La pause est terminée | ft. Séléné

Holzër était remonté avec son Stendhal de sa petite pause en terres presques inconnues et surtout en solitaire. Un mal nécessaire pour se recentrer et pouvoir penser par lui-même sans influences. Bon, son esprit était toujours un peu perdu par rapport à la situation, un bref résumé lui avait été fourni. Yurai, pardon- non, Aiiro, s'était réveillée. Des travaux avaient aussi été entrepris en plus de la forêt naissante, il était temps de s'y remettre.

Des choses de Nakhus. Nul doute sur leur cohésion, leur unité désormais.
Des paroles dures qui encore aujourd'hui tournaient un peu dans la tête de l'enfant de Cloud, hésitant parfois, mais bien accompagné. Il avait appris la mort de Lestat aussi durant son périple. Triste de ne pas l'avoir connu un peu plus.

Il songe beaucoup en silence depuis son retour. Un silence aussi calme que tourmenté. Alors pour combler tout ça, il prend un peu plus à coeur son rôle de Sortcellier, comme si il lui manquait ça pour pouvoir enfin se réveiller, se rendre utile. Le jardin devient sa préoccupation première, loin des livres, un peu plus avare de pratique. La théorie restait cependant une grande partie de sa vie.

Depuis ici, il voyait un peu les allés et venues des siens, n'hésitant pas à laisser échapper un sourire rougissant parfois aux plus inconnus, et un regard plus appuyé et doux pour les plus proches de son coeur. Sa soeur, Stendhal et ... Oh, Séléné !

- Séléné !

Un franc sourire, il n'avait pas souvent l'occasion de la voir. La dernière fois, elle était avec Valens. Il regarde autour d'elle, ne voit pas ce loup aussi grand que lui aux couleurs plus chaude. Un regard moins brillant mais plus interrogateur.

- ... Il est parti ? Mieux ?

Il se redresse comme un enfant sage (c'en est un) lorsque Séléné le remarque à son tour, sa queue battant doucement derrière lui. Séléné avait ce truc très maternel qu'il appréçiait, c'était une gentille amie très douce. A son sourire, il devine rapidement que les choses ont été pour lui, en la compagnie de la louve étoile. Il se sent rassuré avant même de l'entendre parler.

Hol' se sent encore plus heureux lorsqu'elle mentionne le refuge. Oh, l'endroit de rêve ! Là où il avait été mené, lorsqu'il était perdu pour la première fois. Il n'avait pas l'air bien emballé à ce moment là par l'endroit, ni par ... le potage. Ah ! Il avait oublié de lui en faire ! Valens devait goûter à ça, encore plus en ce moment. C'était un repas chaleureux et réconfortant.

- Est-ce que tu viendrais avec moi le voir, bientôt ?

S'assurer que ce petit protégé, bien que pas plus petit que le loup blanc, se sente bien et en sécurité. Et surtout, que personne ne vienne encore lui chercher des noises, bien que le refuge était un endroit plus que sécurisé pour les âmes égarées en quête de repos.

- Oh- je vais en parler à ma maman Cloud aussi. Elle y vit, je crois. Elle l'aidera sûrement.

Une pensée dite tout haut plus qu'une véritable proposition.

La grande louve accepte de l'accompagner jusqu'au refuge, ce qui a pour effet d'enchanter le regard du loup blanc qui voit ça comme une petite victoire que de savoir un ami maintenant à l'abri de tout danger et surtout proche d'une source de sécurité, aka sa maman.

Son sourire se change en un regard désabusé, une question qu'il n'a pas su prévoir car il n'y avait pas vraiment de raison d'y penser. Ses grands yeux bleus à la pupille fendue fixent le regard rieur de Séléné, hébété, le souffle un peu coupé. A vrai dire, il pensait plus à pourquoi cette drôle de question que de savoir si son ami serait intéressé par l'escapade.

- Euh b- bah euh ... mhf-

Est-ce que Stendhal avait eu vent déjà de l'existence du loup sablé ? Sans doute oui, mais pas qu'Hol' le connaissait et lui avait même offert hospitalité. Dans sa poitrine, il ressent l'impression d'avoir manqué à un devoir de confiance, une obligation silencieuse, et est pris de remords.

- J- je sais p-as. Oui ? Non ?

Un air inquiet sur le visage. Toujours tendu et gonflé d'air comme une baudruche, il tente de garder l'esprit clair.

- Je peux lui demander, si tu veux ?

Etait-ce la réponse que la louve-étoiles attendait ? Il sonde encore une fois, inspectant presque l'âme de son aînée en quête d'un retour avant même qu'elle ne parle.

Séléné se met à rire ouvertement avant de dévoiler la mesquinerie. Ah ! D'un sens, Hol' se voit rassurer à l'idée de ne pas avoir à cogiter pendant des heures et des heures sur le sujet, et comment l'ammener à son ami. Il se tend quand même un peu plus ensuite, elle n'était pas première à faire autant de clin d'oeil à ce sujet.

Vrai que leur relation à tous les deux pouvait porter à confusion, mais il agissait comme il l'avait toujours vu faire de la part de Maman envers Violette.
...
Mauvais exemple, il rougit au point d'être perceptible sous son poil fin.

- Ou-oui-oui. Mh ... On v-voudrait agrandir l-le jardin de Dame Ker ... Kerguelen.

Un bel héritage dont tous deux étaient très fiers et surtout très attachés. Pour Stendhal, c'était le jardin de feu sa maman. Pour Hol', une partie de sa petite vie au refuge qu'il avait rattaché au souvenir de l'Oracle. Il cherche un peu plus.

- Et faire encore g-grandir un cerisier. Notre cerisier. Et vivre ensemble à côté.

Un sourire timide. Leur petit comme l'avait dit Stendhal avant que ce projet ne soit concrétisé. Par mimétisme à cette pensée, il vient toucher la demi-corneille portée à son collier, contre son coeur. Toutes ces petites choses qui étaient importantes, vitales à son sens. Si Stendhal était un peu plus évasif quant à d'éventuels projets, Hol' se satisfait d'amour et d'eau fraiche. Ses oreilles vibrent.

- Tu sais, on est compagnons maintenant.

Son regard d'éternel enfant plein d'étincelles, une grande fierté se tourne vers la louve en qui il avait étonnamment confiance. Elle avait ce truc maternel qui faisait qu'on pouvait tout lui dire sans avoir peur d'être jugé ou d'avoir un quelconque retour négatif.

Et comme une enfant, elle continue de s'extasier sur tous ces faits, ces petits potins délicieux et intimes. Elle s'approche, il sourit timidement, ne cachant plus sa gêne qui était plus une joie partagée qu'un moment désagréable.

- Mh ... Après le dragon ... Je crois. Et je lui ai demandé, Liza m'a aidé. Il était content.

Un doux souvenir, aussi bien les confidences auprès de sa soeur, que l'annonce auprès de l'être le plus cher à ses yeux. D'une griffe, il fait des ronds machinalement dans la poussière du sol. Son coeur rate un battement à la dernière question, un regard interloqué sur la louve qui semblait lire un livre ouvert. Des petits-enfants, à maman Cloud ?
Il cligne des yeux deux fois.

- Euh ...

Le voilà pris de court ! En fait, cette question avait été pseudo-abordée avec Violette il y a longtemps, lorsqu'il avait demandé si le vieux loup avait lui-même un jour aimé un autre mâle. Une discussion, comme beaucoup, quelque peu gênante avec le franc parlé du papa adoptif, mais toujours appréciée. Il avait failli y avoir une question de détails, mais déclinés sans grand regret.

Il se gratte le menton, pensif, oubliant presque la question de base de Séléné. Mh, il faudrait se renseigner ... Ah, le sujet ! Il relève la tête brusquement.

- N-non ! Enfin, mhf. On n'en a pas encore parlé. C'est ... bizarre, à demander.

Est-ce qu'il aimerait, du moins, avoir ses propres enfants ? Il se tend un peu, Polaris avait été un gentil neveu qu'il avait vu grandir depuis tout petit, il avait aussi vécu l'éducation de ses trois soeurs, et ça avait semblé si simple. Ferait-il un bon père, un bon partenaire en même temps ? Et puis, est-ce que c'était dans les plans de son grand loup poilu ?

- Je ... je pense que j'aimerais bien. Peut-être. Pas tout de suite, oui.

Hol' regarde la louve, encore plus de questions qui se bousculaient dans sa tête déjà bien remplie avec plein de choses en tout genre.

- Tu en as, toi, des enfants ?

Peut-être serait-elle de bons conseils !

Il l'écoute sagement, la louve qui sait beaucoup de choses. Il se sentait un peu nul, ignorant, comme replacé à bien des années avant. Et il acquiesce, oui. La communication, la clé de tout. C'était une promesse silencieuse dans le duo, si les deux étaient assez sauvages et introvertis, ils ne se cachaient pas grand chose entre eux. Donc comme pour les conseils de Blizzard, le loup blanc pose dans un coin de sa tête d'aborder ce sujet à son ami.

Son attention moins timide est redirigée sur le nouveau sujet : les enfants de Séléné. Hol' réagit aux noms, Dysis, oui, et son regard s'assombrit pour Priam.

- Dysis nous a sauvé, chez Mona-Lisa. Elle est courageuse, et gentille.

Puis, ses yeux s'égarent un peu plus dans le vide, choisir ses mots, se détacher de ses sentiments et ressentis.

- Priam a peur.

Et revient sur Séléné, plus sûr. Le grand mâle avait laissé un goût amer chez Yurai, agressif avec tous, fuyard en retour. Alors il n'avait pas donné très envie d'aller vers lui. Et il craint, d'un coup, d'avoir un enfant similaire. Une angoisse pour sûr, les choses lui échapperaient sans doute.

Immédiatement, il remarque une expression moins souriante chez Séléné. Il s'étonne, avait-il dit quelque chose de mal ? Il s'apprête à se confondre en excuses, se tend, mais laisse la louve parler d'abord. Hâtif ..? Sa tête tique en un spasme, le nez froncé. Il avait blessé sa mère, aussi ...

Un peu boudeur, il regarde le sol. Il n'était pas d'accord. Il écoute, approuve en dodelinant de la tête. Il ne voulait pas se disputer avec la grande louve blanche. C'est vrai que c'était une période très délicate.

- Oui. Je crois. Liza et Maman vont bien, le Plateau grandit aussi.

Il y avait eu une recrudescence de lavvus là-haut après la destruction des Champs, alors même si son petit cocon était plus mouvementé, c'était pour le bien. Donc, simplement, il en était heureux. Un truc illumine son regard.

- Et le jardin de Kerguelen aussi, il semble bien se porter. Nous préparons l'Hiver qui arrive, il va être ... froid. J'espère qu'il n'en souffrira pas.

Ce serait une catastrophe si les gels emportaient les plants.

Il se détend enfin et ose même un sourire timide. Une aide en plus ! C'est merveilleux ! Il ne pouvait refuser cette patte tendue, et puis, c'était aussi une bonne excuse pour se faire des amis sans tous les trucs gênants de lorsque l'on se rencontre.

- On va y réfléchir, nous avons quelques plans.

Dit-il, l'air enfantin revenu. Des solutions, il en faudrait : protéger les plantes des nuisibles sans leur faire de mal pour autant, protéger le jardin des intempéries et autres dangers. Ce serait utile d'en discuter tous ensemble pour ne pas prendre de décision égoïste.

- Mh, je vais devoir retourner auprès du jardin, justement. Merci Séléné.

Il se lève bien droit et bien fier.

- Et puis ... Valens. J'ai hâte.

Un regard assuré, au moins pour conclure cet épisode très stressant vécu lorsqu'ils avaient récupéré leur ami apeuré après avoir été maltraité.