Me connaissant, te connaissant - Valens

Valens

Il avait traversé l'eau, pourquoi il avait traversé l'eau ? Parce qu'on lui avait dit que l'île était un lieu un peu plus calme que le reste du monde, que peut-être qu'il pourrait aller se détendre à la bibliothèque. Valens ne savait pas lire, pourtant il s'était laissé convaincre sans l'être totalement et maintenant il sortait d'une grande flaque glacée – la mer de souvenir – dans laquelle il avait bu deux ou trois fois la tasse en se rendant compte qu'il n'avait pas patte et maintenant il ressemblait à un errant qui se serait prit la pluie avec son pelage tout coller contre son corps et ruisselant de cette baignade dont le mâle ocre se serait bien passé.
Il tousse, à cause de l'eau avalée de travers, à cause du sale goût trop salé en gueule qu'il ne parvient pas à faire partir. S'ébroue mais mal sans doute, parce qu'il se sent encore terriblement humide Valens et qu'il a froid. Il traîna un peu ses pattes misérablement sur le sable gris pour ne plus avoir à faire aux vagues pour le moment et finit par s'asseoir avant de jeter un regard un peu perdu, les oreilles en arrière, sur les alentours. Il ramène ses pattes contre lui parce qu'il a froid, sa queue aussi et reste là, un peu recroquevillé le temps de se réchauffer avec un petit air toujours nerveux qui ne le quittait plus vraiment et cette fatigue qu'il n'était pas encore parvenu à chasser depuis sa fuite.

Valens

Des bruits de pas au dessus du son des vagues firent sursauter Valens qui se releva d'un bond, nerveux, avant de se retourner oreilles en arrière et tête tenue en dessous de la ligne d'épaule comme s'il allait se prendre quelque chose sur le crâne vers un loup sombre qui ne lui disait pas grand chose. L'air sévère et juge de l'inconnu intimida le mâle ocre qui ramena sa queue vers lui, s'affaissant un peu sur lui même à la limite de se recroqueviller sur le sol alors qu'une patte gratte nerveusement le sol.

« J....euh... »

Il se perd en bafouille, ne parvient cependant pas à baisser ses yeux alors que le stress lui fait battre son cœur jusque dans ses tempes.

« … j'm'appelle Valens... »

Il aurait voulu que Holzer, Séléné ou Mimosa soient là, parce que leurs voix étaient rassurantes dans ce brouillard qui embrumait son esprit depuis qu'il avait fui sa mauvaise rencontre.

Valens

Le nom d'Etelkru le fit tressaillir et Valens secoua vivement la tête dans un signe négatif, sa nervosité ayant encore monté d'un cran.

« Oh non non non non, je ne suis pas Etelkru. »

Non vraiment pas, et plus ces derniers se tiendrait loin de lui, très loin de lui et mieux le mâle ocre se porterait. Il ne voulait pas à nouveau se faire assomer... ou se retrouver encore une fois attaché sur une pierre au fond d'une grotte à être obligé d'avaler des trucs bizarre... ou de devoir draguer des monstres aquatiques. Non, Valens n'avait pas tellement envie de retenter l'expérience Etelkru et encore moins de faire parti de ce groupe de psychopathes.
La seconde question le fit reprendre son attention.

« Ah ! … euh... on m'avait conseillé d'aller à la Bibliothèque. »

Pour le calme, pour s'apaiser tout ça, tout ça. Pour le moment, c'était un peu raté, sa tension et son stress était si haut qu'il était presque à la limite de se mettre à vibrer, son cœur battant si fort dans ses oreilles qu'il entendait à peine de loup sombre.
Il finit par baisser les yeux alors qu'il tenta de bafouiller son nom.

« J'm'appelle Valens... »

Valens

L'attitude du loup sombre se fit moins méfiante, moins hostile, sans doute rassuré lui aussi de ne pas avoir à faire à un Etelkru. Valens ne se releva pas pour autant, demeurant cette petite boule de nerf ocre au sol et au regard bicolore braqué sur l'autre loup.

« Ah euh, merci... c'est gentil. »

Il voulait juste disparaître. La bibliothèque était peut-être quelque chose d'encore trop gros pour lui. Le voyage, l'idée même de s'y rendre quand bien même il avait traversé un désert et des pays entiers mais surtout, se retrouver confronter aussi tôt à des inconnus.
Il suit la patte des yeux, élément qui attire son attention un peu plus que le reste en cet instant où cette dernière, boostée par le stress, était sur sollicitée par le moindre élément.

« Ah... »

Valens ne parvint pas à avoir une réflexion plus poussée face à cette information, ne bougeant pas d'un poil non plus, absorbé par cette terreur intérieur qui avait saisit tout son corps.
Il n'avait pas été encore prêt, c'était trop tôt encore, pour qu'il puisse à nouveau affronter le monde.

Valens

Il le voit, ce sourire se crisper, cette lueur dans le regard qui change mais Valens n'aurait su dans les premiers instants si c'était simplement son esprit qui, sous les contraintes de la peur et du stress, s'inventait une hostilité là où il n'y en avait pas. Comme une sorte de paranoïa. Mais la voix de l'individu sombre se fait plus agacée, plus sèche. Il y a un empressement qui sonne presque comme un ordre donné et qui fait déglutir le loup ocre, qui le fait obéir aussi même si c'est une patte tremblante et peu assurée qu'il tend.

« Oh non, non ! Je ne m'inquiète pas de ça ! »

Lui qui venait de la poussière et n'était jamais très bien peigné n'aurait eu de véritable réticence face à un peu de saleté.
Il n'avait cependant aucune confiance en ce loup, encore moins maintenant. Ses pattes pourtant n'auraient pu en cet instant lui permettre de fuir, alors Valens ne pouvait qu'accepter l'invitation.