Lezeis a écrit:

ALTHEDA 2 :
C'est fou, comme le temps passe vite : Ca fait déjà un an que la petite Nini à son glowstick.
Pour l'occasion, pourquoi ne pas passer le bonjour à sa Déesse préférée ? Ce sera peut-être l'occasion de discuter avec elle de ses projets, de ses derniers accomplissements, et de partager ses doutes, peut-être, si l'envie lui prend ?

Le soleil ne s’était pas encore levé.
Concentrée, Nirvana posait la touche finale sur son petit gâteau : des tranches de carambole. La chair orange du fruit ainsi que sa forme était un clin d’oeil direct au glowstick incrusté dans la joue de la louvette. Une petite bougie fut posée par-dessus le glaçage. Satisfaite, elle observa un instant le gâteau avant de le placer délicatement dans un bol pour faciliter le transport.
La voilà fin prête pour le départ.
Ses petites pattes la menèrent ainsi jusqu’au temple. L’odeur de la mer s’accentuait à chacune des visites de la sirène (et elle venait tous les jours c’était pour dire), mais c’était loin de lui déplaire. Probablement étais-ce dû aux divers coquillages qu’elle ramenait fréquemment, entreposé dans divers coins… Les autres disciples devaient probablement en être las d’ailleurs. Nirvana ne savait pas vraiment… les oranges ne couraient pas les terres, sauf sa mère et Perrine.
Ah et aussi… celle qui avait abandonné son enfant, comme un déchet dans les terres solitaires. Une bien regrettable orange.

L’Etelkrus s’approcha du rebord de la fontaine, pour y poser son gâteau.


« — Joyeux anniversaire Dairo ! »

Voilà un an que Nirvana était devenue la disciple de la Renarde… enfin à quelques jours près ce n’était pas très important.
Comme à son habitude, elle s’adossa contre le rebord de la fontaine, pour parler un peu à la statue. L’atmosphère qui régnait dans le temple avait quelque chose de très apaisant, incitant davantage Nirvana à parler de ce qu’elle ressentait.

« — Les Etelkrus sont si têtus… l’influence d’Aka sur la plupart d’entre eux ne doit vraiment pas aider. »

Un soupir.
Les pattes se saisissent de coquillages qui traînent et d’un fil.

« — J’en apprends plus sur les poissons-loups à chacune de mes rencontres avec eux. Par certains gestes, ils parviennent à avertir d’un danger ou à intimer le calme. Je cherche à découvrir si il y a d’autres moyens de communiquer, en liant le contact avec des mots simples. »

Il y a de la fascination dans sa voix.
C’était encore quelque chose à approfondir, mais ils étaient loin d’être bêtes, seulement différents. Nirvana savait qu’elle pouvait apprendre à les comprendre, pour mieux les avertir du danger.
Du bout de la griffe elle perça délicatement le bout d’un coquillage en forme de cône pour y faire glisser le fil.

« — J’essaye de gagner leur confiance en leur faisant comprendre que je ne suis pas une ennemie mais, ce n’est pas si facile avec tout ces idiots qui les chassent uniquement pour les manger. »

Crétins.
Nirvana aurait certes pu choisir la facilité, en usant de son pouvoir sur les poissons-loups, mais ce n’était cela qu’elle cherchait. De faux sentiments. Gagner leur confiance sans supercherie, représentait quelque chose de bien plus important, même si cela prenait du temps. Puis ça ne valait pas le coup de briser tout ces efforts pour s’entendre avec si c’était pour les trahir derrière.
Elle n’abandonnerait pas.
Un deuxième et un troisième coquillage sont reliés au fil.
La louvette continue de parler, son esprit réfléchissant à plusieurs choses en même temps.

« — Maman a l’air très inquiète à propos de cette entité aux yeux tourbillons. Je pense que c’est l’occasion pour moi et Iberis de faire nos preuves, leur prouver à tous qu’on n’est plus des gamins. » Nirvana se redressa, se tournant de nouveau vers la lumière de la fontaine. « Ils veulent qu’on sorte toujours accompagnés, qu’on ne s’éloigne pas des terres Etelkrus car on manque d’expérience… mais on va leur montrer à tous qu’ils ont torts. »

Ils n’étaient plus des gamins.
Et si personne ne voulait leur confie de mission, alors ils s’en approprieraient.
C’était les premières étapes, avant de pouvoir partir dans le Nord, à la rencontre du peuple d’Olis. Si tant est qu’autre chose qu’un alpha ou une prêtresse d’Aka soit toléré… mais ce genre de détails viendraient plus tard.
Avant ça, il y avait cette entité dont-ils devaient s’occuper. Nirvana n’est pas convaincue que cette force soit emplie de mauvaises intentions. Créer des bébés magiquement… ce n’était pas si diabolique après tout. Embêtant pour les parents, mais ce n’était pas semer la mort et la destruction.
La tête se penche vers l’arrière, certains cheveux entrant en contact avec l’eau orange, alors que Nirvana observe la statue.

« — Tu crois que c’est nécessaire de l’éliminer cette entité ? Je ne pense pas que ses intentions soient vraiment mauvaises… mais si c’est ce que tu veux, je suis prêtre à faire ce qu’il faut. Ainsi, plus personne ne sera capable d’échapper à ta surveillance. »

Ni à celles des autres, mais il n’y a que toi qui compte. Les autres dieux je m’en moque.
Un instant, Nirvana conserva le silence, terminant sa guirlande de coquillages, avant de la poser sur le rebord à côté du gâteau. Ses pattes vinrent se saisir d’un silex et une marcassite qu’elle frotta ensembles pour allumer la mèche de la bougie.
Les pattes croisées, le museau n’ait qu’à quelques centimètres.

« — À nos un an, Dairo. »

Promis, je te rendrai fière.
Toi.
Maman.
Et le clan.

Ils verront tous ce qu’une disciple de Dairo peut accomplir.

En entendant la voix de la déesse, Nirvana sent une douce chaleur l’envahir.
Bien sûr, la déesse a raison concernant les disciples d’Aka. Pour la majorité, c’était des idiots qui pensaient avec leurs griffes plutôt qu’avec leur cerveau… mais c’était des combattants. Si ils se mettaient sous le commandement de plus malins, ils seraient un atout considérable.
La plupart sont trop fiers… mais on peut en tirer quelque chose.
Aux conseils sur l’entité, Nirvana nota ces informations dans un coin de son esprit.

« — Je ferai attention. Puceron sera avec moi, je ne peux pas me permettre de le mettre en danger et de donner à raison à tous ceux qui nous sous-estiment. »

Deux raisons suffisantes pour faire attention durant ces recherches.
Désastreuses.
Ça lui rappelait… un nom. Désastre était-il le fruit de la magie de cette entité ? Une piste potentielle pour obtenir des informations ? La louvette avait déjà parlé avec le panseur gris quand il était convalescent et de mémoire n’avait pas donné une trop mauvaise impression.

« — On va trouver ce qu’il veut, promis. »

Les babines de Nirvana s’étirent en un sourire, avant qu’elle ne souffle sur la bougie en réponse à Dairo.
Un an.
Et encorde longues années ensemble.
Aussi longtemps qu'on nous le permettra.