la pierre, tout ricoche.
Ses pensées et souvenirs rebondissent dans l'air en même temps sur ses griffes crissent sur le sol.

Il y a une discussion sur la plage où Pepper rit, "Il n'y a que dans un combat que je me laisserais bien partir, et Anne lui répond "Quel autre genre de fin pour nous ?. Il y a un instant avec sa compagne où elle lui demande "Irais-tu vivre avec moi, là où je suis née ?" et Sheina murmure "Je te suivrais, jusqu’au bout du monde, et même au-delà encore.". Un jour sur la plage où Désastre revient et il propose "La promesse de la plage, on peut l'honorer." et où Anne conclue en commençant son deuil, "Je l'en ai libérée, ne t'en fais pas. Il y a les adieux d'Anita, où Anette confie "J'ai toujours usé d'une astuce, la présentation."

Inpirée, par tous ces moments, elle termine les choses à sa façon.

Elle a attendu une nuit de pleine lune ; l'a cherchée là où avant elle était redoutée. Elle s'est armée de la chevalière rougeoyante avant que sa psyché ne se brouille de trop. Elle a épinglé la griffe à son oreille, près de son glowstick. Son souffle est ample, ses muscles son chauds, elle s'agite sans être parcourue d'impatience. En trois points ce jour-là brille-t-elle de rouge. Mais aussi d'une énergie unique, qui reluit dans ses yeux sombres.

Anne entend les échos de ses paroles, fortes. Un écho du passé, une allusion, une référence. Comme elle a si souvent aimé le faire. Elle adresse ses mots au maître, au dieu. À celui auquel elle a cherché à obéir toutes ces années. Ais-je été digne fille ? J'espère l'avoir été.

"Aka... Affrontez-moi."

J'ai fait les choses à ma façon.
Elle a presque fuit. Mais... C'est sa dernière prière, sa dernière demande.
Anette ne partira pas sans un dernier combat.

Une autre voix fait écho.
Son cœur bondit dans sa poitrine et ses yeux virent vers la silhouette lupine du dieu fondateur. La chaleur qui investie les lieux fait éclater une en son corps. Elle ne cesse jamais d'être touchée par sa venue, émerveillée par sa présence qui occupe tout un lieu rien qu'avec sa voix. Ses doigts se courbent sur le sol, son dos se contracte et elle s'agite pour mieux se redresser. Dès qu'elle entend son accord elle souffle, amusée, et un son rauque s'échappe d'elle au compliment.

Elle se souvient.
Ses crocs se dévoilent avec un grondement quand le lycaon se dresse en face d'elle. Ses dents sont un sourire ivre de joie et une promesse de sang. Elle se met en position, sa queue s'abaisse le long de son corps pour être le balancier, et elle observe le terrain d'un seul passage des yeux. Une grande arène. Parfait.

Le combat peut commencer.
Elle inspire, l'éclat primaire dans ses prunelles charbon augmente.
La force l'habite et elle sent la magie des lieux lui dire que d'autres choses pourront venir. Elle va pouvoir s'offrir, et donner à Aka, un magnifique dernier combat.

Elle abat ses pattes sur le tapis de rouge, forme un arc de cercle.
Puis bondit sur le lycaon.

Le sang fuit entre ses crocs.
Son goût métallique l'enivre une seconde et déjà il est reparti. Tout en elle attend ensuite pour une réponse qui ne vient pas. Elle cligne des yeux et ne trouve qu'une victime déchirée sur le sol. Son propre corps se dérouille et réclame plus que ça. Mais elle comprend ensuite. Il ne s'agissait que d'un début fait pour décrasser son être, mobiliser ses pattes et allumer son instinct. Alors elle crache le reste de vermillon ; ce lycaon n'est digne qu'elle s'en repaisse.

Le Légionnaire.
Il apparaît comme elle l'a connu, comme il est apparut pour la première fois quand ils l'ont tous affronté. Le flash passe derrière ses paupières. Une petite querelle attachante entre Kalashnikov et Joy qu'elle a désamorcé, la grossièreté amusante de Bamboo, le calme d'Athelstan. L'affrontement avec eux, minus le doyen de cette offrande. Mais la danse avec ces loups. Ses loups, autrefois. Ils lui manquent.  

C'est premier qu'il se lance.
Elle sent la courbure d'un bois accrocher sa peau. Une légère douleur lézarde depuis le point de frottement mais ce n'est pas assez. Une banale éraflure, au mieux ! Anne grogne, déçue. Ce n'est pas la beauté qu'elle espère. Pour l'atteindre, elle essaye de se rappeler, de répliquer les coups qu'elle a porté à leur première entrevue. Elle a un souvenir vague d'avoir chercher à mordre dans sa gorge ; c'est ce ce qu'elle fera.

Elle tord son corps pour se baisser assez et venir sous lui, avec de la chance plus vite que les bois. Elle fait voler du tissu rouge sous ses pattes dans son mouvement, ça lui plait. Ses crocs cherchent un larynx, espère une trachée, prient pour une jugulaire. Elle veut du spectacle.

Un coup de bois.
Il l'esquinte enfin. Le sifflement qui s'échappe d'Anette est douloureux, exprime toute la satisfaction qu'elle éprouve pourtant. La pensée serait perçue comme folle aux yeux des autres. Elle n'en a cure. Son but est là, sa venue est pour ça. Elle ne veut pas juste dominer, tout écraser comme on marcherait sur des fourmis. Il y a dans l'instant et dans son sang une demande de cette difficulté.

Un besoin de se prendre des coups.
Se retrouver secouée, sonnée et sentir l'adrénaline monter. D'avoir sous sa langue l'essence vitale de quelqu'un d'autre et recevoir des baffes. Ça entraine son cœur dans un rythme fou, inspirer plus fort. Surtout, c'est ce qui l'élève vers une victoire brillante. Il faut ce challenge pour qu'elle gravisse le sublime, transcende tous les autres combats.
Pour vivre, avant de mourir.

Elle va l'achever, il n'y a plus qu'un fil de vie dans le Légionnaire.
Et ça l'attriste alors qu'elle vient d'arriver à sa conclusion. Elle pourlèche ses babines et ses yeux noirs fixent les alentours. Il est temps de faire appel à de la magie. Le lien est ténu dans son esprit un peu embrumé mais elle le sent. Derrière elle. Elle pose sa patte contre la gorge du Légionnaire et murmure.

"Deux pères pour mon départ."

'Clou se tient là, comme s'il s'y était toujours dressé.
Il n'a pas de paroles à prononcer, juste un sourire fiché qui montré le croc qui a toujours dépassé de sa gueule. Il l'accompagne, et avec lui elle sait qu'elle va pouvoir faire reluire cet instant. Au dieu père cette fois elle quémande.

"Plus."

Du challenge.
Car à vaincre sans péril on triomphe sans gloire.

Les actions valent plus que les mots, de la part de ses pères.
Si elle n'a pas la chance d'avoir à nouveau sa voix, il lui offre le dernier grand adversaire qu'elle a affronté. Celui d'avant la pente descendante de ses crises, et vers la sûreté de la plage. Qu'on ne lui fasse penser ce qu'elle ne pense cependant, la plage aura porté bien des scènes sublimes et un parfum de sérénité qui l'aura aidé. Mais ce n'est pas ce moment présent, qui représente tout ce qu'elle a imaginé, désiré.

Elle se gonfle d'un souffle, et avec un mouvement de tête vers Piclou pour lui indiquer la droite pendant qu'elle part vers la gauche... Anette fonce. Leur entente les fait se séparer en synchronie, même si la démarche du fantôme revenu pour l'aider est plus lourde que la sienne. Un arc pour tous les deux autour de la tête. Éviter ces géantes mâchoires pour frapper dans sa nuque. C'est là qu'elle a creusé des muscles, déchiré des ligaments, poncé des os pour ramener sa tête à Aka.

Elle exulte et avec un hurlement sinistre, guerrier.
Monte sur la carcasse elle l'espère, pour planter les griffes de toutes ses pattes en plus de ses crocs. Il faut bien ça. Géante bête ne l'effraie pas le moins du monde. Dans son vent glacé elle a senti le grand nord, ou la mort, et effectivement, ça n'importe pas.

Tout ce qui compte est le combat.

Ses dents la traversent.

Elle sent un morceau de sa chaire la quitter et un frisson de douleur la parcourir. Elle ferme les yeux avec un jappement avorté. Miroir au mosasaure ; trop fiers sont-ils pour afficher trop longtemps leur échec. Anne force plutôt une inspiration dans ses poumons et rouvre les yeux.

Ses pattes la guident en retrait.

Elle observe vers la statue d'Aka. Puis relève la patte vers la griffe rouge accroché à son oreille. Elle tord et la brise. Le rouge brille plus fort et elle sent l'énergie rejoindre son glowstick, l'activation lui redonne comme un autre souffle. Ses pensées se tournent vers la foi où elle a abusé de son pouvoir pour essayer d'emprisonner une entité qui ne pouvait l'être. Anette fronce ses sourcils épais et plisse la truffe. Bientôt la pierre crisse et des bords de l'arène deux pans se déchirent, se soulèvent. Il se plient, se tordent.

Elle essaye alors d'encercler la bête et de l'emprisonner dans la pierre au niveau du cou.
Une muselière de pierre pour celui qui avait voulu s'envoler et dévorer sa fille.

Boîte à Clou lui, présence un peu éthérée, observe sa fille faire usage de son don. Il n'a pas besoin de lui demander s'il doit continuer d'attaquer, le combat n'est pas terminé et il occupera le reptile hideux. Alors lui reste proche à l'inverse de sa fille et distrait en cherchant à viser une nageoire.
Il y plante ses dents, goûte le cuir épais sans remords.

Ses yeux observent la pierre se reformer avec succès autour de la tête du mosasaure.
Elle en est satisfaite. Sa cage thoracique se gonfle d'une inspiration fière et elle s'approche à nouveau, la queue haute qui bat l'air pour démontrer un peu plus son arrogante joie. Sa langue passe un coup sur l'épaule abîmée avant qu'elle ne parvienne vers la droite de la créature.

Elle se prend le coup de queue.
Il assomme un peu sa tête un instant. Elle voit les paillettes danser devant ses yeux et prend peur... Mais pas de crise. Sa respiration revient, bloquée le temps de l'hésitation. Ça aurait été dommage que sa maladie la prenne maintenant et l'enferme comme elle venait de piéger son adversaire. Cette éventualité laissée derrière elle, la louve accorde ultimement un regard vers son père.

Casto penche la tête, interrogatif et sur la défensive de la queue qui vient de frapper Anette. Il ne dit mot, il tend juste une oreille et relève le même sourcil qu'il a pu transmettre à sa descendance.

"Ensemble." Souffle la guerrière.

Il hoche la tête et comme ils ont entamé celui-ci, ils le termineront de la même façon. En miroir. Tous deux se placent de part et d'autre de la tête du mosasaure et avec un frisson délicieux d'anticipation, Anne approche des yeux de la bête. 'Clou en fait de même et avec un dernier hochement de tête et sourire carnassier... Elle plonge une patte violente dedans.

Un dernier bruit sinistre résonne.