[Iris et Miraj] Une merveilleuse idylle

-Iris-

Sa demoiselle le relève, tel un chevalier devant sa princesse, et il la dévore des yeux sans pouvoir s'arrêter. Sa beauté exacerbée par son odeur était capable de le rendre fou, et lorsqu'il se veut la toucher, elle s'échappe à son contact, ne lui laissant que le loisir d'observer sa croupe. Il se redresse, les entrailles brûlantes, et la suit d'un large trot avant de l'arrêter un peu plus loin, proche de leur logis.

Ses pattes se lèvent avec délicatesse, comme pour toucher une fleur rare et précieuse, et se passent autour du cou pour venir attirer la louve contre lui en une étreinte chaleureuse. Les poils s'entremêlent, les lèvres s'effleurent en une danse mainte fois répétées, mais toujours appréciée. Le museau glisse dans le cou en se repaissant de l'odeur qui était sienne, et remonte vers l'oreille où il lui glisse quelques mots :


Quelque chose de spécial. Un cadeau qu'Iris avait préparé durant de longs jours en collaboration avec d'autres, mais dont les schémas et design étaient sien tout entier. Un cadeau qui, il l'espérait, enchanterait sa louve et rappellerait à tout ceux la rencontrant qu'elle était sienne. Il maintient le contact encore un peu avant de se détacher avec regrets, la chaleur irradiant de son ventre jusqu'à ses joues qui ne rougissaient plus. Il sort alors une boites tressées de chanvre, qu'il ouvre avec précautions. En son coeur reposait un bijoux : une broche d'or rose, dont les coquillages finement ciselés rappelaient l'Atoll. Un ciel d'étoile découvert, quelques animaux marins et en son centre, le clou du bijoux attirant immédiatement l'œil, une belle perle nacrée de rose. Iris l'avait détachée lui-même de son pelage : étrangement, cela ne lui faisait pas mal. Habituellement, il les gardait dans sa tanière, mais celle-ci semblait s'être gorgée d'amour et de vitalité, tant que sa taille était bien plus imposante que les autres. Il avait alors décidé d'en faire un bijoux, ornant d'un peu de lui sa louve des sables. Il relève un regard avenant, enveloppé de cette odeur si délicieuse à sa truffe, attendant le verdict.

-Iris-

Les yeux de la louve s'agrandissent, et Iris sait qu'il a gagné son pari. Son coeur se gorge de fierté, enfant dans son torse, rayonnant de sa peau et de son poil. Il laisse sa reine examiner l'objet, remarque chacun de ses souffles -courts- et de ses regards -langoureux- en direction de la broche qu'il a dessiné avec minutie, dont il a supervisé la fabrication avec un contrôle obsessionnel. Elle l'aime. Plus que ça, elle l'adore. Et voir ainsi sa couleur portée sur la poitrine de Miraj lui fait l'aimer encore plus, d'une émotion dévorante et le prenant tout entier. Lorsqu'elle se glisse contre lui, il se saisit avec délicatesse de ses épaules, l'attire tout proche, entrecroise leurs souffles.

Elle lui dit qu'elle l'aime, pour la première fois.

Alors il l'embrasse, comme si c'était la dernière.

Le terme était plus proche de ce qu'il ressentait, en adoration devant elle qui avait volé la place à n'importe quel Dieu ou Déesse du panthéon. Il était devenu disciple de Miraj, seul prêtre de son culte, seul détenteur de ses visions. Son museau glisse vers son cou et ses baisers s'intensifient, enfiévrés par l'odeur de ses chaleurs devenue irrésistible. Il passe une patte douce dans ses cheveux, ne quitte pas le contact comme si sa vie dépendait de ce dernier. Et d'un regard, l'invite à se rapprocher de sa demeure.

La paillote n'a, d'apparence, pas vraiment changé depuis le début de leur relation. Ses mur s'élèvent toujours, couleur argileuse, face à l'Océan, laisser entrer en son sein l'odeur de la mer et le son doux des vagues. Le toit abrite leur nid, lieu de leurs amours, les protégeant du vent qui parfois s'élève, de la pluie tropicale qui parfois s'abat. Mais évidemment, Iris n'aurait jamais su changer ce qui formait le coeur de l'endroit : le vasistas dans la toiture, l'entre-feuille délicieux laissant entrer, de jour, une lumière chaude. Mas la magie opérait surtout la nuit, lorsque le ciel se parait d'étoiles. Alors, lovés l'un contre l'autre, Iris pouvait regarder les étoiles, les constellations, les remercier chaque nuit de lui avoir offert le cadeau si précieux qu'était Miraj.

Dans chaque coin de la demeure, sa présence était là pour qui savait voir. Ici, à côté des statuettes mystérieuses, un crâne d'animal orné d'or ramené par l'etelkru. Là, une teinture aux couleurs jaunes et aux motifs de serpent, trouvée dans un recoin du Castel qu'Iris avait ramené en cadeau, et qui à présent se fondait entre les étoffes sombres et de bonne qualité. Enfin, le lit portait son odeur, emprunte de toutes ces nuits passées à s'aimer, de tous ces jours passés à rêver un futur ensemble. Chaque jour un peu plus, ce nid devenait le leur, et Iris s'y sentait presque chez lui.

Mais ce jour là, quelque chose n'allait pas. Parmi les odeurs familières, de bois, de champignon, de sable et de mer, de chaleur et de chaleurs, là, auprès du lit qui ne devait en sentir que deux se trouvait une troisième. Une odeur inconnue, étrangère, qu'Iris sait détecter immédiatement. Et immédiatement, ses pensées s'assombrissent : Miraj aurait-elle amené quelqu'un d'autre dans leur couche ? Iris s'arrête, un peu trop brusque. D'une voix plus sombre, il demande, glissant un regard -trop- neutre vers sa Déesse :

-Iris-

La louve s'étonne, qu'il s'arrête. Après tout, c'est peut-être la première fois : mais son regard se fait dur alors que la jalousie le dévore. Elle, souffle, et surtout, ne dément pas. Les pensées d'Iris s'affolent : quelqu'un d'autre aurait-il profité d'elle ? Il se rapproche, un peu plus brusque. Le masque de neutralité se fendille, et ses yeux brûlent d'un feu plus fort que jamais. Un feu de désir, de jalousie et de colère. Il la fixe, d'une patte caresse sa joue. Elle était si belle qu'il sentait son coeur mourir à chaque fois qu'il la voyait, fragment d'éternité chaque fois qu'il l'embrassait. Il tremble, un peu, d'émotion et d'envie, mais le doute de son coeur s'est transformé en peur, en colère.


Il tait ce qu'il lui ferait, à elle, si elle osait se retrouver avec un autre. Il inspire, se gorge de son odeur, essaye de se calmer un peu : peut-être que tout cela n'est qu'une fausse alerte. Il s'efforce de prendre un ton plus doux, moins menaçant, et murmure à son oreille :

-Iris-

Iris pourrait presque penser qu'elle le provoquait, en se contentant face à sa colère. Elle lui offre son ventre et la vision de son corps parfait, répandant son odeur prenante, recouvrant celle de l'intrus. Et finalement, lui donne la réponse : bien d'autres sont passés, mais pas d'amant. A moins qu'elle ne mente : comment Iris pourrait-il le savoir ? Il s'approche, regard brûlant, cherchant à détecter la moindre trace de mensonge dans le regard de sa louve. Mais il n'y trouve rien, rien d'autre que du désir. Il enfouit son museau dans son cou, toujours un peu frustré, ou plutôt angoissé.


Il gronde un peu, approchant son corps de celui de Miraj, l'effleurant puis venant tout contre elle. Il caresse sa joue, la patte un peu tremblante : elle était un trésor que chaque jour il désirait chérir, et qu'il craignait de perdre face à un autre. Alors oui, il lui donnerait enfant, car là était sa seule manière de la garder pour lui à jamais. Le souffle plus court, il l'enveloppe de ses pattes, l'attirant contre lui.


Lui donner des enfants pour ne plus quelle soit seule, et pour l'attacher à lui à jamais. Elle ferait une mère merveilleuse, il le savait, et lui ... Lui ferait des efforts pour devenir un père acceptable. A ses côtés, il se sentait devenir meilleur.