Fin du prêt | Noé

Après l'incendie de la bibliothèque, sa situation avait changée.
Il avait manifesté, quelques temps plus tôt, le désir de devenir Sortcellier auprès de Lestat. Celui ci lui avait alors donné quelques conditions qu'il avait su entendre. Noé espérait pouvoir arborer un glowstick sous peu de temps et ainsi cesser d'être Disciple Nakhu. Il n'avait, cependant, pas pensé que les choses puissent changer autrement.
En même temps, comment présager que quelqu'un vienne mettre le feu dans leur bibliothèque... ? Dans cette triste situation, il avait au moins pu faire preuve d'investissement et, ainsi, obtenir le rang convoité. C'était alors un étrange mélange de sentiments qui se faisait en lui.
Pour les livres, il était triste.
Pour le rang, il était heureux.

Il essayait, cependant, de rester optimiste : Les Nakhus s'étaient montrés doté de ressources incroyables, lors de l'incendie. Bientôt, cet évènement ne serait plus qu'un mauvais souvenir.
Lui-même était bien vite retourné sur les lieux pour constater, plus efficacement, les dégâts matériels, notamment au niveau des ouvrages. Deux étagères avaient été consumées, les livres avec.
Pour ce qui était de l'herboristerie, il saurait réécrire, pour rétablir le savoir perdu.

Pour le reste... Ils trouveraient bien quelques personnes instruites sur leur sujet. Ce serait un travail de longue haleine mais cela ne l'effrayait pas.

Pour l'heure, il se rendait cependant vers les monts célestes afin d'aller cueillir quelques plantes que l'on ne trouvait qu'en montagne. S'approchant de la frontière, il releva la tête, quittant ses songes, lorsqu'il aperçut une louve brune.
Une Etelkru, ici ?

...
Il jeta quelques coups d'oeil autour de lui, au cas où quelques Pèlerins se trouveraient près de la frontière. Car si Noé prenait ses marques auprès des siens, les Nakhus, il possédait toujours des facultés sociales quelque peu limitées avec ceux qu'il ne connaissait pas.
Clairement, il aurait préféré tracer sa route.

Mais il n'y avait personne d'autre que lui, dans les parages, alors le Sortcelier prit sur lui, tentant de prendre un air aimable via un sourire un peu crispé.

- Bonjour. Puis-je vous aider ?

Ce n'était pas trop mal, il lui semblait.

Ah.
Oui.
Les livres.

Il était vrai qu'ils étaient nombreux, les loups extérieurs aux Nakhus, à passer à la bibliothèque pour y emprunter des livres. Avec la fermeture des frontières, ils seraient tout aussi nombreux à venir les rendre. Les loups qui les croiseraient feraient alors office de relais, ce qui serait parfait pour créer quelques relations avec des étrangers...
Mais lui, n'était pas vraiment à l'aise, justement, dans ses rapports avec les étrangers, oups. Il se gratta la joue du bout d'une griffe, embarrassé.

- Ah oui... Merci !

Noé s'avança et prit l'ouvrage, le glissa sous sa cape. Et alors qu'il se mettait en mouvement, prêt à partir à la bibliothèque pour l'y ranger et mettre fin à cette rencontre...
Voilà qu'elle lui parlait encore.

Panseur, lui ?
Alors oui, il l'avait été, en tant qu'Etelkru, il y a un moment déjà. Mais ce n'était plus le cas et, oh, quelle honte, son visage à elle ne lui disait trop rien.

- Sortcellier.

Depuis peu, mais sortcellier tout de même.
Mais savait-elle seulement en quoi consistait ce rang ?

- C'est un peu comme un panseur... Mais en Nakhu.

Un peu, pas totalement.

L'attitude de la louve brune avait quelque peu changé, sans qu'il ne sache réellement pourquoi.
Elle semblait moins intimidée par sa présence et se para de manières bien nobles, auxquelles il n'était pas habitué. Il n'avait, cependant, rien à redire à ce sujet : Tant mieux pour elle, si elle parvenait aisément à reprendre sa contenance, car lui... lui se sentait toujours aussi bête en face d'elle.

- Merci !

...
Il bredouilla un peu, puis se repris.

- Mh, si vous avez besoin aussi... Vous savez où me trouver, maintenant. Je suis Noé.

N'était-il pas censé ajouter quelque chose ?

- Enchanté, Helga.

Voilà qui était mieux.
Ah oui, le travail : il avait du travail à faire. Noé hocha doucement la tête.

- Bonne journée. A vous de même. Au revoir.

Un dernier hochement de tête, quelques pas maladroits et le sortcellier s'éloignait.