Fleur du printemps {Ed' & Serket-Beatriz}

La pauvre petite créature était couchée en boule, attendant que les autres enfants arrêtent de lui tirer sur les branches. Oh elle ne pleurait pas, elle attendait simplement que la torture cesse. Elle n'y bronchait pas malgré la douleur qu'elle ressentait dès qu'un autre petit s'amusait à essayer de lui arracher les branchages qui sortaient de son pauvre corps. Serket-Beatriz les fixait, calmement. Une lueur sinistre oscillait dans ses yeux. Qu'ils lui fassent mal encore et encore ... La vengeance ne sera que plus terrible. Ce fut l'arrivée d'un adulte à proximité de la rixe qui firent chasser les oiseaux de malheur qui se jouaient d'elle. Ils partirent en riant et en l'insultant de monstre. Elle n'avait pas demandé à naître ainsi, le corps transpercé de végétaux, destinée à les nourrir de sa propre vitalité et à mourir -même si cette notion lui échappait pour le moment-. Mais il fallait t'avouer que cette condition végétale l'arrangeait d'une certaine manière ... Elle pouvait se venger. Elle avait une raison de se venger. Elle n'était donc pas soumise à sa violence gratuite mais elle leur rendait leur juste monnaie. Etait-ce mal ? Non. Pas pour elle du moins.

Pleine de poussières, les bases de ses tiges encore douloureuses, elle fila hors du camp des Lazulis. Elle ne désirait pas que ses mères la voient dans cet état. Elles nuiraient à son plan. Aussi silencieuse que possible malgré des branchages peu silencieux, la demoiselle se faufila hors du repaire. Elle fila vers la clairière sauvage, là où elle trouverait de quoi se venger. Ils allaient amèrement regretter de l'avoir ainsi bousculer ! Ils lui avaient fait mal ces bougres d'ânes ! Serket-Beatriz se mit alors en quête de plantes. Elle trouva quelques arbustes de bourdaine. Elle y coupa durement des tiges, les prenant ensuite dans sa gueule. Elle allait leur préparer une bonne potion qui risque de leur donner une sacrée courante. Elle en ricana mais le mieux aurait été de trouver du séné ... Elle pourrait leur donner la courante en plus de les irriter par le transit. Autant avoir avoir une bonne vengeance !

Elle commença alors à en chercher, même si elle doutait que cet arbuste aux fleurs jaunes soit présent ici. Ce fut dans cette recherche qu'elle trouva, en contournant un arbre, un autre enfant. Elle fit un bond en arrière, glissa sur une racine qui roula sous sa patte et finit sur le popotin.

« Aïe !

Niveau discrétion, il fallait qu'elle repasse. Elle riva ses yeux sur l'autre loup. Allait-il lui faire mal lui aussi ? Ou alors, il allait croire qu'elle était super constipée avec toutes ces tiges de bourdaine dans la gueule. Elle préféra garder le silence et attendre.

Comme elle s'y attendait, l'autre loup arriva rapidement à son chevet. Les "Aïe" bien dit, haut et fort, avait le don pour faire rappliquer les autres ... Elle l'avait constaté rien qu'avec ses mères, Vivaldi apparaissant comme par magie au côté de sa fille au moindre "aïe", "Ouïe" prononcé. A croire qu'elle était en réalité doté d'un don de téléportation. Serket-Beatriz posa son regard bleu sur le loup qui s'avérait être le fils de l'ancienne alpha Anastasia. Il semblait timide et tout dans son attitude laissait voir qu'il ne lui ferait aucun mal, la preuve est qu'il lui proposa même son aide. Un peu déboussolée par cet élan de générosité, la petite fleurie ne répondit pas tout de suite. Elle laissa le gêne s'installer puis elle se releva. Elle secoua son postérieur comme pour en chasser la poussière.

« Je vais bien, merci !

Pour la première fois, elle laissa éclore un beau sourire sur ses babines. Première fois qu'elle laissait voir à un autre que son frère et ses mères ce pétillement de vie. Normalement elle ne réservait que les faux semblants et joie aux autres, leur offrant presque le droit de la victimiser. Elle déposa sa bourdaine au sol, et pour une fois, elle décida de sociabiliser plus que de simplement observée de loin.

« Je ... je m'appelle Serket-Beatriz ! Et toi ?

Comme c'était étrange d'apprendre à connaître les noms d'autres enfants sans que ce soit dans une relation empoisonnée. Elle le détailla et nota qu'ils portaient la même forme de lunettes ! Elle manqua de rire de ce point commun mais elle préféra continuer son inspection, finissant même par lui tourner autour en remuant la queue de joie. Chacun de ses pas laissait entendre le chant de ses branchages. Si Vivaldi avait été une beauté florale, sa fille la dépassait déjà, ses végétaux possédant bien plus d'éclats que tous ceux qu'avait pu avoir la mère au long de sa vie.
Ses yeux d'inquisitrice malaisante se posèrent sur l'ouvrage qu'avait le jeune loup. Elle s'arrêta d'un coup, tous les sens en alerte. Il venait de piquer sa curiosité plus que tout autre loup.

« Il parle de quoi ?

Sa voix était roucoulante, démontrant à quel point elle avait un intérêt pour le livre transporté par son jeune camarade.