Illidan ▬ Tides of Darkness [Abaddon]

Feather a écrit:

Lyros, Illidan - Bon, tu ne sais pas trop pourquoi, la vie veut de toi Illidan, en témoigne ton retour et ces drôles de coïncidence qui t'ont permis de survivre malgré une motivation bancale. C'est peut-être ce qu'on appel la fameuse seconde chance, hé, la méritais tu vraiment? Et tu te fais cette réflexion, puisque tu es là, puisque visiblement c'était reparti pour un tour, peut-être devrais tu te remettre à la page? Savoir quels étaient les clans qui existaient encore, leurs relations. Que t'ont dit tes faibles rencontres déjà? Ah moins que tu ne décides de rester ce vieux enfermé dans son passé qui critiqueras les petits jeunes de cette (ces même) nouvelle génération.

A nouveau seul, sur la plage, assis au bord de l’eau alors que les vagues lui lèchent les pattes avant. Tourné vers l’horizon, cela fait quelques temps maintenant qu’il ne sent plus les rayons du soleil sur sa fourrure, il a déjà dû se coucher. Les odeurs de la nuit se mêlent à celle omniprésente de la mer, du sel, des algues et autres vies se décomposant dans l’eau.

Il se sent fatigué, et bizarrement plus vide que d’habitude. Illidan a rencontré plus de monde ces derniers temps qu’il ne l’a fait depuis des mois– un grand nombre de deux loups différents, ce qui est honnêtement minable mais ridiculement beaucoup par rapport à son quotidien habituel. Tout ça lui a pris plus d’énergie qu’il ne l’aurait pensé, ou bien c’est les réalisations que ça lui a apportées qui l’épuisent peut-être. Il ne sait pas trop.

La petite louve, une rencontre intéressante, rien de transcendant mais il avait eu un aperçu du monde actuel à travers elle.

Et Emilitia, la Princesse du Néant, l’une des siens. Il ne savait combien de son sang restaient encore sur ces terres, mais il avait réussi à retrouver la part la plus importante. Le reste de sa famille...il les avait oubliés, de toute manière. C’était un miracle qu’il se souvienne du nom de ses parents. Il savait qu’il avait eu de nombreux frères et sœurs...il y avait Mylo, Teddy...qui d’autre ? Tout se brouille dans sa tête.
Il hausse les épaules et soupire : il n’en est même pas triste. Toute cette vie ressemble à un rêve lointain, la vie d’une autre personne, un quotidien brisé et enterré par les délires de dieux impertinents. Cela ne le mettait même plus en colère.

Il était surpris de se sentir totalement défait de toute once de colère, depuis son retour. Cette émotion, qui l’avait tant défini durant sa vie, lui paraissait aujourd’hui une idée lointaine et dénuée d’intérêt. Il se rendait aujourd’hui compte d’à quel point elle composait son essence, quand désormais il se retrouvait incapable de se décrire ou définir vraiment. Le loup à la crinière blanche se sent si calme que ç’en est presque effrayant.

Il n’a pas envie de créer de nouvelle vie. Il n’a pas envie de faire d’effort, de donner de lui à nouveau. Il n’a plus rien à donner. Pourquoi même était-il là ? Une erreur dans les limbes, une farce des démons probablement. Mais cette vie loin de tout, en solitaire farouche, lui plaît plutôt bien, personne à se soucier, il phase toute la journée en errant à la recherche de quelque chose à manger. Mais il sait...il sait que, maintenant qu’il a croisé le chemin des deux louves, il se remettra à penser. A imaginer, à comploter, à envisager. Cela le fatigue d’avance. S’il pouvait se droguer l’esprit, il n’hésiterait pas un instant.

L’un de ses moignons d’ailes le gratte, et il la ramène distraitement à ses crocs pour se défaire de la démangeaison. Il s’arrête subitement : il sent que c’est une plume qui commence à repousser. Décidément, il allait de surprise en surprise en ce moment.

Marginale dans tes pensées, étranger dans ton psyché et les regards se perdent sur ta carrure, tu es l’acmé des vivants et tu le sais. Cela fait gonfler tes poumons d’un air nouveau car tu respires et tu respires pour eux. pour soutenir les idées pour paraître encore plus grand dans les souvenirs. Dans ton sillage le silence et ce silence il fleurit sur le bout de tes lèvres quand tu rencontres les âmes qui s’entrechoquent. On te demande un nom et tu te contentes d’observer, les réponses se donnent d’elles-mêmes alors tu as eu tant de titres. On t’a sacré de pleins de mots et tu portais les couronnes avec grâce.

Puis le jour est venu où tu t’es lassé. Lassé de suivre un pas de danse qui ne te convenait pas, qui ne te convenait plus. Tu as perdu le goût de dévorer les corps, perdu l’envie de voir les cages thoraciques à l’air nu et d’y plonger tes crocs, déchirer le tissu des palpitants encore brûlant de cette même envie; vivre, vivre
survivre
se déchirer
et tout oublier
pour recommencer.

Dans ton sillage le silence et tu t’approches
d’un ange.

il a les ailes immondes mais elles sont là et les séraphins répètent; n’ai pas peur car je suis . alors les ailés sont disgracieux et tu le sais, terrifiant dans la grandeur de leurs mots. Une démarche calme mais ton regard est braqué et enfin tu oses prendre la parole pour la première fois depuis des jours, semaines, mois, tu sors de ta mélopée intérieure pour exprimer les plaintes d’Ophélie

❝ Vous avez l’odeur des morts et pourtant vous portez les traits des dieux et je ne sais pas pourquoi mais je veux vous avoir entre mes griffes, je veux que plus jamais vous ne détourniez votre attention. je ne suis rien et vous êtes tout alors faîtes de moi un roi , ainsi je pourrai vous élever à nouveau dans les cieux car votre chute, mon ange, semble vous avoir brisé ❞

tu es enfin proche, tu es enfin là, droit, grand, draconien dans ton allure mais ta voix porte toute la douceur du monde, elle semble appartenir à un autre, à un poète qui s’oublie, qui se meurt, qui crève entre la violence de ton coeur

❝ Quel est votre nom, car je veux le hurler encore et encore. ❞

Le frottement du sable lui annonce l’approche d’un individu, et il n’est même plus perturbé par l’idée d’une nouvelle rencontre. Est-ce que celle-là sera éphémère, ou bien une nouvelle étape vers son destin ? Peut-être lui demandera-t-on seulement le chemin. Peut-être son allure faible et rachitique inspirera un repas facile.

La voix le surprend, il ne lui semble jamais en avoir entendu de semblable. Illidan ne peut détailler le physique atypique du nouveau venu, il se contente de pivoter une oreille vers lui, indiquant son intérêt. Ils pourraient être considérés comme similaires en un sens, deux loups élancés aux pattes fines et dotés d’ailes décharnées, même si le plus vieux s’approche plus du pruneau desséché que de l’attirant démon qu’évoque le plus jeune. Le début et la fin, le prince et le lépreux.

Son discours est d’autant plus étonnant que son timbre. Cela ressemble à s’y méprendre à une déclaration d’amour, et Illidan lui aurait ri au visage si cela ne lui rappelle pas subitement son amour passé. L’Effluve d’un Temps Joli. Il n’est pas le type de personne la plus prompte à aimer dans un sens conventionnel du terme. Cassé et désaxé, il est allé trop loin, a dépassé trop de limites pour être socialement acceptable. Son empathie a été dévorée par les démons, son âme ravagée par ses addictions. Non, Illidan n’est pas un loup aimable, ni aimé, et encore moins capable d’aimer. Et pourtant : elle lui a fait ressentir ce qu’il n’aurait jamais pu imaginer sentir. Elle l’a obsédé comme aucun démon n’a réussi, l’a sauvé et repêché de ses délires fiévreux à maintes reprises. Peut-être était-elle finalement l’un de ces délires...dans ses souvenirs, elle semble réelle, mais il sait peu d’entre eux sont fiables. Il l’a aimée et l’aimera toujours, ils se sont unis et ont créé la vie avec leurs corps pleins de mort. La dévoreuse de loups, le fou décharné.

Les mots du mâle la lui rappellent terriblement. Est-ce l’un de ses descendants ? Ses orbites vident le piquent sous son bandeau. Il n’est plus capable de pleurer, mais ses canaux lacrimaux existent encore sous ses cicatrices. Il se lève : il a besoin de savoir.

Son pas tremblant le rapproche de l’inconnu, son encolure basse frôle le torse de l’autre canidé. Il inspire son odeur avec sa truffe pelée, reste silencieux le temps que la mémoire lui revienne. Il est si proche : son museau le touche presque. Illidan tente de se remémorer l’Effluve, il les compare. Mais non, rien ne les rapproche. L’inconnu est plus grand qu’elle, ne porte aucune de ses odeurs, aucun objet qu’elle aurait pu lui donner. Il recule d’un pas, et tourne son visage abîmé vers le mirage venu lui parler.

« Je suis la Ruine d’Oiseau… » murmure-t-il faiblement.

Il inspire, soulevant ses flancs aux côtes apparentes.

« Mais l’on m’appelle Illidan. Et toi, qui es-tu, étonnant fantôme ? » demande-t-il, la voix dénuée d'émotion.