Une princesse noire et une reine blanche (Miraj)

Une voix a percée au travers du bruit des vagues et du vent, sortant de l'obscurité de son Royaume aux flaveurs de framboise épicée. Elle a fait frémir l'une de ses oreilles, et la louve a redressée la tête vers celle qui ainsi l'appelait.
Miraj !
Tel était son nom, prononcé avant bien trop de volonté pour qu'elle n'en soit touché. Et la louve allongée sur le sable se retourna sur le dos, étirant avec langueur ses quatre pattes en ne se lassant d'entendre tant d'attention. Un sourire étira ses commissures, alors que sa longue queue retourna le sable sous elle en de larges sillons.
Miraj !
L'identité ne nous est point inconnue
Nous faisons pleinement confiance à celle qui nous vient.
Cela faisait bien des semaines, pour ne dire des mois, qu'elle n'avait revue celle qu'elle pouvait juger comme étant une amie, ma foi un peu fragile, certes bien utile, surtout d'intéressante compagnie. Qu'elle lui vienne ainsi, avec tant d'hardeur et de joie ! Ne pouvait que la mettre dans le même état, alors qu'elle se baignait d'une bienheureuse attention;
C'est pour cela, qu'elle la laissa la chercher encore un peu.
Pour ce plaisir, d'entendre notre nom ainsi crié.
Après un instant de silence, et la reprise des appels, Miraj daigna cependant se lever pour venir à la rencontre de cette invitée.

Elle lui parvint queue haute et regard scintillant, à l'aise dans l'ombre permanente de cet orage persistant.

« Astriiid ! Quel plaisir, de te revoir ! »

Elle n'est point celle qui cache son affection ; aussi s'approche-t-elle pour venir frotter son nez contre le soit, véritablement heureuse d'une telle visite.

« Comment te portes-tu ? Oh ! Et quelle est donc la raison, d'une telle venue~ ? Je n'ai jamais entendu mon nom prononcé avec tant d'émotions ! »

Elle porte une patte à sa gueule, riant doucement en plissant ses yeux d'un air joyeux.

En équilibre sur ses postérieurs, la queue ramenée vers l'avant, elle leva ses deux pattes pour ovationner de petits tapotements de ses pattes le succès de son amie.
Nous ne doutions point !
Être fille de l'Océan lui sied à merveille, elle la trouve d'autant plus resplendissante. Cela lui porte une nouvelle estime. Aussi ! Un intérêt certain. Ne pouvant, pour sa part, guère posséder de pouvoir autre que ce que son oncle lui octroyait parfois, disposer d'amis ayant un glowstick ou un tel lien la réjouissait au plus haut point.

« Oh, il te faudra me le dire, lorsque tu sauras ! Non, mieux ! Tu m'en feras une démonstration, dont je saurais me régaler. »

Ses yeux se plissent et son sourire s'étend, lui donnant l'air plus malicieuse qu'elle ne l'était déjà.
Ce qu'elle est venue nous annoncer ne saurait nous faire perdre cet air.
C'est un projet d'anoblissement de son Atoll, la proposition d'une valorisation de ses terres en contrepartie d'une faveur. Diantre ! S'attendait-elle à autant ? C'est plus que ça.
Elle reconnait ce que nous nous sommes efforcé de bâtir.
Nous sommes ici Reine et voici notre Royaume.
La compagnie d'Astrid devenait plus agréable encore. Loin était soudain l'enfant, qui bafouillait et s'écrasait à ses pattes ; elle la gâtait aujourd'hui de ses mots bien pensés, et l'envoyait flattée d'ainsi lui proposer de réaliser tel projet.
Et si à la confidence, s'ensuit les questions, Miraj, elle, ne répond que d'un

« Viens donc, Astrid ! »

Elle se fait guide, prenant les devant pour la mener plus loin. D'une patte, elle lui montre une zone entre l'orée de la jungle et sa paillote.

« Que dirais-tu d'ici ? Vous pourriez aménager tout ce que vous souhaitez, et j'aurais vu sur ce que vous aurez établi. Je me ferais gardienne de vos essais, que l'on vienne ou non fouler mon royaume. »

Son sourire ne cesse d'exister.

« Je saurais saisir la contrepartie lorsque le besoin s'en fera ressentir, je te sais amie loyale ! »

Puis s'approchant d'elle, tant que son museau vint frôler le sien, elle plaça dans les siens ses yeux pétillants.

« Mais dis-moi ! Sont-elles à ce point spéciales, ces plantes que vous souhaitez faire ici évoluer ? Pour souhaiter tant de discrétion... »

La curiosité l'emporte.

Notre royaume gagnera sans doute plus de cachet,
Avec ces plantes que l'on considéreraient comme de grandes nouveautés.
Miraj ne peut que rester fort souriante, quant aux explications fournies par Astrid. Elle comprend par ce qu'elle garda de l'autre âme le besoin d'étudier et d'expérimenter, bien qu'elle-même ne s’adonnait guère à cela. Point qu'elle fut trop idiote pour cela ! Seulement, elle avait en sa petite vie bien d'autres priorités, et trop peu de temps à consacrer à ce qui n'aurait su pleinement lui apporter.
Il lui faut cependant s'offusquer, d'une patte portée à son poitrail et d'une gueule qu'elle entrouvre, alors que ses sourcils suivirent une courbe qui les orienta vers le haut.

« Doutes-tu du travail que je suis à même de fournir ? Puisses-tu m'en trouver un peu peinée... »

Elle papillonne de ses longs cils blancs, alors que ses iris bleus dérivèrent vers le bas. Elle pensait avoir d'elle sa pleine confiance.
Nous l'avons tant soutenue, lorsqu'elle dû se montrer déterminée pour ouvrir cette serrure bleue..!
Doit-on lui rappeler, à quel point nous nous sommes si vite acquitté de l'orange ?
Mais elle ne peut point se laisser atteindre par une si petite chose.
Aussi reprit-elle un port fière, elle, Reine d'ici.

« Je saurais qu'être immanquablement parfaite, Astrid, et ne pourrais que mériter ce que tu me remettras. »

Qu'elle y voit toute sa dévotion et sa détermination, à lui permettre d'ainsi réaliser son projet !

Astrid se veut s'enjailler, et cela ne pouvait tirer qu'un sourire ravissant à Miraj. Quand bien même elle ne disposait d'une force de caractère suffisante, elle n'en restait pas moins digne d'une certaine confiance. Ma foi, d'une compagnie qu'elle savait aussi apprécier, d'autant plus lorsqu'elle lui présenta ainsi l'opportunité d'un thé en sa compagnie.

« Bien qu'une Reine n'aurait à s'enquérir d'une princesse, il m'est coutume de préserver de bons rapports avec mon voisinage. »

Elle étire d'une complice façon ses commissures, lorsque ses yeux luisent d'une lueur espiègle qui n'aurait pourtant su porter pleinement l'amusement dont elle aurait dû disposer en cet instant. Il y avait en ces propos quelques brides de vérité, quand bien même elle se divertissait à apporter quelques exagérations à ses mots.
Un tel intitulé,
Ne peut cependant qu'attiser notre curiosité.
Elle l'invite à la suivre, pour la guider jusqu'au palais présent en sa paillote. Elle maintient d'une patte l'épaisse étole qui en masque l'entrée, de bonne grâce.
Elle n'a de victuailles à lui proposer que les baies de son Atoll.

« Dit-moi, Astrid... Disposes-tu d'une régence véritable sur ton peuple, ou n'est-ce qu'un titre octroyé par ton sang ? »

Elle lui tend une coupole d'eau claire. Elle n'a non plus de quoi faire thé véritable.

Nous devons donc en conclure,
Que le titre est de sang,
Pourtant peu régent.
On ne gouverne sa famille ; elle n'aurait eu l'audace d'avoir mot pour l'une de ses sœurs, bien que de sœur il ne lui en reste qu'une qui la visite de temps en temps. Les autres avaient des ailes et ont prit leur envol pour d'autres paysages, quand tante Hedwige monta aux cieux et que Maman s'absenta pour visiter les abysses.
Chez eux ils exerçaient tous bien des rôles, et ne disposaient de serviteurs. En dehors de son frère et de ses parents, les autres étaient égaux sur la hiérarchie.

« Si j'en crois ton projet, chère Astrid ! Cela fait donc de toi une princesse et une chercheuse, puisque vous doublez vos rangs ? »

Puisqu'elle était venue ici quêter un morceau de terre à coloniser de ses expériences, c'est ainsi qu'elle se permettrait de la voir.
Elle vint à lui parler de son royaume, et c'est flattée que Miraj répond.
Il est toujours important, de renseigner les autres sur ce domaine sien.

« Ma foi, comme tu peux le constater..! Mon Royaume ne cesse de s'adapter à ma personne, plus que je ne m'adapte à lui. Mon Oncle y emmena cette obscurité favorable à ma personne et à mes amies chauves-souris. »

Ses yeux se plissent, elle bat ses longs cils blancs en venant soutenir son museau d'une patte.

« Ne trouves-tu pas cet orage ravissant ? »

Elle devrait voir, la façon dont les éclairs venaient souligner le brillant de nos couronnes,
Lorsque nous nous promenions en Reine sur notre plage !

Son sourire est immense, lorsqu'elle parle de son Oncle.
L'évidence ne peut qu'être,
Il nous aime bien plus que tout autre être !
Elle se doit de se redresser, pour porter une patte à son buste quand ses yeux, eux, se plissent et l'observent.

« Auprès de lui, je m'érige comme favorite ! »

Oui oui oui, son Oncle lui portait un intérêt immense, dont elle n'aurait voulu se défaire ! Elle lui offrait en contrepartie tant d'admiration, qu'incapable de la contenir entièrement en elle, se devait de la faire partager à d'autres.
La Princesse Noire n'étant point Etelkrus, et puisque les Raeders ne semblaient nullement vouloir porter atteinte à son cher Oncle !
Nous lui faisons suffisamment confiance.

« Mon Oncle est fort occupé. Il est actuellement parti dans l'Orage, sans doute dans l'Au-Delà, pour mener à bien ses grands projets. »

Elle se penche vers Astrid, d'un museau tant aux abords du sien que se touchaient leurs vibrisses.

« Mais dès lors qu'il me sera revenu, je me ferais un plaisir de te le présenter. »

Ma foi ! Astrid méritait bien cette attention.

Comment le savoir ?
Nous ne souhaitons lui donner de faux espoirs !

« Lorsqu'il sera à nouveau libre, je l’appellerais exprès pour toi ! »

Elle recula un peu sa tête, de telle sorte à ce que ses yeux rencontrent davantage les siens, soleil et mer qu'elles deux formaient.

« Tu viendras souvent me voir, maintenant que ton projet, ici, sera conduit ? Les occassions, alors, ne manqueront pas ! »

C'est un rire claire, une note, qu'elle émet à cette suite.