Crumble aux pommes [ Pv Blizzard ]

Il lui fallut plus de temps que prévu pour rejoindre la louve blanche. C'est en suivant le ruisseau qu'il finit par la retrouver son pelage mortifié par l'ensemble de piqûres qu'elle avait reçu. Le corbeau se sentait un peu coupable de l'avoir emmené ici une nouvelle fois. Après tout, faire ce voyage seul était une possibilité. Épargnant ainsi la louve de tout ces désagréments.

On dirait que la Sylve m'en veut, Hihi !
Le mage fit la moue, jettant un coup d'oeil inquiet vers la cime des arbres qui s'étendaient au dessus d'eux. Des yeux, il scruta à la recherche du prochain assaut contre leurs personnes. Car il en était persuadé depuis longtemps cette forêt leur en voulait.

Tout dans cette forêt renforçait cette certitude, l'absence du bourgeon de pomme d'or était un des points principaux qui l'avait convaincu de la véracité de cette idée. Les incidents dont ils étaient victimes et les créatures menaçantes étaient un autre point qui allait en ce sens.

" Je n'aime pas beaucoup cette forêt. "

Une affirmation qu'il avait déjà formulé lors de leur première visite. Alors qu'il observait toujours la cime, le ciel se couvrir et il lui sembla que sa tête se mit à tourner. Un sentiment de mal être et de faiblesse l'envahit, alors que ses aigrettes se plaquèrent de nouveau sur son crâne d'un air sévère.

" Trouvons ce bourgeon et quittons cette forêt maudite"

Il fallait se remettre en route. Le mâle décrocha sa cape et vit la plaquer sur le dos de la louve, ainsi ils pourraient progresser plus vite à travers les bois, si elle n'était pas frigorifié. Lui, n'en avait pas réellement besoin. Alors, il prit de l'avance, ignorant les sensations étrangères qui étaient les siennes.

"Alors tu pensais abandonner notre projet."

Peut-être aurait-il du s’offusquer d’une telle réponse. Lui reprocher ses doutes et ses faiblesses, son manque de combativité ou bien de conviction, mais il n’en fit rien, se contentant de ployer les yeux jusqu’au sol. Peut-être n’était-il pas si sourd à ses blessures ou bien se rendait-il compte qu’il l’avait encouragé à nourrir ses propres doutes, toute fois, il garda le silence. Taisant ses opinions pour ne déverser son venin et ses propres insécurités contre le cœur déjà meurtri de la louve blanche.

Se sachant dur parfois, incisif et peu compréhensif, peut-être valait mieux laisser ce silence pesant appuyer la distance qu’il prenait envers ces évènements. Il laissa s’écouler un temps, fit quelques pas dans une direction puis une autre, comme cherchant quelque chose qu’il aurait perdu dans les broussailles sans vraiment le trouver, puis revint vers elle.

la bonne réponse aurait certainement été de dire qu’il comprenait. Et l’accepter avec ses doutes sans la contredire.
Pourtant, elle ressemblait bien trop à sa défunte mère pour qu’elle ne puisse l’être, une bonne mère. Et le soucis qu’elle se faisait n’était que le témoignage de cette capacité à élever, à éduquer, à prendre soin. Penser toujours à l’autre, Lucian lui en était bien incapable. Du moins, cela lui demandait plus d’effort qu’un simple élan naturelle de charité et de bienveillance. Il était bien trop peu spontané pour cela. Se savait défaillant sur ce point, peut-être même incapable d’être un bon père à son tour, comme l’avait été Violette, dont Holzer lui avait parlé ou bien Lestat comme l’avait supposé celui-ci.

Sa mine se referma un instant sur cette constatation, avant que les paroles ne coulent à nouveau entre ses crocs.


Il croit. Du moins, c’était un fonctionnement qui ne lui était pas étranger. Le mage secoua un tas de feuille, mais ne découvrit pas de bourgeon aux éclats dorés, non, seulement le tranchant d’un croc qu’il conserva une fois de plus.

C’est gentil.
Elle sourit. Lui, il passe sans faire plus attention à ce sourire là, il n’avait fait qu’évoquer des faits, nulle flatterie dans ses mots.

Il l’avait choisi et par cette seule condition, elle ne pouvait l’être une mauvaise mère. Non, même si elle lui avait conté ses erreurs, ses fautes et ses travers, il n’en aurait rien cru. Parce qu’il l’avait choisi. Jamais, il ne pourrait accepter de perdre la face, d’avoir fait un mauvais choix, alors il resterai sur la même idée fixe, rigide et entêté comme il pouvait l’être souvent.


Et la corne que tu as trouvée, on peut pas l'utiliser ?

Il secoua la tête de gauche à droite.

« Non, pas comme ça. je ne pense pas que cela fonctionnera. Le risque est trop grand à prendre, de n’avoir pour seul résultat des effets néfastes. »

Oui. Le bourgeon étant végétal, il n’aurait certainement pu se substituer à des cornes en cristal ou des crocs vénéneux de manticore. Il était sans doute préférable de se contenter de suivre la recette avec précision, non en s’y rendant aveugle car peut-être des petits aménagements pouvaient être employés pour arriver au même résultat, mais de là à en changer totalement les ingrédients, il n’en prendrait certainement pas le risque.

« Je pense que les cornes et les crocs seront plus utiles pour d’autres recettes, ou bien d’autres précédés. »

Il réfléchit, se pose un moment tandis que la brume vint les envelopper une nouvelle fois, comme elle l’avait déjà fait précédemment.


«des Bijoux, des Armures, talismans, enchantement, renforcement, cela peut être toutes ces choses, je suppose. »

Toutes ces choses dont il ne s’était pas réellement investi.

Tu as une recette qui fait voler ? j'ai toujours rêvé d'essayer dans la vraie vie !


Il s’arrêta brusquement, s’apprêta à répondre sans en avoir l’occasion. La louve emportée par son élan se mit à énumérer autant d’idées qu’il lui passait par la tête, si bien qu’il eut difficulté à suivre son flot de paroles, sa lecture étant quelque peu défaillante parfois lorsque les informations à transmettre n’étaient pas prévisibles.

Oh, oh, ou une potion pour parler aux animaux ! Ou bien, un sort pour attirer les nuages à soit et pouvoir monter dessus. ou alors un plat qui a goût de la chose que tu veux le plus au monde. Un thé qui permet de se souvenir de tout, ou bien, ou bien une baguette qui lance des feux d'artifices.

Il se contenta alors de regarder ses pattes sur la fin, attendant que l’orage passe et qu’elle eut fini d’énumérer. Patientant, non sans jeter de temps en temps un coup d’œil afin d’en être certain. Lorsqu’elle s’arrêta enfin, il releva le nez. Prêt à avouer, même si cela signifiait décevoir.

« Non. Je n’en ai pas. »

Pourtant, il y avait déjà pensé, de nombreuses fois, se voir pousser des ailes complètes plus solides que ses plumes qui se brisent au moindre choc. Oui, pouvoir voler librement. C’était un de ses rêves secrets de gosses, un de ceux que l’on forge lorsqu’on se rend compte que malgré nos plumes, nous ne sommes pas des oiseaux et demeurons cloué au sol.

«Mais Je pense pouvoir trouver un jour. »

Il finit sur une note plus positive. Il pensait cette expertise possible, mais devait trouver un moyen de faire pousser ses ailes avant.

« Mon père savait faire de étincelles avec ses pattes. Il avait un peu de magie en lui.»

Il mima les gestes qu’il observait longtemps lors des froides journées d’hiver au près du feu, mais rien ne se passa, pas même un crépitement.

Ce n’était pas grand-chose, mais suffisant pour éblouir les enfants, et pour le rendre Mélancolique de ces amusements, qui s’était raréfié pour disparaître. Il se remit en marche pensif, ne prenant garde à ce qui se trouvait sur sa route, il percuta un tronc d’arbres d’où surgit un bourdonnement furieux. Les abeilles par centaines déferlèrent une nouvelle fois, le mage prit ses jambes à son cou pour aller se jeter dans une mare non loin, pendant une nouvelle fois, la louve de vue.

Les bois semblaient se refermer sur lui, alors qu’il se retrouvait seul sous les frondaisons. Un sentiment d’oppression le gagna, faisant poids dans sa poitrine, lui donnant l’impression de transporter un roc de pierre dans son cœur. Les nuages se faisaient plus épais encore. La forêt tapit d’obscurité et d’ombre qui s’agitaient incontrôlable. Cette situation, similaire à ses cauchemars d’enfant, lui était hautement désagréable et pourtant, il restait immobile à contenter, la tête légèrement penchée vers l’arrière.

Il n’était pas terrorisé, non, il ne l’était plus. Seulement, il se contentait de regarder cette obscurité en face, malgré son corps qui semblait défaillir à chaque souffle.

Il y avait-il un meilleur choix lorsque l'on se retrouvait ainsi perdu dans les bois, sans doute pas.

Il attendit immobile, les pieds dans l’humus. La forêt se rafraîchissait, il se surprit même à avoir froid et à voir son propre corps parcourut d’un frisson désagréable. Il n’y prêta attention que jusqu’à ce que la louve passe devant lui. Il la salua d’un geste ample de la queue, presque heureux de la retrouver, malgré les doutes certains.

Lucian, ça va ? Tu as été piqué ?

« Un peu » Avoua-t-il en se grattant négligemment l’endroit présumé où aurait du se trouver son oreille.

Il était comme un enfant, honteux devant une bêtise, s’arrêtant à sa faire gronder. Il fit mine de rien. Sa fourrure le piquait, le grattait, s’il n’avait pas fait attention à ses démangeaisons tout de suite, maintenant, c’était tout son corps qui semblait s’enflammer d’une sensation des plus désagréables, sensation qui amplifiait chaque fois qu’il y prêtait un peu plus d’attention.
La louve l’effleura, il lui répondit d’un regard posé dans le sien, les plumes tendues, il l’interroge du regard.

Je crois qu'on trouvera pas aujourd'hui, encore …

Un constat des plus réaliste, il ne pouvait la contredire, et la forcer à continuer dans la pénombre alors qu’il n’en avait pas plus envie qu’elle, n’aurait pas été juste. Alors, il la rassura sans perdre son air sérieux.
« Nous reviendrons. Une prochaine fois.»

Peut-être pas demain, mais un jour, un autre jour, lorsque les blessures seront pansées, et que les bourdonnements es abeilles sauvages, ne seront plus que de mauvais souvenir.

Une nouvelle fois, ils quittèrent la sylve pour rentrer chez eux.