Spectrale apparition [PV Emilitia]

Emilitia

Emilitia avait petit à petit délaissé son antre hivernale et les abords des frontières Etelkrus avec le début de l’été et les montées en température, le nord offrant une fraîcheur plus supportable notamment avec le pelage sombre de la louve. Pauvres Nakhus au territoire ainsi exploité et pillé, il était suffisamment vaste et abondant -et la meute suffisamment peu regardante sur ses propres frontières- pour que la solitaire vienne, passe et se serve. Après tout, tant qu’il n’y avait pas d’impact visible, ça ne les dérangeaient pas n’est-ce pas? Les herbes étaient trop hautes et nombreuses pour que la nécrose s’impose et Emilitia n’était pas une grande chasseuse, se contentant aisément de quelques grenouilles, insectes et d’un nid d’alouette pillé de temps en temps.
La louve noire marchait avec nonchalance vers la sortie du territoire -il ne faudrait pas abuser de cette hospitalité qui n’avait pas été ouvertement offerte- lorsqu’une voix familière l’interpella dans une salutation de surprise.

“Oh! L’Etelkru du cauchemar!”

L’Etelkru de la forêt brûlée également, l’Etelkru de la majorité de ses rencontres Etelkrus.

“Quelle drôle de surprise de voir quelqu’un comme toi par ici, moi qui aurait pensé que votre meute serait plutôt hostiles à toutes les autres!”

Elle se rapproche, queue haute et pas guilleret, elle brise l’espace personnel et le bout de son masque aurait presque frôlé le museau de l’autre. Emilitia n’ira pas jusqu’au contact, c’était quelque chose que se réservait l’amie plus proche qu’était la Demoiselle Rose. Mais elle était amie maintenant avec cette Etelkru n’est ce pas? Elles s’étaient rencontrées si souvent, avaient brûlé une forêt ensemble.

“Ou peut-être que tu ne l’es plus Etelkru? Tu y ressemble encore beaucoup mais une chose à changer. Tu t’es coupé les cheveux?”

Ces jolies mèches blanches se retrouvant toutes raccourcies, elle aurait peut-être dû en demander une lorsqu’elles étaient encore longue.

Emilitia

La balle est renvoyée sans même répondre véritablement aux questionnements. Ô ce n’était pas ça qui allait offusquer la noire et à l’air narquois d’Iris, Emilitia répondit avec malice, tombant une oreille sur le côté à défaut d’expression sur le visage à cause du masque. Elle glousse légèrement également.

« Vraiment? Ce n’est pas vous Etelkrus qui pourtant vous plaigniez de me voir trop souvent sur vos frontières? »

Eux qui lui avaient si souvent reproché d’être sur le territoire d’un clan. Les quatre yeux du masque restent figés sur le visage de l’Etelkru, tension suspendue de l’amicale provocation avant que la louve noire ne la brise pour reculer et laisser un peu plus d’air à l’autre louve.

« Il est vrai cependant qu’avec l’été, je suis bien plus aux abords de chez eux que de chez vous. »

À nouveau les yeux du masque se figèrent sur le visage de l’Etelkru alors que les ailes noires dans le dos de la solitaire s’ouvrirent légèrement, les faisant paraître plus grandes, imposantes, le timbre de voix gardant sa malice amusée.

« J’espère que tu n’es pas trop jalouse »

Elle que Emilitia avait souvent croisée cet hiver, presque autant que la Demoiselle Rose.

Emilitia

« Ce n’est pas mon cas, me trouver ici est bien moins surprenant qu’un Etelkru »

Emilitia venait en terre Nakhu bien avant que les frontières ouvre à nouveau. N’était ce d’ailleurs pas ici le premier territoire qu’elle avait foulé sans y être autorisée ?
Emilitia laissa Iris se rapprocher pour la frôler à son tour avant de lui répondre sur terrain de jeu similaire. Emilitia se contenta de hocher les épaules.

« Nos rencontres deviennent à chaque fois un peu plus plaisantes. » Si elle n’affirmait pas les paroles de la louve, elle ne les démentait pas non plus. « Il aurait été dommage que tu ne sois plus Etelkru, tu ressembles de plus en plus à l’idée qu’on s’imagine d’eux. Plus de cicatrices, une carrure plus large et cet air toujours un peu renfrogné. C’est assez amusant»
Les Etelkrus l’amusaient.

Guillerette, la queue haute au dessus de son dos, c’est le pas léger que la louve va elle aussi parmi les hautes herbes, bien plus dans un objectif de promenade que de chasse, Emilitia avait déjà l’estomac plein. Ailes à l’horizontale, elle laissa la nécrose fauchée les ailes dans un puéril amusement.

« Oh pas grand chose, il n’y a pas véritablement d’objectif à tout les chemins suivis. »

Elle se retourna, marchant en arrière pour continuer à faire face à la louve.

« Toi cependant tu sembles un peu plus occupée »

Emilitia

Les oreilles d’Emilitia se redressèrent tandis que le masque s’accrocha sur l’Etelkru, la louve noire lui donnant la totalité de son attention à la mention d’une pourriture sur ces terres, toujours aussi attirée par les ombres de de monde dont elle faisait au moins à demi partie. Iris décrit ce qu’il avait vu, exposa ses hypothèses et ses recherches. La louve n’avait pas changé durant ces dernières années, elle s’intéressait à des forces qui la dépassait et sans doute la dévorerait.

« Oh bien sûr qu’il y a d’autres portails… et d’autres plans! Drippir et moi ne venons pas des terres Etelkrus »

Et la Demoiselle Rose ne venait de quelconque plan démoniaque mais de celui des morts. Emilitia ne l’évoqua pas, c’était un coup à ce que les Etelkrus cherchent encore à la harceler.
Cessant la marche arrière, Emilitia alla s’enfuir un peu plus loin sans pour autant suffisamment s’éloigner et s’en aller, gambadant et laissant un peu plus la trace de sa nécrose derrière elle.

« Il y a effectivement quelque chose ici. Je ne suis jamais tombée sur un monstre, à peine quelques fantômes mais si jamais il n’y a pas de portail, il est évident que la séparation entre nos plans dans ces champs est extrêmement fine, si fine que les forces passent au travers. »

C’était une évidence.

« Ce monde, j’ignore s’il est un croisement entre les différents plans ou simplement percer de partout mais il serait orgueilleux de croire que les choses ne se passent que chez toi. »

En quelques bonds, la demi démon se rapproche à nouveau de l’Etelkru, abusant à nouveau sur les frontières de l’espace personnel, relevant le museau du masque vers celui d’Iris pour être louve plus petite.

« Mais penses tu que les Nakhus ne se vexeraient pas si une Etelkru s’occupe trop de leurs petites affaires? A moins qu’ils te l’aient demandé. »

Un rire, léger et amusé.

« Si tu es devenue chasseuse de démon, je devrais faire attention »

Emilitia

« Oh oh, les Nobles Héros Etelkrus qui veillent en secret sur les pauvres Nakhus, l'orgueil plus désireux au paternalisme qu'à la gloire. »

Elle remua les épaules, se fit ouvertement moqueuse à la remarque de la louve marbrée, Emilitia ne l'aurait sans doute pas apprécier plus que ça mais les Etelkrus n'avaient aucune volonté de veiller sur les solitaires, bien au contraire.
Lorsque Iris rapproche son museau pour venir toucher le masque, Emilitia s'immobilisa, ses ailes noires en ombres larges au dessus des deux louves, surprise mais plutôt amusée et satisfaite de voir l'Etelkru répondre ainsi à ses attitudes. L'avertissement la fait rire à nouveau.

« Il faudrait que je devienne démon plus véritable pour que ce soit plus intéressant. »

Un jeu, une motivation pour permettre de reprendre là où elle s'était arrêtée.
Elle se laissa dépasser laissant l'Etelkru reprendre la tête de la marche, Emilitia suivant pour continuer à profiter de cette conversation rendant le quotidien du jour moins monotone, n'en déplaise à Drippir qui s'était éloigné de son côté parmi les herbes et les êtres de sa taille.

« Non, qui est-ce ? »

Emilitia

Emilitia se contenta de hausser les épaules, pas spécialement piquée par les dernières paroles qu’elle aurait pu elle même prononcer. C’était vrai après tout, ça ne pouvait qu’être décevant mais Emilitia n’avait jamais caché qu’il lui manquait quelques éléments.

« C’est parce que j’ignore encore beaucoup de choses et que j’ai tant encore à apprendre que je ne suis encore que démon à demi. »

Un l’instant où Iris se désintéressa des gouttes d’eaux qui avait attiré son attention que la louve noire marcha volontairement dessus pour les faire disparaître entre ses doigts dans un pur amusement destructeur. Elle en avait déjà vu, de l’eau comme ça sans jamais s’y intéresser plus que ça.

« Tu n’as qu’à demander à Drippir, lui vient du plan des démons après tout. Mais je doute qu’il veuille te répondre. »

Tout en parlant, Emilitia avait cessé de porter la totalité de son attention sur l’Etelkru, se laissant distraire par le paysage, écrasant ici un insecte, nécrosant une herbe, sautant au dessus d’un vieux terrier laissé à l’abandon.

Emilitia

Les quatre yeux du masque s'arrêtèrent sur l'Etelkru, désapprobateur malgré l'absence d'expression sur la surface blanche tandis que Emilitia elle même s'était stoppée.

« Je l'avais présenté à notre première rencontre. »

Elle le présentait toujours, la louve marbrée n'avait pas du être attentive ou alors elle n'avait pas porté attention au petit démon, trop insignifiant pour ce monde là également. Enjambant de quelques pas légers les hautes herbes, Emilitia vint cueillir l'insecte du bout de la patte.

« Pauvre Drippir, si rarement considéré. »
« Ce ne sont de toute façon que des êtres misérables auxquels tu portes trop d'importance. »
« Tu as su en apprécier quelques uns pourtant. »

Le regard du masque retomba un instant sur Iris.

« Mais toi, tu fais partie de ceux qu'il méprise. »

Geste sec de la patte, Emilitia fit s'envoler à nouveau Drippir avant de reprendre sa petite  promenade champêtre avant de fouler une plante qui eut pour effet de faire hurler et pleurer le végétal. Fleur expressive, plante animale? Qu'importe, sur l'instant, elle agaça les oreilles de la demi démone qui les rabattit sur le côté et sans la moindre empathie, fit taire la créature d'un coup de griffe.
Être insignifiant.

Emilitia

« ça c'est de te faute ! »
« Les loups ont cette tendance à croire que ce qui n'est pas comme eux n'est que proie, monstre ou animal de compagnie. Leur ego n'est pas si différent de celui des démons. »

Les autres avaient cette tendance trop facile à attribuer à Drippri cette nature de familier, Emilitia ne le présentait pourtant pas comme tel bien que ce fait et l'agacement du petit démon l'amusait. En quelques bonds, elle revint à nouveau vers Iris, notamment à l'éloignement précipité de l'etelkru.

« Penses tu vraiment que je puisse véritablement m'attacher à un petit animal qui me suivrait ? Ô il faudra que je te montre une chose un jour, il est possible que ça t'intéresse. Quand à Drippir... »

L'évocation d'une présence la coupa dans sa conversation, l'incitant à relever les oreilles et être plus attentive.

« Drippir c'est un peu des deux. » Elle expédia l'information, il n'était plus si intéressant, Emilitia lui retira le projecteur. « Qui observe penses tu ? » Pas de peur, de l'excitation. « Il y avait des fantômes la dernière fois. »

Elle avance dans les herbes à la suite de l'Etelkru, plus alerte, moins frivole. Sa patte buta sur une montre similaire à celle qu'Iris avait trouvé plus tôt. Elle la ramassa plus par copie qu'intérêt véritable.

Emilitia

Elle avance entre les herbes, Drippir est revenu se poser dans ses cheveux, minutieuse dans ses mouvements comme si la louve était en chasse – ou elle même chassée. Emilitia est attentive aux sons, aux mouvements, elle veut voir ce qu'a entendu l'Etelkru, se sait pourtant vulnérable au cas où la rencontre manque de pacifisme. Peut-être, elle l'espère un peu, que cette fois, elle se rapprocherait du portail, de cette brèche évidente qui avait du s'ouvrir dans ces champs.

« Ce ne serait pas idiot de le penser, le Nord a toujours été plus propice aux esprits quand le Sud a une tendance aux monstres. Après tout les Nakhus ont un cimetière et vous, Etelkru, une certaine affection pour taper sur des trucs. »

Et à la vue d'une ombre noire entre les herbes, Emilitia s'applatie entre celles qui aurait pu la camoufler, laissant volontiers l'Etelkru en première ligne. Oui elles se rapprochaient forcément de quelque chose, en témoignaient la présence de ce qu'elle considérera comme un gardien bestiale.