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 Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre

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Edrakan
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MessageSujet: Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre   Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre EmptyMer 11 Nov 2020, 00:15



Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre Alex_3

Aujourd'hui était jour de chasse. Et comme aujourd’hui ne montrait pas le besoin d’amasser plus de proies qu’il n’y en avait déjà chez les Etelkurs, garni que fut le garde-manger à la mort du dinosaure de la grève, aujourd’hui était jour de foi.

La foi pour chacun s’exprime différemment. Il en est qui des jours sans manger dans le plus grand silence passent. Il en est qui des heures les genoux au sol prient sans discontinuer. Il en est qui rythment leurs matins et leurs soirs de litanies puissamment orchestrées. Il en est qui d’ascétisme teintent leur vie. Il en est qui de sang d’innocents teintent les parvis et la chaume - et Alexandrine était de ceux-là.

Mais heureusement, son dieu est de ceux qui réclament ce tribut. Celui des crocs qui se plantent dans la chair qui se débat encore, des griffes qui strient la peau de mille gouffres écarlates déversant à flots joyeux le liquide de la vie. Oui, aujourd’hui Alexandrine est en chasse pour Aka, et contrairement à un quelconque loup de la meute ce dernier a des standards élevés. La louve a sa petite idée sur ce qui pourrait l’intéresser.

Elle est souvent aux Dents du Roc, lieu de villégiature du dieu grizzly. Pas uniquement parce qu’elle aime profondément le dieu rouge, mais aussi parce qu’il s’agit d’un terrain de jeu incroyable pour quelqu’un de curieux, énergique et doté de deux larges ailes de cuir. Et la louve recoupait ces trois qualités. Là où la Moere ne l’acceptait plus qu’avec peine, malaisé qu’il lui était de louvoyer entre les troncs garnis de lianes et de mousse ; là où la Moere entravait ses mouvements, la ralentissait, ne suffisait jamais à cacher son corps trop épais pour le lieu… Les Dents de Roc l’accueillaient comme leur enfant.

Un paysage qui alternait deux biomes opposés et complémentaires. D’un côté des landes désolées et maigres ornées de bruyères et de roche, où se dressaient des centaines de doigts rocheux grands dix, cent, mille fois comme elle et parfaits perchoirs pour l’oiseau de proie qu’elle était. De l’autre côté, des forêts de pins et d’épicéas qui culminaient à des centaines de mètre en des forêts géantes où même Alexandrine se sentait minuscule. A la mesure d’une fourmi dans un champ d’herbes hautes, louvoyant entre les troncs avec la même aisance que sa soeur le faisait entre les feuillus de la Moere.
Et parfois, ces deux biomes se rejoignaient et se mélangeaient ; les doigts de roc côtoyaient les pins géants et ensembles ils formaient cette alliance si représentative du lieu, sur fond de montagnes. Les Monts Célestes, dès qu’une futaie s’éclaircissaient un peu, étaient fidèles au rendez-vous et moquaient ces géants de leur petite taille.

Chacun trouve ci ou là son maître, lorsque l’échelle est adaptée.

Alexandrine inspire à pleins poumons, fermant à demi les yeux. Elle connaît ces lieux comme sa poche, comme le dos de sa patte, comme la moindre aspérité sur le corps d’Holly que mille et mille fois elle a parcouru de son museau. Et depuis plusieurs jours, quelque chose ne va pas. Non. Quelque chose a changé. C’est une effluve qui effleure son museau avant de disparaître, une ombre qu'elle aperçoit sans jamais saisir, un bruissement de feuille qui n’aurait du se trouver là.

Il y avait eu les trous, aussi, la terre raclée par un ventre trop bas situé.

Il y avait quelque chose sur les terres du Grizzly, sur les terres Etelkru. Quelque chose de gros, quelque chose de dangereux qui rôdait. Quelque chose qui ne lui disait rien, quelque chose que ses vagues questions aux autres guerriers du clan n’était parvenu à nommer.

Elle allait faire ce que se devait de faire n’importe quel guerrier Etelkru digne de ce nom, n’importe quel guerrier fils ou fille d’Aka. Elle allait traquer la bête, et en offrir la tête ou tout appendice équivalent à son père carmin. Le seul père qu’elle ait jamais eu, qu’elle n’aurait jamais. Celui qui avait élevé l’une de ses mères, celui qui l’élevait aussi chaque jour un peu plus haut.

Celui dont la couleur flamboyait contre son col, encerclé de crocs. Au bout d’une chaîne si fine et pourtant si solide, portée par son coeur autant que par les éléments. Ainsi parée seulement, la louve crème glissait son museau au sol à la recherche d’où pouvait bien se terrer le monstre. Pour ce faire, elle rejoint au milieu de ses frères épicéas une langue étrange. C’était une route, une route d’arbres raclés et défoncés de n’être assez espacés, une route poinçonnant le sol et écrasant fougères et racines. La chose qui était là passée ne s’était pas souciée de passer inaperçu. De quoi se nourrissait-elle ? Pas de plantes, à en croire les senteurs cuivrées qu’elle laissait derrière elle.

Alexandrine pencha la tête à droite, à gauche, et arbitrairement choisit une direction. Elle prit le petit trot et remonta tranquillement l’autoroute tracée entre les arbres. Ses suppositions furent bientôt confirmées par les restes d’un cerf, couché sur le côté et la panse éclatée par ce qu’il semblait être deux énormes crocs. Alexandrine pencha la tête sur le côté et eut une moue dégoutée, ses oreilles plaquées contre son crâne, avant d’approcher délicatement. Elle observa avec attention les restes de la carcasse… Qui était aussi grande qu’elle. Un grand cerf, une ramure immense perchée sur sa tête aux yeux luisants d’effroi. La bête n’avait même pas pris le temps d’emporter sa proie. Etait-ce l’effusion de nourriture qui l’en avait détourné, ou autre chose ?  La louve crème avança une patte et fit rouler les restes. C’était comme si une mâchoire géante et presque dépourvue de crocs avait mordu le paisible herbacé plusieurs fois avant de l’abandonner là. La mâchoire avait percé la peau, réduit en bouillie et mangé sans distinction viande, os et abats.

Ca n'était pas la seule information qu’elle tirait du cadavre. Sur le bord de la plaie la plus imposante, on trouvait un liquide sombre qui suintait encore et qui ne lui disait rien qui vaille. Elle approcha sa truffe pour humer le liquide, mais retroussa ses babines et recula d’un bond. L’odeur était acide et rance, agressive. Elle hésita un instant et prit le temps de recouvrir les restes de terre, notamment pour que personne n’ait la bête idée de consommer l’ensemble, ni même de prendre un minuscule bout de l’animal. Pour gouter. Ce genre de choses.

Elle devait avouer, aux autres comme à elle-même, que les disciples d’Aka qui trainaient dans le coin n’était pas toujours les plus malins. Ou un apprenti un peu stupide, comme la ‘tite Kusmi qui savait que brailler. Et taper. Et pas très fort, qui plus est.

Alexandrine souffla. Elle ne comprenait pas une seule chose : comment une bête aussi énorme avait-elle pu, même quelques jours durant, passer inaperçue ? Venait-elle de la brèche ? Y retournait-elle de temps en temps, faisait-elle des excursions éclair ? Allait-elle croiser un dodo ? Elle finissait par les reconnaître, ces crevures. Un sourire torve illumina sa gueule. Elle se ferait un véritable plaisir à en occire un autre - si ça n’était plus. Deux, trois, dix. Cent de ces petits piailleurs ridicules jetés à bas d’une falaise pour tapir le sol d’un gouffre - la meilleure mort dont ils pourraient rêver.

Elle s’ébroua et se remit à trotter. Quelle que soit la vitesse de la bête, elle devait bien aller quelque part, et c’est ce quelque part qu’elle devait trouver.

Heureusement, les loups sont fait d’endurance, parce qu’au bout de plusieurs heures de marche Alexandrine n’avait toujours absolument aucune idée de l’endroit où elle se rendait. Elle avait à plusieurs reprises décollé et tenté de trouver un raccourci quelconque, mais dès qu’elle prenait de la hauteur les larges feuilles des arbres tenaces lui bouchaient la vue, et elle risquait plus de perdre sa trace qu’autre chose - ce qui était un comble. Alors elle avait décidé de prendre son mal en patience, et d’avancer à cette allure égale que les loups peuvent des jours durant garder. Pour l’instant, ils ne sortaient pas du territoire. A force de tours et détours, la bête quadrillait la zone et laissait derrière elle de multiples proies à moitié mangées. Quelle bêtises… Cerfs, chamois, rien qui ne soit moins gros qu’un loup adulte. Ce serait sûrement un adversaire formidable… Alexandrine ressentait parfois cette petite pointe qui criait inconscience, mais à l’idée d’un combat pareil elle ne pouvait rester de marbre. Son sang bouillait dans ses veines et une montée d’adrénaline la prenait à la gorge. Elle n’avait pas besoin de savoir à quoi ressemblait la chose pour avoir envie de lui niquer la gueule.

A mesure qu’elle remontait la piste, elle réfléchissait, ses muscles chauffés par l’effort. Ce pattern qu’elle distinguait sur le sol lui disait quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Qu’est-ce qui pouvait bien faire des trous dans le sol ? Et l’aplatir ainsi ? L’un comme l’autre lui donnaient bien des idées, mais l’alliance des deux était une absurdité. La louve secoua doucement la tête. Que de questions, qu’elle ne répondrait aujourd’hui.

Le jour tombait, et toujours aucun signe de fin à cette trace qui à l’infini semblait l’emporter. Depuis le début elle se rapprochait des montagnes, et le temps commençait à se faire plus frais. Avec l’approche de l’hiver, le soleil se glissait timidement derrière les cimes et les monts, laissant derrière lui ombres qui s'étirent à l'infini. Encore une demi-heure à tout casser, et on n'y verrait goutte. C'était probablement râpé pour aujourd’hui. Alexandrine maugréa et s’arrêta. Elle était trop loin pour rebrousser le chemin, elle n’avait pas envie de rentrer au Castel : c’était un luxe inutile, qui ne ferait que l’éloigner de son but. Oh, il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour faire l’aller-retour, mais pourquoi s’en soucierait-elle alors qu’elle pouvait simplement trouver une grotte où trainer sa carcasse ?

Elle ramassa quelques tapis de mousse qu’elle transporta sur un sol rocheux qui ne prendrait pas la rosée, et étala le tout sommairement. Ca n’était pas très… Soyons honnête, ça ne méritait même pas l’appellation de couche. Mais Alex n’était pas très regardante : elle s’allongea et s’étira, bailla. Elle regretta un instant n’être pas en compagnie de sa douce, dont elle aurait apprécié le chaud flanc contre le sien, mais ne s’appesantit pas sur cette déception : ainsi était-ce, et il lui faudrait attendre la fin de sa traque pour s’y retrouver.

Elle ne s’endormit pas tout de suite. Elle rêvassait, la tête perdue dans les étoiles. Cette traque lui rappelait celle, plus ancienne, de l’énorme oiseau de l’île abysse. Tout était différent, ce jour là. Mais ce jour là aussi, elle avait dormi à la belle étoile. Elle avait chassé, traqué. Elle avait fait un piège, travaillé longtemps pour mener à bien son expédition. Un sourire en coin se dessina sur ses babines et elle fit claquer ses mâchoires. Aujourd’hui, elle ne ferait pas de piège. Aujourd’hui, elle ne prendrait pas de détours. Elle l’affronterait tête la première, comme elle affrontait ses problèmes, comme se le devait un rouge du clan. Bêtise ? Peut-être. Assurance, sinon. Assurance du chemin parcouru. Assurance de longs jours d’entraînement. De tous les matins passés à courir à l’aurore. A toutes ces heures passées avec MamAnette à se maintenir en forme, à repousser ses limites, cultiver son corps pour qu’il réponde au moindre de ses besoins.

La louve serra le poing, le desserra, étala ses coussinets sur le sol. Un vent incertain glissa dans son coeur. Elle pensa à Piclou. Cela faisait longtemps. Elle pensa à Piclou et leva la tête vers les étoiles, des larmes pointant dans ses yeux. Refluant. Après tout ce temps… La morsure de son absence était toujours aussi prenante. Ne disparaîtrait jamais. Petite bille d’aluminium, glissée en son sein. Elle sourit. Bamboo l’avait rejoint longtemps auparavant. Sly. Kalashnikov, il y avait quelques lunes seulement. D’autres suivraient, bien sûr. Ils vieillissaient, et la vie ne leur était pas tendre.

Heureusement qu’une partie d’eux subsistait, dans les coeurs qui portaient leurs souvenirs. La louve dragonne sourit doucement à la nuit, emplissant ses poumons de l’air frais. Ca bouillonnait encore, à l’intérieur de son corps. Ca bouillonnait toujours, d’émotions, de sentiments, de rage, d’amour, de tristesse, de joie. De tout ce qu’un loup peut ressentir. Mais ça ne débordait plus, ça débordait beaucoup moins, chaque chose restait à ça place et ça lui faisait du bien. Elle souffrait moins. Moins souvent, moins longtemps. Et lorsque le besoin s’en faisait sentir, lorsque la pression montait de trop…

Elle partait. Elle frappait. Elle extériorisait, elle rendait au monde ce dont le monde tentait d’emplir son esprit.

Un craquement sec lui fit relever la tête. Elle plissa les yeux. Heureusement, la lune était gibbeuse, presque pleine dans l’immensité d’encre piquetée d’étoiles. Assez pour lui permettre de repérer les mouvements erratiques des arbres. Mais les arbres ne bougeaient pas d’eux-même, non. Ils se poussaient pour découvrir ce qu’elle traquait depuis le matin.

Alexandrine se remit instantanément sur ses pattes. Evidemment, que nul n’avait fait attention au monstre géant qui sur leurs terres creusait son trou. Car c’était de nuit, que cet immondice prenait ses aises, animal nocturne par excellence. Et quel animal… La louve crème le reconnut du premier coup d’oeil au reflet d’argent sur sa carapace de chitine, à ses milliers de pattes qui foulaient la terre dans une cavalcade effrontée, tremblant le sol. C’était une scolopendre, et depuis longtemps elle aurait du faire le rapprochement avec ses jeux d’enfant qui souvent l’avaient amené à écraser nombre de ses compères. Mais ça n’est pas ainsi qu’elle s’en sortirait cette fois : la moindre de ses pattes était large comme sa cage thoracique, et l’inverse était bien plus probable. Une vision digne des enfers.



La scolopendre ne se soucia pas de la petite être qu’elle représentait, et passa rapidement à côté d'elle, reprenant le même chemin qu'elle avait du prendre hier et avant-hier. Pourquoi ? Elle n'aurait su dire. Mais Alexandrine n’attendit pas que quelqu’un vienne l’informer : elle bondit sur ses pattes et se mit à trotter de biais derrière le monstre jusqu’à adopter le même rythme soutenu. Pourquoi se presser ? Elle avait tout son temps - et ses muscles avaient eu le temps de refroidir depuis sa course de la journée. De fourbue, elle était maintenant électrifiée à l’anticipation du combat à venir. Elle le sentait dans son coeur, dans son corps et dans ses pattes.

Dans son glowstick qui à son col crépitait.

Elle agita ses ailes et accéléra. Ses foules s’allongèrent, et l’espace la séparant du monstrueux animal s’amenuisa. Elle ouvrit de chaque côté de son corps ses larges ailes et commença à infléchir sa course pour l’amener juste derrière la scolopendre.

Grave erreur.

Ces animaux, Alexandrine allait l’apprendre à ses dépends, voyait des deux extrémités de son corps, et dès la menace repérée elle effectua un demi tour fulgurant pour lui présenter ses deux forcipules qui, sur un animal aussi grand, étaient clairement une vision d’enfer. Coupée dans son élan, Alexandrine freina des quatre fers en s’aidant de ses ailes et s’immobilisa.

L’arène était tracée.

La scolopendre était immobile des trois quarts de son corps, relevée sur son derniers, et ses pinces crantées s’agitaient avec impatience. Contrairement à ses autres proies, celle-ci n’avait pas peur d’elle, et c’était une première. Elle s’agita d’avant en arrière, cherchant l’instant où frapper.

Alexandrine se souvint avec précision de la carcasse du cerf. Le venin, qui coulait en ses veines et l’avait foudroyé avant qu’il n’ait pu faire le moindre mouvement. Il était impensable de se jeter sur cet adversaire sans réfléchir un minimum à sa stratégie. Le corps annelé se mouvait avec une redoutable précision, et une agilité déconcertante. Un animal de la Moere, pas fait pour ramper en ces terres. Elle allait l’en chasser. Son échine se hérissa et elle baissa la tête, découvrant les crocs, avant de prévoir la chorégraphie qu’ils allaient tous les deux danser.

Mais qui mènerait cette danse ? La scolopendre agitait ses antennes qui, plus que ses yeux semble-t-il, lui permettaient de se repérer. Cohérent, pour une bête vivant la nuit… Alexandrine commença à se mouvoir en cercle, très lentement, se rapprochant de la queue de la bête. Elle devait tester, voir, comprendre comment elle se battait.

Et son impression première fut bonne (ou peut-être était-ce les heures passées à les observer courir dans la terre ?) : l’arrière-main se souleva avec célérité et s’abattit à l’endroit précis où elle se tenait. D’un bond, elle se mit hors de portée. Ses pattes étaient multiples et tranchantes, la terre jaillit en sombres embruns où avait eu lieu l’impact. Elle gronda, se reprit. Le silence était son allié - elle devait se faire comme Désastre, elle devait se faire comme Narcisse, silencieuse et discrète.

Le plus dangereux chez elle, c’était les deux immenses forcipules qui ornaient sa tête, et ensuite ses pattes multiples plus tranchantes que ses crocs et ses griffes. Son atout principal, sa carapace qu’elle aurait du mal à percer. Alexandrine ne put s’empêcher de gronder de nouveau, galvanisée.

Elle ne perdrait pas.

Analysant son adversaire comme MamAnette le lui avait appris, sans jamais reculer devant quiconque comme jeune déjà Désastre le lui expliquait - elle ne perdrait pas, car elle ne pouvait se le permettre.

Il y avait tant de raisons qui la maintenaient en vie. L’amour de ses mères et de ses adelphes. Le sourire d’Holly. Ses multiples amis. Ceux qui étaient partis, ceux qui restaient. Le clan, si fort, si fier, dont toutes les âmes étaient derrière elle.

Elle inspira, fort, et se jeta dans la bataille. C’est le centra, qu’elle visa, se glissant sous les pattes de l’arrière-main encore ancrée au sol pour aller mordre la base de l’une des pattes, tout juste à sa portée. Mais déjà la scolopendre réagissait et se tordait, annelée et agile comme un ver, ramenant vers la louve ses pinces monstrueuses et ses pattes déterminées à l’encercler. Alexandrine n’insista pas et s’enfuit dans la forêt coupante des pattes de la bête, qui dans son mouvement parvint à effleurer de multiples fois le corps mal protégé de la louve. Cette dernière serra les dents alors que ses joues et ses épaules, plus exposées, prenaient le gros de la charge.

Passer par en dessous pour toucher le ventre, voilà ce qu’elle avait voulu faire, mais c’était trop dangereux. Elle émergea de l’autre côté mais déjà l’arène s’était refermée sur elle, et toujours le monstre lui faisait face. Sur une patte de moins - mais combien en restait-il ? Alexandrine sentit l’épreuve d’endurance arriver. Une épreuve qui la laisserait pantelante, sur les rotules, et où la moindre erreur se solderait d’un échec total et définitif.

Mais la technique était bonne - elle n’en voyait pas d’autre. Elle déploya ses ailes et, cette fois, s’envola. Mais la bête ne devait pas non plus se servir des vibrations pour se repérer, parce qu’elle n’eut aucun mal à la garder en ligne de mire malgré ses cercles rapides et concentrés. Alexandrine esquiva une attaque destinée à la clouer au sol et de nouveau visa une patte - toujours du même côté. La patte directement à côté de celle qu’elle avait déjà abimé - mais cette fois elle ne s’attarda pas et repartit de plus belle. La scolopendre n’eut pas le temps de réagir, et fit claquer ses pattes de frustration alors qu’elle se replaçait face à son ennemie.

Face à elle, toujours faces à elle. Alexandrine sentait l’excitation la gagner, elle sentait son corps vibrer et onduler, comme cette fois où Saqqarah avait manqué la sortir de ses gonds avec ineptie. Lorsqu’il l’avait rendue colère. Mais cette fois, elle était extase et adrénaline. Le sang goutait déjà de ses épaules et de son col, abreuvant le sol. Rien qui ne l’inquiète, les jeunes frères de sûrement bien plus de souvenirs. Alexandrine vira une dernière fois, grimpa, plongea en piqué pour gagner en vitesse et esquiver encore une fois les multiples pattes de la bête, mordre une nouvelle patte, partir à angle droit pour cette fois se perdre entre les troncs… Essayer. Déjà la scolopendre était sur ses talons, et Alexandrine n’eut d’autre choix que de lui faire face. Elle compris qu’elle n’aurait pas le loisir de se reposer, pas avant de l’avoir abattue.

Une nouvelle fois elle bondit vers cette forme, selon le schéma déjà exécuté : esquivant l’attaque de son arrière ou de son avant-main selon celle qui filait vers elle, puis bondissant sur une nouvelle patte à incapaciter. Alexandrine s’esquiva - lorsqu’un trait foudroyant lui cloua l’échine et lui tira un hurlement de rage et de douleur. Cette fois, la bête ne l'avait pas manquée. Déjà les anneaux se resserraient sur elle et la gueule s’imposait, la louve battit des pattes et ses mâchoires claquèrent sur la patte qui la retenait prisonnière, profondément plantée dans son corps. Elle fit claquer ses crocs sur la chitine, tant et si bien qu’enfin la patte se détacha et qu’elle put s’agiter de quoi libérer son corps de celui de son opposant.

Elle bondit hors de portée et claudiqua. Son épaule gauche était inutilisable, sa patte par extension l‘était aussi. Un sourire torve agrémenta son visage et elle se tourna de nouveau vers l’ennemi. Vers sa proie.



Elle déploya plus largement ses ailes, bien que consciente de l’absurdité de vouloir impressionner la bête. Elle déploya plus largement ses ailes et lui fit face, et hurla. C’était un cri, un cri du coeur et du corps, un hurlement qui naissait aux tréfonds de ses poumons et enflait, enflait dans sa trachée jusqu’à émerger entre ses crocs badigeonnés de liquide jaunâtre.

Explosa.

Elle en sentit des frissons dans tout son corps, plus violents cette fois, des pulsations dont l’épicentre se situait au niveau de son coeur - au niveau de son col. Au niveau de l’onde rouge qui, en même temps, pulsait selon les battements effrénés de son coeur.

Sa peau la tirait, vers le haut, sur les côtés, vers le bas, ses pattes, ses ailes, sa gueule, tout la chatouillait et la tirait en même temps et une rouge lumière léchait ses extrémités. Probablement est-ce ce qui lui sauva la vie, cette lumière qu’elle pulsait et qui semblait tenir en respect l’animal. Elle hurla une seconde fois, libérant de ses entrailles ce cri monstrueux qui peu à peu se mua en grondement, en hurlement.

La scolopendre devint plus petite. Sensiblement plus petite. Deux minuscules traits de fumée blanche brouillèrent la vision d’Alex alors qu’elle loucha une seconde sur son mufle si peu familier. Elle sentait les flammes brûler dans son corps, elle sentait la puissance pulser dans ses membres, ses cheveux ne chatouillaient plus sa nuque mais un vent frais se glissait entre les pics de sa colonne, et ses ailes claquèrent autour de son corps comme deux voiles sanglantes.

Deux voiles où se dessinaient de flamboyants souvenirs. Or sur sang, ciselé avec délicatesse, sur l’aile gauche sa victoire sur MamAnette à la fin de son entraînement, celles sur les dodos en plus petit occupant l’espace restant ; les coups au Mozzarella sur la droite en place de choix, et tant d’autres. Tant d’autres, enfin. Peut-être allait-il s’y ajouter les traces d’une certaine scolopendre, qui toujours fière et droite se dressait face à Alexandrine.

La louve, qui n’en était plus une.

Une dragonne à la gueule écumante de braises se tenait face à celle qui auparavant la surplombait, et était maintenant à sa taille.

Nouveau rugissement, quelques flammèches s’échappent alors qu’une longue effilée se glisse entre des crocs monstrueux. Alexandrine se pencha vers l’avant, son dos arrondi sous la colère, alors que sa patte avant encore ne touchait pas terre.

L’esquive se fit d’un coup d’ailes, et cette fois ce ne fut pas une mais dix pattes que la dragonne écrasa de sa masse et de ses pattes, rendant le combat beaucoup plus équilibré. Pour les beaux yeux d’Aka, pour ceux de son clan. Elle se retira en sentant les anneaux se contracter sous ses pattes, les pattes effilées se faire dagues et se planter dans son corps, que les écailles ne protégeaient que partiellement. Elle cracha sur le sol et quelques flammèches de nouveau jaillirent.

La scolopendre ne les aimait pas, ces flammèches, cherchait à y échapper.

Cherchait à s’échapper.

Alexandrine gronda, fit quelques bonds pour se porter à sa hauteur et fit claquer sa mâchoire - dans le vide. Elle était bien plus rapide qu’elle, cette scolopendre, et il lui faudrait user de ses ailes pour avoir une chance. Alors c’est ce qu’elle fit, s’arrachant au sol et défonçant les branches obstruant son passage pour surplomber la scène. La bête annelée se faufilait souplement entre les arbres et dans la nuit qui s’élevait ne tarderait pas à la perdre.

C’était impensable.

Alexandrine piqua en avant et ouvrit grand la gueule. Inspira, à pleins poumons.

Piqua vers l’avant, vers le monstre géant - qui ne l’était plus. Le rattrapa, d’une dernière pointe de vitesse.

Et déversa sur elle les enfers.

Le hurlement strident et disgracieux de la bête satura les sens d’Alexandrine, alors que l’odeur de chitine brûlait emplissait ses naseaux. Mais déjà un second souffle suivait, le temps de reprendre le sien, un second souffle de lave, langue de flammes qui rougissait à blanc le corps due la scolopendre et le calcina jusqu’à le ralentir, l’immobiliser.

La dragonne bondit, plongea, d’un coup sec atterrit de ses trois pattes valides et de tout son poids sur le point touché par l’enfer.

La scolopendre se coupa en deux. Elle n’arrêta pas instantanément de s’agiter, non, longtemps ses pattes fouirent la terre et creusèrent des sillons dans l’humus tendre de la forêt de pins, et ce temps Alexandrine le passa à lentement l’observer agoniser de ses yeux parés de flammes. Elle aurait pu se rapprocher pour l’achever, mais pourquoi se mettre à portée de ces pinces mortelles alors que le temps pouvait faire lui-même office ?

Lentement, les heures passèrent sans qu’elle ne quitte son enveloppe flamboyante. De temps en temps, elle crachait une gerbe de flammes - rien que pour le bonheur de pouvoir le faire - et s’y réchauffait le corps, goutait cette chaleur si douce. C’était apaisant, tant qu’elle manqua s’endormir. Mais le ronronnement des flammes ne fut pas suffisant, et l’aurore la découvrit allongée le long de l’immense corps maintenant devenu froid. Elle se releva, tira sur ses pattes, bailla à s’en décrocher la mâchoire et du bout de la patte retourna le cadavre qui se laissa faire.

Pas grand chose de plus à voir du dessous qu’elle n’avait vu en combat, à part ses multiples petits yeux qu’elle n’avait pu distinguer dans le noir de la nuit et les couleurs de la bête que le soleil dévoilait. Une tête d’un rouge terre de sienne, suivi d’un corps d’un noir de jais scintillant, alors que les pattes rappelaient le jaune assombri de l’or passé. Des couleurs flamboyantes, pour un animal qui n’avait cure de passer inaperçu.

Un prédateur.

L’insecte géant était cette fois tombé sur plus gros que lui - et Alexandrine ne se départissait pas de son large sourire malgré la douleur lancinante qui pulsait dans son épaule. Elle tourna la tête et profita de la luminosité retrouvée pour se rendre compte des dégâts. Elle siffla - la plaie était profonde et saignait toujours. Seule sa position, un trou sur le haut de son épaule, l’empêchait de dégueuler à tout va. Holly allait la tuer - sans parler de la mif’. Elle gloussa. Elle ne voyait qu’une cicatrice de plus à ajouter au panel, une cicatrice qui se soldait d’une nouvelle victoire. La scolopendre courait maintenant sur le cuir de ses ailes, entourant les autres scènes s’y trouvant. Elle bomba le torse.

Qu’elles étaient belles, ces ailes. Qu’elle était fière, et heureuse, de ce présent de son dieu.

Présent qu’elle allait remercier.

Elle saisit la seconde moitié du corps de la bête et le hissa sur son dos, frémissant lorsque les pattes chatouillaient son corps, grimaçant lorsque le poids appuya sur son épaule. Elle mordit fermement dans la seconde moitié du monstre, et commença à le trainer sur le sol de la forêt.

Il lui faudrait plus de temps qu'à l'aller, si elle choisissait cette voie.

Au bout de quelques mètres elle agita sa tête avec humeur. D’un mouvement elle déchargea son dos, saisit la bête de sa patte avant valide qu’elle replia contre son corps, ses crocs toujours plantés dans la seconde moitié. Elle se ramassa sur elle-même.

Et décolla.

Rien ne la clouerait au sol, rien n’empêcherait jamais sa progression, vers l’avant, vers la vie. Elle battit des ailes plusieurs fois, se hissa avec sa proie pendouillant entre ses pattes et dans sa gueule, gainant sa nuque et son avant-main, gainant ses bras pour supporter la charge, et étendit ses ailes pour planer.

Elle raffermit sa prise sur le corps de l’insecte, le liquide acide et dégoutant coulant le long de ses crocs et de sa langue, emplissant sa gueule, un infect gout de victoire, alors qu’elle battait de temps à autre des ailes, savourant dans la caresse du soleil sa victoire, dans sa douleur à l’épaule sa victoire, dans les hurlements de son corps suite à ces transformations qui n’avaient pas lieu d’être sa victoire.

Victoire.

Elle heurta plus qu’elle n’atterrit sur le parvis du temple d’Aka, jeta plus que posa la proie sur le sol qui se trouva badigeonné de sang, parsemé d’éclats de charbon et de chaire brûlée, envahi des hurlements bravaches d’Alexandrine. Comme s’il avait senti l’instant propice, son corps bouillonna, les limites devinrent flou, l’iridescence rouge de nouveau l’enveloppa alors que se rapprochait le sol, disparaissait le dragon et revenait la louve Alexandrine.

Cette dernière se redressa, fatiguée, éreintée, blessée mais radieuse.

AKA ! T’avais dit d’revenir avec un bout du monstre. Mais on était plein. Alors j’t’ai ramenée un autre monstre. T’as dit que je pourrais revenir, autant que je voulais.

Elle bondit, clandiquante, jusqu’au bord de la fontaine. Rayonnante.

J’espère tu kiffes, et j’espère t’es prêt. C’est le premier depuis longtemps.

Un sourire lui dévore les babines.

Et le premier d’une longue lignée, grâce à ce pouvoir que tu m'as donné. Parce que des saloperies comme ça, y’en sort plein la brèche.

Merci.
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MessageSujet: Re: Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre   Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre EmptyDim 15 Nov 2020, 14:56




Mes couilles



Salut à toi, ô fille de rouge. Salut à toi, fille émérite.
Tu te jettes dans son temple comme tu te jettes au combat, lui vient le corps abimé et l'esprit victorieux. Tu portes maintenant sur tes ailes la fierté de la guerre que tu menas contre lui, scolopendre qui glisse sur le cuir de la dragonne, comme pour un peu plus lui raconter ton succès.
Lui n'a pas besoin d'images, lui n'as pas besoin que tu lui narres, bien sûr.
Parce que c'est chez lui que tu défias bête plus digne de Kiro que de lui-même, qui de ce fait n'avait rien à foutre chez lui, chez vous.

Enfants d'Aka, au corps large et puissant, sans grâce mais le port fier et la queue haute.

Tu déposes à son autel le cadavre suintant, dégelasse un peu plus le sol qui déjà porte bien des traces de griffes et d'éclats de sangs séchés. En mémoire à tous les combats qui animaient souvent le temple.
Il se souvient du tien, celui contre ta copine, celui qu'il t'incita à faire et pour lequel il aurait pu te filer un glowstick.
Mais tu n'étais pas encore prête.
Il se souvient de chacun de tes accès de force. Celui contre les lycaons. Celui contre ta mère.
Là non plus, tu n'étais toujours pas prête.
Il se souvient de tes preuves, face au mosasaure.
Et là... Là, ouais. Putain, tu lui fus enfin prête.
Au point que d'épreuve, il n'eut même pas besoin de t'offrir, tant tu trouvas si bien la tienne.

Tant tu continuais d'en trouver, encore.
Des épreuves.

Tu te bats tellement, fille d'Aka. Même pour laisser éclater ton amour pour les tiens comme ton désir de les protéger, tu te bats.

Il avait pour toi un intérêt particulier, le divin. Il avait senti, ce que tu finirais par devenir, c'que tu deviendrais par la suite. Et s'il avait longtemps gardé silence là-dessus, s'il ne t'avait appelé à lui pour te le dire en face, plus qu'au travers d'une vision à son défunt prêtre (une pensée à lui, respectueuse, signe de croix sur ses épaules et son front et yeux levés vers les cieux)
La sourire esquisse un sourire puissant, qui effrite la pierre par le mouvement exercé sur celle-ci.
Et le scolopendre, c'qu'il en reste du moins, s'anima alors d'une lumière rouge.
Ses multiples pattes se mettent en mouvement et il rentre dans la fontaine, disparait pour ne laisser que des bulles qui éclatent à sa surface. Comme de la lave.
T'as pas un peu chaud, Alex ?
Les torches s'embrasent un peu plus, embrassent le plafond et laisse contre lui des traces noires.

Et y a ce rire, bien sûr.
Ce putain de rire qui vient t’accueillir enfin.

« Bien sûr p'tite con, que je kiffe. »

Les offrandes le rendent plus forts. Il est dieu plus puissant de ses terres, et pas parce que c'est la force qu'il représente.

« Et puisque t'évoques la brèche, j'crois qu'il est temps qu'on en parle. »

De ces monstres, qui y rodent. Des dangers et des autres combats qu'tu devrais mener.
Des fronts, que tu devras te farcir.
La statue se pare de rouge et le dieu te vient, approche sa gueule de toi, dégage des cheveux d'un souffle par ses naseaux.

« J'veux que tu les défonces, ces dinosaures de merde.
J'veux que tu niques tous ceux qui voudront faire du mal à ceux qui n'ont pas ta force. Qu'tu protèges tes potes et ta famille.
Et quand tu les auras tous achevés, ces enfoirés d'fils de pute, et quand tes ailes porteront toutes tes victoires contre les dinos et les dodos...
Ouais, là et seulement là...
»
La griffe se presse. Là. Contre son torse.
« J'veux qu'tu m'reviennes.
Pour que je fasse de toi ma putain de prêtresse.
»

T'entends ça, Alex ? Bien sûr, que tu entends.

Et il espère te sentir vibrer, sous la griffe qu'il appose contre toi, celle qu'il retire maintenant alors qu'il se redresse. Il affiche un sourire arrogant, un regard plein d’orgueil.

T'as compris, hein.
T'es pas débile à ce point.
T'as compris ce qu'il te reste à faire.

Défonce les tous, avec interdiction de crever.


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MessageSujet: Re: Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre   Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre EmptyDim 15 Nov 2020, 17:02

Mes couilles sur ton museau l'insecte l Aka & Libre Alex_3

Avant que le dieu n'apparaisse, le cadavre tremble. Les deux bouts du cadavre tremblent, les pattes se tirent et s'étirent, un instant Alex craint de le voir se réveiller, se redresser, de devoir l'affronter à nouveau. Elle craint parce qu'elle ne s'en sait pas capable, éreintée du premier assaut. Mais les deux moitiés la frôlent et la dépassent pour disparaître dans l'eau de la fontaine qui gargouille tel un lac de lave en fusion. La température augmente de façon drastique, il fait chaud, bien trop chaud, mais c'est si agréable. Elle ne l'avait jamais remarqué, mais cette chaleur la nourrit et lui apporte paix et sérénité. Elle plongerait bien sa patte dans le liquide bouillonnant, rien que pour en sentir la chaleur dévorante, mais se retient. Elle recule d'un pas, ferme les yeux un instant alors que la caresse des flammes l'apaise.

Et son rire.

Les babines d'Alexandrine s'étirent en un sourire, et elle rouvre les yeux. Ravie. Chez elle.

La statue s'anime, vient à elle, la pare à son tour de son souffle brûlant et un frisson parcourt le corps frémissant de la louve sable.

Les paroles d'Aka résonnent en elle.

Défoncer.
Protéger.

Et revenir.

C'est plus un bond qu'une vibration qui prend son coeur lorsque le terme de prêtresse est évoqué, et Alexandrine piétine le sol avant de se jeter contre la statue pour glisser son col contre celui du dieu rouge. D'émotion. Avant de reculer d'un pas, surexcitée, martelant le sol et foutant du sang partout. Son corps est la corde tendue d'un arc qui ne demande qu'à se rompre, alors que la folie n'est pas loin.

J'te jure Aka. J'te jure que t'auras jamais vu autant de cadavres de dinosaures. Qu'ils vont remplir ton temple. TU SAURAS PLUS OU LES METTRE !

Elle bondit, elle virevolte, elle est intenable, elle brille.

Et qu'j'les protègerai tous.

Protéger, se faire bouclier de ceux qui n'en ont pas la force.

De nouveau, elle était venue. Et de nouveau, elle repartait avec une quête.
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