Une fleur · Ted

-Ted-

Le beige semble hésiter, et Ted attend, patient. C'était important de choisir le bon livre, celui avec qui on allait être coincé pendant des heures, presque autant que de choisir le bon thé pour aller avec le rare miel qu'il restait en hiver. Finalement, Lùgh choisit celui de fantasy -très bon choix- et Ted le prend avec délicatesse pour le tendre aux bouclettes frisées du solitaire. Il range les deux autres dans un coin, avant de dresser ses oreilles. Combien de fois ? Son regard tombe sur le livre de romance.


Il termine de ranger avant de prendre Les géants de pierre dans ses deux pattes, un air nostalgique sur le visage. Il était de ceux qui préféraient la fantasy, lui, Lùgh le savait. Et comme il n'avait pas pu aller à la Bibliothèque pendant longtemps, il avait été si heureux de retrouver ses livres ! C'était à ce moment-là qu'il avait découvert celui-là.


Il rit doucement, et pense à Mido. Peut-être que c'était lui qui décidait de l'écriture de nouveaux livres, mais il n'avait pas l'air d'être très fiction.

-Ted-

Le regard amusé de Ted détaille Lùgh en lui tendant le livre. Lui aussi espérait que la suite viendrait bientôt, même si avec son voyage dans le Nord, il ne savait pas quand il pourrait revenir. Probablement qu'en rentrant, il la trouverait là, du moins il l'espérait. Il avait préparé son sac, depuis plusieurs mois, continuant à l'améliorer et le garnir de plus de vivres, mais il n'y avait pas la place pour les livres malheureusement. Il pouvait prendre du papier vierge pour ses notes, mais devrait probablement l'économiser. Les livres par contre étaient trop lourds : il préférait prendre de quoi survivre. Il répond, amusé :


C'était sûr, même. Il regarde le beige feuilleter le livre, qui était quand même un peu épais pour un retour à la lecture, mais c'était souvent comme ça avec la fantasy. Lui aimait beaucoup, surtout les descriptions et la construction des univers. Il espérait un jour arriver à produire un ouvrage aussi bon que celui-ci. Il penche la tête pour regarder les pages, se souvenant de l'histoire, des personnages, avant de relever les oreilles à la question :


Il se frotte la tête en lui souriant, un peu désolé. Il lisait beaucoup de genre différents, et serait sûrement capable de choisir un livre préféré par genres, mais il était difficile d'en trouver un qui était vraiment au dessus de tous. Il aimait beaucoup les herbiers, par exemple, ainsi que les livres de plantes et les planches de médecine. Mais comment les comparer aux livres de fantasy ? Peut-être que c'était ça, la question.

Mon préféré en fantasy ça doit être le cycle des Rois, c'est une trilogie.... Je les ai trouvés fascinants. Je pourrais te les montrer, quand on reviendra à la bibliothèque.

Il lui sourit. Le cycle des Rois était un groupe de livres très bien faits, qu'il avait beaucoup apprécié, et accessoirement les premiers livres de fiction qui lui avaient donné envie d'écrire. Il les aimait beaucoup, et il leur donnait pour ça une place spéciale dans son coeur.

-Ted-

Le pelage de Ted se gonfle un peu alors qu'une sensation chaude se répand dans son corps, et qu'il réalise à quel point il aime ça, partager ce qu'il aimait. Il hoche la tête, lentement, regardant le loup beige avec une affection non cachée. Il était si chanceux, d'avoir quelqu'un qui s'intérressait à ce qu'il aimait. Il avait hâte de lui montrer ses livres préférés, et de découvrir lesquels Lùgh aimaient aussi. Bon, s'il n'aimait pas trop la lecture, il ne lui en voudrait pas, mais il était prêt à essayer, et ça ... Ca lui faisait bizarre. Ça lui faisait du bien. C'était la première fois, Ted croit.

Dans sa tanière maintenant, il pousse un peu sa couche pour aller s'assoir face à Lùgh. Il avait lui aussi de quoi lire, et peut-être qu'avec la nuit qui s'en venait, ils seraient mieux à l'abris. Ted ne savait toujours pas où dormait le beige, peut-être qu'il devrait lui demander, et peut-être qu'il voudrait y retourner aussi, à un moment. Mais la proposition de Lùgh de lui raconter des légendes éveille sa curiosité, et il redresse les oreilles :


Il cille, avant d'expliquer :


Il avait eu si peu l'occasion d'entendre ces histoires de première patte qu'il sautait sur l'occasion à chaque fois.

-Ted-

Ted s'installe confortablement sur sa couche, relève une couverture pour se la poser sur le corps et en proposer une à Lùgh. Puis, il se couche et écoute, tout simplement. Le conte se déroule sous ses yeux, il le verrait presque : la forêt touffue, de celle que lui avait expliqué le loup beige, et les deux loups bossus, déjà une vision digne de contes de fée. Et puis, les êtres de la forêt, les korrigans -il avait déjà entendu Lùgh dire ce mot, il en était certain- et la morale qui se dévoile, lentement mais sûrement, comme dans la plupart de ces textes ancestraux. Et puis, lorsqu'il termine, Ted attend encore un peu pour s'en impregner avant de répondre :


Il lève les yeux sur le plafond de sa tanière. Les contes l'avait souvent fasciné, un peu moins que les récits de voyage mais quand même.


Il rougit légèrement. Les livres le fascinait.

-Ted-

Ted écoute le loup beige avec attention, malgré la fatigue qui doucement venait tomber sur ses épaules. Il acquiesce : c'est vrai que la morale était forte, et il comprenait l'utilité d'éduquer les enfants à ne pas être envieux. Même les adultes, d'ailleurs, c'était une leçon importante. Il étouffe un bâillement, se sentant soudain presque épuisé. Le thé, la nourriture et surtout -surtout- toutes les émotions par lesquelles il était passé l'avait mis à terre, et maintenant qu'il se retrouvait sous sa couverture, il avait envie de se coucher.

Mais demain ... Demain était le grand jour. Il relève les yeux vers le beige, espérant que son bâillement à demi étouffé ne l'avais pas heurté. La conversation l'intéressait, et surtout, il n'avait pas envie que cette soirée se termine. Car demain, quoi qu'il arrive, allait changer beaucoup de choses, il le sentait. La question le fait ciller, puis réfléchir. La meilleure morale ?


C'était vrai. Il n'en avait pas lu énormément, et surtout pas retenu beaucoup. C'était toute la beauté des morales : même sans s'en souvenir, elle nous imprégnait au plus profond de nous et nous aidait à y voir clair dans nos choix. Il ne relance pas la conversation, se rendant compte que la soirée était avancée, et que Lùgh n'avait pas dit vouloir rentrer chez lui. Voulait-il rester ici ? Ted avait la place mais ... Oh, et puis zut, il devait arrêter de se voiler la face, il aimerait bien que le beige reste, juste cette nuit là. Il rosit légèrement, baissant le regard. Il n'osait même pas imaginer ... Lui demander. Et surtout, ne voulait pas que Lùgh se fasse des idées sur ses intentions.

-Ted-

Lentement, la conversation se meurt. Le froufroutement des tissus le fait relever les yeux du sol où Ted était encore absorbé, trop préoccupé par ses émotions conflictuelles pour profiter du moment présent. Lùgh s'était levé, et doucement se rapprochait, avant de s'installer tout naturellement près de lui. Ted se tend légèrement, sentant le contact du mâle contre lui, chaud. Mais finalement, le bien-être vient détendre ses épaules de nouveau, et il reste là un instant, absorbé par la vision du corps sous la couverture, qui se soulevait et se baissait au rythme d'une respiration ralentissant.

Il n'y avait pas vraiment de question à poser. Pas de mots à dire, pas de paroles à chercher et à expulser douloureusement de son œsophage si peu coopératif. Juste ... Un silence confortable, une chaleur agréable et un sommeil qui vient doucement se poser sur ses paupières. Sans rien dire, Ted pose sa tête sur ses pattes, enveloppé dans sa propre couverture et ferme les yeux. Sur ses babines, le sourire refuse de partir.