Naissances de nos amours | Libre/Prio Abysse et Luidia

La femelle n’avait pas dormit de la nuit, l’esprit occupé à tant de choses qu’elle ne se souvenait même plus de la première chose à laquelle elle avait songé. Elle avait prié aussi, beaucoup prié, pour ses petits à venir. Ils allaient arriver bientôt, elle le sentait, elle le savait. C’était ses enfants après tout. Et ceux d’Abysse aussi, son cher et tendre Abysse qu’elle chérissait de tout son être. Elle avait passé sa nuit contre son flanc, sa fille Luidia étendue comme une carpette un peu plus loin sur une couverture. La petite louve avait roulé en dormant, et finit vers la coque du navire. Elle avait sourit en voyant cela. Elle réfléchissait la femelle, aux noms de ses enfants. Elle n’avait qu’une seule idée, et cela la tracassait, parce qu’elle savait qu’ils étaient au moins trois.

Le matin même, elle avait vu Abysse partir à la chasse, les oreilles à l’horizontal. Elle ne voulait pas qu’il parte trop loin. Elle ne désirait pas qu’il s’éloigne trop. Elle avait peur qu’il ne revienne pas … La matinée avait défilé lentement pour la femelle, qui avait entendu Skavelden rentrer et s’effondrer comme un tas dans un hamac. Luidia jouait, avec quoi elle ne savait pas, son petit corps élégant et filiforme lui cachait l’objet de ses jeux. Quand soudain la douleur l’empoigna avec une telle force qu’elle ne pu retenir le hurlement de douleur qui lui montait dans la gorge.

Elle perdit rapidement les eaux avant de lancer un regard inquiet à sa fille adoptive. Les oreilles en arrière.

« Luidia, va chercher Abysse s’il te plait ! »

Lui ordonna-t-elle en gémissant de douleur, sentant ses pattes arrières trembler alors qu’elle les ramenait contre elle. Cette douleur était telle … Elle n’en avait jamais connu de semblable. C’était une véritable torture. Cela lui rongeait les boyaux. Elle se sentait souffrir et s’entendait haleté, mais c’est naturellement qu’elle commença à pousser pour aider ses petits à se faire un passage vers l’extérieur, vers la vie, le monde, leurs parents et leur famille !

Les gémissements que Naïade cherchait à étouffer étaient pourtant bien là, répandu dans son coin de cale. La libération du premier petit fut un soulagement pour la mère, mais Naïade savait, que ça n’était pas terminé, que ça n’était pas finit. Elle continua sa besogne. Priant la déesse des océans de l’aider à accomplir son travail. Elle voulait que ses enfants aillent bien. Elle avait prit le premier, enfin, la première, et avait commencé à la toiletter en écoutant ses petits piaillements. Elle était si mignonne sa petite. Sombre dans les couleurs d’Abysse, éclairée par les marques de sa mère, et la couleur de sa chevelure. Une vraie petite princesse, Abysse serait-il heureux de voir ses petits ? Elle agita les oreilles tout en continuant de travail, laissant la petite vers ses mamelles avant que le soulagement d’une seconde naissance ne la traverse. Il ne semblait pas y avoir de complication….

Elle trouva un autre petit à s’occuper, un autre trésor des mers, un autre cadeau de la vie. Un autre petit être à chérir. Un petit mâle aux dorsales de son père, et à la queue reptilienne de sa mère. Il était si beau. Elle lança un regard à sa fille, elle n’avait pas de queue de reptile, juste deux jolies quenottes de son père, et des petits piques sur le dos. C’était tellement mignon. Elle laissa son frère vers sa fille, avant de poser sa tête contre le sol, soufflant bruyamment. Plus qu’un… Plus qu’un… C’est ce qu’elle se répété en poussant à chaque contraction. Ses petits se nourrissant à plein crocs, avant qu’enfin, elle ne soit totalement soulagée. Le dernier était enfin là. Elle se permit d’aller le chercher comme son frère et sa sœur, le toilettant, avant de mettre les oreilles en arrière. Pourquoi ne couinait-il pas comme son frère et sa sœur. Il respirait pourtant. Elle baissa ses oreilles jusqu’à lui, entendant enfin un tout petit cri étouffé. Rassuré. Elle continua de le toiletter, attendant avec impatience Abysse et Luidia. Avant d’entendre un bruit lourd et de voir la silhouette de Skavelden qui se relevait en râlant de sa chute. Il avait le sommeil si lourd qu’il ne l’avait pas entendu ? Elle étira un sourire avant de voir le jeune mâle s’approcher et observer les petites boules de poils qui seraient sa fratrie comme l’était Luidia.

« Sont trop choupitous et rikiki »

Remarqua-t-il en se couchant sur le ventre, glissant ses pattes sous son corps, sa tête posé sur le sol son cou tendu vers les petits qu’il observait alors que Naïade se reposait enfin. Agitant les oreilles quand l’odeur de son amour approcha, et le bruit des pas qui suivirent enfin.

Luidia

Étalée sur le plancher du navire, Luidia ouvre ses yeux pleins d’interrogations. Ne s’était-elle pas endormie tout près de ses parents hier soir ? Quand elle croise le regard amusé de sa mère, l’enfant se demande si c’est une blague qu’ils lui ont faite. Si elle ne saurait expliquer comment elle est arrivée là cette nuit, ses rêves, eux, sont encore clair dans son esprit. Il y avait des monstres, immenses, dénués de poils qui tentaient de l’attraper. Elle, fuyait pour se cacher dans un trou de souris minuscule. Puis, son papa arrivait à sa rescousse. La suite était un enchevêtrement d’images qui n’avaient ni queues ni têtes comme pour beaucoup de rêves.

Bien réveillée et d’une forme olympique, la louve laisse le confort de sa couverture pour dérober un peu d’affection à Naïade avant de se lancer dans son jeu favoris. Luidia arpente le bateau à la recherche de vieux morceaux de corde, de planches, de pièces métalliques et d’à-peu-près tout ce qui va lui être utile pour sa future création. En effet, depuis la veille, elle a décidé de faire une surprise à ses parents en confectionnant des petites figurines à leur image. Cette activité étant secrète pour ne pas gâcher la surprise, l’enfant prend bien soin de cacher son travail à sa mère qui a toujours un œil sur elle.

Mais le calme de cette matinée est rapidement rompu. Alarmée par le cri, Luidia abandonne son bric-à-brac et court rejoindre sa mère. Cette dernière lui ordonne de partir chercher Abysse et l’enfant, captant l’inquiétude de la louve, s’empresse de rejoindre la plage où elle sait que son père à l’habitude de pêcher.

Dans sa précipitation elle trébuche souvent sur ses cheveux trop longs et bouscule les autres Raeders sans prendre le temps de s’excuser. Rapidement, elle atteint la côte en hurlant à pleins poumons.

— PAPA !! LES BÉBÉS ARRIVENT !

Une énième chute et une roulade dans le sable ponctuée d’un « Aie ! » plus de surprise que de réelle douleur. La panique, passée de la mère à la fille, se transmet maintenant de la fille au père. Abysse n’attend pas longtemps pour courir en direction du Navire. Luidia elle, essoufflée par cette course éreintante reprend son souffle tant bien que mal avant de faire le chemin inverse dans les traces du grand loup abyssal. Évidemment il la distance aisément car, là où la louve couleur brique fait trois voir quatre foulées, son père n’en fait qu’une.

Quand, enfin, elle remonte sur le navire, la famille est au grand complet.

Luidia, oreilles plaquées contre son crâne, a peur. Elle n’ose pas s’approcher et observe un peu en retrait la scène. Elle voit les adultes qui s’affairent autour de Naïade allongée par terre. Elle entend dans la voix de son père, l’inquiétude et la crainte. Elle a peur, la fille de la tempête, car elle ne comprend pas si tout va bien ou non.

Naïade était fatiguée, mais comblé d’un bonheur sans égal qu’elle n’avait ressenti qu’une seule fois au par avant que Luidia l’avait appelé maman. Couché sur les flancs, elle avait observé Abysse s’approcher. Grand mâle au corps lisse et marqué par quelques cicatrices qui le rendait fort et virile aux yeux de la femelle reptilienne. Elle sentit son cœur se gonfler de joie à ses coups de langue avant de le voir renifler les petits êtres qui ne sont autres que leurs enfants. Avant qu’il n’ouvre la gueule pour parler, la femelle avait croisé le regard de Luidia, lui faisant un sublime sourire.

« Approche ma grande fille ! Vient voir tes jeunes frères et ta jeune sœur ! »

Elle l’invitait à venir, à faire pleinement parti de cette famille dont elle n’était pourtant pas l’ainé, puisque c’était Skavelden qui se trouvait l’être. D’ailleurs le jeune loup bleu se leva et alla derrière sa sœur cadette avant de la pousser vers Naïade et Abysse, pour qu’elle cesse de faire sa timide. Il s’asseya à côté de Abysse avant d’entendre ses paroles en même temps que Naïade.

« T’inquiète po, elle va bien ta Naïade ! »

Remarqua-t-il avant de se coucher comme un sac un peu plus loin. Ce qui fit sourire Naïade avant qu’elle ne repose ses yeux verrons sur le loup de sa vie. Sur le père de ses enfants ! Bébés dont elle était déjà si fière et heureuse ! Elle remuait joyeusement la queue. Epuisée mais trop heureuse pour dormir.

« Je vais bien Abysse, je suis fatiguée, mais en parfaite santé. Nos enfants vont bien aussi. En tout cas pour le moment je ne vois aucun problème. Il y a deux petits mâles et une petite fille. »

Lui expliqua-t-elle doucement avant de pousser Calypso sous la truffe de son père pour qu’il la sente et la tâte doucement.

« Je te présente notre fille, Calypso, elle nous ressemble à tout les deux, elle a tes couleurs sombres, mais mon pelage doux, et mes marques lumineuses. Par contre elle n’a qu’une toute petite queue. C’est tout mignon »

Expliqua-t-elle à son amant, le laissant faire jusqu’à ce qu’il ai terminé pour remettre sa fille dans ses pattes avant de pousser le second petit vers lui.

« Lui c’est Chimaera. Notre fils, il a une queue de crocodile comme moi, des dorsales comme toi, et une lampe de poisson comme ceux de ta famille. Il a de tous petits cheveux aussi, comme sa sœur d’ailleurs. Ses couleurs sont sombres comme les tiennent. »

Elle le laissa découvrir son fils, avant de le remettre vers ses mamelles pour qu’il mange. Et de pousser son frère vers Abysse, remuant doucement sa queue avec joie et plaisir.

« Le dernier, c’est Ecume, il a une queue de crocodile comme moi, mais une mâchoire pleine des dents longues et aiguisé que tu possède. Il possède un poils brun comme moi, et sombre comme le tien. Ainsi que des branchies au niveau du cou. »

Elle lança un regard à Luidia, puis reposa ses yeux sur Abysse.

« Luidia je compte sur toi pour être une grande sœur exemplaire ? »

Lui demanda-t-elle avec un petit clin d’œil avant de donner un coup de langue tendre à la truffe d’Abysse après lui avoir reprit Ecume pour qu’il puisse manger avec son frère et sa sœur.

« Je sais que tu seras un excellent papa ! »

Elle n’en doutait pas, il avait voulu faire les choses bien avec Luidia, il avait su canaliser Skavelden et le faire obéir. C’était un loup bien, un loup digne et un loup au grand cœur. Elle avait une confiance aveugle en lui. Il serait un excellent père, elle n’en doutait pas une seconde.