Douce nuit - Miraj

Nous nous souvenons...
Dans notre ventre ces mouvements,
La présence de l'enfant.
De cette petite vie que nous sentions grandir,
Lascive existence qui se complaisait dans nos entrailles.


Le manque parfois lui revient, lorsque ses pattes parcourent le maigre ventre qui ne sait plus se faire sentir vivant. Elle rêvait de porter une fois la vie, et de vie elle veut désormais toujours avoir en elle.
Ô combien elle pouvait aimer sa fille, elle ne lui paraissait soudain plus suffisante pour assouvir l'envie que porta une part d'âme et qu'entretenue tant d'années l'autre.

Pour s'apaiser, elle joue un peu de violon et fait danser quelques crabes.
Le soleil se couche sur leur royaume, à peine visible dans l'orage qui n'avait eu de cesse d'exister depuis toutes ces années.
Elle ne cesse que lorsqu'elle se lasse, qu'elle pose l'archer et qu'elle parle au ciel et aux éclairs.

« Je vous souhaite une belle nuit, mon Oncle. »

Elle tourne sur le sable de son Royaume, mouvement de grâce et de chaos pour s'incliner en une oblique révérence.
Puis s'en retourne vers Mari et Fille, trouver entre eux sa place de Reine et de Mère.
Elle pose patte en ce palais nouvellement dressé, s'amuse toujours autant d'inviter son sang noir dans un temple créé par le pouvoir d'une divine.

Nous en rions,
C'est toujours aussi drôle !


Sa fille est absente, sans doute remise aux pattes ds quelques serviteurs.
Son Roi, lui, est là, et elle s'empare du nectar qu'il lui remet pour y tremper son museau en relevant vers lui ses yeux doux.

« Moi Roi ! »

Elle trinque après sa gorgée, alors qu'elle vint se lover contre lui, affectueuse. Tactile.
Sulfureuse.

« J'ai envie de passer une excellente soirée. »

Et l’allumette, elle l'est.
Petite flamme qui le consume, lui, dont elle est petite femme.
Elle se languit de son contact comme de sa présence, de la volupté d'un poil aussi soyeux de le sien.
Nous n'aurons plus le ventre vide,
Du moins l'espoir de le remplir,
D'une autre petite vie,
Pour accompagner notre fille chérie.

C'est une excellente soirée qu'elle s'est promit de passer et la voilà obtenue.
Collé à lui dans leur couche, elle pose sa tête sur son encolure et lui glisse un langoureux regard.

« Mes sentiments sont réciproques, égal à ta grandeur, mon Roi. »

Et la voilà qui roule sur le dos, sans quitter contact de son Roi. Elle a un rire clair, et quelques mots supplémentaires :

« Je t'aime. »

Ils lui laissent délicieux sourire, alors que sa tête vint se frotter contre la sienne. Elle n'est que démonstration d'affection, pleine de contacts à lui offrir et à attendre en retour. C'est tous ses touchers en éveil, un sens en frustration lorsqu'elle vécut morte et qui lui était tant éveillé depuis sa renaissance.
Pour soudain s'arrêter !
Se laisser tomber.
Et regarder la mer et la nuit arriver.

« Quelle somptueuse demeure nous auras-tu fais ce soir..! »

Elle en a les yeux brillants d'admiration.