Change of Wind ✴ Aiiro

Ce n'était plus une comète violette dans le ciel, ce n'était plus Yurai. Ce n'était plus une entité sur laquelle veiller, se relayant au chevet de celle-ci jusqu'à ce qu'elle aille mieux.
C'était un changement important, au sein de la meute Nakhus.
Et te voici à son approche.
Toi, qui t'étais presque toujours voué à disposer du glowstick violet, aussi loin que portait la conclusion sur tes interrogations de quel couleur te correspondrait le mieux.
(Çà remontait à lorsque tu t'entrainais encore avec P'pa, durant votre excursion sur la banquise)
La compassion est la valeur qui t'avait toujours parlé le plus, et celle à laquelle tu t'étais le plus dévoué ; chaque jour un peu plus, aux côtés de cette meute qui n'était pourtant pas encore tienne.

Si tu n'y avais jamais prétendu, au violet, c'est parce qu'il t'avait toujours manqué cet élan de sagesse.
Et si tu n'avais jamais joins les Nakhus, c'est parce que tu tenais encore à ta vie au Refuge et avait peur de perdre ce et ceux qui composaient jusqu'alors ton quotidien...

Aujourd'hui...

Tu crois en ce destin. Tu crois en ce que tu as accompli, aux côtés de bien d'autres qui ne sont pas issu du Refuge. Tu n'pensais même pas être capable de tant !
S'insuffle en toi un vent nouveau plein de changements, qui te fais aussi peur qu'il te fait vibrer de l'intérieur.
Car tu avais changé.
Toi, le solitaire quelque peu oisif, qui avait passé beaucoup de temps avec ta M'man au Refuge. A vivre des choses simples et à être heureux comme ça. Tu avais réalisé à quel point tu voulais aider, à quel point tu n'en avais pas encore les moyens, à quel point il te fallait les obtenir, à quel point tu avais aimé t'investir.

Et tu comprenais, pourquoi tu avais attendu autant ; plus qu'à cause les évènements.
Ce n'était pas à la compassion et à la sagesse, que tu prétendais.
C'était à la compassion et au changement.
Ce n'était pas aux Nakhus, que tu voulais appartenir.
Mais à ceux qui seraient bâtisseurs.

« Oï, M- »
(pas madame, pas monsieur !)
« -agnifique Aiiro. Z'allez bien, aujourd'hui ? »

Tu t'affirmes intéressé. C'qu'iel risque d'voir du monde passer.

« Il est temps pour moi. D'demander votre couleur, car c'est la votre que je veux porter. »

Aiiro va bien, et tu te ravis de l'apprendre, de ce sourire qui se dresse un peu plus loin sur tes babines. Tu redresses la tête, l'observe quand iel plonge ses yeux multicolores dans les tiens.
Ton épreuve commence.
A celle-ci, tu ne t'étais pas vraiment préparé. Tu n'avais pu en discuter ni avec tes proches, ni avec ceux devenus tes amis, au fur et à mesure de ton investissement ici-même. Tu te demandes si Stendhal était déjà devenu un disciple de l'indigo. Tu soupçonnais que oui.

Mais là ! C'est de toi, qu'il est question. De toi et de toi seul, dans ce solennel tête à tête.
Tes oreilles sont dressées vers l'avant.
Tes yeux ne dévient pas des siens, jusqu'à ce que ses questions ne t'amènent à les détourner, alors que tu te perds dans ta propre réflexion, dans la réponse que tu dois bâtir.

Ton sang de Licorne est rappelé. Toi, à force, tu n'y penses plus : il fait parti de toi, il n'est pas sujet à réflexion, même s'il dicte pourtant ta façon de vivre. Toi, qui ne chasse pas. Toi, qui ne mange même pas de viande ; contact du sang désagréable sous ta langue. Toi, que même l'odeur du liquide de vie donne envie (et même fait) vomir.
La façon dont il s'exprimait le plus était toujours via l'empathie. Surtout quand tes yeux brûlaient pour un autre, lorsque son coeur habitait la tristesse.

Est-ce que tes yeux ont brûlés, pour ces âmes sacrifiées ?
Tu dois avouer que non. Mais tu dois admettre que ton coeur s'est serré, à cette entente.
Tu penses aux vies interrompues comme aux familles qui leur ont survécus.
Et à cette paix, peut-être jamais trouvée.
Quant à Yurai, celle à l'origine, la première déesse, que penses-tu de ses crimes ? Tu en as entendu parlé mais tu ne les reproches pas ; pas maintenant. Avant, à l'instant où ils se sont produits, tu aurais sans doute réagit. Tu n'aurais pas approuvé, tu aurais cherché à comprendre pourquoi.
Pourquoi en arriver à ça ?
Tu ne crois pas en la méchanceté la plus brute. Le rejet, l'incompréhension, sont ce qui causent ce qu'on appelle méchanceté. Ce que, toi, tu vois comme une peine profonde.

En parlant de bâtir.
C'est vrai, ce qu'iel dit. Tu veux devenir bâtisseur sans même savoir ce que cela signifie vraiment. Tu veux construire des bâtiments comme l'église ou le lieu de culte, des projets comme le Refuge ou les dragons, des relations comme celles que tu entretenais. Mais était-ce vraiment ça, être bâtisseur ?
Là.
Là, tu plonges un peu dans le flou.
De ne pas savoir quoi faire, encore. Quelque chose de flou et qui t'éparpille, encore..!

Un pas est fait en ta direction.
Toi, tu bouges pas de ta position.

Qui est-tu.
Qu'est-ce que tu attends d'Aiiro.
Qu'est-ce que tu attends de toi-même.

Il te faut un p'tit fragment de secondes supplémentaires, pour mieux organiser ta réponse.

« Je suis Marty, né solitaire, et bientôt Nakhus entretenant de fort lien avec le Refuge.

C'est vrai que mon sang est au quart-Licorne. Il ne me met pas autant en danger que celui d'M'man ou tante 'Gathou, mais il me fait vivre différemment des autres. J'ai déjà chassé mais sans jamais achevé. J'ai senti et gouté le sang sans avaler de chair. Je n'ai jamais tué, mais j'ai vu la mort emporter une dragonne.
Et entendre parler de mort me r'tourne toujours un peu, c'est vrai.
Mais les vieilles actions de Yurai ou celles de l'Autre n'impactent pas la confiance que j'ai en vous. Parce que ce n'est pas vous, qui les avait causé. Comme cela n'impacte pas la confiance que j'avais en Yurai. Parce que je crois que chaque action, même la plus grave, relève toujours de motivations nées de l'incompréhension. Des autres, de soi même. D'un monde dans lequel on trouve pas trop sa place ou d'une conduite qu'on nous a enseignée sans nous avertir de ses conséquences.
Et j'pense qu'on peut pas condamner sur un mauvais choix d'il y a longtemps, si la vie qui s'en suivit fut celle d'une repentie.

Qu'vous en parliez comme ça laisse entendre que vous reconnaissez le fait que Yurai ait blessé et que l'Autre est absorbé comme de mauvaises choses.
Et c'est pour ça, que j'ai confiance en vous.
Parce que vous le reconnaissez. »

Tu souris, un peu plus convaincu dans tes pensées clarifiées.
De ça, tu étais certain.
Du reste...
Il te faut être honnête.

« [color=#311C36]Je n'ai pas encore trouvé quel genre de bâtisseur je veux devenir, entre votre question et maintenant. Et c'est en partie ce que j'attends de vous, j'crois bien. D'être un peu guidé. Je suis volontaire, mais un peu trop éparpillé. Je veux aidé, mais j'en ai parfois pas les moyens.
P't'être que j'ai même pas envie d'me cantonner à un seul genre de bâtisseur.[/colort] »

Ouais.
Ouais c'est p't'être ça, ton truc à toi.

« J'veux être un bâtisseur suiveur, un bâtisseur souteneur.
Celui qui accompagne et qui soutien les autres, dans leurs projets. Et qui, comme ça, trouvera aussi les siens.

Et j'attends de moi-même la persévérance qu'il faudra, tout comme l'humilité d'savoir quand je suis pas le plus disposé à aider. »

As-tu bien répondu ?
Tu es Marty, et tu revendiques le glowstick d'Aiiro.
Voilà, qui tu es.

Tout au long de ton monologue, emprunt de toute ta sincérité et de ta foi, Aiiro s'est approchée. Chaque fois un peu plus ; tu t'étais presque demandé si elle allait finir par te rentrer dedans, du moins te toucher.
Ce qu'iel finit par faire, de sa truffe que tu sentis entre les mèches qui retombaient toujours sur ton front, les dispersant dans un souffle.
Un souffle qui provoqua bien plus, en toi.

L'éclat discret d'une lumière indigo, au coeur d'un cristal venu recouvrir le rond du soleil de ta poitrine.
Les nuances irisées du cristal te font penser à P'pa, quand l'indigo te rappelle à Aiiro vers qui tu relèves des yeux emplies d'un certain émerveillement comme d'une profonde gratitude.
(d'la fierté, aussi, qu'était celle d'avoir réussie, il serait indécent de la renier).

Voilà.
Tu as un glowstick.
Tu es lié à une déité.

« Et j'vous en remercie. J'porterais ce changement comme un atout. Je serais celui qui rappelle, autant qu'il aide. »

Ton sourire s'agrandit.
Ça ne deviendra pas ton fardeau !
Et ta tête s'incline.
Dévoué.

« Est-c'que ça vous dit, d'aller au jardin, avant que j'aille regagner les miens ? »

Comme la promesse faite durant la convalescence, qu'il savait désormais achevée mais pouvait une ultime fois honorer.
Un dernier échange, qui ne changera pas à ce fait : tu te devais désormais d'aller te présenter aux Nakhus comme faisant parti des leurs, et n'étant plus seulement de fréquent passage.

Ael accepte, et tu lui décernes un sourire plus franc.
C'est ainsi que vous vous mettez en route vers le jardin, qui n'est pas si loin, pour y découvrir les plantes que le micro-climat qui existe ici aide à faire pousser.
Ces plantes, tu les connais qu'à moitié. Tu peux citer le nom de certaines, l'utilité d'autres. Ce qui se consomment est nettement mieux connus : c'que t'es un peu gourmand, et que ça fait principalement parti de ton alimentation de Licorne, tout ça.

Tu t'arrêtes en même temps qu'Aiiro, observe la même plante qu'ael sans savoir quoi y trouver, exactement.
P't'être parce que y a rien à y trouver.
Seulement une oreille attentive à lui offrir.
T'es toujours à l'écoute, Marty, et tu vois pas pourquoi la déité dérogerait à ce que tu es sous prétexte que, bah, c'est une déité.
Ael aussi, à des émotions.
Ton sang, nan ton être tout entier, te les fais ressentir. C'est une mélancolie qui l'habite, en regardant ce jardin.
Des émotions qui ne lui sont pas propres, mais proviennent de Yurai.
Est ce que cela lea dérange ? De ressentir des trucs qui lea concerne même pas.

« C'est peut-être votre propre changement irréversible. Être devenu vous, mais porter encore les souvenirs de...ce qui n'est plus qu'un souvenir, 'fin, un fragment d'avant. Votre hypermnésie à vous. »

C'est difficile à exprimer. Tu ne fais que suggérer, toi, mais fait l'effort de porter une réflexion approfondie à ce qu'ael te dit. Cela ne devait pas être évident, d'avoir dans sa tête tout ça !
Tu formules une autre hypothèse, sur laquelle tu fondes quelques espoirs.

« Ou bien est-ce le temps que vous vous fassiez vos propres souvenirs. Ils viendront remplacer ceux de Yurai, et seront associé à d'autres émotions. Un même lieu peut en porter beaucoup, après tout ! Par exemple, moi, avec le Refuge... J'y ai éprouve beaucoup de joie, avec ma M'man, mon frère et mon P'pa. Mais aussi de la solitude et de la peine, le soir, après la dragonne. Au final, c'est ce que j'y ai ressenti le plus, qui prédomine. »

Ael était désormais lea plus à même de créer de nouveaux souvenirs. Et donc, de contrebalancer les émotions qu'ael ressentaient : c'est à ça, que tu voulais venir, dans ta maladroite explication.

« P't'être qu'à force de vivre vos propres expériences, les réminiscences se calmeront. Jusqu'à n'être plus que les vôtres. »

Tu te grattes un peu les cheveux d'une patte. T'avais jamais eu la prétention d'un glowstick vert, aussi avais-tu fais au mieux, au cours de ce p'tit monologue qui aiderait peut-être en rien la déité, mais qui au moins était sincère.

Ton museau se hoche, plusieurs petites fois, pour bien signifier que c'était bel et bien ça, qu'tu voulais transmettre.
Créer ses propres souvenirs.
La base de toute vie, tu crois bien, si tu devais t'improviser un p'tit peu philosophe.

Aiiro y voit un peu de sagesse. C'est c'que tu aurais en plus gagné, dans ce changement.
Ca t'fait sourire.

« Avoir obtenu mon glowstick a dû m'rendre tout d'suite un peu plus responsable et sage. »

Mais trêve de bêtises !
Car ainsi s'achève votre entrevue, et tu te courbes dans un dernier signe de respect.

« A plus tard Aiiro ! »

Et merci, pour cette confiance.
Toi le désormais Nakhu, t'en alla alors trouver l'un des tiens pour annoncer cette grande nouvelle, et te dévoiler comme ce loup différent de celui de hier.
Ton P'pa serait le premier au courant.