Toi, adorateur de Serpent (Désastre)

Désastre avait porté à la moère les nombreux serpents qui nichaient en son antre. S'il y avait toujours eu Serpent, s'il s'y était ajouté Mildred après un rêve fait un hiver, il s'en était ajouté beaucoup d'autres. Des œufs pondus par la femelle, onze serpenteaux furent viables et prirent place tant sur les rochers que dans les aspérités de sa cavité, occupant l'espace, rampants et sifflants. Ils étaient minuscules et très fins ; on aurait pu les confondre avec des orvets. Il se plaisait à les regarder découvrir tout objet nouveau, s'étendre au soleil ou trouver de nouvelles caches.
C'était beaucoup de vie en plus, mais pas beaucoup de bruits.
Il appréciait les serpents, pour ça.
Et s'il aurait sans doute voulu les garder (tous), leur façon de se plaire davantage à la moère que dans son chez-lui lui faisait suspecter le fait qu'ils ne reviendraient sans doute pas éternellement, lorsqu'il allait les chercher le soir lorsque s'achevait son tour des frontières. Ils quitteraient leur nid pour en fonder d'autres.
Et il s'en succéderait alors d'autres, des serpenteaux. C'est une idée qui le fait sourire, un peu.
Il l'espérait, oui.

Si la présence de jeunes reptiles ne l'incommodaient pas, il n'en était cependant de même avec les jeunes loups.
Désastre ne savait pas comment se comporter, avec eux. Il les comprenait peu, agissait mal et moins bien que beaucoup de ses semblables. Il n'était pas très bon, pour s'en occuper.
Et s'il essayait de le faire davantage avec les enfants de Tawana, avec ceux de Sakura...
Il avait jugé la seule fois où il s'en était occupé d'un si peu concluante (il n'était pas drôle, lui avait dit un jour Kiro ; hors les enfants préféraient qu'on le soit, il croit) qu'il avait préféré s'en tenir pleinement à l'écart.
Si sa croissance ne lui avait pas échappé, lors de ses multiples observations, sa psychologie, elle, lui était désormais inconnue.

Il ne sait pas pourquoi il attend là.

Aux portes du Castel, assis et tendu.
A son passage à sa proximité... Il dû lever la tête, pour le regarder. Désastre n'était pas un grand Etelkru ; pas un grand loup tout court. Il devait faire son double. Plus ? Plus.
A cette tête qu'il leva, il ajouta un bref hochement. En guise de salutation.

Rien de plus.
Il ne comptait déranger, étant plutôt du genre discret ; prêt à poursuivre ainsi sa route pour joindre la tanière des panseurs.

Il fit un pas. Un pas, avant de se stopper, quand Ottar l'interpella. Fils de Kiro... Ils étaient plusieurs, à porter le glowstick jaune. En cet instant présent, il savait cependant que c'était de lui, dont il parlait ; il n'y avait autour d'eux personne d'autre, qui portait cette couleur.
Vers lui, il tourna alors la tête.
Si son expression ne trahissait ni surprise ni curiosité, il ne pouvait empêcher les questions d'être multiples. Il était loup qu'on abordait peu, si ce n'était pour se faire soigner ; pour un mal qui tourmentait l'estomac ou la tête, pour une patte foulée ou une plaie infectée.
...
Jamais pour lui demander ça.
Apprendre comme lui.

Sa gueule s'entrouvre.
Se referme.
Il reste immobile et silencieux. Déstabilisé. Un peu.
Il doit réfléchir, à ce qu'il doit répondre.

C'est être son apprenti, qu'il lui demandait ? Il avait songé à plusieurs reprises à en prendre un, Désastre. Car il était vrai, qu'il n'était plus de la jeune génération. Qu'il était même parmi la dizaine de loups les plus âgés de la meute ; de mémoire, il devait être le cinquième plus vieux. De ce fait, il lui semblait important de transmettre tout ce qu'il avait apprit, au cours de ses recherches, de ses expériences, de ses apprentissages. Une accumulation importante de savoir qu'il aurait trouvé dommage de faire tomber dans l'oubli par son départ seul.
Si l'accupressure fut appris à plusieurs, il lui restait beaucoup d'autres choses à faire savoir.
La façon de suturer, de masser, de panser. L'étude de la kinésie, l'attention portée au cœur comme aux maux de l’esprit. La possibilité de stabiliser un blessé puis de prendre sa défense. Le transport.
Beaucoup de choses, oui.
...
Non.
Il a dit comme lui, pas de lui.
Et la pensée de Désastre se perturbe.
Demandait-il la même éducation ? Celle qu'il avait reçu, tant de Pepper pour le combat que de Tawana pour le soin.
Il ne sait plus, et il éteignit le doute d'une question :

« Mmh. Est-ce que tu veux que je t'apprenne de la même façon que j'ai apprise, comme Pepper et Tawana on fait... Ou que je t'apprenne comme j'aurais appris à un apprenti mien ? »

Dit ainsi, cela semblait similaire.
Pourtant, la différence était immense et claire, pour lui.

Il n'avait pas donné la réponse escomptée par l'enfant.
Sa réponse le troublait.
...
Et la réaction de l'enfant, elle, le troublait lui.
Désastre garda les yeux rivés sur ses faits, cherchant à analyser tant sa posture que le silence embarrassant. Il ne trouvait dans l'ensemble que peu de cohérence, et ne parvenait à comprendre pourquoi il agissait ainsi. Il lui fit un instant penser aux bambins aux mouvements aléatoires, ayant si peu de maitrise de leur corps que chaque geste relevait du hasard, et dont le coucher venait souvent par défaut
Mais lui n'en était pas un, de bambin.
Il se mouvait en ayant connaissance de ce qu'il faisait.
Etait-ce de sa faute ?
Il réfléchit aux mots prononcés et à l'impact qu'ils auraient pu avoir.

Etait-il à ce point si peu clair..?
Il rouvrit la gueule, pour fournir plus amples explications. Pour lui dire ce qui se trouvait comme entrainement, derrière les noms de Pepper et de Tawana. Pour lui dire à quoi ressemblerait, sans doute, un apprentissage donné en son nom.

Mais Ottar soudain comprend, et il n'a besoin de se faire entendre davantage.

« D'accord. »

Quelque part, il est un peu soulagé, Désastre.

« J'ai appris beaucoup de choses. Ce sera long.
Mmh.
Nous verrons d'abord les plantes médicinales et leurs usages. Ainsi que les différentes façons de soigner une plaie. C'est la plus importante des bases.
Ensuite, les différentes façons de prendre soin d'un corps blessé, avec l'accupressure et l'ostéopathie. La façon dont on peut aussi immobilisé, grâce à ces méthodes.
Enfin, certains de mes domaines d'études, comme les maux de l’esprit, le cœur, la gestation.
...
Aussi, la façon dont on met cela en application sur un champ de bataille, dans des conditions non-optimales.
...
Pour ce qui est de la défense d'un blessé, Sakura est meilleure combattante que moi, tu pourras apprendre à te battre avec elle plutôt qu'avec moi. »

Il essaye de faire court mais il veut dire beaucoup. S'il avait réfléchit à ce qu'il lui semblait pertinent de voir en premiers, puis par la suite, la pratique le conduirait à retoucher le programme énoncé.
Il devait s'adapter à l'élève.
Rester flexible.

« ...Est-ce que cela te convient ? »

Il est ouvert à la suggestion.
Si l'adolescent voulait apprendre ; le mentor, aussi, devrait s'améliorer.
Car c'est ce qu'il devenait, à partir de maintenant.
Un mentor.
C'est une sensation étrange.
Il a un peu l'impression de sortir de l'ombre.

Il n'a pas répondu à sa question. Cela le déboussole, un peu.

« Mmh..! Demain. »

C'est le temps dont il a besoin, pour réorganiser sa routine. Celle de ce jour était trop ancrée, trop bien commencée, pour qu'une modification n'engendre chez lui une source de stress, s'ajoutant à celle qu'était la responsabilité d'un apprentissage. Demain, c'était avoir un peu de répit pour mieux appréhender ce moment où il lui donnerait sa première leçon.
Et parce qu'il a besoin d'être clair, Désastre, parce qu'il se sent rassuré, si tout est bien préparé...

« Je viendrais te chercher devant le castel, au lever du soleil, pour que tu participes à mon créneau de panseur.
...
Tu me regarderas faire, pour apprendre des différentes expériences. Plus tu en verras, plus tu sauras t'adapter, plus tard. Mais il faudra que tu retiennent les questions que tu te poses.
Je- »
Il réfléchit, à s'il peut imposer tel fonctionnement. Il sait qu'il gèrera mieux la discussion et la présence du massif louvard à sa proximité, s'il le garde silencieux pendant qu'il s'appliquer à soigner, aider, réparer les loups de leur meute. Il parvenait difficilement à s'extraire de ses devoirs, Désastre. Il craignait se sentir beaucoup trop stimulé, sinon, et il ne gérait pas très bien le beaucoup.
« Je préfère qu'on les voit toutes en même temps, à la fin de ce créneau. Où ce sera ton créneau à toi, où je t'apprendrais aussi tout ce dont je viens de te parler. »

Il ouvre la gueule, quand passe dans son regard une hésitation.

« Il faut que tu sois à l'heure, tous les jours.
...
Si tu sais que tu ne pourras pas venir, il faut que tu me préviennes. »

Sinon, ce serait un imprévu. Il n'aimait pas les imprévus ; une bonne journée était une journée où chaque créneau était à sa place, où sa routine ne se trouvait pas perturbé.

« Alors...à demain. »

Si tout convenait au jeune mâle, c'est ainsi que s'achèverait leur entrevue.

*****

Il s'y était préparé, à cette matinée.
Il avait réorganisée ses créneaux, pour ajouter celui d'Ottar tout juste après celui du Panseur. Et c'est Ottar qu'il partait désormais retrouver, devant le castel.
Hier soir, il avait lu quelques ouvrages.
Sur la pédagogie, qu'il avait été cherché à la bibliothèque, dans un rapide aller-retour. De s'apporter ces nouveaux savoirs lui donnait l'illusion d'être potentiellement plus efficace pour son élève. C'était important, pour lui.
Il ne voulait pas faire d'erreurs.
Du moins, le moins possible.
C'est en lisant qu'il s'était rendu compte qu'il devrait par ailleurs faire lire quelques ouvrages à Ottar. Et, de ce fait, lui poser cette question :

« Bonjour, Ottar.
J'ai oublié de te demandé, hier, si tu savais lire..? »

Il estime qu'il va bien : ce n'est pas une question qu'il a l'habitude de poser, il préfère aller droit à ses buts.

Il apprécie la franchise du jeune loup.
Désastre n'aurait comprit le mensonge, n'en aurait été que perturbé. Qu'il ne sache pas lire n'était, pour lui, pas un problème : il avait lui-même apprit auprès de son mentor, puisque sa mère aveugle n'avait jamais été porté sur le fait de s'instruire grâce un quelconque ouvrage. Elle n'en avait été bête pour autant ; seulement, ses savoirs résidaient ailleurs.

« Je t'apprendrais, le soir. C'est important de savoir, car les soins s’apprennent autant en pratiquant qu'en lisant beaucoup. »

C'était un autre créneau à mettre en place. Plus court, et en dehors de la tanière des panseurs. D'avance, il savait que cette heure ne serait longtemps ancrée ; dès lors qu'Ottar saurait lire, il se contenterait de lui prêter les ouvrages les plus intéressants à étudier, ceux qu'il avait un jour emprunté et jamais rendu depuis, lorsqu'il ne les avait pas tout simplement trouvé.
Pour l'instant, ce n'était cependant pas le sujet.
D'un mouvement de la queue, silencieux, il incita l'enfant à le suivre, pour le guider jusqu'à la tanière des panseurs. Il lui désigna où s'installer ; là où il pourrait bien voir, sans le déranger pour autant, en se tenant un peu à l'écart des chemins où il passait le plus, pour chercher plantes, mousse et onguents divers.
Les règles mises en place avec lui lui apportaient un certain réconfort.
Il se senti un peu plus libre d'opérer comme il le faisait, sans changer ses habitudes.

Il en changeait déjà beaucoup, Désastre.
Il avait besoin de garder un peu de sa stabilité, pour se sentir bien.

Son créneau du panseur restait ainsi immuable, et il y évolua avec la même précision qu'habituellement.

Vite, Ottar remarquerait par ailleurs que c'est pour des soucis physiques, qu'on venait surtout le voir. La spécialité de Désastre résidait dans le traitement des plaies, des pattes foulées, des entorses ou des ligaments croisées, plus que dans le traitement des museaux enrhumés.
Il semblait d'ailleurs un peu mal à l'aise, avec la maladie. Il se lavait exagérément les pattes, avant et après avoir touché un loup malade plus que blessé.
Moins que lorsqu'il prodiguait massage et manipulation à un guerrier.

Il se dit qu'au moins aujourd'hui fut une chance : nombreuses furent les sutures faites.
Et à la fin de son créneau, lorsque s'entama celui d'Ottar, il lui demanda alors :

« As-tu des questions ? »

C'est la première question qu'il lui posera, à chaque leçon.

« ...Ce sont les sutures, que nous verrons surtout aujourd'hui. Tu t'entraineras sur ce lièvre, je vais te montrer comment faire, et ce à quoi il faut faire attention avant. »

Puis il lui poserait ensuite le sujet, en fonction des cas de figures abordées lors de l'observation.
Il avait chassé pour lui un lièvre, marqué d'une profonde morsure et de quelques griffures.

Il n'a pas de questions.
Ou peut-être a-t-il enchainé un peu trop rapidement, Désastre ?

Le panseur n'était pas encore habitué à donner ainsi des leçons. Seule la pratique de l'accupressure fut introduite à d'autres ; les sutures étaient une chose nouvelle. Il se corrigerait par la suite. Oui.
Il s'autorisait quelques erreurs de pédagogie ; aucune, en terme de savoirs à transmettre.
Laissant le jeune mâle prendre conscience des dégâts qu'il avait infligé au lièvre, il débuta alors ses explications d'une voix égale et monocorde. Il semblait réciter un texte, précis et impassible, ne laissant une moindre place à une quelconque forme d'émotions.
Il soignait comme il parlait : en allant à l'essentiel, sans perdre de temps dans des mots inutiles, sans s'assurer de si on le suivait ou pas.
Il considérait que l'enfant l'interromprait, au-besoin. Qu'il lui demanderait à la fin.
Ou qu'il comprendrait tout.
Il n'avait l’orgueil de se penser supérieur, et jugeait tout le monde apte à se saisir de ce qu'il avait lui-même pu assimiler au cours de nombreuses années de pratique.

« Puisqu'il est mort, tu n'as pas à te soucier de la douleur, de l'état de l'esprit ou du contrôle du saignement. C'est plus compliqué, avec un patient, on ne peut pas agir en suturant directement.
...
Il te faut du matériel propre, de l'eau, de la mousse, des plantes antiseptiques comme la lavande et le basilic. Nous les avons souvent en onguent, mélangés à du miel et d'autres feuilles. C'est ce qu'il y a de plus pratique à avoir avec soit, si tu dois bouger. »

Il montre plusieurs plaies, profondes.

« De telles profondeurs impliquent en tant normal un grand flux de sang. Pour le stopper, la compression est presque toujours efficace. »

Il montre en même temps qu'il donne les informations. Il trouve ça plus simple, pour comprendre, plutôt que de se perdre dans de longues explications qu'il retrouverait dans les livres.

« Laver la plaie permet d'avoir une meilleure vue dessus et offre un milieu moins contaminant. S'il y a des corps étrangers, l'argile verte en application peut les faire ressortir en quelques heures, sans avoir besoin d'ouvrir la plaie. C'est efficace, sur les épines et épillets.
Quand la plaie est inégale, comme ici, l'idéale est d'égaliser les bords avec une lame fine pour rendre la cicatrice plus rapide et uniforme. »

Retirant l'un des bracelets qu'il porte, il tire sur une pointe et en révèle une aiguille.

« Il y a plusieurs façons de suturer, selon la plaie. Pour celle-ci, il faut user du point simple.
Il faut percer la peau ainsi, et que le fil aille plus en profondeur qu'en superficie pour que la suture et la cicatrice soit parfaites. De façon parallèle, seule la suture le sera... Mmh.
Il faut aussi penser au fait que la cicatrice va se rétracter par rapport à la plaie, et que donc les points doivent se trouver vers l'extérieur pour ne pas être piégé au cœur de la cicatrice. Tu devras blesser pour retirer le fil, sinon. C'est une erreur.
Enfin, les nœuds doivent être placés sur le côté.
Mmh.
Ce point est celui que tu utiliseras le plus. C'est lui qu'il faut maitriser en premier, et le mieux.
Essaye. »

S'il a montré sur une griffure, il lui laisse expérimenter sur l'une des trois autres.

[ Sur dé Réussite ING :
RC - Ottar réussit parfaitement la suture simple, dès la première griffure soignée. Bravo.
RS - Ottar a besoin de s'entrainer sur deux plaies pour y parvenir. Bien.
ES - Ottar doit être un peu plus accompagné. Ce n'est pas grave.
EC - Ah. ]

Il ne s'attendait pas à ce qu'il réussisse du premier coup, Désastre.
Il ne s'attendait pas non plus à le voir suturer de manière aussi propre en aussi peu de temps.
Ottar est un jeune loup appliqué et silencieux. Consciencieux dans son travail. Respectueux de ses conseils. Il est de ceux qu'il peut comprendre avec aisance, et se veut moins déstabilisé en ce moment précis que lorsqu'il avait chassé en compagnie du louvard. Dans l'application mise à vouloir être un panseur qui sait transmettre ses savoirs, et qui cherchait encore la manière la plus adéquate de le faire, il lui permettait de mobiliser ses pensées, ses réflexions, sa concentration... sur ce fait plutôt que dans la seule compréhension de qui il pouvait être.

« Bien. »
Il se corrige.
« ...C'est bien. »

Il estime qu'il n'a pas besoin de corriger ce qu'il vient de faire. La suture est correcte, suffisante pour permettre une bonne maitrise de la blessure et voir celle-ci se résorber. L'expérience lui apporterait la pleine maîtrise de ses mouvements et un gain de rapidité ; il sait qu'il ne peut pas exiger de lui qu'il opère comme lui, car lui-même à son âge n'opérait pas ainsi.

« On peut appliquer un baume antiseptique pour protéger la plaie des bactéries, maintenant. Pour ne pas qu'elle s'infecte.
...
Une plaie infectée est chaude, suppurante, gonflée. Elle peut causer des maladies, comme de la fièvre, des vertiges, des malaises. La mort.
Ça arrive, chez des Épées qui n'ont pas voulu montrer leur blessure tout de suite. Mmh. Souvent. »

Il revient sur le baume.

« C'est un mélange d'argile verte, d'arbre à thé, de miel, de lavande et de basilic. Il faut réduire toutes les plantes en poudre et en bouillie, et y mêler l'argile avec un peu d'eau. Nous la ferons ensemble, plus tard.
...
Tu peux l'appliquer, en une couche généreuse, après avoir nettoyée la plaie à l'eau claire. Ensuite, il faut y appliquer une mousse, puis un bandage. »

Ses yeux hétérochromes détaillent les mouvements du loup, quand sa gueule est prêt à s'entrouvrir pour corriger d'une parole la quantité de baume ou de mousse, ainsi que la tenue du bandage.

« Mmh. »

Devant l'échec de la mise en place du bandage, Désastre ne fit qu'émettre ce son. Il ne corrigea pas tout de suite l'élève. Il devait le laisser faire un peu plus longtemps, il croit, puisque le louvard prit de lui-même l'initiative de retirer le bandage pour mieux le poser.
Qu'il délaisse la bande souillée au profit d'une neuve lui fit avoir un hochement de tête.

« Tu penses bien. »

Aux risques d'infections, augmentées par le fait de trop toucher la bande. Au fait qu'il vaut mieux reprendre un matériel, plutôt que de s'évertuer à utiliser les mêmes, au risque de...faire prendre un risque au patient.
Il est important qu'il le souligne.
C'est pour ça qu'il le lui dit, oui.
Devant la nouvelle tentative de pose, Désastre vint cependant davantage l'épauler, s'emparer de ses pattes de la bande pour lui faire mieux effectuer les gestes.
Le premier.
Pour le laisser poursuivre ensuite.

« Maintient le bandage avec cette patte, puis relâche une fois un tour fait. »

Lorsqu'il était bloqué, et qu'il ne risquait pas d'être trop lâche ou de se défaire.
Et quand tous les tours fut fait, c'est la façon dont on coinçait l'autre bande, qui fut réajusté. Pour conclure simplement :

« Des questions ? »

Puisque le louvard n'avait pas de questions...

« A demain. »
Même heure. Son créneau.

Désastre n'insista pas plus, efficace dans ses mots.
Il rangea le matériel, il lui montrerait une autre fois la façon dont on le nettoyait pour une fois prochaine. Et reprit le cours normal de sa journée toute tracée.