Le retour du prince [PV Ibéris]

Le Prince revenait sur ses terres, satisfait.
Sa virée du jour avait été fort agréable, mais il ne pouvait, cependant, se permettre de rester plus longtemps à découvrir les terres libres sans craindre que ses absences soient découvertes. Si il se doutait que ses sœurs puissent se poser quelques questions à ce propos -après tout, il les laissait aussi, pour ses petites activités-, Iberis ne souhaitait pas inquiéter sa mètre.

Il fut, cependant, surpris lorsque son regard bleu se posa sur la fine silhouette de sa petite sœur qui, visiblement, l'attendait à la frontière avec une certaine impatience.
Le jeune mâle la dévisagea rapidement et son expression satisfaite disparut au profit d'un peu d'agacement.
Il n'avait de comptes à rendre à personne, à part à Maman, et certainement pas à Iris.

- Je faisais ce que font tous les Cœurs : Je me promenais.

Iberis hocha les épaules.

- Bon, il se pourrait que la frontière ait été légèrement franchie... Mais rien de grave, n'est ce pas ? Je suis rentré.

Son regard se fit insistant.
Pas un mot à Maman.

Iberis hocha les épaules.
Les paroles de sa sœur ne l’atteignaient pas vraiment : il savait qu’il sentait le solitaire et peut-être même la viande froide, parfois. Mais ce n’était pas chose étonnante puisqu’il ne voyait qu’eux, en terre libre,les solitaires.
Il avait ce besoin d’aller plus loin que ce que disait Maman à leur sujet, de se forger son propre opinion. Et ce qu’il avait vu lui plaisait assez.

Il roula des yeux.

- Je te l’ai déjà dit : je me promenais.

Elle n’était pas sa mère et il n’avait, de ce fait, pas de comptes à lui rendre. Et si il ne niait pas ses escapades en terres libres, ce qu’il aurait été stupide de faire, puisque Iris l’avait pris sur le fait, il n’avait pas envie qu’elle sache qu’Il fricotait avec une solitaire.
Cette situation lui avait moins posé problème, petit, et il en avait même parlé, fier, à la grosse Alexandrine. Mais maintenant qu’il grandissait, Iberis se rendait mieux compte des remarques et jugement que ses relations pourraient lui attirer.

Il ne souhaitait pas être vu comme un marginal mais aimait, tout de même, continuer à profiter d’agréables présences féminines.

- Je peux passer ?

Bien évidemment et par ce qu’il ne pouvait désactiver son don selon sa volonté, Iberis ressentait la colère et les angoisses de sa sœur. Il entendit ses reproches aussi, à sa façon, et ses oreilles se couchèrent sur l’arrière de son crâne.
Il gronda.

- Tu crois que Maman n’y va jamais en terres libres ? Je ne suis plus un bébé, je ne compte pas rester moisir en terres Etelkrus et je sais me défendre !

Enfin, un peu, pas trop.
Il n’avait, cependant, par chance, jamais fait de mauvaises rencontres en terres libres.

- Je ne m’empêcherai pas de vivre pour vous. Je m’ennuie, ici, et je veux voir autre chose.

Il aimait sa maman et ne souhaitait pas la rendre malheureuse. Ce qui n’arriverait pas, tant qu’il restait discret et qu’il ne lui arrivait rien.
Ce serait ainsi que les choses fonctionneraient.
Quand à Iris, elle l’agaçait plus qu’elle ne suscitait, en lui, de sentiments compatissants.

 Iberis aboya, cette fois.

- Mais ils n’ont aucune raison de me tuer !

Ils n’étaient pas si différents d’eux, les solitaires. C’était ce que Anita lui avait laissé entendre, lorsqu’ils avaient discuté et ce qu’il avait pu constater. Personne n’avait vraiment été hostile avec lui et il y avait bien peu de chances pour que les choses changent.
Par ailleurs, il se montrait prudent. Ce n’était pas comme si il allait câliner de parfaits inconnus !

- Arrête ! Tu pars trop loin, là. Je ne veux pas quitter la meute, je suis bien, ici. Je veux juste voir d’autres choses par ce que c’est ennuyeux de s’arrêter aux frontières, tout le temps et de toujours voir les mêmes têtes !

Iberis aimait les beautés exotiques.
Il ne trouvait clairement pas son compte parmi les louvettes de son âge, ou qui s’en approchaient, présentes chez les Etelkrus et n’avait pas envie d’aller draguer des vieilles peaux. Alors, pour s’amuser, l’étranger lui paraissait être une destination rêvée.

Iberis souffla et son regard se fit accusateur. De même que cette patte, pointée vers Iris pour la désigner.

- C'est toi qui ne pense qu'à toi. C'est toi qui, depuis tout à l'heure, veut m'empêcher de faire ce que je veux de MA vie par ce que tu es angoissée ou je ne sais pas trop quoi. Et si je suis aussi insupportable, pourquoi tu viens m'embêter en m'attendant à la frontière, hein ? Tu n'as qu'à aller voir tes amis, si tu en as.

Il gronda et chercha à la contourner.

- Ne t'inquiète pas, quand on sera plus grands on ne sera plus obligé de se côtoyer. Plus que quelques mois à tenir.

Des paroles en l'air, par ce qu'il était en colère.
Ou alors, des paroles pensées, il ne savait pas trop. Sans doute l'étaient-elles à l'instant, tant elle l'énervait. Il avait, pourtant, passé des moments agréables avec sa soeur mais... Mais le temps passait et il peinait à la supporter.