Time in a Bottle (ft. Edessa)

-Edessa-

La situation était tout simplement terrible, et la Seconde s'était mise en mode action. Refoulant ses sentiments tumultueux, elle guide Susie, la supporte pour ne pas la laisser s'éffondrer. Lorsqu'elles s'éloignent assez, l'épaisse louve chute et -évidemment- la fluette frisée ne peut la retenir. Peut-être que c'était mieux, comme ça. Elle se pose à coté d'elle, flattant son encolure, marquant sa présence de gestes tremblants, peut-être superflus, mais ici, au moins.

Mais, qu'est-ce qu'il y avait à dire à l'enfant qui perd ses parents ?


Elle ouvre ses pattes, gorge serrée, sanglot étouffé sans pouvoir refouler la peine de la perte qui s'inscrivait devant ses yeux. Elle serait là, car il n'y avait rien d'autre à faire que d'être là, et d'accueillir. Alors, elle accueille, si Susie le voulait. Quoi que la pirate lui offre.

-Edessa-

L'épaisse louve se recroqueville pour venir se poser entre les pattes de la Seconde, qui peinent à se refermer autour de la montagne de muscles qu'elle était. Elle aurait pu en rire, si la situation n'avait pas été si triste. Et elle-même - elle le réalisait à peine - n'avait pas encore compris, repoussait à tout prix ce qui s'était passé, sans pour autant bien y parvenir. Elle pose sa tête sur l'épaule de la fille d'Abysse, frotte doucement son dos dans l'espoir dérisoire de réconforter ce qu'on ne pouvait réconforter.


Sa voix se serre un peu, et elle se l'éclaircit, avant de réaliser que garder un mur de semblant de dureté serait, peut-être, inutile. Ses épaules s'affaissent, et son museau se plisse. Elle l'avait vu, elle aussi : Le corps sans vie d'Abysse, de leur père à tous, de l'ancien Second, de celui grace à qui elle avait trouvé sa place et sa famille ici. Sa gueule s'entr'ouvre et elle lutte contre les larmes, sans vraiment y arriver. Il était parti, et elle ne le réalisait qu'à peine. Alors, elle s'accroche un peu à Susie, présence plus forte alors que l'absence était des plus rude.


Sa poitrine se soulève en un sanglot étouffé. Elle renifle pour garder un peu d'honneur, car elle n'avait pas pour habitude de pleurer. A la place, elle se renferme, se réfugie dans une frce factice et un courage bravache. Se dit qu'elle devrait aller aider à porter le corps, à préparer les hommages. Mais elle ne pouvait laisser Susie seule. Elle pense au Capitaine, lui aussi : Ils devaient tous se retrouver. Ensemble.

-Edessa-

Ensemble, oui. Ensemble. Le regard échangé avec la pirate est lour de tristesse, de regret mais aussi plein de compassion. Edessa sentait sa douleur, sentait leurs douleurs, à tous, et les voir séparés lui brisait le coeur. C'était dans des instants comme ça que les frères et soeurs devaient rester soudés, dans la douleur, dans la perte. Elle hoche la tête, ose une caresse sur la joue de la pirate, tendre et réconfortante, puis propose :


Elle cherche ses yeux de son regard d'ambre, essaye de se connecter à elle pour ne pas la faire chavirer. Voir le corps, se rappeler de ce qui s'était passé était surement trop dur, trop choquant, mais ils étaient pirates. C'était ensemble, qu'ils faisaient front. Et elle savait que ceux qu'elle avait laissé derrière, Chimaera, Makara, Ciimeri, et les autres, avaient besoin d'un ciment. Ils devaient faire front, ensemble.