Lumières du soir - Floyd.

Bientôt sonnerait le départ.
Bientôt elle quitterait la douce chaleur de leurs terres pour s’aventurer vers d’autres où même l’été un vent glacial sifflait sans pitié. Bientôt s’effacerait la routine quotidienne pour une autre forme de vie et de découverte.
La plupart de ses proches et de ses amis suivraient la route, du moins au début, le temps de mettre en place rapidement et efficacement un camp de survie, avant qu’ensuite les allers-retours ne s’établissent afin de relayer la population.
Mais pas tous. Certains devaient également rester au Castel car il était inconcevable que vide soit leur place forte.

Et Floyd serait l’un d’entre eux, elle le savait.

Alors c’était lui qu’elle cherchait, trottinant aux abords du Castel, suivant la piste flottante de son odeur si musquée. Anita avait elle le sourire aux lèvres et l’esprit léger à l’idée de le retrouver quand certains en crispaient les mâchoires et en soupiraient d’avance.
Il était particulier, Floyd. Bruyant, agaçant, vulgaire, insolent. Mais c’était son frère. Celui qui la nuit s’allumait d’une lueur fantomatique et éloignait les mauvais rêves. Celui qui toujours les aurait défendus contre n’importe quoi, eux qui étaient bien plus petits même si lui n’était pas beaucoup plus grand, en prenant tous les risques sur ses fines épaules sans même hésiter une seule seconde. Celui qui n’était pas de leur sang mais était sans conteste leur frère pour autant.

Et il allait lui manquer, alors il était inconcevable de ne pas passer au moins une soirée avec lui, rien qu’avec lui.

Elle le trouva enfin, touffe jaune et blanche que l’on ne pouvait confondre.

— Flo’ !

De deux bonds enthousiastes elle couvrit la distance pour aller s’enfouir dans la dense et hirsute fourrure.

— On va chasser des lucioles ?

Ses yeux brillaient d’envie et d’admiration. Attraper les lucioles, ces lumières du soir, comme lorsqu’ils étaient tout petits et que Floyd avec ses pattes un peu plus grandes les récupérait en premier dans sa gueule pour venir leur montrer. Elles étaient si nombreuses, à la Moere...

Et le crépuscule débutait tout juste, teintant les nuages de ses couleurs vermeil.
La nuit serait pour eux et les insectes dansants, au coeur des marais.