Les enfants miraculeux [PV Freya]

ft - Freya

Les enfants miraculeux

Les nuits se faisaient courtes, très courtes, le soleil devenait de plus en plus pesant sur la masse poilue. Momon pouvait le dire, il détestait bien l’été. Quand bien même le nord se trouvait plus frais, restait en suspens une étrange moiteur qui l’indisposait. Fort heureusement, le dédale offrait toujours cette fraîcheur qu’il espérait en rentrant de ses entraînements ou de ses exercices de chasse.

Le bruit sourd de ses énormes pattes était le seul son qu’il pouvait entendre alors. L’agitation était bien loin, dehors, dans les bras de rivières ou dans les forêts. Tous semblait s’activer pour quelque chose. Qu’importait les raisons, le jeune loup se tenait fort bien de s’émanciper des joies de la meute. Loin de ceux qu’il connaissait depuis l’enfance, loin de ceux qu’il avait rencontré. Mais certains avaient rejoint la troupe peu de temps avant. Ils étaient 3, dont une louve pleine, malgré son handicap, le mâle sombre avait détaillé la troupe. Des Etelkrus, même si ça ne le concernait pas, il se méfiait bien de ces énergumènes et n’avait jamais poussé la chose pour leur parler.

Les chemins tortueux se mêlaient et s’entremêlaient, pourtant, il savait lesquels prendre. Un coup dans un sens, un coup dans un autre, le tout pour arriver au sanctuaire. Ce qu’il détestait le dédale. Son visage restait impassible mais quelque chose ici le dérangeait. Son œil glissa le long des failles, passant sur les mousses luminescente, attrapant le maigre filet lumineux du crépuscule. Malgré les choses négatives, Momon ne pouvait nier que la zone en elle même avait en certain charme.

Il resterait là cette nuit, loin des autres. Un alcôve rocheux, bien caché, l’accueillit pendant qu’il grattait la poussière sous lui dans des mouvement circulaires. Puis, sans aucune once de grâce, s’affala à terre. Son œil apathique, ses cernes, il n’allait pas dormir, encore. Mais au moins il avait le confort de la roche fraîche sur laquelle il s’appuyait. Le calme, c’était tout ce dont il avait besoin. La masse volumineuse sombre pensa alors que sa mère avait bien raison de repartir vivre seule. Elle évitait tant de chose… mais elle en loupait d’autres.

Ses semaines d’existence se comptaient encore sur les doigts d’une patte, nouvel être minuscule qui hantait désormais le sanctuaire par sa petitesse. Bambin toutefois assez discret qui ne paillait que très rarement. Ce qui pouvait s’expliquer par le soin apporté par sa famille. Mère n’était jamais très loin encore, tant elle veillait sur sa progéniture. Mais aujourd’hui, on ne sait pourquoi, la brune lui avait échappé. Peut-être avait-elle profité d’un instant de répit pour se reposer, la laissant au soin des autres membres de sa meute d’adoption.

Elle s’était éloignée pour aller se perdre dans le dédale, c’était donc tout à fait par hasard qu’elle avait pris la même direction que lui, se laissant guider par son flair naissant jusqu’à emprunter les mêmes conduites que lui. Marchant dans ses pas silencieusement, elle n’eut pas le même impact sonore la loupiote arborait une mine réjouie, elle n’était pas suffisamment lourde pour que ses pas emplissent le tunnel de leurs échos. Seul son rire se laissait entendre, le rire d’une enfant jouant et bravant l’interdit. Lorsque l’odeur se fait plus marquée et plus forte, la loupiot ralentit l’allure. Une montagne de fourrure lui faisait face alors dans l’obscurité. Prenant son courage , elle entreprit de l’escalader, regroupant ses quatre courtes pattes avant de sauter d’un bond et de venir planter ses petites griffes aiguisées dans son épaule. Non pas pour blesser, mais bien pour franchir l’obstacle inconnu.

Mais la loupiot encore faiblarde glisse et s’affale sur le dos, tombant lourdement et peinant à se redresser. Maladroite avec son corps potelé et son équilibre précaire. Elle observe la montagne à l’odeur si commune. L’odeur d’ici, celle qu’elle a toujours connue. Puis une question lui brûle les babines et comme tout enfant qui se respecte, elle se doit de la laisser s’échapper. Alors elle l’interroge du regard et par les paroles.

« Tu es quoi ? Tu es un loup-montagne ? »

Laissant entendre qu’il n’était pas comme elle, qu’il n’était peut-être même pas loup au final, elle doute était-ce cela qu’on appelle un Dieu, un loup montagne.

ft - Freya

Les enfants miraculeux

Sa paupière tanguait, bientôt le monde lui parut bien flou et sombre. Momon posa sa gueule sur ses pattes avant et expira un grand coup, expulsant un nuage de poussière. Le calme dont il avait tant besoin. Un instant qui ne dura manifestement pas longtemps. Alors qu’il somnolait, des petits cris stridents et des ricanements résonnait le long des tunnels sombres. Une chose qu’il n’avait pas entendu depuis sa sœur. Pourtant, il ne daigna pas ouvrir l’œil, il trouvait à peine sa place, peut être qu’il passerait inaperçu ? Du moins, il espérait fortement.

Les petits pas faisaient à peine plus de bruit que ceux d’un faon dans l’herbe. Déterminé où allait le petit être serait plus difficile qu’il n’osait espérer. Lui qui avait l’habitude de louveteau trop bruyants pour pouvoir dormir, cela le rendait perplexe. Bien vite, il sut où trouver le petit monstre car les griffes aiguisées de la louvette se plantait dans son épaule. Non pas que cela fut si douloureux, son cuir avait encore épaissit et le mâle ne se rendait pas bien compte de tout ce qui lui tapait sur la peau. Ne bougeant pas d’une oreille, un petit « pouf »lui indiqua que la jeunesse n’était pas bien grande et surtout qu’elle n’avait pas réussit son escalade comme elle avait convenu de le faire.

La louvette brune lui parut lorsque le mordoré de son œil se posa sur elle. La fille de la nouvelle, il la reconnaissait aux marquages, mais aussi parce qu’il n’y avait pas eu beaucoup d’enfants par ici cette saison ci. Le loup au manteau blanc releva son imposant museau, qu’il tourna ensuite sur la petite curieuse. Loup-Montagne ? Cette idée tira un léger sourire sur ses babines. Les enfants avaient de drôles d’idées. D’un voix grave il répondit :

« Si j’étais un loup-montagne, je pense que je ne rentrerai pas dans ces petits recoins. »

D’un geste subtil de la tête, il montra l’alcôve rocheuse. Puis revint à la jeune louvette.

« Et toi ? Tu penses que je pourrai être si grand que cela ? »

Même si cela passait peu, il tentait de rendre sa voix moins… flippante pour un enfant. Il n’osait pas bouger de peur de la faire fuir.

« Mais si tu veux tout savoir, je suis un loup normal, juste un peu grand… Je me nomme Momon, et toi, quel joli prénom ta maman t’as choisie ? »

D’une patte, il pointa la demi portion beige et toucha sa poitrine le plus délicatement possible.

Le respect des besoins d’autrui était bien loin de satisfaire la curiosité de la petite louve, elle ne prêtait pas la moindre attention à son besoin de repos ou de calme, il allait devoir la supporter un moment. La louvette fit mine de réfléchir se perdant dans un songe, ce que l’énorme loup bleuté panaché de blanc lui racontait semblait plutôt logique, Mais la logique échappait encore à son fragile esprit de louveteau.

« Pourquoi pas ? Les montagnes ne me paraissent pas si grandes, si ? Il n’y a pas des plus petites montagnes ? Tu en es peut-être une, une petite montagne, grande mais petite à la fois, et qui peut s’endormir dans les plus petits recoins… enfin pas tous, je suis sûr de passer dans un plus petit coin que toi. » répondit la jeune louvette bavarde.

Elle sourit bien loin d’être effrayée par sa voix grave. La loupiote l’observe de ses deux grands yeux jaunes hérités d’un père encore inconnu. Ils étaient presque semblables sans le savoir.

« Je le pense oui, tu me sembles bien assez grand pour faire la taille d’une montagne, si tu grandis encore tu vas finir par toucher le plafond »

Bien sûr, elle ne savait rien de ce qu’elle pouvait bien raconter, elle n’avait vu les montagnes que dans des livres d’images. À son âge, on ne voyage jamais bien loin du nid familial. Elle ne le quittait pas des yeux, c’est sans rompre ce contact visuel qu’elle continue à répondre à ses questions sans réellement marquer une pause cette fois-ci.

« Moi ? Maman m’appelle Freya, elle dort. Et toi où est ta maman ? Et pourquoi tu as une drôle de tête ? Moi aussi je vais avoir des grandes dents comme toi quand je serais grande ? Et pourquoi tu caches un œil, moi si j’met mes pattes devant mes yeux, j’vois plus rien.»

Ce qu’elle fit un instant, ventre à terre, les deux pattes sur les yeux, les paupières closes, elle mime.

« Tu vois, là j’te vois plus du tout. »

Elle retire ses pattes alors se redresse d’un bond.

« Coucou !! Maintenant je vois de nouveau. »

ft - Freya

Les enfants miraculeux

Il se retint de rire mais clairement, les réflexions de ce petit bout de louve étaient pour le moins intéressantes. Momon ferma la paupière et tenta de rassembler ce qu’il pouvait de ses pensées pour ne pas exploser de rire. Néanmoins, il se surprit à sourire quand il rouvrait la paupière.

« Il y a des montagnes plus petites oui, mais on appelle ça des collines… Hmmm je vais te donner un exemple, tu vois, là où nous sommes ? Et bien c’est l’intérieur d’une montagne. Donc si j’étais une montagne, dans la montagne, on serait tous écrasé sur les murs non ? »

Il arqua un sourcil à l’encontre de la louvette. Puis rigola bien malgré lui. D’une voix posée, il lui rétorqua :

« C’est clair que toi tu passerais bien dans un trou de lapin vu ton âge haha ! Mais il est peu probable que je touche un jour le plafond petite !»

Il darda un bref regard sur le plafond rocheux et ricana de plus bel. Heureusement pour lui, il avait de la marge. Mais la mitraillette de question commença à résonner dans ses oreilles. Une vraie petite curieuse, elle lui rappelait Ruine par moment. Il ne put même pas s’étendre sur l’absence de sa sœur dans sa vie que la petite se mit ventre à terre pour mimer l’absence de vue. Si ce n’était pas une enfant, il aurait peut être mal prit la chose, ou pas, il ne savait pas bien comment réagir à ce genre de question. Il releva le museau, réfléchissant à sa réponse.

« Et bien ma maman doit être dehors à cette heure ci. Ma tête est tout à fait normale voyons, je ne vois pas de quoi tu parles Freya ! »

Il mima une fausse indignation en se mettant une patte sur le torse et enchaîna :

« Non il est peu probable qu’un jour tu te retrouves avec de grandes dents comme ça héhé, je suis le seul loup montagne de ces lieux mwahaha ! »

Faisant le fier, il roula des épaules.

« Et je me cache un œil pour ne voir que les bêtises des enfants pas sage pour pouvoir les embêter ensuite ! »

A cette phrase, il se leva, s’approcha avec délicatesse de la louvette et la tourna pour lui mettre le dos sur le sol. Une fois fait, il plaça son museau et lui souffla sur le ventre pour la chatouiller, tout en disant d’un air théâtral :

« Voici venir le grand loup montagne qui va manger les petites louvettes qui font des bêtises ! »

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