Close enough | ft. Désiré // Archives

Après qu'Iris lui eut accordé une dernière accolade, Désiré s'était précipité dans la tanière qu'il partageait avec son père.
S'il était habituel de voir le loup aux longues pattes avancer d'un pas léger, c'est avec une toute autre attitude qu'il avait regagné son domicile. On ne lui avait trouvé son sourire usuel, ni son allure fière. Échine courbée, tête basse et yeux ne se détachant du sol comme s'il suivait une piste vitale, le jeune mâle s'était efforcé de dissimuler son visage derrière ses cheveux clairs.
Il n'avait encore jamais ressenti le besoin de se cacher pour pleurer.
En même temps, de mémoire de loups, on n'avait jamais vu des larmes poindre aux coins des yeux de Désiré.
C'était pourtant le cas aujourd'hui.

Il était donc parvenu à rejoindre sa cachette sans encombre majeure, et s'y était recroquevillé sur lui-même, s'accordant enfin à fondre en sanglots.
S'il avait bien de l'espoir, étant donné la promesse faite par sa meilleure amie, sa réponse n'en restait pas moins douloureuse : elle ne l'aimait pas comme ça et voulait prendre de la distance.
Si elle ne l'aimait pas comme ça, alors comment ?
Il la faisait se sentir bien.
N'était-il donc que cela ? Un moment de divertissement qu'elle daignait s'accorder lorsqu'elle n'était pas occupée ?
Désiré secoua le museau avant de le recouvrir d'un antérieur, ravalant un sanglot.
Il ne devait pas se laisser envahir par ces idées noires.
Le louvard s'efforça de décontracter ses muscles et de se focaliser sur sa respiration, qu'il voulut moins pressée.
Elle avait besoin de temps. Elle avait promis qu'elle lui reviendrait.
Il pouvait lui faire confiance.

La tristesse et les ruminations firent place à la méditation et aux mantras. Les inspirations et les expirations se firent plus tranquilles, à tel point qu'ils finirent par s'apparenter à un ronflement léger. Pour autant, Désiré ne dormait pas : tout au plus somnolait-il, se murmurant des messages bienveillants.
Il entendit bien Zen approcher, mais ne se mouva qu'au contact de ce dernier, cherchant à se blottir contre lui.
- Tu n'imagines même pas...
Le louvard adressa un regard qui trahissait le secret des larmes versées à son père. Ses paupières étaient gonflées, les vaisseaux sanguins proches de ses yeux dilatés.
- J'ai déclaré mes sentiments à Iris et...
Il dû inspirer très fort pour ne pas fondre de nouveau en larmes.

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Sentir l'étreinte de son père se resserrer autour de son corps lui fit du bien et Désiré s'autorisa à s'y perdre un instant, relâchant complétement le peu de tension qui habitait encore son corps, enfouissant sa truffe dans le pelage court.
Il fut donc difficile à l'adolescent de laisser Zen s'éloigner, mais il n'eut pas la force de chercher à le retenir davantage.
Tout comme il avait autorisé Iris à prendre ses distances après une dernière accolade.
Désiré déglutit avant de faire l'effort de se redresser, et se raclâ la gorge, s'apercevant comme celle-ci était sèche après toutes les larmes versées.
- Elle a répondu qu'elle ne m'aimait pas comme ça, même si... Je la fais se sentir bien ? Mais c'est pas ça, le pire.
Il essuya sa truffe de son avant-patte, dans un bruit peu ragoûtant.
- Après ça, elle a dit qu'elle avait besoin de temps… Sans moi.
Sa babine inférieure se mit à trembler.

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La réponse tarda à venir, et Désiré se demandait s'il devait ajouter quelque-chose. Mais y avait-il seulement quelque-chose de plus à dire ? Il semblait au louvard que la situation ne pouvait pas être plus limpide : il n'avait pas perdu qu'une éventuelle relation amoureuse, il avait surtout perdu son amie. Sa meilleure amie.

Enfin, la voix de l'adulte raisonna. Effectivement, il était rassurant de voir son père faire preuve d'autant de contenance, et en même temps, l'adolescent ne parvenait pas à concevoir comment il aurait pu adopter le calme de Zen.
En réponse aux premiers mots de son père, Désiré répliqua, reniflant :
- Comment peux-tu en être si sûr ?
Nulle agressivité, simplement beaucoup de curiosité. Quelque-part, le Cœur aurait voulut percé le secret de tant de sagesse et de prestance. Peut-être que s'il avait été un peu plus comme le mâle blanc, il aurait pu s'attirer les faveurs d'Iris ?

Une fois sa pommette essuyée et son regard levé, son attention était d'autant plus focalisée sur le discours que tenait son père.
- Comment ça… "dépendant affectivement" ?
Une notion très loin d'être claire pour lui. Il plaqua ses oreilles sur son crâne, se demandant ce qui pouvait bien se cacher derrière ces deux mots. Était-ce négatif ? Ça semblait négatif.
- Est-ce que c'est ce que je suis ?
Est-ce que c'est pour ça qu'elle ne m'aime pas comme ça ?

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Désiré buvait les paroles de son père, incapable de les remettre en question. Une nouvelle fois, il était admiratif des mots employés, de la sagesse qui s'en dégageait, et ne voulait pas en rater une miette, de peur de rater l'essence même des conseils prodigués. Ses larmes se tarissaient, sa truffe coulaient moins, et ses oreilles étaient maintenant toutes dressées vers l'adulte.
Il était bien d'accord : il ne voulait appartenir à personne, tout comme il ne s'attendait pas à ce qu'Iris lui appartienne. En fait, rien que cette idée lui donnait une sensation de dégoût qui mettait son estomac en vrac.
Concernant la teneur de son amitié avec Iris, le louvard opina. Il e comptait pas la repousser, de toutes façons, craignait bien au contraire qu'elle choisisse de ne jamais lui revenir, et ce, malgré sa promesse. Peut-être s'apercevrait-elle qu'elle était mieux sans lui ?
Cette idée lui mettait le cœur au bord des babines.
La suite du discours fut un peu plus rassurant, et l'adolescent se releva pour venir se frotter à l'adulte.
- Merci, Père.
S'il n'avait pas retrouvé son sourire, le mâle beige se sentait au moins apaisé. Il ne restait que ce mal de tête et ces nausées, sans doute né du fait d'avoir trop pleuré. Il se redressa.
- J'ai besoin de prendre l'air, je crois.

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