L’état alterne entre le mieux, le pire. La brume laisse des cicatrices, c’est ce que Nirvana retiendra de l’emprise. Aujourd’hui est un mieux, car elle peut se rendre auprès de Dairo, rester un peu plus longtemps que la veille. Et encore le jour d’avant.
Moins car elle dépose un lys noir sur l’eau orangée. La fleur flotte.

« — Hollyhock n’est plus. »

Est-ce ma faute ?
Sans aucun doute.
Les plantes dans la tanière de l’alpha… leur odeur. Nirvana s’y connaissait suffisamment en soin, pour savoir ce que c’était. Hollyhock était partie de son plein grès. La vérité avait-elle été trop dure à encaisser ? Savoir sa fille aimant l’ennemi ?
Pourquoi ne m’as-tu pas parler ?
Pourquoi ne m’as-tu pas confronté ?
Suis-je un tel échec que tu as préféré te tuer, plutôt que de voir ça ?

« — Je l’ai tué. Quel sera le prix à payer ? »

Il y en a toujours un.
Elle s'est tué par ma faute.

« — Suis-je une telle déception, Dairo ? Vas-tu me punir, d’aimer l’ennemi ? »

Allons-nous l’avoir, à notre tour, cette terrible discussion.
Celle qui pèse sur plus d’une conscience ?
Vais-je devoir reporter un masque ?

L’apparition de Dairo, réchauffe son coeur, comme d’habitude. Nirvana grave l’image de la Renarde de son esprit, celle qui l’accompagne dans les moments sombre. Son ancre, quand tout autour d’elle s’effondre.
Entendre la déesse évoquer ainsi la mort d’Hollyhock… La vision de la prêtresse se trouble.
C’est comme je l’y avais poussé.
Un soupir qui finit par lui échapper.

« — J’aurais tant aimé qu’elle comprenne.
Qu’on puisse enfin communiquer. »

Un moment de silence.

« — Je ne veux plus voir de morts inutiles. Pas comme ça. Les choses doivent changer. »

Maintenant.
Et aux derniers mots de la déesse… son coeur bat étrangement. Dairo… s’en moquait ? Alors… Un sourire qui étire ses babines. Un rayon de soleil, qui traverse la brume dans son esprit.

« — Merci, Dairo. »

Je ne cesserai jamais de t’honorer.