Mauvaise augure [PV Iberis]

Il n’y a pas besoin d’étudier ses sentiments, pour savoir que son frère ne va pas bien.
D’eux tous, il est celui qui fut le plus proche de leur défunte mère : L’enfant chéri, celui qui rend fier et que l’on imaginerait pas, un instant, abandonner au delà des frontières.
Iberis ne lui en veut plus, et ce depuis bien longtemps, d’être le fils prodige lorsqu’il n’est que le cancre que l’on n’assume plus.

Leur mère est partie, laissant Iris avec sa tristesse.
Son épaule frôle celle du loup marbré.

- Mes sincères condoléances, Iris.

Lui, ne ressent rien. Ou plutôt, ne sait pas ce qu’il ressent exactement.
C’est un vide immense qui se déploie dans son âme sans qu’il n’appelle les larmes ou les cris. Il se contente d’une expression figée, d’un regard las.

Il pause une patte qui se veut réconfortante dans le dos de son frère, et hoche la tête.

- J’y serai, oui.
Ne t’en fais pas, pour Nirvana, je lui ai déjà parlé. C’est vrai qu’elle ne va pas bien, en ce moment. J’ai d’ailleurs également un service à te demander à son sujet.
Je souhaite prendre sa place, face au dragon afin qu’elle puisse se reposer. J’obéirai aux ordres, comme un mercenaire, le temps de cette mission.

Iris est désormais Alpha et ceci lui facilite la tâche.
Reste, cependant, une autre problématique : Sa soeur souhaite elle même participer au combat, et ne veut pas l’y voir… Et ne s’entend, visiblement, toujours pas mieux avec leur adelphe.
Il lance un regard plein d’espoir au loup gris.

- Il faudrait également l’en éloigner, de ce dragon. Elle est têtue, notre soeur.

Il l’aime, pourtant, tellement.

La réponse d’Iris le déçoit mais ne le surprend pas vraiment.
A vrai dire, il l’a même déjà anticipée et s’empresse de dévoiler le reste de son argumentaire.

- Je n’ai pas parlé de l’exclure totalement du combat mais, peut-être, de la mettre davantage en retrait. Elle est une louve intelligent et y trouvera sûrement autant sa place qu’au front.
Par ailleurs, ne crains tu pas que sa grande fatigue ne lui porte préjudice, à elle, mais aussi à ceux qui l’entourent, si elle se trouve en avant ? Je sais, qu’elle est forte, mais avec la fatigue…

Il cherche, encore, un moyen d’aider sa soeur, et ce même si elle ne souhaite pas de cette aide.
Aussi, l’idée d’affronter un dragon le terrifie : Il n’a pas le courage de sa fratrie, prête à lancer l’assaut malgré les risques et son expression assurée n’est qu’une façade… Mais le loup sombre sait, que sa place est auprès d’eux.

- Ou alors, nous pourrions solliciter l’aide de Dairo.

La réaction et la réponse de son frère lui ramène immédiatement, et brusquement, les pattes sur terres.
Iberis réalise alors à quel point il peut être sensible à la fatigue de Nirvana, mais aveugle à la souffrance d’Iris. C’est pourtant lui, qui de leur mère était le plus proche, et lui aussi qui doit prendre sa place.

Et lui, Iberis, ne réalise pas pleinement que leur mère n’est plus : Par ce que cela fait des années qu’il ne la voit plus, ou presque, qu’il a construit sa vie ailleurs et qu’elle vive, ou qu’elle meure… Ne change plus rien pour lui.
Pas qu’il ne se réjouisse de la savoir partie de cette façon, mais il n’est pas anéanti non plus, même pas en repensant aux bons souvenirs d’enfance, à toutes les fois qu’elle lui a dit qu’elle l’aimait.

Chasse t-on vraiment ceux que l’on aime ?
Il capte les émotions des autres, et pourtant, il y a encore tant de choses qu’il ignore.

- Pardonne moi. Tu as déjà tant à faire.

Iberis lève le museau et cherche ses mots.

- Je n’avais pas ta relation, avec notre mère. J’étais l’enfant que l’on renie, quand toi, tu brilles comme la plus belle des étoiles. Je pense que je ne saurais jamais imaginer, à quel point vous vous aimiez, et à quel point ta peine est grande.
Si tu as besoin d’en parler, je suis là.

Il hoche la tête, conscient que plus rien ne va entre sa fratrie et qu’il n’a pas de solution pour y remédier, pour le moment.
C’est rageant, par ce qu’il sent aussi l’amour qu’ils se portent, et la douleur que cette affection engendre, sans savoir exactement ce qui a pu les mener jusque là.

La proposition d’Iris met brusquement fin à ses pensées. Il ne s’y attendait vraiment pas, même en sachant que son frère est amené à prendre la suite de leur mère.
Iberis est un peu déstabilisé.
Il prend son temps pour répondre, analyse ce qui peut lui parvenir, essaye de peser le pour et le contre.
Il ne souhaite pas blesser Iris, mais a déjà été blessé, lui.

- Ce n’est pas le cas, actuellement. Mais je te remercie pour cette proposition.

Un léger sourire étire ses babines.

- Vous, et Anita, être les seuls Etelkrus qui comptent vraiment pour moi, et je peux vous voir en dehors des terres. Cette vie me convient