A la plage - Vorpaline

Une fois de plus, Iberis avait quitté les terres Etelkrus.
L'adolescent n'avait pas dérogé à son plan d'action habituel : Il s'était d'abord assuré que la garde ne serait pas présente sur son trajet pour l'intercepter et, pire encore, avertir sa mère de ses aventures et avait attendu le moment propice, celui où Holly se retrouverait occupée pour un bon moment.
Ainsi, tout se passerait bien : Aussi agaçante soit-elle, Iberis se doutait qu'Iris ne dirait rien à propos de ses petites aventures.

Le programme d'aujourd'hui était d'ailleurs tout trouvé : il répondrait, enfin, à l'invitation de Miraj.
Par chance, Maman leur avait appris à nager, lorsqu'ils étaient jeunes -plus jeunes qu'il ne l'était actuellement- et cela lui avait donc permis de traverser, sans encombre, l'océan qui le séparait de l'Atoll tropical.
Dans sa poitrine, son cœur palpitait d'impatience. Il n'avait pas oublié ce que la jeune louve rouge lui avait dit, à propos de cet oncle qui donnait des pouvoirs.

Il le verrait peut-être, aujourd'hui.

Arrivé sur la plage, l'adolescent s'ébroua vigoureusement pour chasser l'eau salée qui gorgeait son pelage bouclé. D'une patte habituée à ce genre de chose, il remit de l'ordre dans ses cheveux et se décida à faire quelques pas sur cette terre inconnue.
Il ne lui fallut que bien peu de temps pour réaliser que des loups vivaient ici : Peut-être la meute de Miraj ? Elle lui avait affirmé ne pas être Solitaire, après tout, et si elle était Princesse... alors elle était peut-être celle de ces loups.
Ou de ces louves, puisqu'il ne lui parvenait que des effluves féminines.

Intéressé et curieux, il pressa le pas.

Vorpaline avait fini par baisser les pattes. Boire le lait de maman ne servait plus à grand chose maintenant et elle ne ressentait plus aucune jalousie envers ses soeurs. La louve s'était résolue à rester petite toute sa vie. De l'autre côté, elle se disait qu'elle était bien meilleure élève au vol puisque Galatyn peinait avec ses ailes de fumée, que Aeron avait tout le temps mal aux ailes puis... puis Neiter, elle ne l'avait jamais vu voler ? Avec quatre ailes aussi, c'était pratique mais Vorpaline se plaignait dès qu'il y avait trop de vent parce que niveau légèreté, c'était un poids plume.

Mais elle s'entraînait, la gamine, au moins à contrôler les flux d'air et à planer le plus longtemps possible. Puis un jour, elle ira jusqu'aux nuages, dans la maison de Maman. Comment ça devait être bien là-bas ! Vorpaline battait légèrement des ailes, respirant profondément avant qu'une odeur lui chatouille le nez. Tiens, celle-là, elle ne l'avait jamais senti avant.

Perturbée par l'odeur, l'enfant se déconcentra et tomba lourdement sur le sol de quelques mètres. Elle poussa un juron mais n'avait nullement mal, ne pouvant ressentir la douleur. Du coup, elle se releva, se secoua sans prendre conscience de sa chute pour se diriger vers la nouvelle odeur. Une sirène ? Un dragon des mères ? Ah non. Une louve. Elle avait une drôle d'odeur puis, elle était bizarre, bien plus carré, genre, comme Galatyn.

- Eh, coucou, toi. T'es pas un ange tombé du ciel ?

Demande Vorpaline, curieuse. Elle avait pas d'ailes, du coup, elle pouvait pas venir de chez Maman. Puis, curieuse encore à cette âge là, elle l'examina en le reniflant avant d'indiquer la chose sous son ventre. Elle en avait jamais vu parce que ni elle, ni ses soeurs, ni Miraj et ni Maman en avaient.

- Tout va bien ? j'crois t'as trois bosses là, en bas. Juste en dessous de ta queue.

Vorpaline parlait peu de base, mais c'était une nouvelle louve et sans ailes comme Miraj ! Alors, forcément, elle voulait en savoir plus.

Il ne tarda pas à apercevoir l'une d'elles, l'une de ces louves. C'était encore une enfant, un peu plus jeune qu'il ne l'était, visiblement curieuse.
Iberis la laissa s'approcher : Il doutait d'avoir quelque chose à craindre d'elle, mais rougit un peu, sous son pelage sombre, lorsqu'elle se mit à l'examiner à un endroit bien... bien singulier, oui, disons le.

- Bonjour. Je ne viens pas des airs mais des terres Etelkrus. Je me prénomme Iberis.

Il l'observa à son tour.

- C'est par ce que je suis un garçon. Mais ne t'attarde point sur cet endroit, je te prie, c'est inapproprié.

Evidemment, il ne pouvait cacher ce genre d'attributs, puisque son espèce ne portait pas de pantalons, mais tout de même ! Lui ne posait pas les yeux à cet endroit, lorsque son chemin croisait celui d'une douce femelle.