[Event Raeders] Libérez-Vous !

De nouveau, la lourde silhouette de l'Oracle s'ébranla, ses larges pattes martelèrent le sol pour l'entraîner vers le combat. Cette fois-ci, il n'était pas question de l'éviter. Son regard glace, où brillait une froide détermination, détonnait au milieu de ce pelage rouge qu'était devenu le sien. A côté de lui, alors qu'il longeait la côte, la mer rugissait, s'agirait. Les vagues allaient dans un sens puis dans l'autre comme si l'Océan tout entier se débattait pour échapper au carcan de terre qui le limitait. Le grand loup n'avait pas pris de sente directement sur la plage, mais un peu au-dessus, et il s'en félicita. Même s'il était massif pour un loup, une lame féroce aurait eu tôt fait de l'emporter comme un fétu de paille. Le vent séchait son visage, et il sentait ses babines et sa truffe tirées par le sel et par l'algue qui le recouvrait. Il avait sentit ses griffes s'émousser contre la pierre, et n'ignorait pas qu'il misait tout sur son apparence plus que sur sa force réelle au combat.
Mais au fond, même lui, qu'aurait-il pu faire avec ses griffes contre Ceto ?

Il respirait à grandes bouffées, comme si l'air de la mer chassait de ses poumons les blessures provoquées par l'incendie. Oh, il n'était pas sans ignorer que le soir même, le mal reviendrait sans doute. L'adrénaline, la nécessité de la performance, la hâte, tout cela le transcendait, le faisait se dépasser pour cette cause qu'il avait défendue toute sa vie durant. Mais l'âge et les séquelles de l'incendie se rappelleraient bien assez tôt à lui. Un demi-sourire étira ses babines, sans qu'il ne ralentisse. Il avait presque hâte de ce moment où il pourrait intérieurement pester contre ce corps qui vieillissait, contre les courbatures qu'il aurait immanquablement après la nuit, contre cette respiration qui était plus hachée qu'auparavant.
Car alors, tout serait terminé.

Cette image, lui revenu crasseux et iodé, blotti auprès de sa famille dans le Dédale, lui réchauffa le coeur. Il ne s'inquiétait pas pour les Nakhus car il les savait entre de bonnes pattes avec Kerguelen pour le remplacer et Lestat comme second Oracle. Sans doute allaient-ils aller se frotter au Spinosaure, et il ne doutait pas de la réussite du travail de toute la meute. Ils auraient tous beaucoup de choses à se raconter à son retour ; peut-être plus encore que ce à quoi ils s'étaient attendu lors de son départ. L'aura autour de lui se chargea de chaleur et d'espoir, alors qu'il arrivait sur les lieux de la bataille.

Sous l'odeur du sel, il capta rapidement celle du sang. Son coeur bondit, sa gorge se serra ; il pria pour ne pas regretter sa décision de ne pas intervenir immédiatement alors qu'il gravissait la dernière butte le séparant de la Plage des Sargasses. Il s'arrêta en son sommet, un instant, une seconde, le temps que son regard comprenne ce qui se passait. Il vit de larges traînées pourpres indiquant que certains avaient été blessés, mais beaucoup de loups debout encore. Et mieux encore, l'immense silhouette de Ceto comme figée dans ses mouvements, les crocs ensanglantés, ses yeux allant de gauche à droite en suivant les ombres rouges qui couraient dans toutes les directions. Il y arrivaient.
Ils la rendaient folle, indécise.

C'était une occasion en or pour lui, et il décida de la saisir. Il était encore loin, et derrière lui les collines de Crânecoeur s'étendaient, immobiles, abritant cette porte par laquelle il fallait que la murène se dirige. Il rabattit les oreilles, et inspira profondément. Sa queue battit l'air une fois derrière lui.
Deux fois, alors qu'il se campait fermement sur ses quatre membres.
Et il hurla.

Un hurlement rauque qui résonna sur la plage, à peine un hurlement de loup. Un hurlement qui reflétait cette rancoeur jamais vraiment exprimée face à la trahison dont les pirates avaient été victimes, un hurlement de défi, un hurlement de provocation.

"CETO !"

[Utilisation d'un lot J'attire L'attention pour essayer de focaliser l'attention de Ceto sur Ajani]

Il hésita ; fallait-il qu'il s'en aille directement ? Il prit le risque d'attendre, d'attendre d'être certain que son regard l'attrape, avant de se précipiter vers la grotte. Il apercevait du coin de l'oeil les silhouettes des autres, espéra qu'ils le suivent. Si la marée rouge allait vers la grotte, elle les suivrait sûrement. Il avait l'impression de voir frémir sous ses écailles une rage de plus en plus dificile à contenir.
Il était Nakhu, et il savait combien la rage pouvait être mauvaise conseillère.
Il s'efforçait de croire qu'elle ferait un faux pas en premier.

Emilitia
10 pv

Elle vit, derrière les yeux de son masque aux couleurs de cette mère qu'elle incarnait dans cet événement, la murène déchiqueter d'une simple action de mâchoire deux corps canins qui furent envoyer dans les rochers.
Aucune empathie pour eux, Emilitia en était incapable, la prise de conscience cependant d'à quel point ils n'étaient rien face au monstre marin. Ils n'étaient qu'une bande de fourmi qui tentaient vainement de fuir sous des pas qui scelleraient un funeste destin. Elle sentit à quel point, même à plusieurs étaient impuissant, elle espérait que les Raeders n'avaient pas eu pour plan une simple confrontation.
Il faut leur faire confiance.
Cette impuissance, au fond du cœur de la louve noire, l'agaçait du plus au point. Elle aurait aimé être démon complet, annihiler cet être d'une simple patte poser sur la peau, la voir se nécroser et disparaître, elle aurait aimé réalisé un des vœux de sa mère.
Elle le faisait en prêtant patte forte à cette meute aimée.
Les démons n'aimaient pas se sentir impuissants.

« Je sais à quoi tu penses, même entière, tu seras au mieux mineur. Cette créature, c'est un monstre tyran, vous jouez pas dans la même catégorie. »
« Continuons la diversion, ils voudront sauver les blessés. »

Et elle ne reste pas sur place, court le long de la plage, croise d'autres loups auprès desquels elle ne s'attarde pas, cherche cependant à mélanger leurs silhouettes pour qu'individus il n'y ait plus. Elle passe sur les bêtes qui ont été projetés sur le sable par la tempête, cherche à les éclater d'un coup de patte à chaque passage pour rajouter quelques points rouges sur la plage.
Elle veut ainsi continuer le plan premier auquel elle a participé, brouiller l'esprit le mélanger. Ils seraient essaim,eux qui étaient insectes.

Elle relève la tête, s'arrête pendant quelques secondes lorsqu'elle entend cette voix furieuse qui lui comme familière, reconnaît la silhouette blanche de cet oncle qu'elle a rencontré. Il veut attirer l'attention sur lui seul, sans doute sera t-il dévoré lui aussi.

Emilitia
10 pv

L'attention est portée ici, elle est portée là-bas, elle se déplace et ne se stabilise pas. Ça fonctionne, entre eux tous, ils font tourner la tête et empêchent de se concentrer. Ils sont agaçant, c'est ce qui était rechercher et les actions est imprécises.
Elle est là pourtant Ceto attaque, mais ça ne ressemble pas à la même violence qui s'en était pris aux deux corps gisants dans les rochers. L'attaque était plus partagé, plus générale, il ne fallait cependant pas oublier que l'adversaire était un monstre géant. Ainsi, c'était une queue de murène gigantesque qui balaya la plage.
C'était sur sa trajectoire que se trouvait Emilitia -ainsi que d'autres loups.

« Attention ! »

[Esquive]

Emilitia n'était pas une combattante, simplement une louve suffisamment dans la moyenne pour s'épanouir dans la vie de solitaire. A cet instant également, cela fut suffisant.
Elle l'avait vu arriver, cette immense queue à la peau rougeâtre, peut-être parce qu'elle ne fut pas la première viser, peut-être parce qu'elle était un peu à l'extrémité. D'un bond, la louve noire parvint à passer au dessus tel un obstacle avant de se faire faucher, sentant son poil frôler le membre monstrueux pour se retrouver de l'autre côté.

Elle releva vers la silhouette blanche de son oncle devant lequel la murène s'était arrêté. Un laps de temps suspendu au milieu de la frénésie de la bataille.

La bête continua, durant un instant, de s'agiter dans les flots. La mer paraissait rouge autour d'elle, du reflets de ses écailles, du sang qui suintait de ses blessures, peut-être même de la colère et de l'impatience qui l'habitaient. Sa large tête allait d'un côté à l'autre, suivant les papillonnement de son regard acéré. Sa queue surgit des vagues pour balayer les présents d'un geste brutal, que certains évitèrents. Puis, lentement, les yeux perçant de la créature se braquèrent sur lui. Un frisson courut le long de son échine.
Elle l'avait entendu.
Elle l'avait vu.

Le temps se figea soudain, dans une tranquillité irréelle. Ou peut-être ne fut-ce que lui eut cette impression, depuis le haut de cette colline qui paraissait bien minuscule face à Elle. Le vent, le temps, parut se figer, soulever en lourdes vagues ses cheveux rougis. Il vit lentement se tourner les orbes blanches de Son regard vers lui, suivies par son long nez. Elle parut presque s'apaiser soudain - ou tout du moins se départir de la colère furieuse qui l'animait un instant plus tôt. Peut-être parce qu'il était une proie plus facile. Parce qu'il constituait une chose unique sur laquelle se focaliser, plutôt que de chasser un essaim qui ne cessait de se disperser. Peut-être parce qu'elle sentait en lui la présence de la Corneille, de l'un de ces dieux qu'elle avait poussé les pirates à haïr et à renier.

Maintenant son regard était accroché à lui, et tout son grand corps laissait supposer que son esprit également. C'était le moment. Il fit la folie d'attendre encore un battement de coeur, juste assez pour voir se contracter ses babines en ce qui allait devenir un sourire. Sourire qu'il ne vit pas. Il poussa un nouveau cri rauque et fit volte-face. Un cri pour Elle, un cri pour lui, pour ses pattes qui allaient devoir le tirer hors de portée des crocs - juste assez de temps, juste le temps d'aller au bon endroit -, pour les pirates que chaque instant rapprochait de l'instant fatidique. Il eut l'impression d'être lourd, si lourd, à se décoller du sol. Ses muscles se tendirent à nouveau sous son pelage rouge, les traits de son museau se crispèrent, ses yeux se plissèrent alors qu'il s'élançait dos à la mer.
Dos à l'ennemi.

Ses prunelles claires s'accrochèrent à l'ombre dans les collines qui signalait alors qu'un grondement incontrôlé montait de sa gorge enrouée. Il crut entendre un grondement derrière lui, mais s'efforça de ne pas y prendre gare. Non, à cet instant il se concentrait sur autre chose. Il avait vu la rage laisser place à une intelligence presque froide dans les yeux de la bête, et ça, ça lui paraissait bien plus dangereux qu'un monstre déchaîné. Il ne fallait pas la laisser réfléchir, pas la laisser calmer la tempête de son esprit. Les autres avaient trop travaillé à attiser le grand brasier du monstre pour qu'il ne l'éteigne.
Il devait souffler dessus.

Pour la première fois de sa vie, il fit exactement l'inverse de ce à quoi il avait tant travaillé. Il fit renaître des poussières de son esprit tous ces souvenirs qu'il s'était efforcés de ne voir qu'avec l'oeil de la sagesse. Tous ces moments importuns. Toutes ces rencontres qui avaient mal tournées. Tous ces moments où il s'était senti trahi, incompris, fatigué, agacé. Toutes ces choses qu'il avait repoussé tout au fond de lui, qu'il avait lissées, décortiquées, tâché de comprendre. Au-delà de la course, il sentit son souffle s'accélérer pour une raison qu'il n'invoquait jamais.
La colère.
Pardonnez-moi, Dame Yurai.
Aujourd'hui je ne dois pas m'en défaire.
Je dois en faire ma dernière carte.

L'atout caché dans la manche, celui qu'on n'attendait pas de lui. Une foulée durant - il n'avait toujours pas été rattrapé par les crocs, mais était-ce déjà l'haleine du monstre qu'il sentait derrière lui ? - il ferma les yeux. Lorsqu'ils se rouvrirent, ils brillaient d'un éclat nouveau. Les babines retroussées, le grondement qui se perdait dans le vent, le lion blanc se laissa envahir. C'était vertigineux, c'était d'une intensité sans pareil. Il avait l'impression que quelque-chose en lui s'éveillait, se débattait, voulait exploser.
Et il savait pourquoi.
Il avait passé des années à ériger autour de son esprit d'immenses murailles. Des barrières infranchissables pour protéger les siens et tous ceux qui croisaient son chemin de l'expression négative de ses émotions. Il avait échoué parfois, travaillé beaucoup, réussi souvent. Il s'était créé cette aura tantôt tranquille, tantôt chaleureuse, tantôt galvanisante, tantôt aimante. Jamais teinte de ce rouge sang, ce rouge colère, ce rouge rage qui ne demandait qu'à s'en échapper désormais. Il savait qu'il n'était qu'à un souffle, une milliseconde d'une décision qui changerait sa vie, qui ne souffrirait pas de retour en arrière. Mais ce n'tait pas pour lui qu'il le faisait, pas pour lui qu'il était là ce jour-là, couvert de rouge et de rage.
Alors il le fit.
Il abattit les murailles.

Durant un instant, rien ne se passât que dans son esprit. Un gigantesque raz de marée l'envahit, noya ses pensées, prit à la gorge tout ce qu'il avait patiemment construit. Dans le bruit de sa cavalcade se déroulait une tornade. Puis sur son poitrail, la lueur de son glowstick enfla soudain. Plus lumineuse que jamais, elle fut la manifestation de l'aura qui explosa autour de lui comme une bombe, invisible mais presque palpable. Une aura brûlante et chargée
de
Colère.

Des larmes emplirent ses yeux, à cause du vent qui fouettait son visage, à cause de toutes ces choses qu'il n'avait jamais eu le loisir d'exprimer. Il ne savait plus vraiment s'il grondait, s'il hurlait, ses oreilles n'entendaient que le rugissement intense qui se faisait en son for intérieur. Tout comme avait brûlé la Bibliothèque se consumaient en un immense brasier toutes les choses qu'il s'était interdites d'exprimer.
Pour qu'Elle brûle de rage à son tour.
Que tous ressentent cet élan, cette hargne, cette férocité à en oublier toutes les blessures.
Toute la raison aussi.

[Ajani tente de rallier la grotte / le second topic en affaiblissant la "réflexion" de Ceto avec son aura]