Sublime - Miraj

Quand bien même le ciel de l'Atoll se couvrit d'orage, jamais son Roi ne renonça à traverser le bras de mer qui les séparait un bouquet à la gueule.
Il se plut même à nous rester des jours entier, quand nous furent épuisées.
Avions-nous déjà passées semaine plus agréable, que celle toujours à ses côtés ?
Elle avait retrouvé davantage de splendeur et se voulut même aller à sa rencontre, s'avançant parmi ces ombres qu'elles se complaisaient à dominer à chacun de ses pas, les écrasant là du bout de ses pattes. Il n'y avait, pour ternir le fond de ses yeux, que le regret de l’accueillir encore les flancs maigres, quand bien même de par son état elle comprenait que son corps fatigué n'eut d'énergie pour fixer quelques petites vies au creux de son ventre.
Si notre jeunesse ne nous permit de nous offrir des petites vies à nos un ans,
Si notre état fit échouer la tentative de la seconde année,
Nous nous plaisons à penser que la prochaine saison marquera une naissance prodige.

Quand il l'aperçoit et qu'il vient jusqu'à elle, elle se laisse succomber, lascive. Elle glisse contre lui et tend ce cou sur lequel il fouit son museau, entourant avec tendresse ses épaules de ses pattes.

« Mon roi désiré. »

Elle n'aurait su, désormais, de lui se dégager.

« Que de splendides fleurs tu m'apportes encore ! C'est un jardin au sein de ma tanière que tu ne cesses d'entretenir. »

Elle glousse, amusée et honorée par tant d'attentions.

Elle soupire au contact du museau dans son cou, celui qui se perd et se masque parmi les poils longs au point où ses crocs ne deviennent plus que de petites tâches blanches qu'elle entrevoit tel des éclats de lumière parmi un dense feuillage. Tout ce qu'elle voit de lui et beau et elle se plait un peu plus en ce plaisant moment.
Il est Nôtre et nous nous plaisons à être Sienne.

« Diantre, comment pourrais-je renoncer à cette beauté aussi délicate qu'éphémère ! »
Celle qui n'est point sans rappeler nos rendez-vous quotidiens.
« Ne cesse un jour de le faire, quand bien même ta seule visite sait à elle-seule me satisfaire. »

Son museau caresse l'angle de sa mâchoire, décrivant une route progressive vers l'avant de sa gueule pour mieux s'y presser. C'est en cessant le contact et en reculant de quelques centimètres qu'elle souffla alors réponse à sa question.

« L'épuisement a laissé place à une fatigue moins contraignante, je saurais bientôt te retrouver au-delà de mon Royaume. »

Elle sait sa chance, de le voir ainsi lui venir chaque jour sans jamais rechigner à traverser ce bras de mer, et sait lui en être reconnaissante.

« Oh, et toi ! Achèveras-tu bientôt ton entrainement, mon Roi ? Que ta supériorité te porte un peu plus loin de ces gueux. »

Elle porte une patte à sa gueule, gloussant sur sa dernière phrase.

Et plus que de promettre de ne cesser d'avoir cette attention, il continue de l'en couvrir. La ciel et la mer ne peut avoir son intérêt, lorsqu'elle loge entre ses pattes : elle éclipse ses infinités, elle conquiert son regard en entier.
Qu'il lui laisse le temps la fait coqueter doucement, quand elle papillonne de ses longs cils blancs.

« Tu es bon d'ainsi me préserver, mon Roi. »

Son museau, encore, vient frôler le sien, non! s'y frotter avec affection et dévotion.
Nous n'aurions su exagérer à ses côtés ;
La profusion fait partie de notre relation.
D'apprendre qu'il s'entrainant tant à la soigner qu'à la défendre
Les raisons ne peuvent être autres que celles-ci, nous en avons conscience.
Auprès d'Anita comme des panseurs, ne pouvait que la conforter davantage dans le fait qu'il serait père excellent pour les enfants, qu'un jour, ils parviendraient à obtenir. Elle ne se veut pleinement y penser, tant qu'elle disposerait du moindre épuisement ; l'espoir se voulait cependant exister quant au fait d'être pleine à la suite de ses prochaines chaleurs, qu'elle se hâtait à voir revenir.

« L’orgueil m'emporte, de te voir ainsi rayonner dans nombres de compétences, aussi variées qui plus est ! »

L'on ne pouvait que convoiter un loup aux moult connaissances et dont on reconnaitrait telle polyvalence.

« Je m'enseigne à moi-même, au travers des sonates et concertos que me livre mon violon. Je me serais tant plus à te les faire écouter, s'il n'y avait pas eu ces hasardeux effets ! »

Elle a une note cristalline, semblable à la chanterelle de son instrument, qu'elle fait taire avant de venir murmurer plus doucement. C'est une confidence qu'elle lui porte, amusée et amusante :

« Parfois, mes mélodies en viennent à perturber ceux qui les écoutent. Si tu aurais vu danser les crabes ! On les aurait dit ivres. »

De cette anecdote, elle en sourit encore.

Amusant...
Cela l'est tellement.
Lascivement, elle s'approcha et apposa patte contre le poitrail de son bel amour. Elle tendit son museau pour mieux effleurer son oreille, avant que ses pattes ne viennent se porter à chacune d'entre elles pour les ramener vers l'arrière en une tendre caresse, là où elle pu enfin lui murmurer.

« Alors laisse moi te les boucher pour mieux tout te montrer. »

Elle fit bouchon de mousse et de cire, pour mieux les glisser en son pavillon. Elle guida ensuite son Roi vers les crabes, animaux familiers de son Royaume qui profitaient de sa plage et de l'écume de l'Océan. Le fit attendre, là !
Le temps qu'elle s'empare de son violon, pour que dissone sa musique. C'est un chant sans mélodie, une valse sans tempo. C'est des paroles à son Oncle, l'on dirait écrites par lui si ce n'étaient pour lui.
Et les crabes dansèrent.
Les crabes dansèrent.