Du pain et du vin... Surtout du vin - Sobieski

Pourquoi vouloir faire du vin ?
Nous étions des loups nous satisfaisant très bien de l'eau, et je pas porté sur la boisson. J'avais pourtant eu occasion de voir à quel point l'alcool dans les yeux de certains trouvaient raison, qu'ils fussent dans ceux du peuple de l'île qu'on disait de Morne-Oeil mais qui de beauté savait dévoiler, ou bien dans ceux de la petite louve qui par les fioles de degré fort aimait faire danser les esprits. Plus que de donner raisons à tous ceux qui par lui juré, il y avait aussi un art de la gastronomie à maîtriser, voyez-vous ? Du vin dans la viande que l'on mijote. Du vin, pour le plaisir d'une dégustation face à un autre vin, et un jeu de termes et de mots alambiqués pour animer une soirée d'hiver.
Voilà que bientôt nous serions dans la bibliothèque confiné, et de soirées pourquoi là ne pas trouver ? De quoi se réchauffer un peu, par du vin chaud servi dans un coin.

Beaucoup de choses à faire, avec ce breuvage.
Plus !
Beaucoup de savoirs à développer.

Et pourquoi ensuite ne pas troquer, avec des marchands venus d'ailleurs ? Les possibilités étaient infinies, et en même temps que je rangeais quelques ouvrages traitant de la vigne, laissant mon glowstick violet nouvellement acquis en souligner les passages soulignés de ma patte, je ne cessais de les lister dans ma tête.
Au lieu de penser et de réfléchir, il était pourtant temps d'agir ! C'est presque si je me précipite à l'extérieur, laisse en désordre mon petit nid-douillet.
Oh ! Emmène quand même avec moi Keemun et Lune, car d'aides ils pourraient eux aussi nous apporter ! Oh, surtout Keemun, d'une grande bonté malgré ce qu'il pouvait bien inspirer ! Avec ses pattes puissantes et sa position de bipède, il trouverait fonction auprès de nous.

Quand je te vois, Noé, je m'exclame avec gaieté.

« Coucou Noé ! J'espère que tu es bien à planter du raisin jusqu'à déraisin ! Enfin, déraison huehue. »

Je suis de bonne humeur aujourd'hui. Enfin, je le suis toujours ! Mais je le suis encore un peu plus, aujourd'hui.
Sur mon visage, tout comme mes lunettes mon sourire ne me quitte pas.
Puis je t'écoute, cesse un instant de faire l'imbécile.
Retourner la terre, retirer toutes les mauvaises herbes... Oh, oui, nettoyons la parcelle !

J'hoche la tête, vif. Me met tout de suite au travail, pourquoi perdre du temps ? Ah, la nuit en vient à tomber si tôt, et je veux au plus avancer, ayant hâte de l'aboutissement de ce projet !
C'est l’enthousiasme qui me porte jusqu'à l'abri où sont rangés les outils, que nous ne faisions qu'emprunter. Je vous en donne quelques uns, à toi et à Keemun.

« Au travail, maintenant ! ...Tu as trouvé des p'tits plants, d'ailleurs ? De raisins blancs ou de raisins noirs ? Oh, pas que j'ai une préférence, je ne connais pas la différence en dehors de la couleur bien sûr..! »

On le découvrira bien, un jour. Vite, j'espère ! Avant que la Faucheuse ne me veuille en compagnon de route, je comptais bien nous voir réaliser une cuvée (bah oui, c'est pas que l'été revenait dans 4ans, mais...).
Sans assombrissement de ma volonté suite à cette pensée un peu nulle (bouh, je la chassa de ma tête pour la peine, tout de suite), je défit ma cape grise de mes épaules pour ne pas la salir, comptant sur l'intensité de l'effort pour réchauffer mon être.
Un mouvement de tête, d'avant en arrière. La bèche tape la terre, creuse le sol... Keemun en fait de même, de façon bien plus efficace.
On allait l'avoir, cette parcelle !
Hein, Noé ??