La forêt dans les ombres | Vanitas

Sujet: La forêt dans les ombres | Vanitas Jeu 04 Jan 2024, 22:35

L'épée au côté, Cristalline avait parcourut la montagne de long en large depuis plusieurs jours déjà. Elle avait trouvé ça et là quelques pistes qui avaient éveillé de l'espoir en elle - elle aurait reconnu l'odeur du loup qu'elle cherchait entre mille, et même sur une trace ancienne. Pourtant, dès qu'elle trouvait un indice, une trace de son passage, ce dernier finissait toujours par disparaître. Elle était certaine pourtant qu'il ne cherchait pas volontairement à la masquer - ou alors était-ce son petit compagnon de route qui le faisait pour lui ? - et cela rendait sa traque d'autant plus frustrante.

Ce matin-là, elle état tombée par hasard sur un endroit très particulier. Une forêt, cachée dans l'ombre des hautes montagnes, dont les feuilles avaient encore le flamboyant manteau de l'automne. Pourtant partout ailleurs - tout du moins dans les endroits qu'elle avait visités - les arbres avaient depuis longtemps perdu toutes leurs couleurs et n'étaient plus que de gris bras dressés vers le ciel blanc de l'hiver. Lorsqu'elle pénétra sous la canopée, elle fut aussitôt baigné d'une brume qui lui rappela certains matins de l'Île Chuchotante ou de la Vallée Nakhu. Mais il y avait quelque-chose de différent dans l'air qu'elle respirait. Comme une autre... saveur.

Le pas léger mais prudent, elle s'aventura sur une sente, les sens aux aguets. Si dans ce drôle de songe qu'elle avait vécu, elle savait se servir de l'arme à son côté, dans la vraie vie... C'était une autre paire de manche. Cependant elle avait conscience qu'en la portant au côté elle envoyait le message implicite qu'il s'agissait de son arme et donc qu'elle savait potentiellement l'utiliser pour se défendre. Cela pouvait peut-être dissuader quelques habitants des lieux de lui chercher des noises.

▬ VANITAS
4 ans et 4 mois

Ces derniers temps, Vanitas n'est pas d'excellente humeur. La perte d'un être proche est de base un évènement peu réjouissant, et chez leur petite famille, cela avait plus eu tendance à les rendre un peu tendus que dépressifs et mous. Le jeune loup, dont les traits deviennent de plus en plus marqués par la maturité physique, se retrouve l'esprit préoccupé de questions peu amusantes, bien moins oisives que celles à laquelles il a été habitué jusque-là. Il lui faut reprendre leur conquête, l'avènement de l'ombre sur ces terres, lui, le Prince, futur Roi.
Leurs travaux avancent, mais lentement, se rend-t-il compte depuis qu'il suit avec plus d'attention les actions de leur groupe. La Chapelle est en construction ; enfin ils posséderont une terre impie, marquée de leurs maléfices, capable d'ensemencer des horreurs au fond de la Sylve, et en souiller le sol pour des millénaires. Il était temps de bâtir. Bâtir pour mieux détruire.

Par ailleurs, pris dans ses plans et l'organisation, même en se retrouvant plus occupé que d'habitude, il a pourtant découvert depuis la mort d'Emilitia une nouvelle facette de lui-même...un manque, une faim, qu'il avait pourtant toujours ressentie quelque part au fond, mais se faisant aujourd'hui plus entêtante. Comme un vide intérieur, quelque chose de dévorant, lui donnant une perpétuelle envie de casser des choses, ou y planter ses crocs.

Aujourd'hui, il plane au-dessus d'une partie de la Sylve, pour aller rejoindre son père où qu'il ait pu aller se terrer. Un autre avantage de leur future Chapelle ; enfin ne plus avoir à chercher son père perdu dans ses phases de démence. Il se promet qu'une fois restaurée, il l'y attacherait.

Soudain quelque chose attire son attention. Tissée au fil des années de fils invisibles de flux démoniaques, la Sylve lui murmurait désormais contre son gré lorsque quelque chose d'inhabituel y erre. Cela ne l'aide pas particulièrement à chasser, les flux d'énergie étant capricieux, mais une subtile perturbation le pousse à s'arrêter dans les hautes branches d'un arbre. Il cherche un peu, avant de remarquer une fourrure claire en contrebas. Son coeur s'excite brièvement d'un battement, mais son museau se déforme tout aussi vite d'une grimace de dégoût en constatant que la carrure n'a rien à voir avec celle de Wymond, même si la teinte caramel est présente. Un intru. Dans leur forêt. L'était-elle légalement, la leur, peu de personnes l'approuveraient certainement ; mais depuis quand les démons vivaient dans une quelconque légalité.

Il se pose au sol non loin derrière elle, repliant ses ailes d'ombres avant qu'elles ne disparaissent dans une volute de fumée.

« Ahem, » lâche-t-il sardoniquement.

De plus près, il avise désormais l'épée, et les jolis cristaux brillants sur la tête de, semble-t-il, la demoiselle. Sa faim de chaos est attisée, et il pondère s'il a envie de les lui dérober en attendant sa réaction.

Sujet: Re: La forêt dans les ombres | Vanitas Mer 06 Mar 2024, 20:55

La petite louve avançait à pas mesurés sur ce qui semblait être un sentier tracé par des animaux. Sa truffe flairait dans l'humidité ambiante de nombreuses pistes, mais pas l'odeur d'une meute. Qu'un territoire semblant aussi fertile n'aie été la cible d'aucun groupe souhaitant se l'approprier était surprenant. Toutefois, à mesure qu'elle s'enfonçait dans cette étrange forêt, un léger malaise se mit à l'étreindre. Très faible, en mais tissant lentement une inquiétude en filigrane de ses pensées, sans qu'elle n'en comprenne exactement l'origine. Peut-être son instinct lui chuchotant qu'un endroit qui n'était pas soumis au rythme des saisons était inévitablement louche. Peut-être cette brume étrange, poisseuse, qui semblait émaner des arbres eux-mêmes plus que de la terre et qui rendait les alentours un peu flou, qui affolait ses sens.

Auparavant - et pas si longtemps auparavant en vérité - elle aurait sans doute rebrousser chemin. Mais une nouvelle détermination habitait son regard depuis son éveil de cet étrange songe et la découverte de cette épée qu'elle portait au côté, et se lisait aussi bien dans l'éclat clair de ses prunelles que dans ses actes. Cet endroit bizarre ferait une cachette idéale ; elle était tombée presque par hasard sur son accès, qui n'était pas évident. De nombreuses pistes rendaient plus facile de cacher celle d'un congénère. Et une forêt était un bon endroit où se cacher de manière générale - dans l'hypothèse où le forgeron se cachait bel et bien, ce qui n'était pas chose certaine. Elle avait du mal à faire la juste part des choses entre le souvenir réel qu'elle avait de lui et la version qui avait habité son songe. Mais elle s'était réveillée avec l'épée, élément central de cette drôle d'aventure.
Elle devait le retrouver pour comprendre.

Une voix derrière elle - quelque-chose entre une parole et une toux qui venait indéniablement d'un loup - la surprit et elle eut un petit sursaut. Elle fit volte-face dans une envolée de cheveux blancs - il allait vraiment falloir qu'elle trouve un moyen de les attacher pour éviter ce genre de chose - pour se retrouver face à une silhouette sombre. La première chose qui la saisit fut le regard de ce loup, or, détonnant dans sa pelisse d'encre. Il avait des cheveux sombres et une paire de cornes dressées sur le crâne, et le reste de son corps était orné de motifs blancs et de bijoux dorés. Une vision contrastée, saisissante dans l'ambiance de l'endroit. Cristalline déglutit, puis lança avec plus d'assurance qu'elle n'en avait réellement :

"Bonjour. Ces terres sont-elles les vôtres ?"

Après tout, c'était le premier loup qu'elle croisait dans les parages, et son approche silencieuse laissait supposer qu'il connaissait le terrain.

"Je ne suis que de passage." Ajouta-t-elle. "Je cherche quelqu'un. Un grand loup forgeron."

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