► What does the Fox say? [Dairo - Prêt]

Invité

Marcus & Fireheart.
+ qui veut

On sous-estimait à quel point un désert pouvait être froid en hiver. Oubliez les plages interminables de sable chaud et doré, surplombées par un soleil de plomb régnant au beau milieu d'un ciel sans nuages. Le sol était terne et dur, recouvert d'une fine pellicule blanche. Une vasque pâle traînait sur la voûte céleste, lui donnant un aspect odieusement laiteux ; l'astre du jour y perçait un ridicule trou lumineux. Sans obstacle pour l'arrêter, le vent prenait plaisir à souffler de toutes ses forces, soulevant des vagues entières de sable gris glacé qui fouettaient les pelages sans merci. Et autant dire qu'on se les caillait grave.

Le seul avantage que Marcus trouvait à cette situation, c'était que l'inhabituelle densité du sol donnait un appui solide à sa jambe de bois. Il galérait déjà à claudiquer dans les épaisses couches de neige, alors qu'est-ce que ça aurait été dans les sables fins de l'Erg... C'était problématique, cette prothèse de fortune qui s'enfonçait dans tout et n'importe quoi. D'un côté, il aurait bien aimé trouver quelqu'un qui puisse l'aider à en construire une plus pratique. De l'autre, il commençait à s'habituer à cette nouvelle apparence de pirate. Plus qu'à se dégoter un cache-œil et un perroquet à foutre sur son épaule, et il pourrait partir à la recherche d'un équipage. Quoique, avec son réseau, une armée de petits manchots ferait son effet aussi.

Cela faisait fort longtemps qu'il n'avait pas réussi à se laisser divaguer de la sorte, avec les pensées complètement tarées qui avaient bercé son enfance. Aussitôt qu'il s'en rendit compte, elles disparurent, écrasées à nouveau par le miasme de sombres réflexions et de responsabilités qui le hantait depuis le concours de chasse. Il prit conscience que s'il était ici, ce n'était pas pour tester la solidité du sol, ou même admirer le paysage. Il était là parce qu'une des fontaines avait été détruite. Maintenant, tout ce qu'il voyait le lui rappelait. Le vide désemparant du paysage. La poussière qui venait cruellement faire larmoyer ses yeux. Flamme, qui marchait à ses côtés.

Il s'interdisait d'avoir la moindre pensée envers elle, se concentrant sur le fait d'avancer assez vite pour ne pas la ralentir. Pour diverses raisons, mais surtout parce qu'il avait déjà un RP en cours avec elle et que ça le fatiguait de faire des doublons de pensées poétiques sur son état d'esprit.
En tant que disciples de Dairo, ils avaient été chargés de retrouver sa fontaine pour implorer son aide.
Il devait se focaliser sur sa mission.

Ça y est, le paysage lui disait quelque chose. L'autel à la déesse orange était d'ordinaire difficile à trouver, perdu dans les mirages, mais le tripode s'était trouvé un moyen mnémotechnique complètement con : quand les montagnes qu'on apercevait loin à l'horizon se rapprochaient et esquissaient la forme d'un lapin qui faisait le mort, c'est qu'il était sur la bonne voie. Marcus était sans doute le seul à avoir jamais vu dans les contours tourmentés de la Cordillère quelque trace d'une proie aux grandes oreilles ; mais ça marchait pour lui, et c'était ça l'essentiel.
Il s'arrêta un instant, contemplant les alentours, avant de tourner brusquement à droite vers une dune perdue au milieu des autres.

« Par là. »

Lorsqu'ils parvinrent au sommet de la colline de sable, il n'y avait rien à leurs pattes à part une vallée de poussière de plus.
Marcus ne se laissa pas démonter. Il savait que c'était ici.

Avec précaution, encore incertain de l'équilibre donné par sa jambe de bois, il fit de petits pas pour descendre la pente glissante.
Il se bita en beauté.
Poussant un jappement de surprise, le poireau trébucha lorsqu'une de ses pattes s'enfonça brusquement dans le sable, et dévala le flanc de la dune dans un roulé-boulé impressionnant qui souleva des nuages de poussière grise.
Lorsqu'il se réceptionna en contrebas, ce fut pour percuter de plein fouet le marbre de la fontaine de Dairo.

Au moins, il ne s'était pas trompé.

Meurtri et gémissant de douleur, il se releva tant bien que mal, vérifiant du coin de l’œil que Flamme l'avait bien suivi, avant de détourner ce même regard de honte.
Ils y étaient. C'était l'essentiel, hein ? Pas besoin de s'attarder sur le fait qu'il venait de se manger le sol comme une merde, hein ?
A la place, il tourna les yeux vers le monument à sa déesse marraine.
Le spectacle lui fit pitié.

La fontaine était en piteux état.
Le roc de la margelle, d'ordinaire luisant et protégé des vents ensablés par les charmes de la Renarde, avait perdu sa brillance et montrait des signes de craquelures. La statue qui dominait l'autel était marquée de profondes griffures, et pleurait un liquide qui n'était plus si orangé que ça.

« Oh putain... »

Les oreilles de Marcus se couchèrent en arrière. Face un tel désastre, il ne savait pas quoi dire - et ce n'était pas sa partenaire qui allait pouvoir l'aider. Il n'était pas comme les autres fiers loups de Clans, qui avaient leur beau discours tout préparé pour amadouer les Dieux et les persuader de les aider. Il était venu simplement parce que ça lui semblait être la bonne chose à faire. Mais maintenant qu'il était là, il n'avait aucune idée de la marche à suivre.

« Dairo ? » tenta-t-il d'une voix tremblante. « Dairo, t'es là ? »

Sujet: Re: ► What does the Fox say? [Dairo - Prêt] Lun 04 Jan 2016, 05:48

Fireheart n'avait plus de Glowstick. Elle l'avait rejeté, elle s'en était défaite. Pourtant, elle avait quand même montré son intérêt à aller voir la déesse Renarde. Elle aimait la déesse, elle la respectait profondément. Jamais elle n'avait rejeté la faute sur Dairo ou un de ses semblables pour l'horreur qui lui était arrivée. Et elle la remerciait tout les jours d'avoir des enfants aussi merveilleux. Son pouvoir ne lui avait pas servit lorsqu'elle en avait eu le plus besoin, et elle l'avait donc rejeté; peut-être la déesse en prendrait-elle ombrage. Mais Fireheart continuerait de vouer son âme à la déesse orangée. Malgré la famine qui menaçait de s'installer avec l'hiver, la louve carmin avait pris la peine d'emporter avec elle un gros primate qu'elle avait chassé la journée précédente exprès pour cette rencontre. C'était un cadeau pour la déesse.

Tôt, la louve carmin avait ouvert les yeux, bondissant sur ses pattes, l'angoisse au ventre, bien entendu, elle avait encore fait un cauchemar. Il lui avait fallu plusieurs minutes pour comprendre que tout allait bien, que les gamins étaient près d'elle, qu'Edan n'était pas là. Puis elle réveilla ses adorables boules de poils. Il fallait qu'ils aillent rejoindre une maternelle qui se chargerait d'eux. La seule maternelle disponible étant une louve blanche et rose à l'air gentil, mais au regard qui dissimulait mal sa mauvaise humeur, Fireheart laissa ses enfants à celle-ci à contre-cœur, l'avertissant d'un regard froid et sérieux des conséquences d'un mauvais traitement de ses chéris. Elle n'hésiterait pas à se faire un tapis de fourrure avec son pelage.

Puis, Fire' - qui commençait à s'habituer à se faire appeler Flamme - alla manger une bouchée. Elle mangeait peu et maigrissait vite, mais son poids semblait se stabiliser. Restait à voir si elle passerait l'hiver en étant aussi sous-alimentée. Finalement donc, elle pu rejoindre Marcus pour entamer le long chemin vers le temple de Dairo. Ce fut un très long voyage. Marcus gardait les yeux devant lui et ne lui parlait pas, ce qui faisait carrément peur tellement ce n'était pas le genre du manchot tchernobylesque. La louve coula quelques regards à son compagnion de sortie, s'inquiétant surtout pour lui vu la patte de bois peu pratique dont il était affublé. Et puis trainer la carcasse de singe n'était pas une mince affaire, surtout quand on ne mangeait pas plus de deux ou trois bouchées de viande par jour.

Mais ils arrivèrent finalement au désert. Fireheart n'eu aucun problème à laisser Marcus prendre les devants; elle haletait pas mal et ses pattes lui faisaient mal. Elle s'était affaiblie. Elle jappa silencieusement de surprise en voyant subitement Marcus se morfler en pleine descente de dune, lâchant son offrande pour faire un bond en avant, inquiète pour lui. Elle poussa un soupir rassuré en voyant qu'il semblait bien aller. Ils avaient trouvé la fontaine. Elle repris son primate et descendit à son tour.

Elle se figea après avoir posé la proie. Quelle horreur. Ses yeux suivirent le tracé des craquelures qui fendillaient la pierre de la fontaine.

Oh, Dairo…, gémis intérieurement la louve.

La louve carmin frémis en voyant les traces de griffes, le liquide trop pâle.

…Mais qui a bien pu faire ça ?

La Séide ferma les yeux, non pas pour échapper à la vision, mais plutôt pour se concentrer sur l'énergie du lieu. Pour se concentrer sur la déesse. Aussi muette qu'elle soit, Fireheart appela la déesse de tout son cœur. Elle pria.

Ô, Dairo, s'il te plait, vient à nous. Nous avons besoin de ton aide, de ta sagesse. Que devons-nous faire ? Comment réparer ce que les Précursors ont salis, détruits ? Comment rétablir l'ésuilibre ?

Dis-moi, Dairo, comment ont-ils pu faire une telle chose ? Pourquoi les avoir laissé faire ? Avaient-ils donc raison ?

Oh, Déesse, regardez donc ce qu'ils vous ont fait..., termina la louve dans un soupir mental chagrinné.

Au fond, la fontaine était un peu comme elle. Marquée, blessée, mais toujours là, bien que différente d'autrefois, brillant d'une lueur plus faible. Peut-être était-ce pour ça que Fireheart posait sur la fontaine un regard aussi triste.

Sujet: Re: ► What does the Fox say? [Dairo - Prêt] Lun 04 Jan 2016, 11:37

Dairo attendait, presque impatiemment.
Dès qu'elle avait su qu'une déléguation s'était rendue chez Aka, elle avait guetté l'entrée de son temple jusqu'à ce que deux loups viennent lui rendre visite. Elle reconnut le premier avant même qu'il ne pénètre à l'intérieur : Marcus, l'un de ses disciples, qui n'était pas sorti de la guerre sans encombres. Il était accompagnée d'une louve, qui ne possédait plus de Glowstick : Fireheart. Dairo savait et comprenait pourquoi elle avait brisé le lien qui la liait à la déesse, et ne lui en tenait pas rigueur. Elle n'était pas réputée pour être la divinité la plus froide et la plus intransigeante. Bien loin de là.

Les événements récents n'étaient pas sans lui rappeler le passé, lorsqu'elle avait lutté aux côtés d'Aka pour préserver ce qu'il restait de Punk Wolf, notamment face à Juno. Aujourd'hui, ces souvenirs n'étaient plus que des cendres sur de la neige, mais elle n'avait rien oublié de tout cela. Elle prêta l'oreille aux pensées de la femelle, sourit malgré elle au ton léger et au tutoiement de Marcus, puis apparut, adoptant une forme à peine plus haute sur pattes que ses visiteurs, déterminée à ce qu'ils se sentent à l'aise. Elle s'assit et leur offrit un sourire cordial et chaleureux en dépit des circonstances.

- Salutations, mes chers amis.

Sa voix paraissait lointaine et faible. Elle faisait de son mieux pour nourrir l'illusion, mais ses pouvoirs étaient très réduits, probablement plus que tous les autres dieux. Pourtant, elle n'en démordait pas.

- Votre soutien et votre peine me touche, mais ne vous inquiétez pas trop pour moi. Tous nos efforts doivent être concentrés sur Yurai.

Par le passé, elle avait lutté contre la déesse, avec Aka.
Aujourd'hui, elle devait se battre pour son retour.
Le fallait-il vraiment ? Une part d'elle-même pensait que le monde d'autrefois était le seul vrai monde, le seul bon monde, mais elle ne pouvait pas oublier le chaos qui y régnait alors. Yurai avait-elle une part de responsabilité dans cela ? Possible, très possible. Mais elle avait tellement changé, et ses disciples étaient si nobles ! Elle était devenue un véritable guide, une lumière que l'on pouvait suivre sans craindre pour sa vie. Sans aucun doute, elle avait gagné sa place dans le panthéon.

Alors, pourquoi ressentait-elle toujours cette amertume ? Dans ce cas de figure, il n'y avait pas de place pour ses propres sentiments, et Dairo était assez intelligente pour les ravaler et aborder le problème en toute ouverture d'esprit. Après tout, elle devait admettre que sa disparition l'avait presque détruite, elle aussi.

Elle fit pivoter ses oreilles sur le côté et ferma soudain les yeux, comme concentrée sur quelque chose.

- Vos amis sont en ce moment même à la Grève Gelée. Il y a de la roche à leur portée, mais l'acheminement va leur prendre beaucoup de temps.

Elle rouvrit les yeux et redressa les oreilles.

- En sachant que la reconstruction d'un temple est la première étape au retour de Yurai, vous devriez vous concentrer là-dessus. D'après ce que je sais, Aka s'est porté volontaire pour vous aider à sculpter la pierre. Vous avez trouvé les ressources au sommet des montagnes, votre dernier problème est de l'amener jusqu'à la Forêt Pluviale.

Pouvait-elle les aider ? Elle était une déesse, elle pouvait manipuler la roche magique sans la souiller et sans lui ôter la moindre parcelle de puissance - du moins, en théorie. Mais en avait-elle la force ? Elle parvenait à peine à matérialiser une illusion d'elle-même ... De la Grève Gelée, il faudrait traverser la Lande des Brumes, puis le Delta, pour finalement parvenir à la forêt. Une sacrée traversée ... Mais quelle déesse serait-elle, si elle ne donnait pas tout pour son peuple ?

- Je créerai un couloir entre la montagne et la forêt par lequel j'aspirerai les pierres et les délivrerai dans la caverne sous la cascade. J'ose espérer avoir assez de forces pour y parvenir. Aka vous attendra sur place pour vous aider à bâtir la nouvelle statue et la nouvelle fontaine. A partir de là, je vous rejoindrai, et nous essayerons de faire revenir Yurai. Hélas, je ne sais pas encore comment. Peut-être l'un de mes frères ou de mes sœurs auront la réponse.

Elle les regarda un long moment tour à tour, puis baissa légèrement la tête. Son image vacillait de plus en plus.

- Il ne me reste guère de temps si je veux pouvoir vous aider avec les pierres. Néanmoins, j'entends vos questions et je sens votre peine, tout comme je la partage. Les Precursor voulaient faire remonter un monde perdu depuis bien longtemps, un monde que nous, Dieux, n'avons pas oublié, contrairement à vous. Mais c'était là la volonté de Cronos. Vous auriez pu, et peut-être dû vous montrer plus curieux vis à vis de vos origines, mais de là à commettre de telles atrocités ... Leurs intentions étaient louables, je pense. Mais leurs méthodes ? Intolérables, cela va de soi. Et elles ont ainsi rendu leur but flou, incompréhensible à vos yeux. Je ne peux que vous comprendre.

L'image de Dairo était maintenant translucide. Seul son visage était encore à peu près visible.

- Je suis désolée ... Je ne peux rester plus longtemps. J'espère que les actes de ces monstres ne vous feront pas définitivement tourner la page de votre passé, et que vous garderez foi en nous. Nous ne vous oublions pas. Je ne vous oublie pas.

Sur ces mots, les dernières traces de l'illusion s'effacèrent définitivement.

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Seuls les gémissements du vent lui répondirent.
Inquiet, le poivron vert continua de fixer la statue profanée, avant de reporter son attention sur Flamme face à son mutisme - bon, effectivement, si on parlait d'oublier toute forme de silence gênant, il aurait mieux valu qu'il parte en quête avec une autre louve. La rouquine avait les paupières closes et semblait particulièrement concentrée. Les oreilles de Marcus s'inclinèrent. Est-ce qu'elle était en proie à quelque vision divine, ou elle avait juste mal au crâne ? Allez savoir.

Tout à coup, une silhouette couleur d'aube apparut sous leur nez.
La face de citron sursauta et manqua de se tordre la cheville - comme quoi, y'avait des avantages à avoir une branche pour lieu de patte. Éberlué, il dévisagea la louve luminescente, à peine plus grande qu'eux, qui dardait sur eux un regard sans pupilles. Elle avait l'air si douce, si humble... vulnérable. Il y avait quelque chose en elle qui rappelait la même détresse qui transparaissait chez Flamme. C'était une déesse, capable de bâtir un monde et de le remplir de magie ; et pourtant, en cet instant précis, le pêcheur ressentit de la compassion pour elle. De la pitié, même. Bizarre, hein. Alors qu'elle aurait sûrement pu décupler de volume d'un seul coup et l'écraser comme un moucheron si tel était son bon vouloir.

Après les avoir rassurés et invité à se concentrer sur Yurai, Dairo parut soudain se désintéresser d'eux. Elle ferma les yeux et inclina légèrement la tête. C'était troublant, comment la ressemblance entre elle et Flamme se confirmait de plus en plus, alors même que l'anciennement armurée avait décidé d'abandonner son Glowstick, au détriment de la règle la plus fondamentale des Séides. Enfin, ce n'était pas comme si beaucoup de règles étaient encore respectés dans la meute. Et ça troublait vachement le manchot d'ailleurs.

Mais malgré le laxisme évident du Clan ces dernières années, la déesse accepta de les aider. Le regard de Marcus s'illumina de soulagement.

« Merci ! Merci, Dairo ! » jappa-t-il tel un chiot, alors que la Renarde s'évanouissait dans les airs.

La compassion de sa matrone lui avait donné un regain d'énergie. Pendant un instant, il oublia le froid du désert, la fontaine en ruines et les douleurs fantômes qui tiraillaient son membre amputé. Tout était encore flou et sombre pour eux, mais un rayon de lumière venait de percer les ténèbres du ciel orageux.
Un sourire quiet collé aux babines, il se tourna vers son équipière.

« Si j'ai bien compris, il faut qu'on se rende directement à la cascade ? Dairo est partie aider les Zélotes, hein ? J'aurais bien aimé les rejoindre, mais il paraît que si on est pas Zélote ou qu'on a pas de glowstick violet, on a pas le droit de toucher les pierres... »

Pour la première fois depuis des mois, il osa l'effleurer en lui donnant un timide coup de tête amical sur l'encolure.

« Allez viens, faut qu'on se dépêche d'y aller, on a une sacrée trotte ! »

Et il fit volte-face pour commencer à remonter la dune qu'ils avaient dévalée quelques minutes plus tôt, à petits pas claudicants. Vu son handicap, Flamme n'aurait aucun mal à le rattraper : autant qu'il prenne de l'avance. Surtout si elle comptait rester encore un peu, pour déposer son offrande simiesque, ou se recueillir, ou il ne savait quoi - tous ces trucs que les grandes personnes font dans les temples et qui avaient tendance, bien malgré lui, à l'ennuyer.

Profitant de ces quelques instants de solitude, le manchot eut une pensée furtive pour ce qu'avait dit Dairo à propos des Precursors.

Jusque-là, il s'était empêché, ou du moins n'avait pas eu cœur à repenser les agissements des rebelles - les pensées avaient tendance à s'empêtrer très rapidement dans sa tête. Le discours de Rengar à la Forêt Pluviale l'avait troublé. Beaucoup plus qu'il ne l'aurait voulu. Et maintenant, les Dieux eux-même se mettaient à philosopher ?
Bien sûr qu'il condamnait les agissements des Precursors. L'une d'entre eux lui avait même arraché la patte, et comble du hasard, avait fait subir l'exact même sort au loup qu'il exécrait le plus - l'option caillou en plus. Bien sûr qu'il s'était précipité tête baissée à la Mine Abandonnée, le jour où ils avaient tous décidé de leur faire payer leurs affronts sanglants, par autant voire plus de liquide vermeil.

Pourtant, il n'arrivait pas à leur en vouloir autant qu'il le voudrait.

Quelque chose...
Quelque chose au fond de lui lui intimait qu'ils avaient raison.

Il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas comment, mais cette idée était viscérale.

C'était marrant, hein.
Il partait au triple galop dans les tunnels pour saisir à la gorge le premier Precursor venu, assénait même un coup critique à la femelle responsable de son handicap, et maintenant il essayait de les comprendre ?
Il ne se l'expliquait pas. C'était comme ça. C'était comme si... Comme s'il en voulait plus aux individus, qu'à leur meute. Il en voulait à Papol, véritable meurtrier du petit de Tequeela. Il en voulait à Krilla, celle qui lui avait volé sa patte. Et il en voulait encore plus à Edan, le violeur de sa chère amie.
Mais il ne pouvait pas en vouloir aux Precursors.

L'âme songeuse, Marcus décida définitivement de ne parler à personne de ces drôles de pensées, et surtout pas à Flamme : elle avait beau avoir perdu son pouvoir, il ne doutait toujours pas de sa capacité à le faire rôtir si jamais il venait à la contrarier.

Sujet: Re: ► What does the Fox say? [Dairo - Prêt] Ven 15 Jan 2016, 17:21

Fireheart observa la déesse. Si belle. Si gracieuse. Mais faible. Endommagée. Pourtant, elle se dressait, là, devant eux, avec ce qui lui restait de force, luttant malgré les dommages. Elle était si courageuse. Si forte. Fireheart avait toujours louangée la déesse, mais celle-ci s'élevait encore plus haut dans son estime à présent. La louve carmin, tout au long du discours de Dairo, pris une importante décision. C'en était assez. Elle se morfondait, elle geignait comme une pauvre loque depuis assez longtemps. Edan était mort. Bien sûr, elle ne vaincrait pas ses peurs aussi facilement. Mais elle avait du boulot. Elle était Soldate, non d'un lévrier afghan ! Elle était Gamma. Elle était maman. Elle n'allait pas pleurer toute sa vie non plus merde ! Si la déesse pouvait se tenir haute et aider à la reconstruction, et ce malgré ses blessures, alors elle pouvait certainement faire de même. Oui, elle allait en finir avec cette histoire.

La déesse s'évapora et Marcus s'anima. Il était plus énergétique que jamais. Fireheart eu un sourire attendrit. Un sourire de maman fière de son gamin. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu aussi joyeux. Cela faisait chaud à l'âme. Il lui tapota l'épaule de son museau et elle lui fit signe de prendre les devants, ce qu'il fit sans même l'attendre. Elle se retourna face à la statue violentée. Une paix nouvelle avait trouvée sa place dans le coeur de Fireheart. Une détermination aussi. Elle sentait que sa décision blesserait le Manchot, son seul ami, mais elle devait le faire. Par plaisir de faire mijoter ceux qui liront ceci, cette même décision ne sera pas clairement nommée dans ces lignes. Parce que c'est plus marrant de faire attendre tout le monde pour savoir. Fireheart tournerait clairement et simplement la page sur son passé et se lancerait enfin dans l'avenir.

Elle abandonna son offrande au pied de la fontaine et offrit à la Déesse une prière de remerciement avant de tourner le dos au désert et de suivre les pas de Marcus. Dairo avait fait bien plus que les aider à reconstruire la fontaine. Elle avait planté en Fireheart la graine de l'espoir. Celle-ci, se sentant pleine d'une nouvelle énergie, se lançant au petit trot dans l'escalade de la dune et rattrapa bien vite le cornichon à fourrure. Elle le trouva bien sérieux, apparemment plongé dans ses pensées, ou alors observant avec ce regard vide l'immensité du désert qui s'offrait devant eux. Elle fronça le front et lui donna un coup de museau tout doux sur l'épaule, le regardant avec inquiétude. Ça va ?, demandait son regard. Dans un geste de réconfort - parce qu'elle avait l'étrange impression qu'il en avait besoin -, Fireheart frotta doucement son nez dans l'encolure du verdâtre puis pris les devants. Marcus avait raison, ils avaient une sacrée trotte à faire. Autant s'y mettre.

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