Vol crépusculaire [PV Emilitia]

3 an (30/03/2024) Yeux fait de feu I | E | F | A 1 | 1 | 0 | 2

-Iris-

Il fallait qu'il lui parle.

Leur dernière discussion avait été interrompue par Nirvana, et avait soulevé une problématique qu'Iris tentait tant bien que mal de réfréner depuis des mois : il devait faire un choix. Son clan, ou ce qui l'attirait dans les Profondeurs. L'entité qu'était l'Autre était l'ennemi de leur clan, et lié à ceux qui volaient dans les ombres, et si lui avait décidé de le détruire ou de l'enfermer, cette tâche était de plus en plus difficile. Il ne comprenait pas pourquoi, avait besoin de raisons pour le faire.

Son frère avait été le premier à semer le doute chez lui, et petit à petit, ses descentes dans les Profondeurs avaient gangréné son âme. Le monde n'était plus noir et blanc, et ses teintes de gris lui était presque insupportable. Il savait que le choix de raison était de renoncer, et de se tourner vers les etelkrus, et pourtant retournait encore et encore vers les ombres.

Comme il retournait à elle.

Il avait suivi sa trace sans difficulté jusqu'à la Lagune, où elle était sûrement allé se reposer après ses blessures. Truffe au sol, il aperçoit sa silhouette sur la plage dégagée, et s'avance sans se cacher.

Emilitia.

Un ton d'une intensité un peu différente, sûrement. Il y avait beaucoup de questions dans son regard, de doutes. Et il savait qu'en se présentant vulnérable à elle, elle finirait par le dévorer. Il avait fini par s'avouer que peut-être, c'était ce qu'il cherchait.

Emilitia

La plupart de ses blessures s'étaient refermées et les plus grosses étaient en bonne voie de guérison. Emilitia ne s'en était jamais inquiété, ça n'avait été rien de plus que de légers désagréments. Elle n'était pourtant pas retourner à son antre depuis ce jour là, pas véritablement par crainte mais plutôt parce que sa frustration vis à vis de la journée était encore bien trop élevée. Et sans son masque pour la couper du monde, elle n'avait plus que pour simple désir de le voir brûler.
Il fallait également qu'elle s'occupe un peu du revenant décrépi qu'était son oncle Illidan – Simple excuse, il n'était pas rare que la demi louve l'oublie et le laisse plusieurs jours mourir de faim, au moins le mâle semblait tout de même s'en sortir et s'en accommodé, il n'avait pas l'air de dépérir, il lui semblait même qu'il était cadavérique.

Illidan, c'était l'excuse pour rester sur le littoral, Emilitia continuait pourtant à ne pas apprécier ce genre de milieu. Elle n'aimait pas ces bandes de sable dont les grains vous héritait la peau sous le pelage, le vent frai venu du large ni le son des vagues que sa nature n'aurait jamais pu faire fuir comme les oiseaux. Les plages lui rappelait aussi les Raeders, ce fait qu'elle n'en avait jamais été vraiment un sans que ça ne l'affecte, c'était la meute de sa mère, pas la sienne, et elles lui rappelait cette dernière également dont le souvenir remontait parfois.
Emilitia n'appréciait pas le bord de mer mais il fallait bien avouer qu'elle possédait toute les connaissances nécessaire pour y vivre confortablement. Les pattes dans l'eau malgré sa fraîcheur et les faibles températures de l'hiver, elle observait les points noires de sa nécrose se faire emportés par le ressac des vagues, le entremêlant pelage et cheveux.

A son nom, elle redressa oreille et tête, ses pupilles fendues venant s'accrocher sur l'Etelkru, donnant à son regard un air presque prédateur sur le visage demeurant neutre.

« Oh c'est toi. »

Il n'y avait pas grande conviction dans sa voix, la solitaire noire revint sur sa contemplation de l'eau.

« Tu es venu me rapporter mon masque ? »

Son corps se tendit alors, son pelage se gonfla. Elle releva une patte pour l'élan avant de plonger d'un seul coup sa tête dans l'eau pour la ressortir, langoustine en gueule.

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-Iris-

En s'approchant, le regard violacé d'Iris glisse sur le corps d'Emilitia, dont les blessures avaient cicatrisées. Iris ne peut s'empêcher de se souvenir de leur descente dans les Profondeurs, où il avait vu son corps se reformer en usant de la chaire de ses semi-semblables. Avait-elle trouvé un sacrifice à effectuer pour pouvoir se soigner, ou avait-elle usé de sa partie lupine pour refermer ses blessures en utilisant des remèdes plus communs ? Il ne le saurai probablement jamais. Un frisson parcours son échine, tendant ses muscles.

.... Non. Si tu le voulais, il fallait venir le chercher.

Il soutient son regard. Il ne l'aurait pas aidée, et face à Nirvana et lui, c'était peine perdue et elle le savait probablement. Mais la louve était la plus à même de suivre la logique des démons, qui prônait la force individuelle comme unique moyen de survie. Il finit par s'assoir, plus stressé que ce qu'il n'avait envisagé. Une fois face à elle, il réalisait que ses questions et ses doutes ne pouvaient être simplement exposés, et surtout, il n'avait pas tellement envie de lui en parler. Simplement, elle était la seule à pouvoir peut-être l'éclairer ... Et Ibéris lui avait bien dit d'être plus honnête.

J'ai un problème. Ça ... Il désigne d'une patte Emilitia, puis lui ; Est en train de devenir un problème.

Emilitia

Elle finit par sortir de l'eau, s'ébrouant alors que dans sa gueule la langoustine agitait pattes et pinces dans un espoir vain de retrouver sa liberté. Déjà le sable lui collait au poil et dans un certain toc, Emilitia agita parfois l'une ou l'autre patte pour s'en débarrasser avant de finir par s'allonger dans un coin pour emprisonner sa proie entre ses pattes, jouant distraitement de sa nécrose sur le crustacé, noircissant la carapace tel le mal foudroyant qu'elle exerçait sur ce monde, la louve noire se préoccupant à peine de l'Etelkru bien qu'elle gardait une oreille attentive.

« Vraiment ? Vous ne m'aviez pas prévenu que votre meute avait ouvert ses frontières. »

Narquoise, presque sarcastique dans son ton pour trancher avec la neutralité froide. N'était-ce pas Iris qui lui répétait sans cesse qu'elle ne devait pas traverser la frontière, que tout Etelkru qu'elle était, elle n'hésiterait pas à la tuer ?
Emilitia releva son regard vers la louve marbrée à sa mention de problème.

« Pourquoi ? Tu t'es fait tirer les oreilles par la petite Etelkru ? »

Son attention revint sur la proie qu'il finit par tuer d'un coup de croc avant d'entreprendre de la dépiauter.

« Elle est bien loin d'être blanche pourtant. C'est amusant, à une époque, c'est sur elle que j'aurais bien plus parié l'âme dévorée et l'entrée dans le monde des ombres. »

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-Iris-

La remarque le fait souffler entre ses crocs serrés, puis sourire. Emilitia était de mauvaise humeur, visiblement. Ou non, c'était bien souvent difficile à capter, tout comme n'importe quelle autre émotion chez la semi-démone. Elle sort de l'eau en même temps, et part s'avachir sur le sable pour jouer de sa nécrose. Le regard d'Iris descend brièvement vers ces pattes, le souvenir brûlant de leur contact encore à fleur de peau, puis revient se poser dans les yeux fendus de la démone, qui aborde à présent sa sœur. Iris lève un sourcil.

Je ne savais pas que tu connaissais aussi bien ma sœur.

Il détourne les yeux, s'épargnant la vision de la langoustine décortiquée par la louve sombre. Ses lèvres sont tendues, alors qu'il réfléchit. De toute évidence, Emilitia n'était pas là pour lui faciliter la tâche. Pas qu'il ne s'y attende, cela dit, mais cela renforçait l'idée qu'il devrait s'en sortir seul. Décider, comme ce qu'il n'avait pu faire lorsque Nirvana les avait rejoint.

Elle n'a jamais eu vraiment confiance en moi. Elle est cependant loyale à sa déesse, à jamais.

Quant à lui ... Il ne savait pas encore. Une patte se pose sur son glowstick, le cachant au monde une fraction de seconde. Le doute le rongeait, et il ne se sentait presque plus digne de porter la force de celui qui l'avait tant aidé. Il avait toujours voulu plus ... C'était sûrement ce qui le perdait, aujourd'hui. Ce qui l'avait toujours perdu, même lors de ce cauchemar, qui avait semé en lui la graine de la noirceur qu'il contemplait à présent avec envie.

Sais-tu pourquoi les Dieux en veulent à l'Autre ?

Il ne cille pas, neutre. La question n'était même pas pour obtenir des informations, simplement pour comprendre. Car la réponse à cette énigme pourrait très bien décider de son choix entre se ranger du côté des bons, ou céder à l'ombre.

Emilitia

Oh c'était sa sœur ? Elles ne se ressemblaient pas beaucoup. Emilitia entreprit de manger sa proie, arrachant la chaire du crustacé de sa carapace, retroussant pour se faire ses babines de ses crocs blancs.

« Elle pactisait déjà avant que toi et moi nous nous rencontrions. »

Des trois de cette fratrie, finalement la petite tachetée était celle envers qui il y avait le plus de reproche à faire, elle avait volontiers traité directement avec sa moitié démon. Elle ne devait pas être bien facile à vivre d'ailleurs, Iris dévoilant ses états d'âme à ce sujet. C'était assez... surprenant pour Emilitia que ce soit à elle qu'il les fasses, ce qui la stoppa un instant dans son déjeuné. Le museau encore incliné sur la carcasse, elle releva les yeux sur l'Etelkru.

« Ma mère aussi a été blessée par son frère, ça a fait parti des trucs qui l'ont fait plonger. Ça vaut peut-être pas le coup de s'embêter pour ça, je n'ai jamais eu à souffrir d'être enfant unique. »

Et certains démons dévoraient leurs frères et sœurs à la naissance afin s'élever plus haut vers leur stade adulte. Elle termina sa proie. Emilitia n'avait pas manqué de remarquer l'attention particulière que portait Iris à son glowstick à ce moment. Plus que sa sœur, était-ce son dieu que l'Etelkru craignait ?
Une question sur l'autre cette fois-ci alors que la louve noire lécha ses babines.

« C'est une vrai question ? »

Suspicieuse.

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-Iris-

Les yeux d'Iris brillent d'une lueur intéressée. Alors sa sœur aussi n'était pas toute blanche ... Finalement, leur fratrie n'avait rien d'exemplaire, lui le premier. En échange de sa confession, Emilitia lui en fait une également, lui parlant de sa mère. Bizarrement, Iris ne l'avait jamais imaginée avec une mère, ni de famille même. C'était étrange que de penser à sa partie lupine. Ses paroles ne le réconfortent pas tellement, ses insécurités quant à sa soeur remontant à bien plus loin que leur dernière rencontre.

La louve noire termine son repas sous le regard d'Iris, avant de lui renvoyer une question, méfiante. L'etelkru soupire légèrement. Il lui faudrait expliquer un peu, il suppose.

Les Dieux veulent le détruire, mais je ne sais pas exactement pourquoi. Avant, j'étais de ceux œuvrant pour sa destruction mais maintenant, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi.

Il se relève, soudain agité. Devant la louve, il marche en rond, avant de se rapprocher un peu pour se poster devant elle, le regard plus brûlant.

Ma soeur et ma mère veulent sa mort, mon frère veut le protéger. Et moi je ...

Il ? Que voulait-il, lui ? C'était bien ça, le problème. Il désirait quelque chose qui le détruirait. Il plisse les yeux, les plongeant dans ceux d'Emilitia.

Je crois que je veux autre chose.

L'Autre ne l'intérressait pas plus qu'elle, et que les démons qui œuvraient dans les ombres. Lui se tenait au bord du précipice, se demandant toujours s'il devait sauter. Cette situation ne pouvait durer.

Emilitia

« Malgré tes petites passions annexes, tu demeures Etelkru et porteuse de Lumière. Jusque là les choses se justifient. »

En témoignait la lueur rouge à son épaule que Iris avait comme tenté mécaniquement de dissimuler quelques secondes plus tôt, comme si la louve marbrée estimait que ce scintillement n'avait plus à se trouver là ainsi afficher.

« Imagine qu'une nouvelle divinité prenne naissance en ce monde mais du côté des Ombres plutôt que de la Lumière. J'ignore autant que les Etelkru ce qu'est réellement l'Autre, il est d'ailleurs peut-être ni Ombre ni Lumière mais la place qu'il cherche à occuper n'est pas de notre niveau d'existence et vos dieux doivent le deviner. »

Emilitia se débarrassa du reste de carapace, l'envoyant un peu plus loin pour retrouver un alentour plus propre et sans déchet, la louve noire demeurant pour le moment bien loin de l'agitation de l'Etelkru.

« Ceci dit, ça fait un moment qu'on n'entends plus de retour de manifestation, il a peut-être échoué quelque part. »

Et lorsque Iris se plante devant elle, la louve noire releva la tête pour avoir son visage dans son champ de vision. Elle resta cependant dans la même position, tranquillement allongée dans le sable, la proximité lui fit cependant déployer ses ailes dans son dos. Si le visage resta relativement neutre, le ton lui se fit plus intéressé.

« Vraiment ? »

Infidèle Etelkru.

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-Iris-

Ses petites passions annexes. Iris grimace, détournant le regard. Ces passions étaient ce qui rongeaient peu à peu sa vie d'etelkrus bien rangé. Et les paroles de la démone lui gonflent légèrement le pelage, lui rappelant qu'il n'avait pas eu le temps d'expliquer complètement son changement d'identité. C'était compliqué à expliquer, à présent. Tout ça était si peu important, et pourtant, continuait à l'irriter au possible lorsqu'on le mentionnait au féminin. Il passe une patte dans ses cheveux, toujours agité.

Sa réponse ne le satisfait pas vraiment, témoignant encore de nombreuses zones d'ombres. L'Autre n'était pas un démon, l'Autre était ... Autre. Si Emilitia s'y intéressait, c'était simplement qu'il n'était pas lumière et donc plus ou moins de son côté. La démone relève les yeux, et ses ailes s'étendent. La tension monte légèrement dans le corps d'Iris. Il avait tant à lui dire, tant à discuter et toujours, les paroles de son frère lui restaient en tête. Ne pouvait-il pas seulement cesser de douter ?

Il souffle, avant de se détourner. Il n'arrivait pas à être honnête. Plutôt, il n'arrivait pas à se montrer vulnérable. A la place, il lève les yeux vers le ciel pâle.

Je me suis toujours demandé s'il était possible d'obtenir plus de force que ce que nous donnais les lumières. Mais je ne parviens pas à obtenir la réponse sans me plonger dans les ombres. Je crois qu'elles me dévorent petit à petit, et je n'arrive plus à reculer maintenant.

Il tourne un regard en coin à la démone.

D'ailleurs, nous avons été interrompus la dernière fois, mais c'était important pour moi. Je suis un mâle.

Emilitia

Hé bien, c'était beaucoup de confidences aujourd'hui. Emilitia était la louve bavarde dans les rencontres habituellement, celle qui racontait sa vie à tout les inconnus sans se préoccuper si ça les intéressait ou non. Iris, la louve noire ne se serait pas attendu de sa part tel partage. Soit, si c'était surprenant, ça ne la désintéressait pas totalement, dans les doutes de l'Etelkru, il y avait une partie de son propre monde.
Alors que la louve marbrée releva son regard vers le ciel, coupant le contact visuel, Emilita vint poser sa tête sur ses pattes avant.

« Ça, j'avais prévenu. »

Les ombres étaient en général un aller sans retour. Bien sûr qu'en y allant Iris n'aurait pu que sombrer, avalé et emporté, ainsi étaient faites les ombres. Plus facile, plus alléchante, la Lumière avait ce petit côté hautain et élitiste des esprits forts, il fallait la mérité. L'ombre était simple, elle assouvissait la convoitise mais là était le danger car elle continuait à entretenir le manque jusqu'à ce que l'âme s'offre toute entière.
C'était le monde d'Emilitia, elle baignait dedans car elle était un être qui en était né. C'était peut-être aussi sa propre facilité, celle d'embrasser la moitié démon plutôt que celle louve.

Elle se releva, pour se rapprocher un peu d'Iris sans pour autant venir au contact ou coller l'Etelkru comme ce qu'elle avait pu faire à leurs rencontres précédentes, simplement pour être un peu plus d'égal à égal bien que Iris continuait de la dominer par sa taille naturelle.

« Puisque tu ne peux plus reculer, jusqu'où souhaites tu avancer ? Après tout, la lueur à ton épaule ne s'est pas encore éteinte.»

Iris était bien loin d'être à mi chemin.

Lorsque l'Etelkru repris le drôle de sujet abandonné avant l'arrivée de Nirvana, Emilitia pencha la tête sur le côté sans comprendre. Pas d'éclat de rire cette fois, le ton de la conversation n'y prêtait mais la signification des paroles lui échappa totalement.

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-Iris-

La louve noire semble avoir perdu de son ton ironique et de ses piques, qui faisait la majeure partie de leur discussion. Iris couve du regard son corps s'étirant pour se relever face à elle, pensif. C'était étrange, de lui en parler, mais elle était finalement la seule connaissant les ombres et ce qu'elles avaient à apporter. Sa quête personnelle pouvait recouper le bien du clan, pour peu qu'il ne parvienne à contrôler les puissances données par les démons. Mais était-il assez fort pour cela ? Il portait déjà le rouge, preuve qu'il avait vaincu, mais s'imaginer faire face à l'Araignée le faisait frissonner.

Pour le moment, je suis toujours sur le fil. Si je parvenais à oublier tout ça, je pourrai retourner à mon clan sans séquelles, sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. Mais je n'y arrive pas.

Il plisse les yeux pour soutenir son regard fendu. Elle était de ceux qui se trouvaient toujours neutres, à présenter les options sans jamais faire de choix. Une sorte d'énergie tentatrice, bien à l'image de sa partie démon. Mais Emilitia ne se rendait peut-être pas compte à quel point elle s'était impliquée dans sa vie. Leurs rencontres se multipliaient, le faisait douter sans cesse. Sans elle, il aurait probablement renoncé. Sans elle, il aurait suivi le droit chemin etelkru.

A cause de toi.

Peut-être qu'Ibéris avait raison, et que ce n'était qu'une simple histoire d'attirance charnelle. Mais Iris n'arrivait pas à le savoir. Si ce n'était que ça, alors il pouvait espérer recouvrer sa vie d'antan, les doutes chassés de son esprit. Si ce n'était que ça, il pouvait espérer que son âme ne soit pas trop ternie par ses expéditions dans les Profondeurs. Mais comment pouvait-il savoir le goût qu'avait un fruit sans jamais y avoir goûté ?

Emilitia

Donc d'après elle -d'après lui ? Iris n'avait pas cherché à développer le concept plus que ça – c'était à cause d'Emilitia que l'Etelkru ne parvenait pas à se sevrer de sa dangereuse passion. Quelle excuse ! Sans elle, il y aurait eu autre chose, un autre démon mais la demi-louve prit cet aveux comme un compliment qui ne la laissa pas indifférente. Sans le masque, il y eut un sourire qui aurait presque découvert la pointe de ses crocs blancs, contrastant avec la teinte de son poil. Elle se rapprocha un peu plus, vint frôler le pelage, gardant les ses yeux bleus rivés sur l'Etelkru.

« Ne crois pas que ton clan n'est pas déjà impliqué dans quoi que ce soit. Vous avez sur votre territoire un passage vers le monde des ombres, je n'ai pas l'impression que quelconque Etelkru cherche à le sceller. Vous cherchez à faire disparaître l'Autre et avant cela, ça a été les Raeders porteurs de malédiction, pour l'excuse de la gloire de vos dieux si vous voulez mais on ne chasse pas les ombres sans devoir y mettre une patte dans ce monde. »

Lentement, elle fit le tour de l'Etelkru, presque prédatrice et toujours en restant proche, se souciant peu si ses ailes venaient abîmer quelques poils ou irriter la peau.

« Ton clan possède déjà cette patte posée dans l'ombre, c'est peut-être pour ça qu'il n'est pas si inintéressant. »

Peut-être venait-elle de là, sa passion absurde pour les Etelkrus, un appel à l'écho de sa propre nature.
Elle revient vers le poitrail avec un contact plus franc, y écrasant la tête avant de faire remonter son museau jusqu'à l'arcade de la mâchoire.

« Penses tu que je puisse un jour faire tomber ton clan ? »

Qu'elle soit un jour démon suffisamment puissant pour oser y prétendre, pour être en mesure d'ébranler les trois Lumières Divines qui y veillait à l'instar de l'Autre ?
Elle vint mordre la peau entre la joue et le cou d'Iris.

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-Iris-

Le compliment était peut-être un peu trop bon pour la démone, qu'Iris avait habituée à plus de menaces que de marques de respect ou d'attrait. Cela dit, elle ne s'en amuse pas, lui offrant simplement un sourire satisfait. Elle le lui avait dit la dernière fois, elle voulait le voir tomber dans ses filets, elle voulait qu'il soit celui qui vienne la chercher. Et ses dernières paroles témoignaient qu'il continuait à venir la trouver malgré le danger.

Lorsqu'elle évoque son clan, il ne peut s'empêcher de frissonner. Il était incapable de savoir si sa vision des choses était biaisée, mais il ne pouvait que retrouver ses valeurs dans ce qu'elle évoquait. Les etelkrus étaient désorganisés, desoudés, peut-être parce qu'ils les avaient perdues de vue. Et elle avait raison, en un sens, ces valeurs de domination et de puissance qu'il rêvait de retrouver chez eux étaient un peu les mêmes que celles des démons. Ils avaient comme différence leur unité, mais Iris ne pouvait ignorer que dès lors que le besoin se faisait, bien peu hésitait à tremper dans le meurtre et la violence, lui le premier.

Le contact de la louve contre son torse le fait sursauter, comme si une décharge électrique le parcouru soudainement, chassant ses pensées absorbées pour les remplacer par un frisson chaud descendant le long de sa colonne. Son coeur bondit dans sa poitrine, et il baisse la tête, laissant le museau de la louve se couler le long de sa joue, et ses paroles le tenter. Elle jouait avec lui, ou jouait de lui, peu lui importait réellement. Il sent la morsure de sa nécrose le faire frissonner de nouveau, bref éclat de douleur qu'il accueille avec avidité.

"Peut-être bien"

Sa voix est plus grave, un peu rauque. Ses pensées n'étaient plus claires, et il lui semblait qu'une alliance entre son clan et les forces plus sombres pourrait se montrer désirable. Les Dieux avaient une puissance limitées, et les Dieux leur dictait parfois quoi faire. Il passe son museau le long du coup d'Emilitia, souffle fébrilement.

"Peut-être que si la puissance que tu proposes est une offre impossible à refuser, peut-être que si les Dieux ne suffisent plus pour écraser nos ennemis alors peut-être"

Son corps se presse un peu plus contre le sien et ses crocs se découvrent pour glisser le long de sa peau. Sa voix est un chuchotement qu'il laisse échapper presque malgré lui.

"Après tout, tu as déjà réussi à me faire tomber."

Emilitia

« Ce serait bien présomptueux. »

Le museau qui se faufile dans son cou la chatouille et lui fit gonfler son épais pelage d'hiver et les paroles la font rire.

« Il faudrait alors que je devienne démone plus entière. »

Et au delà, plus puissante. La moitié démon n'était que celle d'un mineur, rien qui ne pourrait véritablement concurrencer des dieux comme était capable de le faire l'Autre mais c'était suffisant sans doute pour leur voler quelques disciples convoités. Après tout, Iris n'avait-il pas évoqué ses doutes tout en se faisant convaincre par lui même de continuer plonger un peu plus ?

« Au final, ça sera peut-être toi qui incitera les tiens à plonger plus profondément dans ce monde. Quelle place occupes-tu auprès des Etelkrus ? Seraient-ils prêt à te suivre ? Si c'est le cas, il n'y a sans doute pas tant d'incertitudes à avoir puisque c'est toi qui choisit la destination. »

Elle glousse lorsqu'elle sent les crocs sur sa peau dans cette taquinerie passive agressive qu'elle répond en revenant mordre cette joue déjà mâchouillée.

« Qui aurait cru que l'idée de se faire renverser à nouveau soit une demande faite pas un Etelkru. »

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-Iris-

Le corps du loup contre celui de la démone se fige un instant en entendant ses questions. Quel place occupait-il ? Il était un simple guerrier, expérimenté mais pas assez pour ne pas se faire battre par même les nouveaux disciples rouges. Il souffle. Sa mère était alpha, mais jamais elle ne voudrait tremper ses pattes dans ce qu'il cherchait à éveiller. Pourtant, elle avait des valeurs bien plus proches des siennes que quiconque dans le clan, et si Anita n'avait pas été là ... Un long frisson parcourt son corps. Son chemin était individuel, et s'il choisissait ce que lui offrait Emilitia, alors il ne pourrait plus rester du côté des etelkrus. Car ils étaient tous trop raisonnables pour le suivre.

Beaucoup sont attachés à nos Dieux, beaucoup ne cherchent pas la puissance, simplement des distractions.

Désiré et son frère en avaient fait partie. Beaucoup d'entre eux étaient plus raisonnables, et lui l'avait longtemps été. Mais on lui avait demandé d'abandonner beaucoup, de composer avec un clan désarticulé, avec d'autres ne partageant pas ses valeurs. Et à présent, on lui offrait peut-être un aperçu de la puissance qu'il pourrait obtenir pour faire valoir ce qu'il voulait ? Pour finalement arrêter de se relever après les défaites et pouvoir enfin gagner ?
Finalement, si Aka voulait qu'ils détruisent les readers, pourquoi ne leurs avaient-ils jamais donné assez de puissance pour ?
Finalement, si leur clan était supérieur, pourquoi avaient-ils toujours dû composer avec les autres, faire des concessions avec les pacifistes comme s'ils n'avaient pas le pouvoir de raser leur clan entier ?

Iris le comprenait, pourquoi. Mais il ne pouvait balayer la frustration de devoir attendre, composer, être limité bien trop souvent. Cette frustration s'ajoute aux autres, et l'empêche d'y voir clairement. Il s'avoue, de toute manière, que dès lors que son pelage serait ainsi mêlé à celui de la démone, alors il ne pourrait pas y voir clair. Ces décisions seraient à reporter, s'il ne voulait pas faire brûler le monde simplement pour obtenir ce qu'il voulait.

Si ce n'est pas toi qui me renverse alors c'est moi qui te ferai basculer.

Sa voix se fait un peu plus joueuse. Il était toujours etelkrus, jusqu'à nouvel ordre, et malgré ses doutes la lueur rouge brillait encore à son épaule. Ses crocs se font plus insistants, plus douloureux et il pousse la louve du poitrail. Il repense aux paroles de son frère, que tout se ferait naturellement, ou bien qu'il n'avait qu'à demander. S'il avait envie d'elle, il n'avait qu'à lui demander. Et pourtant, il n'arrivait pas encore à l'avouer à voix haute, trop effrayé peut-être des conséquences que cela impliquerait.

Stupide Ibéris. C'était facile, pour lui.

Emilitia

« Les distractions sont ce qui feront sombrer le monde dans le chaos. »

Et bien plus qu'un obstacle aux projets, elles en devenaient les pions essentiels à qui savait les manier et se faire convainquant.
Emilitia sentit les crocs se planter plus profondément dans son cou, la chatouillant, lui faisant mal aussi un petit peu à cause de ses blessures encore relativement récentes, la peau à cette endroit demeurait fine. Joueuse, elle se laisser pousser et basculer pour se retrouver en position couchée sur le dos aux pattes de l'Etelkru, celui-ci la dominant d'une hauteur plus haute que lorsqu'elle était debout ou assise.

« Oh non, la puissance guerrière et purificatrice Etelkru prend le dessus sur le démon, quelle tragédie pour les ombres ! »

Elle joue, se fait volontairement mauvaise actrice alors alors qu'elle se roule dans le sable sans retenue, se tortillant pour son amusement personnel, son pelage noir se couvrant de points blancs. Puis elle s'arrêta, ses yeux bleus rivés dans ceux violet d'Iris, sourire moqueur sur le visage, elle tendit les pattes pour l'empêcher de s'approcher d'elle.

« Ne crois pas cependant que ce sera aussi simple. J'ai après tout encore de bonnes raisons d'être fâchée contre les Etelkrus. Vous m'avez scellé, possédé, prit mon masque et toi tu ne l'as pas rapporté. Tu n'as rien apporté d'autre non plus, il va falloir se faire plus convainquant si tu veux amadouer les démons. »

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-Iris-

Peut-être que la démone avait raison. Peut-être que le basculement avait déjà commencé, car de plus en plus ne s'intéressaient qu'à leur vie personnelle et bien peu s'essayaient à empêcher les forces chaotiques d'œuvrer. Il y avait sa sœur en première ligne, mais à part elle, qui pour contrer l'Autre ? Qui pour refermer la brèche menant vers le plan des démons ? Lui se débattait avec des choses qui le dépassait, trop orgueilleux pour se résoudre à vivre une vie insignifiante, trop stupide pour réellement pouvoir comprendre toutes les implications de ses actes.

La réalité, c'était que malgré tous ses rêves de grandeurs, il restait loup. Et le loup qu'il était se trouvait là bien frustré lorsque la louve l'empêche de s'approcher plus. Il se redresse, le regard brûlant, et un rictus moqueur passe sur son visage. Elle lui demandait quoi, une faveur ? D'aller récupérer son masque ? Ou bine de lui offrir un bouquet de fleurs, ou un cadeau incongru, comme le faisait Ibéris et sa femme ? Sa voix s'inflexe, étonnée :

Tu me demandes de te courtiser ?

Il reste près d'elle, cependant, incapable de s'éloigner de sa chaleur et de son odeur. Son museau se plisse, amusé.

Tu es à demi-démone, alors il serait juste que je ne te rapporte que la moitié de ton masque. Ceci dit, ta faiblesse ne me donne pas envie de te prêter allégeance ... je crois que je préfère encore l'Araignée.

Maintenant qu'il savait où piquer, il n'hésitait plus. Ses yeux se plissent, attentifs et amusés.

Emilitia

Une moue peu convaincue, tout dépendait des notions qu'on y rattachait. Si Emilitia était très loin d'être une grande romantique, laissant volontiers ça aux loups qui l'étaient entièrement, c'était pourtant bien l'idée de démon achetable qu'elle s'amusait à réclamer. Iris demandait beaucoup, puissance, reconnaissance... attention, mais n'offrant pas tant. Ceci dit, il n'avait pas tord, elle demeurait démon à demi aux capacités bien trop minimes, tout comme Drippir seul sans nuée n'était rien de plus qu'un drôle d'insecte en ce monde.
Emilitia se releva, s'ébrouant, plusieurs fois et avec insistance pour chasser le sable de son pelage avant de se rapprocher à nouveau de l'Etelkru, se faisant très proche sans le toucher, sa queue relevée au dessus de son dos et un brin de malice dans l'attitude.

« C'est vrai, je ne suis que démon à demi et il manque encore beaucoup. Je n'ai pas été assez sérieuse dans mon développement, Drippir le répète bien assez.» Elle se rapproche encore, frôle presque son museau au sien. « Puisque je ne peux pour le moment, apporter intérêt suffisant au pacte... » Puis elle s'échappe, malicieusement, glissant derrière l'Etelkru. « … aucun échange ne peut avoir lieu. Pas de masque, ni rien d'autre. » Ni pour elle, ni pour l'Etelkru. Elle s'éloigne encore de quelques foulées en marche arrière.

« Peut-être serais-je démone plus entière à notre prochaine rencontre. »

Et elle s'en va, s'échappe et finit par disparaître en quelques foulées dans la végétation de bordure de littoral. Elle ne craint pas l'Araignée, n'a plus à en être jalouse, Emilitia a un avantage sur elle, celle d'être bien plus accessible, en témoignait ces visites récurrente de l'Etelkru. Il était venu bien plus de fois à elle que l'inverse.

3 an (30/03/2024) Yeux fait de feu I | E | F | A 1 | 1 | 0 | 2

-Iris-

Le mâle suit le raisonnement de la démone avec un amusement décroissant, jusqu'à ce qu'elle ne s'arrache à lui, encore. Sa fierté l'empêche de vouloir la suivre -pas après l'avoir ainsi provoquer- mais pourtant ses envies sont toutes autres. Son visage se ferme en une expression légèrement agacée, à la fois par la situation et par lui-même. Peut-être aurait-il du être plus clair, alors -plus aventureux. Il la regarde s'éloigner, mais comprend entre les lignes que bientôt, peut-être, un accord pourrait être trouvé. Enfin, si elle ne lui redemandait pas son masque ...

Elle disparaît, et il se détourne, agacé. Il s'éloigne de nouveau d'un pas rapide, le corps presque endoloris de l'échange.

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