Une fleur · Ted

-Ted-

Le grand solitaire sourit : plusieurs bougies allaient bien, aussi. Il les allume à l'aide de deux silex et d'un peu de patience, et les place soigneusement autour d'eux, à la périphérie du cercle de pierre. Ainsi, on aurait presque dit qu'ils se préparaient pour un rituel de magie : peut-être que ç'en était un. De mémoire, la fête célébrait les récoltes, l'abondance, la joie de l'été. On était bien loin des rituels glauques trouvés dans la bibliothèque pour ramener les cadavres à la vie. Ted prend place à côté du loup beige, et observe, le museau baissé. Les pattes sont agiles, expertes, et l'ouvre prend forme petit à petit entre les doigt de son ami.

Il s'y essaye, le grand Ted. Il prend quelques brins de paille, comme Lùgh, et se met à les plier. Les discipliner n'est pas chose facile, mais certaines parties lui rapellent le tressage de corde qu'il avait fait avec papa, lorsqu'ils avaient aménagé le refuge. La tâche est lente, et il se rend compte qu'il aime bien manier ainsi l'osier, un peu comme recopier un épais ouvrage. Chaque étape est importante, et il s'y applique, plus par envie que pour vraiment impressionner. Et puis, c'est terminé : il pose le sien à côté de celui de Lùgh, mais il n'a pas fière allure. Cela dit, il ressemble quand même (un peu) à un loup : il en est fier, pour une première fois.


Il souffle, amusé. Il tenait à peine debout ! Mais ça irait. Ce n'était pas la beauté qui comptait mais ... L'acte. Il se place dans le cercle aux côtés de Lùgh, et écoute les instructions. Ça avait l'air rigolo, mais à quel vitesse il fallait le faire ? Il suivrait Lùgh, comme ça il ne se tromperait pas. Il pose son loup-de-paille et hoche la tête, un léger sourire excité venant flotter sur ses babines. Il était prêt.

-Ted-

Le grand loup se laisse faire, à la manière d'un enfant qui doit apprendre quelque chose pour la première fois. Il prend les graines, et se prépare à répéter les mots du beige. La ... prière ? Commence, et il répète après Lùgh avec application. Il parle de récoltes et d'abondance, de sacrifice et de résurrection, en un texte typiquement religieux qui pourtant résonne étrangement bien avec l'expérience du loup beige. C'est peut-être pour ça qu'il a été nommé ainsi, Lùgh, car sa mère adoptive avait voulu le placer sous la protection du Dieu de la renaissance. Comme lui s'appelait Ted, car sa sœur avait voulu honorer son père, et lui porter chance. Enfin, c'est ce qu'il supposait.

Puis, il joint ses pattes comme Lùgh le fait pour disperser les graines, avant de se saisir du fruit tendu. C'était l'heure de le mordre ... Il l'approche de sa gueule et le croque, laissant les saveurs exploser dans sa gueule. Un sourire fleuri sur ses babines, et du jus coule un peu le long de son cou. C'était rigolo, comme tradition. Mais les mots étaient puissants, même si Ted était plutôt du genre rationnel. Il reprend la prière d'une voix un peu mouillée et termine son fruit, se léchant les babines. Il était concentré sur sa nourriture, et le contact le fait relever les yeux de surprise.

La voix est douce, les inflexions rieuses. Il lui rend le contact, doux, et ne peux empêcher son cœur de bondir dans sa poitrine. Le gout du fruit dans sa gueule, l'odeur des bougies et de Lùgh, tout ça participait à l'expérience et lui donnait une impression étrange, comme lorsqu'il entre dans la Bibliothèque, celle d'une présence supérieure à eux, mortels.

-Ted-

Le grand loup se laisse toucher, le regard doux posé sur les cheveux bouclés de Lùgh. Il avait toujours un peu de mal à croire ce qui se passait, ce qui s'était passé, entre eux, et combien le contact lui était agréable au lieu d'être gênant. Il avait aussi du mal à réaliser la joie de Lùgh, dans ses gestes, dans sa voix, dans tout son langage corporel. Il vivait si fort. Alors, Ted lui rend le contact, plus doux, pour apprendre à célébrer comme on le faisait chez eux. Et puis, il se laisse entraîner pour la suite des célébrations, vers le repas !

Il sourit et se place devant leur buffet modeste de crudités, qu'il n'imaginait pas finir ainsi, après un rituel. S'il avait su alors peut-être qu'il se serait appliqué à prendre plus, plus coloré et plus goûtu. Mais en baissant les yeux et croisant le regard de Lùgh, il se disait que finalement, la quantité n'était pas très importante tant qu'ils étaient là, eux. Des amis, des ... Quoi, d'ailleurs ? Dire ami était étrange, maintenant. Il était presque sûr que les amis n'étaient pas comme ça, mais ils n'étaient pas non plus comme papa et maman. Alors, quoi ?


Il s'asseoit et choisit de chasser cette question là pour plutôt profiter simplement du moment avec le loup beige. Demain, après son épreuve, ils en parleraient, peut-être. Ou peut-être pas. Peut-être que pour une fois dans sa vie, Ted avait envie de se laisser aller sans réfléchir, sans chercher à anxieusement décortiquer ce qui se passait. Oui, c'était pas mal ça. Il croque dans un morceau de carotte et sourit. C'était bon, et sucré. La gueule pleine, il enchaîne :


Il sourit. Il aimait beaucoup cette idée là. Et manger, aussi. Plus il y avait de fête, plus on mangeait. Il fallait y penser !

-Ted-

L'idée balancée un peu en l'air de Ted a l'air de faire plaisir à Lùgh, qui voit son regard s'éclairer. Le grand solitaire sourit, heureux de voir son ami si content, mais se demande un instant pourquoi cela semble l'affecter autant. Peut-être que c'est parce que c'était lui qui proposait ? Ou bien le beige aimait vraiment l'idée ? En tout cas, lui l'aimait bien. Il baisse les yeux vers la nourriture et rougis doucement, avant de reprendre un morceau de nourriture. La chaleur dans sa poitrine pulsait doucement, au rythme de son coeur, surtout quand il pense à toutes les fêtes futures qu'ils pourront célébrer tous les deux, avec sa famille.

Et puis soudain, il sent le loup beige venir de nouveau à son contact, le surprenant. Il sourit, et vient l'enlacer doucement, le coeur battant la chamade dans sa poitrine. Son odeur l'envahit tout en entier, et cela l'empêche de penser. Il pose son museau dans ses poils, encore hésitant quand à comment gérer les contacts. Est-ce qu'il serrer trop, ou bien pas assez ? Il ne veux pas lui faire mal, mais en même temps ... Il a envie de le sentir contre lui, de sentir sa chaleur. Est-ce que c'était ce qu'il voulait aussi ? Il hésite, alors il reste un peu comme ça, sans rien initier de plus, jusqu'à ce que Lùgh chuchote quelque chose qu'il entend étonnemment bien, dans son oreille :


Encore un mot de chez lui ? Ca sonnait bien. Son regard est curieux, doux, et il s'écarte un peu pour pencher la tête et effleurer de la truffe celle de Lùgh, espérant qu'il lui en donne la signification.

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La question, visiblement, touche un point sensible. Ted rougit de concert avec Lùgh, sans pour autant essayer de se cacher. Qu'est-ce qu'il avait bien pu dire, qui le faisait autant rougir ? Ted ferme légèrement les yeux, serrant doucement ses pattes autour du beige. Il saurait demain. Arès son épreuve, sûrement. Il avait hâte.


Il rouvre les yeux et se rapproche de la nourriture, et reprend un morceau de courgette crue. Autour d'eux, les bougies doucement se consument, répandant leur odeur dans l'air. Les yeux de Ted alternent entre elles, et les yeux clairs de Lùgh, et il avale sa bouchée avant de demander :

-Ted-

Le grand solitaire continue tranquillement son repas, qui craque sous ses dents. A côté, la présence de Lùgh lui fait toujours un peu .... "bizarre", comme s'il la sentait avec plus d'intensité, mais au lieu de le gêner, elle l'attirait. C'était étrange. Il y avait une foule de sensations nouvelles qui s'étaient débloquées ce matin, et Ted avait besoin d'un peu de temps pour s'y habituer, il pensait. Retrouver un peu de normalité lui faisait du bien. L'idée soulevée par Lùgh l'anime d'un sourire : il l'avait demandé, c'est vrai ! Il hoche la tête, enthousiaste.

Il rougit en souriant. Il n'était pas très bon, moins qu'en dessin ou en poèmes. Mais il essayait, c'était le principal. Il avait du mal à comprendre l'instrument, à vrai dire, comme si ce dernier était mal adapté à sa patte. Peut-être que c'était à cause de sa provenance : il n'avait jamais compris pourquoi il s'était éveillé avec, mais en avait déduit que cela avait un rapport avec l'étrange rêve qu'il avait fait. Il s'éclaircit la gorge. Il ne voulait pas trop y penser. A la place, il réfléchit à une activité à faire, après. Dessiner ? Faire son herbier ? C'était ce qu'il ferait, s'il était seul, mais ce n'était pas dit que Lùgh apprécie.

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Le grand solitaire souffle du museau, amusé face à l'enthousiasme de Lùgh. Ce dernier allait probablement déchanter en entendant les compétences de Ted avec son instrument à corde, quoi que ... Il serait capable de lui mentir pour lui faire plaisir, il était sûr. Sûr ? Il n'était pas sûr, en fait. Lùgh mentait rarement, enfin il lui semblait. Il hoche la tête : il voulait bien essayer, dans tous les cas. Il pourrait tenter quelques accords faciles et sonores, ceux qu'il avait appris dès le début, ceux qui pouvaient tourner en boucle comme une roue de charrette pendant plusieurs minutes sans que l'on ne s'en lasse. Et par dessus, la flûte viendrait vibrer en solo, s'appuyant sur son harmonie pour rayonner encore plus.

Il en avait envie, en fait.

Il part dans sa tanière pour en sortir l'étui de noyer, et revient près de leur cercle incantatoire. Il attend le loup beige, qui s'était rendu dans sa propre tanière, et en profite pour commencer à accorder le luth. Il ouvre avec délicatesse la boite d'un rouge sombre et écarte les tissus renfermant l'instrument délicat. Son bois est gravé d'or, formant des volutes rappelant parfois des cœurs, et sa tête est taillée avec finesse. L'instrument était beau, bien trop pour la musique médiocre que les doigts de Ted arrivaient tout juste à produire. La différence des deux l'empêchait souvent d'avoir confiance en ses gestes, et de s'entraîner assez pour progresser : c'était un drôle de cercle vicieux.

Le corps bombé coincé au creux des côtes, il sonne les premières notes alors que Lùgh revient. Il lui sourit, rougit légèrement lorsqu'il réalise qu'il n'a jamais joué devant personne. C'était une première. Mais d'abord, il accorde l'instrument : chaque note est écoutée seule, puis avec sa consoeur. Deux par deux, il cherche l'harmonie douce et équilibrée qui signale le bon accord. En dernier, c'est la chanterelle qui vient sonner, qu'il accord aujourd'hui en sol, le plus classique. Il a appris dans les livres que différentes manière d'accorder existaient, mais s'était fixée sur une. Et encore, il n'avait pas l'oreille absolue : tout était relatif, et peut-être son sol était un la, ou un fa. Il n'avait aucun moyen de vérifier, à part en se rendant chez les nakhus chercher un autre musicien possédant ce don.


Il repose avec soin le luth encore vibrant dans son étui et se tourne vers le loup beige, qui termine son repas avec tranquillité. Il était curieux de la place de la musique chez l'ancien groupe de Lùgh, autant que de tout ce qui touchait le beige à dire vrai. Il vient s'assoir près de lui, et grapille encore la fin des légumes pour terminer leur repas honorifique.

-Ted-

Le grand solitaire regarde avec intérêt la flûte de bois : elle était plus longue que ce qu'il s'imaginait. Il savait grosso modo comment se jouaient les flûtes, il s'y était intérressé lorsqu'il avait reçu son luth, mais ne connaissait que très peu les différences entre toutes. Il hoche la tête à la réponse de Lùgh, avant de prendre place face à lui. C'était une bonne occasion, alors, de jouer de la musique pour allonger un peu les festivités du Lugnasad et leur apporter un peu plus d'abondance. Si le Dieu existait, alors peut-être les entendrait-ils malgré la distance et leur porterait-ils chance pour braver la malédiction et retrouver Agathe. Ted l'espérait.

La musque s'élève, joyeuse et chaude comme l'été. Le solitaire écoute, battant le tempo d'un bout de sa longue queue. Le son de la flûte était rond et plus grave que ce qu'il s'imaginait, et les jeux de pattes de Lùgh la faisait vibrer en un rythme particulier et intéressant. Il avait presque envie de danser, Ted, mais il savait que cela le ridiculiserait. Alors il se contente d'écouter, de fermer un peu les yeux pour se laisser emporter par la musique et l'odeur des herbes séchées et des bougies. Et lorsque ce fut (déjà) terminé, il rouvre les yeux et sourit :


Il était impressionné. Cela le fit rougir, un peu, car il savait qu'à présent c'était son tour, et qu'il maniait moins bien son instrument, enfin il le pensait. Il croise le regard du loup beige et cela le détend un peu. Il ne le jugerait sûrement pas trop, lui. Il se sent quand même obligé de rajouter, d'une voix un peu plus basse :


Il sourit, un peu gêné, se frotte les cheveux avant de s'avancer vers son luth. Soudain, il a les coussinets moites et glissants, ce qui ne l'aide pas vraiment à se concentrer. Il ferme les yeux, souffle un coup avant de s'accrocher à la partition qu'il connait par coeur. Une petite danse, avec quelques mouvements difficiles mais répétés encore et encore. Il expire, et se lance.


Les notes courent sur la touche, et il se concentre pour garder le rythme. Une note fausse, puis une autre, et encore quelques uns parsèment sa partition, mais il reste concentré sur son but, donnant à sa musique un petit air dansant. Il pense bien y arriver, mais il est tendu, et la moiteur de ses doigts lui fait rater quelques démanchés. Heureusement, l'air est répétitif, et il prend confiance, jusqu'à donner un final plutôt correct et un accord de fin qui s'envole vers le ciel. Il sourit, rougit encore avant de baisser ce pauvre luth, qui n'avait de toute évidence pas mérité ça.

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Le loup beige est encourageant, comme Ted aurait pu le deviner, mais ses paroles lui font chaud au ventre quand même. Il lui parle d'un autre instrument que sa culture trop restreinte ne connait pas, mais il se promet de regarder la prochaine fois qu'il passera à la bibliothèque. Et puis, Lùgh propose un duo : Ted devra rejouer son premier air, et lui improvisera dessus. Le grand loup cendré hoche la tête et se reconcentre. Il pose ses doigts sur la touche, pressant les doubles cordes du luth et lève les yeux pour croiser le regard du loup beige : il fallait se mettre d'accord sur le départ. Il inspire, fait un signe de tête, et-

La musique s'élève dans le refuge, belle et entraînante. Les deux instruments se lient parfaitement bien, malgré les erreurs occasionnelles des joueurs, et l'énergie qui s'en dégage rend la musique plus facile. Ted ne peut s'empêcher de sourire, alors que ses doigts bougent plus librement sur la touche de bois foncé, et que le rythme lui donne envie de danser. Il s'imagine un instant jouer le morceau pour le refuge, lors d'une fête, se joignant aux chants et aux danses des autres, et la pensée lui plait tant qu'il en rate son accord. C'était une belle image.

La fin vient trop rapidemment, même si elle est plus belle encore que celles qu'ils avaient joué séparément. Le dernier accord se pose, et Ted relève les yeux pour regarder Lùgh. Il se rend compte qu'il n'avait pas vraiment envie que ça s'arrête, même si le temps passait et que le soleil déclinerait bientôt. Il n'avait pas envie que la nuit vienne les séparer et les forcer à dormir, il n'avait pas envie de retrouver demain et toutes ses inquiétudes, ses épreuves et ses doutes. Il aurait aimé que le temps s'arrête pour pouvoir profiter. Il soupire, et repose ses pattes un peu endolories.


Il sourit, sans regarder le beige, concentré sur une de ses cordes qui s'émaillait un petit peu. Il ne savait pas composer, mais enchainer quelques accords dansants sur un thème devait pouvoir se faire.

-Ted-

Le solitaire sourit, et hoche la tête : il avait hâte de prévoir la prochaine fête du refuge. Un comble pour lui qui était plutôt un ermite ! Mais il n'avait jamais vraiment été solitaire par choix, il le sait. Il appréciait sa solitude, mais n'aimait pas se retrouver ... Tout seul. C'était bien souvent son corps qui l'obligeait à limiter ses interactions avec les autres, l'empêchant de s'exprimer, le faisant fuir au moindre danger. Il sait que le loup beige comblera ses lacunes, et alors, le projet d'une réunion au sein du Refuge est bien plus accessible.

Le grand loup cendré range avec soin son instrument, et accueille le contact avec surprise -mais plaisir, aussi. Il croise le regard pâle de Lùgh, et sourit, sentant cette chaleur qu'il commençait à connaître se répandre dans son ventre, dans sa poitrine.


Il sourit, hésite un instant avant d'avancer sa truffe jusqu'à toucher son museau, brièvement. Le soir allait arriver vite, maintenant : ils devaient commencer le feu pour le thé. Il s'écarte un peu et se frotte la tête :

[On peut faire une ellipse jusqu'au soir ?]

-Ted-

Pour ce soir là, Ted avait sélectionné le thé avec un peu plus de soin. Des pétales de fleur séchés, un thé vert avec de la verveine et évidemment, du miel, de quoi passer une bonne nuit. Le feu est allumé, l'eau chauffe et bientôt commence ce qui s'apparente à une sorte de rituel pour le brun. Ajouter le thé, touiller l'eau encore frémissante, laisser reposer puis verser en filtrant à l'aide d'un tissus propre, les gestes du cendré sont lents, appliqués, sûrs. Ils les a répétés 100 fois, plus que son morceau au luth, et bien vite, les deux bols sont prêts. Il ajoute une cuillère de miel dans chaque et s'extrait lentement de l'état presque second où il se trouvait.

Lùgh, fidèle à sa promesse, se propose de chanter. Ted sourit, calme et un peu fatigué, et hoche la tête. Il s'installe et ferme les yeux, attendant que le thé refroidisse, pour écouter le chant qui s'élève en même temps que la fumée de leurs braises. C'était beau. Poignant, même. Ted sent son coeur se serrer un peu dans sa poitrine, mais ce n'était pas négatif. Et quand la musique se termine, il ne répond pas tout de suite. En fait, il n'a pas envie de briser le silence, ce silence qui lui va bien, qui est confortable seul et pour la première fois à deux.

Il avance un peu la tête et vient effleurer du museau l'encolure de Lùgh. Il ferme les yeux, respire un peu son odeur, se demande brièvement quand est-ce qu'il était devenu aussi tactile. Et puis, parce qu'il ne peut pas laisser le silence s'étirer trop longtemps, il le brise d'une voix douce :

-Ted-

Le loup beige lui rend le contact, qui devient presque naturel, maintenant. Ted frémit toujours un peu, mais il commence à s'habituer, à s'y abandonner, à baisser sa garde qui est plus habituelle que réellement méfiante. Il réalise aussi, avec cette constatation, que c'est de la confiance qui s'est installée avec lui. Il ne le connait pas encore assez pour s'abandonner complètement, c'est certain, et n'est même pas sûr d'un jour y arriver avec quelqu'un d'autre que papa. Mais ... Il y a cette confiance qui est là, avec un peu d'espoir aussi. Il laisse son corps se reculer, plus lentement, constatant avec amusement les sensations et les envies qui lui courent dans le corps.

Le sujet revient au thé, le ramène un peu dans la réalité de ce soir qui tombe, doucement. Il cille, avant de se saisir de sa tasse et de la sentir. Il sourit avant de répondre :
Parce qu'il savait que Lùgh aimait ça. Il sourit, les yeux baissés sur le liquide chaud.


Il avait commencé à en stocker pour son départ dans le Nord, mais la tentation était trop forte et ses stocks n'étaient pas uassi avancés qu'il le voulait. Ce n'était pas très grave, enfin il espérait. Il boit un peu de son thé, laissant le silence les envelopper dans un calme bienveillant. Il avait toujours aimé ça, Ted, le silence, celui de quand il était seul. Il relève les yeux, un éclat curieux dans le regard :


Il sourit, engageant. Lui n'en avait pas pris, mais il avait encore quelques tomes à terminer dans son antre. S'il n'avait pas autant voulu être un bon hôte pour le loup beige, il se serait sûrement installé ici pour lire.

-Ted-

Les yeux de Ted se plissent. Acide, peut-être, ce n'était pas le mot qu'il aurait utilisé avec le miel. Mais les violettes l'étaient un peu, acides. Il se surprend à rêvasser un peu de se changer en fabriquant de thé, à son retour au refuge. Écrivain aussi, bien sûr. Poète peut-être. Il l'enviait, cette vie douce rêvée, sans morts et disparition, mais aussi .. Sans aventures. Est-ce que cela valait le coup, alors ? Il y réfléchit, un peu, alors que la discussion dérive sur un autre sujet de passion : les livres.

Lùgh n'avait pas ramené de livres, alors, de peur de les mouiller. Ted comprenait, lui les ramenait au compte goutte, mais la traversée les jours de beau temps n'était pas trop dangereuse pour les ouvrages. Enfin, pas pour les plus petits, qu'il choisissait le plus souvent. Le reste de ses livres étaient des parties recopiées pour lui. A la question, il penche la tête et sourit. Lùgh voulait-il lire ? Il sent une petite étincelle d'excitation à l'idée de partager ses dernières lectures, surtout avec le loup beige. Plutôt solitaire, Ted avait peu l'occasion de parler de ses fictions. Il se lève, et d'un signe de tête invite le beige dans son antre, presque sans gêne : il y avait dormi plusieurs fois. Il s'en va fouiller dans sa bibliothèque du côté des fictions, et en sort quelques petits ouvrages :


Il est un peu gêné, ce n'est pas une lecture qu'il fait d'habitude, mais qui sait, peut-être que Lùgh aimait ? Après ce qu'ils s'étaient dit .. Il ne voulait pas que le beige voit d'où il tirait ses inspirations.