De retour sur le continent [PV Nirvana]

Un endroit qu’elle aimait bien… Certes, il y en avait un, que Nirvana chérissait pour méditer au calme.
Mais c’était son jardin secret.
Et de toute façon il n’aurait pas pu y accéder sans la capacité de respirer sous l’eau. Un sourire vient étirer les babines de la prêtresse quand il parle de lui faire goûter du rhum.

« — Tu me ferais vraiment goûter ? »

Presque un défi.
Quand lui aussi vient lui en lancer un.
Nirvana n’avait jamais vraiment émis d’avis envers les Raeders. Sa mère ne les aimait pas, mais de par sa nature de sirène, la louvette n’avait jamais vraiment développé d’haine à leur égard.
Elle relève un peu le museau pour lui répondre.

« — Ne joues pas à ça avec moi. »

Impressionner les autres, ce n’était pas une chose que Nirvana recherchait.
Je ne suis pas une disciple d’Aka.
Je n’ai rien à prouver.

Nirvana suivit le pirate sur un petit îlot bien vide. Elle se secoua pour faire disparaître les écailles et les nageoires, étira son cou pour que les branchies s’effacent afin de laissé de nouveau place aux poils. Au fil des années, de plus en plus d’écailles restaient.

« — Les tiens ne s’inquiéteront pas de ton absence ? »

Étaient-ils protecteurs au sein des pirates ou n’en avaient-ils rien à faire ? Au final ils en savaient bien peu sur ce clan, mis à part leurs méfaits du passé et leur apparence de semi-poisson.

Des mois ?! Nirvana fixa le pirate un instant. C’était donc pour ça le bateau, pas seulement pour traverser, mais aussi pour voyager. Son regard se perd vers la côte.

« — Les miens penseraient probablement que l’on m’a enlevé si je m’absentais plus de quelques jours sans prévenir. Surtout ma mère. »

Les autres seraient certainement moins sensibles. Après tout, Nirvana n’avait jamais cherché à se faire beaucoup d’amis chez les Etelkrus. La sirène observa les petits verres de fortune, avant de le porter à son museau. Ça sentait fort, mais aussi les fruits, comme ceux que Perrine lui faisait manger enfant.
La disciple de Dairo goûta.
Ça brûlait la gorge, avant de procurer une étrange sensation de chaleur. Elle ne put retenir une grimace. Le goût n’était pas mauvais simplement le goût.

« — Vous buvez ça tout le temps ? »

Un sourire énigmatique vient étirer ses babines. Rien ne pouvait l’empêcher de parcourir le monde, l’opinion des autres l’indifférait complètement, tant qu’elle avait sa déesse.
Elle est tout ce qui importe.
Je remuerais ciel et terre si tel est son souhait.

« — Les autres ne savent pas, ce que je suis réellement. »

Son côté poisson, elle l’avait toujours caché, pour éviter qu’on la compare à une Raeder. Seuls sa mère, Anita et Iberis savaient.
Et maintenant toi petit pirate.
Il semble passionné par le sujet du rhum, aussi un peu nostalgique des siens. Nirvana prit une nouvelle lampée tout en l’écoutant.

« — Pour les grandes occasions ? » La sirène marqua une pause, haussant un sourcil. « Parler avec une Etelkrus représente-t-il une grande occasion ? »

Pensive, Nirvana réfléchit à un moment où les siens firent la fête, mais rien ne lui vint.

« — Pas vraiment. La plupart aiment se battre, mais jusqu’à présent nous n’avons pas vraiment célébré d’heureux événement. »

Un soupir qui franchit ses babines à la question.

« — Parce qu’ils penseraient que je suis une Raeder. Certains ne comprendraient pas. »

Et j’aurais cette étiquette de pirate sur le front, suscitant rancoeur et pitié.
Et je ne veux pas de leur pitié.
Nirvana s’acceptait telle comme elle était, mais les autres n’avaient pas à connaître ses secrets, ils n’était pas assez intéressants pour qu’elle se permette d’écouter leurs jugements.
Un sourire vint étirer ses babines à la description qu’il faisait des Etelkrus. Oh il n’était vraiment pas loin de ces clichés.

« — Beaucoup le sont, violents et stupides, prends y garde. J’aimerais qu’il y ait davantage de disciples de Dairo, pour un peu plus de raison. »

Mais l’orange est rare.
Car peu le méritent.
La louvette décrocha de ses cheveux dont l’intérieur était serti de certaines de ses écailles de sirène (parfois elles tombaient quand elle se grattait avant de repousser dans de nouvelles teintes) pour le tendre au pirate.
Après tout il avait partagé du rhum avec elle et s’était montré d’agréable compagnie.

« — Si jamais tu viens à rencontrer un problème avec les Etelkrus, montre leur ça et demande à être conduis auprès de la prêtresse de Dairo. »

Une sorte de joker pour se protéger.
D'une traite, elle finit le verre de rhum avant de plonger ses pattes dans l'eau. Elle se tourna affichant un sourire.

« — Au revoir, Nael le pirate. »

Et d'un bond elle plongea dans l'océan pour retourner auprès des siens.