Crumble aux pommes [ Pv Blizzard ]

Une nouvelle fois, ses pattes foulaient le sol couvert de feuilles mortes de la sylve. Cette nouvelle visite bien que nécessaire à leur projet, n'était pas sans déplaire au mage. Il avançait ses aigrettes plaquées dans la continuité de ses tempes. Non. il n'aimait décidément pas cette endroit à l'atmosphère hors du temps, l'humidité du matin semblait déjà les menacer d'averses futures, comme un mauvais présage lui était destiné.

Il décrocha le livre à sa ceinture, puis en fit défilé les pages jusqu'à la recette de fertilité.
Une fois de plus, il récita pour lui-même la liste des ingrédients avant de refermer le livre et de continuer son chemin. C'était comme une incantation pour déjouer le destin.


C'était ce qu'il était venu chercher. C'était tout ce dont il avait besoin pour mettre en œuvre sa recette alchimique. Son souhait tenait à si peu de chose et pourtant semblait si inaccessible compte tenu de la malchance qui semblait le poursuivre.


Son esprit fulminait, alors qu'il sillonnait entre les arbres à la recherche de la louve. S'il lui fallait un responsable sur qui déverser sa colère, il eut fait le choix d'orienter ses pensées vers l'auteur de ce carnet qui avait été laissé bien en évidence dans la bibliothèque, ce carnet et cette recette qui venait le narguer une fois de plus.



Ses yeux se fermèrent une nouvelle fois sur le bosquet verdoyant, il avançait presque à l'aveugle, suivant la lisière jusqu'au point de rendez-vous.

L’odeur d’un corps calciné lui fit plisser le nez et les yeux. Incommodé par la fumée, il dériva entre les buissons de houe et les fougères, parcourant la lisière de long en large, sillonnant de plus belle en évitant soigneusement le sentier qui semblait le contraindre à emprunter une route qu’il ne désirait suivre. Les routes tracées n’était pas pour lui, alors il s’en détourna pour passer entre deux grands arbres dégarnis, dont l’écorce était manquante par endroit. Là, il trouva une nouvelle corne de cristal qu’il emporta avec lui, la glissant parmi son attirail. Ce n’était pas Un bourgeon de quelconques Pommes d’or, mais le butin serait peut-être utile à d’autres projets. Puis il reprit sa route s’impatientant et s’inquiétant même de l’absence de la louve, plus qu’il ne l’aurait avoué.

Lorsqu’il put enfin apercevoir la fourrure blanche entre les arbres, il s’avança vers elle sans se presser, sans un mot, il se plaça face à elle, comme il en avait l'habitude, la lorgnant de ses deux iris bicolores comme l'on juge de la qualité du travail accompli. Les conclusions ne se firent attendre.

Terne, elle était terne, non pas qu’elle avait toujours été ainsi. Son pelage était loin d’être semblable au sien monochrome de noir et de blanc. Mais elle lui semblait plus préoccupée encore que lors de son cauchemars.

« Bonjour, Blizzard. » Lui souffla-t-il en écho tandis qu’elle lui sourit tristement.

Devait-il s'en inquiéter, était-il naturellement de relever sa mauvaise mine et son air fatiguée. Entrouvrant la gueule sans savoir quoi dire, il chercha ses mots un instant. Puis sembla trouver en les paroles qu'auraient pu prononcer son propre frère à son encontre, lorsque c'est la mine sombre qu'il venait à sa rencontre.

Peut-être

Alors haussant un sourcil, il hasarda :

Ca va.
Il plissa le museau, remonta légèrement la truffe ainsi qu’un plis de babines avant de renifler, insatisfait. Il n’était dupe, ne croyait aux faux semblants, aux attitudes tronquées, n’était sourd aux sourires tristes et aux soupires. Pourtant, impuissant, il se mit en marche près d’elle.


Lucian, je suis désolée … Il va falloir modifier le contrat.

Il claque des dents silencieusement, anticipe la déconvenue, la venue des mauvaises nouvelles qui s’en suivront indéniablement. Puis fait passer sa langue brièvement sur sa truffe pour s’apaiser avant qu’une vague d’insécurité ne le submerge. C’est un mal qu’il tente d’enrailler par tout les moyens. Les yeux fixes sur le louve blanche et aubergine, il multiplie ses efforts.


Je …

La réponse qui tarde, semble difficile à sortir, il se tend.

Je ne veux plus de Nyméria dans le projet.

Nymeria ?! Il ne comprend pas vraiment. Nymeria semblait s’être investi dans le projet autant qu’eux avaient pu s’y investir. Iel l’avait aidé dans ses recherches en alchimie, les conduisant tout deux vers la connaissance nécessaire. Alors pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Alors qu’il attends plus d’explications, la louve garda le silence et ferma les yeux.

Il vint lui toucher l’épaule du museau, tente d’attirer son attention sur lui. Tandis qu’elle semble vouloir maintenir ses paupières fermées comme pour fuir le monde, la sylve, l’instant présent.

« Pourquoi ? »

C’est une patte qu’il glisse au dessus de son aigrette droite et deux doigts qu’il agite plusieurs fois.

« Refaire un contrat, ce n’est pas un problème. Mais j’aimerais savoir pourquoi je le dois ? Qu’est-il arrivé ?»

Du coin de l’œil, il finit même pas surprendre une fée, était l'une d'elles ? Il ne sait pas.

Les deux yeux émeraudes se fixent dans les siens étrangement, il était inhabituel qu’il puisse lire dans les deux en même temps, le changement ne passa pas inaperçu, pourtant, il ne le troubla pas d’avantage. C’est un regard qu’il soutient sans chercher à le fuir, la fuir cette fois. Il ne comprenait pas toujours ce qui animait les autres, ce qui les plongeait dans telles détresses, ce qui pouvait les happer comme l’on se fait happer par la rencontre avec un dragon, ou bien par des accidents, pourtant, il restait là, simplement spectateur.
Nous avons rompu. Comme ça ... Enfin, je ne pense pas que ça soit sain de l'impliquer. Je ne suis même pas sûre qu'iel le veuille. Moi non.

Son regard interrogatif resta un moment posé sur elle, un peu vide de sens.
Peut-être eut-il l’air un peu surpris ? Il fronça les sourcils une nouvelle fois, contrarié de ne pas vraiment savoir ce que cela signifiait.
Il essaya de se remémorer sa dernière rencontre avec lea Loup.ve, elle lui semblait impliquée tout naturellement dans la tâche qui s’était faite sienne, celle de chercher avec lui une recette pour mélanger leur sang et produire des enfants. Sa mine se fit chagrinée un peu, il ne comprenait pas bien, tout ces changements, ces imprévus… mais d’un autre côté. La décision de l’impliquer, n’avait pas été choisie alors, est-ce que cela était réellement un problème.

« Je pensais qu’elle en voulait aussi. Voulait rendre service tout comme toi. »

Il finit par hausser les épaules mollement avant de déclarer sa tirade comme l’aurait fait un acteur d’une pièce de théâtre lors d’un grand revirement. La vérité jetée toute crue à la gueule de la louve.

« C’était ta condition, une clause que j’ai respecté. C’est à toi que reviens la décision de la modifier ou non, je m’y plierai. »

Pourquoi s’opposer, lorsqu’il n’y avait aucun combat à mener. Si la présence de la louve ne l’avait pas dérangé, il ne pouvait nier que le partage du temps en trois et toutes ces consignes et conditions étaient pour lui une difficulté supplémentaire qu’il se devait de respecter.

« Qu’est-ce que cela va changer pour moi ?»

Bien évidemment, il devait refaire le contrat, le simplifier en somme, ce ne serait pas chose difficile, mais il voulait savoir ce qui avait changé concrètement, les termes qu’il devait ajuster, les mots qu’il devait choisir. Se posant près d’un jardin étrangement perdu au milieu de la foret sylvestre, il sortit son carnet et sa plume, en arracha une nouvelle page avant de chercher l’ancien contrat parmi les feuilles volantes. Lorsqu’il l’eut trouvé, il releva la tête avant de l’interroger.

« Est-ce ce que je devrais aller l’informé.e que le premier contrat est caduc ?»

Il pourrait aller la voir pour la congédier à son tour. Puis :

« Tu penses qu’elle pourrait chercher à nous nuire, chercher vengeance au près de nous ou de nos enfants ? »

Une possibilité qui lui traversa l’esprit, mais était de déterminer si c’était la prudence ou la paranoïa qui venait à parler pour lui.

Les aigrettes restent un instant en arrière avant de se redresser lorsque la louve prit enfin la parole pour lui apporter des réponses. Il lut attentivement sur les lèvres sans dire un mot. Observant en silence sans prendre en compte l’expression changeant qu’elle pouvait arborer.

Pour le contrat, divisons en deux au lieu d'en trois. Une sorte de garde partagée. Le reste ne change pas, je crois.





Une simple correction a coucher sur le papier. Il posa sa plume sur le papier, calligraphia quelques mots, prit note pour plus tard avant de clore le cahier coinçant la plume noire entre ses pages de nouveaux.


Et ... Mmh, pour Nyméria, je m'en charge. Je ne pense pas qu'iel fera du mal aux enfants. Ils seront protégés par Aiiro, dans tous les cas.

Aiiro

Ses yeux se portent sur le glowstick indigo que porte la louve, celui-ci semble vibrant et crépitant en réponse. Peut-être alors qu’il n’aurait pas à s’inquiéter pour l’avenir. S’il n’accordait pleinement sa confiance à la déité de l’indigo, il faisait confiance au jugement de la louve blanche.


Du regard, il l'interroge, incrédule. Se demandant pourquoi une divinité s'abaisserait à protéger des enfants sans en réclamer le dû. Bien trop conscient qu'il était que rien ne puisse demeurer gratuit. Il fixe.

C'est vrai. Peut-être que ... Qu'on pourrait le prévoir avec moins de rigidité. Déjà, on voit quand ils seront sevrés. Enfin, si ça te va !

«  Nous verrons bien. »

Il hocha la tête, il n’allait pas la contredire sur ce point. Le temps n’était aux débats, les petits n’étaient alors qu’hypothétique. Déjà, il fallait qu’ils mettent en œuvre l’élixir, une tache qui s’avérait plus ardue que prévue tant les ingrédients nécessaires se refusaient à eux. Son air sérieux habituel ne tardera pas à s’installer de nouveau sur sa face. Il se demandait quel recoin de cette forêt, ils n’avaient pas déjà parcouru pour trouver ces ingrédients – sans doute n’aurait-il été fier de trouver des recoins plus sombres encore que ceux déjà parcouru, mais cela, il l’ignorait pour l’instant.

Yurai a veillé sur moi. Quand j'ai eu ... Quand j'ai eu mon accident, elle a veillé à punir la personne qui me l'avait causé. Puis, elle m'a protégée d'un loup voulant voler mon glowstick en m'attaquant. Je crois ... je crois qu'Aiiro ferait pareil.

Un ronflement, s’échappa de son museau tandis qu’il releva la tête.
Les pseudo-oreilles pointent la louve, une nouvelle fois, il avait parlé avec une sorte d’injonction dans la voix, l’invitant à donner une solution à ce problème qu’il s’inventait. La queue ondula derrière lui, alors qu’il s’avança un peu plus évitant la mare de boue qu’elle ne vit pas.

Je voulait aller lae voir pendant ma grossesse. La prévenir que- Ha !

Lea prévenir que ?

Il perdit le contact visuel lorsqu’elle tomba dans la mare. Contact qu’il chercha à retrouver, n’ayant accès à la fin de sa tirade.
Il pencha la tête sur le côté, inquiet peut-être, mais face aux rires et sourires de la louve, il se détendit et c’est un rire nerveux et retenu qui vint remplacer la sidération.

Immergeant ses pattes avant, il vint l’aider à se relever d’un coup d’épaule.

« Que voudrais-tu lui dire ? »

Ses pattes glissèrent sur les rebords tranchant d'écailles dorées. Le mage se saisit de sa trouvaille et la rangeant parmi les plis de sa cape.

De son propre poids dont il se sert comme appuie, il la maintient un instant, seulement le temps d’assurer son équilibre retrouvée et ses pattes hors de la mare. La louve s’extirpa de la vase et enfin, il se dégagea à son tour d’une grande enjambée qui le ramena sur la terre ferme. Les pattes couvertes de boue, mais la fourrure au sec, il ne prit pas la peine de nettoyer ses pattes, il s’enquit de l’état de la louve brièvement, et n’en résultant qu’une gerbe d’eau qui perler sur sa fourrure et sa cape.

Il ne le laissera pas, être oublié, même s’il devait être dernier représentant parmi les siens.
Devait-il se montrer rassurer qu’elle ne confie la vie de leur enfant au patte d’une divinité à peine naissante ? Certainement que cette réplique de la louve eut le don de le rassurer un peu. Bien que d’un autre côté, il fut un peu chagriné de l’absence de considération pour Mido au sein de son clan. Pourtant, il avait protégé leur bibliothèque et il la protégerait encore dans le futur. N’était-il bien placé pour lui aussi apporter protection aux enfants qui développaient leur érudition ? Peut-être pas, non. Mido était un Dieu occupé. N’ayant considération que pour le savoir et ses propres disciples dont il ne faisait pas encore parti. Alors, il n’aurait certainement que faire de la marmaille de la plèbe.

La louve continua ses explications, mais lorsque le monochrome toucha du bout des doigts l’information qu’il désirait obtenir, une nuée d’abeilles s’attaqua en nuage épais à la louve blanche qui détala entre les arbres, le laissant seul sur place. Ils étaient séparés, alors il commença à remonter la piste, suivant le bois brisé et les feuilles retournées, passant devant une des étranges créatures, sans la déranger, continuant le long de ce chemin orné de fougères et de champignons.