Talk to me [EVENT] [PV. Moiro] [PRÊT]

[J'me tape l'incruste si vous voulez bien : D Quitte à me faire manger. Pick m'a encouragé à venir faire un tour dans le coin :v mais si néanmoins ça dérange, n'hésitez pas à me le signaler ^-^]

Aider.

Il voulait aider. Cette pensée l'obsédait plus que tout, rongeait son âme, rongeait son être. Il voulait aider à la reconstruction de la fontaine violette, il voulait que cette terre retrouve cette déesse qui, au fond de son coeur, lui était si chère. Oh, il n'avait même jamais osé aller la voir. Cherchez l'erreur. Non, Sh'Eym n'aurait jamais osé poser le bout d'une patte dans ce temple caché au domaine de la pluie et des éléments, non. Il n'aurais jamais osé s'asseoir devant cette statue, y déposer quelque chose, et l'appeler. Lui demander une entrevue. Oser lui demander échanger avec elle, quelques mots peut être, et prodiguer une demande encore moins.

Non, il n'aurait jamais... Non, n'avait jamais osé entrer en ce temple. Et voilà qu'aujourd'hui, il était regrets. Remords. Et il avait décidé que cela changerait, qu'il allait enfin être actif en cette entreprise en laquelle il croyait. Le loup gris et vert était de ceux qui savaient écouter. Le bruit du vent dans les arbres, celui des oiseaux sur les branches. Des loups dans les bois. Il savait que les loups des clans cherchaient le soutien des autres dieux, leur sagesse, des réponses à leurs questions. Alors il avait décidé de s'incruster, notamment en se rendant compte du manque de volontaires pour certaines tâches. Il ne savait pas s'il serait le bienvenue... Il était même assez persuadé du contraire. Mais s'il avait arrêté de faire les choses uniquement parce qu'elles ne plaisaient pas, il ne serait pas allé très loin dans la vie. En fait, il serait sûrement dans un clan, voir casé, gentiment en train de chasser ou de... Tuer des gens ? Lui-même n'était pas persuadé que tout ce qui s'était passé n'était pas un sombre malentendu ajouté à une large incompréhension et violence de toute le monde. Et il ne prenait pas ici parti.

Il ne voulait pas arriver les pattes vides. Cependant, il était bien sûr dans l'incapacité de se rendre sur les terres Séides avec un minimum de discrétion en trainant derrière lui une proie de choix. Il ne savait donc pas exactement ce qu'il allait faire, mais il savait qu'il devait trouver quelque chose. Ou se défaire de quelque chose, mais il ne possédait lui même que quelques bricoles, sa peau et ses os. Et il voyait difficilement une déesse se contenter de l'admirer pour son bon plaisir et lui offrir informations - alors qu'il n'était même pas son disciple.

Alors qu'il n'était disciple de personne.

Cette pensée assombrissait son moral. Il ne savait pas exactement ce qui allait se passer. Il risquait autre chose que quelques heures de son temps. Il risquait sa vie.

Pire. Sa liberté.

Il y avait fort à parier que si quelqu'un l'attrapait ici, il aurait besoin de plaider sa cause de longues heures s'il voulait espérer rejoindre les terres libres, bien qu'il ne chassait pas. Parce qu'il était bien entendu impensable de chasser la proie, l'offrande, sur les terres des séides.

Damned. Il s'assit sur son séant pour réfléchir quelques minutes. Que pouvait-il bien apporter à une déesse ? Il ne pouvait rien créer. Il n'était pas particulièrement doué de ses pattes. Les temples étaient toujours entretenus de façon remarquable, il n'aurait aucune façon de plaider sa cause ainsi. Après quelques temps à réfléchir, il soupira, et regarda autour de lui. En plein hiver, le temps était loin d'être clément avec l'espèce végétale, et pourtant là où il était il pouvait discerner des centaines de fleurs qui pointaient le bout de leur nez ça et là, perce-neiges, hibiscus ou autres espèces plus résistantes.

Il avait une vague idée.

Ce fut silencieux et discret comme une ombre que le loup gris et vert franchit la frontière avant de se rendre comme une flèche au Nasrin. Malgré l'époque, ici tout était encore en bonne santé. Mais le rassura le fait qu'il n'y avait ni de fleurs aussi grosses ni aussi colorées que celles qu'il avait trouvé, et qui formaient une couronne où se côtoyaient rouge, jaune, blanc et orangé, couleurs chatoyantes qui semblaient même produire leur propre lumière. Sh'Eym avait passé plusieurs heures à le confectionner, choisissant les plantes, malhabile de ses pattes, recommençant maintes et maintes fois. Mais il était finalement parvenu au résultat qu'il escomptait, ou tout du moins s'en approchait. La couronne était surmontée de branches très fines sur lesquelles il avait tressé pétales et pistils pour dessiner de façon plutôt précise une figure de louve aux reflets roses. Les teintes donnaient l'impression que l'entité rayonnait.

Il ne savait pas ce que la déesse pourrait en faire, mais il espérait tout de même qu'elle apprécierait le geste... Ou lui laisserait l'opportunité de se rattraper.

Il arriva à l'entrée du temple et s'arrêta, interdit. Il n'avait aucun doute de s'être fait repérer - après tout, n'est pas dieu qui veut. Il entendit aussi les mots que la déesse prodigua à la louve (ou au loup) qui semblait porter ses couleurs. Sh'Eym ne voulait initialement pas se cacher, mais craignait d'importuner les deux loups qui semblaient en discussion. Il n'était là qu'un chien dans un jeu de quilles, la cinquième roue du carrosse. En entendant la fin de la déclaration de la déesse rose, il choisit de s'avancer, faisant sonner ses griffes sur le pavé.

Il baissa la tête, déférant.

"Mesdames... Je m'excuse de cette intrusion mais... J'aimerais aider, si possible. Je sais lire, je peux peut être vous servir de ce côté ?"

Il savait que ça n'était pas une qualité très répandue chez les loups ; lui même n'avait eu l'occasion d'apprendre que très tard, grâce à la petite Hilde qui lui avait offert ce pouvoir de comprendre mots et phrases. Il déposa l'offrande tournée vers la déesse, l'oreille vaguement basse. Il était très direct, mais ne souhaitait pas perdre de temps pour rien à tourner autour du pot. Après tout il n'était pas ici pour cueillir des fleurs, mais pour offrir son aide.

Il regarda les deux louves.

Dans l'attente.

Moïro disparue après son message passé, la louve blanche argentée teintée de rose se tourna vers lui, papillonnante, rayonnante. Le premier regard qu'elle lui lança lui fit légèrement plisser les yeux, il n'y avait dedans aucune once de sentiments. Puis la louve fit un très large et très doux sourire avant de se couler vers lui. Oui, se couler. De son air gracieux, il se dirigea vers lui en semblait flotter au dessus du sol, gracieuse, époustouflante. Elle se posa juste à côté de lui avant de lui déclarer, d'un ton déterminé, être prête à vouloir l'aider comme elle le pouvait, même si elle n'était pas en capacité de bouquiner. Son air mutin lui faisait très bien penser au prédateur qu'elle était en fait. Une louve, fier animal, fait pour vivre, régner, chasser, tuer. Dans ses yeux brillait une fierté qui semblait cachée par un voile de douceur. Sh'Eym n'était pas réellement sûr de ce qu'il voyait. Tout en cette louve le troublait - et je ne parle pas en terme d'hormones, non non. Son comportement, d'une minute à l'autre, semblait changer. Sh'Eym, qui passait la plupart de son temps lorsqu'il était avec ses congénères, à vouloir les décrypter, les analyser, leur comportement et leur façon d'être, était ici brouillé. Il ne savait pas si la louve était dans la dévotion pour les dieux, dans le dédain de leur existence, dans l'attente...

Bref, Sh'Eym n'arrivait pas tout à fait à comprendre ce que cette louve qui l'approchait de son ton sucré souhaitait. Il ne savait comment interpréter son comportement. Souhaitait-elle des informations ? Le trouvait-il à son gout, comme elle semblait le montrer ? C'était étrange. De plus Sh'Eym n'avait pas du tout l'habitude de fricoter avec les femelles et se trouvait d'autant plus perdu sous ces signaux. Il haussa les épaules, désignant du bout de la patte la sortie de la grotte :

"C'est avec plaisir que je vous laisserais m'accompagner, Dame... Prenons si vous le voulez bien, le chemin de la bibliothèque."