Hommage à un voyageur [Ouvert aux proches de Vanhir]

-Ted-

Ted avait courru jusqu’au refuge avant de s’écrouler dans sa tanière, seul, le coeur battant à tout rompre, revivant dans une confusion aigue les derniers évènements. Une fois dans le calme et la sécurité de sa tanière, il s’était écroulé en sanglots, de ces pleurs nerveux et presque hystériques qui suivent les paniques les plus pures.

Et à travers son voile de larmes, une certitude qui pulsait plus fort que tout : Il était vivant. Vanhir, non.

Il n’était pas resté longtemps avachi dans sa tanière, car l’adrénaline qui pulsait dans ses veines ne voulait le laisser en paix. Il renifle, se redresse et sort sans plus y réfléchir, car il se devait d’être certain. A dire vrai, il n’arrivait pas à croire ce qui venait de se passer, refusait de le croire, en fait. Alors, il force ses pattes à reprendre le chemin des ruines, se mettant à courir, sacoche ballotant contre le flanc.

Il est tard lorsqu’il retrouve enfin leurs propres traces et parvient à les remonter, le coeur battant. La traque l’avait épuisé mais il devait savoir, il devait secourir même son ami s’il était encore...
Mais lorsque, debout devant le ventre créé par le montre qui les avait interrompus il aperçoit les affaires de son ami ainsi que les traces de sang déjà brunies par le soleil, il sent ses pattes s’affaisser sous lui.

Il était mort. Il n’y avait rien à faire.

Roulé en boule, c’est la peur qui le meut une fois encore, et il ramasse prestement les papiers, le carnet, comme flottant dans un cauchemar. Il fait un tour rapide mais conscencieux du lieu, mais aucune trace de Vanhir ou de ses animaux. Le coeur lourd et l’esprit ailleurs, il prend le chemin du retour de nouveau, arrivant en peine nuit dans sa tanière ou enfin, il peut s’endormir aux cotés de Lugh sans parvenir à lui raconter ce qui s’était passé.

Le lendemain, le brun est accueilli par une claque, lorsqu’il se souvient de ce qui était arrivé la veille. Lugh, fidèle à lui-même, le réconforte ; Et c’est ensemble qu’ils décident d’organiser un hommage à Vanhir, d’y inviter ses connaissances, ses amis, et … Sa fille. La date est fixée à une semaine de là, et pendant cette semaine, Ted s’évertue à retrouver tout ceux qui avaient onnu Vanhir.

Sa fille, malheureusement, réagit mal au contact et c’est sans elle que Ted prépare la cérémonie le jour J. Il avait préparé un petit hotel, aux cotés de son père, et en avait profité pour utiliser de son don pour fleurir les deux tombes. Fleurs d’été, mais aussi buissons robustes et produisant des fruits, ils seraient aussi beaux qu’utile. Ted avant ramassé quelques plantes de la Sylve, et les quelques affaires de Vanhir restait en évidence non loin de la pierre blanche qui marquait l’endroit de l’hommage, à défaut d1avoir un corps à enterrer.

Il avait également préparé quelques fruits et légumes frais, ainsi qu’un thé froid infusé aux fleurs et aux cerises, sucré au miel abondant en cette période. Malgré la beauté du lieu, les fleurs et l’odeur sucrées, son coeur était lourd et sa tête toujours basse. Vanhir lui manquait. Il aurait aimé profiter de ce moment, Ted en était certain, et cela rendait son absence que plus douloureuse.

Il inspire, cherchant à se détendre, à sourire, au moins un peu. Contre son coeur, il avait gardé le livre auquel le loup avait dédié toute sa vie, celui même que sa fille n’avait pas voulu. Y penser le mettait encore dans cette drole de colère, qu’il reconnaissait maintenant comme une sorte de tristese étouffée. Au moins, il s’était fait le serment de finir le bestiaire et de le laisser à disposition des solitaires du Refuge, pour leur permettre de mieux se protéger. Cette idée le réconfortait un peu ; Tout le travail de Vanhir ne sera pas vain.

Et, épaules droites et air sobre, il attend les premiers arrivés.

-Ted-

Les invités arrivent, les uns après les autres, ces quelques loups ayant connu Vanhir assez pour lui rendre hommage lors de cette petite fête. Leur comité est réduit, mais Ted sait -il le voit dans les yeux de chacun- que le voyageur avait beaucoup compté, pour chacun différemment mais pour chacun quand même. Cloud avait apporté de quoi manger, vêtue d'un habits noir de circonstance dans certaines cultures, Lark avait ramenées de fleurs et à Ted de la remercier :


Son compagnon à ses coté, le grand Ted combat de tout son être l'envie de se recroqueviller. Il n'y avait pas grand monde, une petite foule de trois, mais déjà l'idée de parler lui donnait des sueurs froides. Cela dit, la foule n'était pas composées d'inconnus. Il y avait Cloud, éternelle figure blanche du refuge, et Lark, celle à qui il avait déjà beaucoup appris sur les plantes et leur classification. Ted inspire, avant de s'éclaircir la gorge.
Il pouvait le faire.


La gorge nouée, le male fixe un point devant lui et reprend un peu de contenance, oreilles couchées mais courageux. Il inspire et continue.


Le museau se baisse alors que les phrases perdent en clarté, et il fait un signe vague aux deux louves en indiquant la pierre placée non loin de celle de son père, marquant son lieu d'hommage qu'il avait fait fleurir de quelques plantes.


Il hoche la tête.

-Ted-

Au fil des récits et des hommages, Ted retient ses larmes plus par pudeur que par réelle force. Les quelques mots suffirent à lui briser le coeur, l'émotion, surtout, de Cloud et la mention du père de Lark. Tout ça ravivait des blessures encore trop fraîches, et il peinait à réaliser que Vanhir était réellement parti. Museau fronçés, enfoncés dans le deuil, il observe le ciel. Le silence tombe sur eux tous, et il ne le brise pas. Il n'aurait pas pu, même s'il l'avait voulu, il croit. Alors, il adresse une prière silencieuse à son ami. Le remercie une dernière fois de l'avoir protégé, de lui avoir tout montré, d'avoir été si patient, de l'avoir inspiré. Il ferme les yeux et inspire.

Tu ne seras jamais oublié.

Vanhir avait laissé sur ces terres des amis qui lui seront à jamais reconnaissants, et c'est peut-être la seule chose qui console un peu Ted.