Hey brother [Libre | Ft Gloriel]

La pluie s'abattait depuis des heures sur les terres Lazulis. Gloriel s'était trouvé un abri d'infortune pour tenter de fuir la pluie devenant grêle. Il regardait les grêlons tomber depuis un moment, suivant leurs descentes rapides vers une mort certaine. Le temps commençait à lui paraître long. Il détailla une nouvelle fois le lieu qui l'accueillait et le protégeait de l'intempérie. L'odeur de l'humidité y était forte. Sans doute ancienne tanière d'un blaireau, la galerie s'achevant rapidement en cul de sac, était particulièrement étroite si bien que le canin commençait à se demander comment il arriverait à en sortir. Il avait un peu peiné à y entrer et normalement, la sortie serait du même genre. Dure mais faisable. Du moins il l'espérait. Il soupira. Il ne rêvait pas particulièrement de finir sa vie entouré de quelques pelotes de poils de blaireau, de mousse gorgée d'eau et de la puanteur qui empreignait tout la tanière. Un nouveau soupira s'échappa de lui et profitant d'une accalmie pour s’extirper. Il dut pousser avec ses pattes arrières tandis qu'il cherchait prise avec ses pattes avants. Lorsqu'il parvint à sortir, il se retrouva complètement recouvert de poussière, de poils de blaireaux et de mousse. Il s'ébroua sans parvenir à chasser ce qui n'était sien et quant il commença à s'en aller, il entendit la galerie s'effondrer ... Ainsi donc elle n'avait pas supporté que la stature du mâle se libère de son étroitesse.

Gloriel marcha pendant de longues minutes, profitant du calme météorologique pour reprendre sa garde du territoire. Il l'effectuait chaque jour, faisant des tours là où on lui en donnait l'ordre et aujourd'hui, il devait s'occuper des frontières. Il patrouillait depuis le matin. Sa seule pause fut celle de devoir s'abriter des grêlons. Il soupira rien qu'à repenser à ce qu'il puisse en tomber de nouveau mais Ao sembla l'entendre. Les nuages gardaient leur allure menaçante mais ils se retinrent de lâcher leur contenu et le Chevalier les en remercia. S'approchant du fleuve chantant, il en profita pour aller se débarrasser de la poussière et des poils qui n'étaient pas siens. Il barbota un instant dans l'eau, se plongeant dans ses pensées. Les siens lui manquaient. Il commençait à craindre réellement une guerre. Si les clans s'entendaient cordialement, il avait entendu une rumeur sur des solitaires damnés d'un Dieu des mers. Ils avaient provoqué zizanie en terres Ethelkrus mais était-ce réel ? Ou n'était-ce qu'une véritable rumeur ? Il l'ignorait et il sentait qu'il devrait partir à la recherche d'un de ces solitaires. Il avait besoin de voir pour y croire.

Ses pensées furent chassées lorsqu'une odeur lui vint. Il fronça les sourcils et il reconnut le fumet d'Ethelkrus. Ainsi donc certains d'entre eux se sentaient en droit de faire une excursion chez leurs voisins éloignés. Gloriel lâcha un petit grognement. Il ne se sentait pas d'humeur sous ce temps déprimant. Il espérait qu'il pourrait chasser rapidement les étrangers pour pouvoir achever sa ronde et revenir au camp.
Sortant de l'eau, il suivit la berge, laissant son flair le guider dans l'obscurité grandissante. Plus il se rapprochait, plus l'odeur devenait entêtante. Elle lui rappelait certains souvenirs mais il garda la porte de son esprit fermé. Il ne devait pas se laisser déconcentrer. Il n'était plus un Ethelkrus. Malgré son corps grand et musclé, sa démarche devint plus silencieuse. Il devenait le prédateur et non le lourdaud en patrouille. Plus il se rapprochait, plus il discerna deux fumets. Leur marque était semblable mais il y avait autre chose ... Il entendit quelques paroles mais Gloriel ne put les distinguer. Il devait encore se rapprocher.

« Vos terres se trouvent derrière vous, lança-t-il tout en bondissant de derrière un buisson, faisant face aux intrus.

Son expression menaçante se transforma en une surprise non cachée. Il resta bouche bée devant les deux étrangers. Son regard de glace glissa de la femelle au jeune mâle avant de se river de nouveau sur la demoiselle. Le Chevalier se retrouvait truffe à truffe avec sa cadette.

« Que ... Korra ...

Que dire de plus ? Qu'il était content de la revoir ? Tant de mots passèrent dans son esprit qu'il n'en prononça pas un seul, retrouvant une attitude plus passive. Il fronça les sourcils.

« Que fais-tu ici ? C'est dangereux ! Serais-tu devenue folle ? Et ta santé ? Tu n'es pas en état de te promener comme tu le souhaites. Tu as traversé de nombreux territoires en une journée ? Il faut te ménager. Il ne faudrait guère que tu fasses un malaise dans une forêt.

Faire un sermon à sa petite soeur n'était pas la meilleure chose pour de belles retrouvailles ... De plus, il ignorait si sa santé s'était améliorée depuis leur naissance. Quoiqu'il en fut, elle avait réussi à venir jusqu'ici et rien que cela était impressionnant.
La vie aurait-elle décidé de la soigner de tous maux ? Il soupira, s'en voulant d'un tel comportement puis il alla vers elle. Il lui lécha le front avec douceur, souriant.

« Pardon ... Je suis content de te revoir. Que deviens-tu ? Et je suppose qu'il s'agit de ton enfant.Son regard de glace se posa sur le jeune loup. Il lui sourit et s'avança vers lui. Il le renifla un instant avant de se reculer un peu.Je me nomme Gloriel. Et toi jeune guerrier ?

Madeleine

Madeleine s'ennuie, c'est indubitable. Il se baigne, comme à son habitude, dans le lac argenté qu'offre le Vasque de la lune. Drôle de nom, mais pourtant assez révélateur. Madde s'amuse à imaginer la lune, si pâle, si blanche, si ronde, se coucher là le jour venu, créant cette dépression de terrain, et donnant cette couleur holographique à l'onde claire du lac. L'albinos nage avec paresse, sa longue queue crocodilienne zigzague derrière lui, la surface de l'eau est lisse, seule sa queue et le haut de sa tête dépasse de l'eau, ses yeux bleus clair sont à moitié plissés, il se repose et se délecte du calme ambiant. Quelques poissons lui chatouillent les pattes, son poil court et ras lui colle à la peau mais Madde se sent aussi bien que dans le ventre de sa mère, ou dans le marais dans lequel il a vu le jour. Il veille à ne pas dormir, il est encore tôt, les Lazulis auront peut-être besoin de lui pour chasser ou pêcher. Il baille et s'approche doucement de la berge. Il se hisse hors de l'eau et s'ébroue, chassant l'eau de ses poils blancs jaunis. Il s'étire, sa lourde queue reste immergée, il se couche puis observe autour de lui. La neige a fondu, l'herbe redevient verte petit à petit, le printemps ne tardera pas à pointer le bout de sa truffe. Un doux bruit de clapotis résonne dans ses oreilles, sa queue d'écailles se mouve avec lenteur quand il entend des brides de conversation. Une femelle, et une autre voix plus grave. Il frémit, il n'a vu personne depuis longtemps. Il se lève avec difficulté, malgré sa masse musculaire et son corps trapu, sa queue est un poids mort qu'il se traîne depuis toujours, et ses longues griffes ne l'aident qu'à s'agripper à la terre. Il s'approche et entend quelqu'un qui gratte un buisson. Ses petites oreilles se dressent sur son crâne, il se rapproche encore et parvient à voir une louve crème aux cheveux blancs, à ses côtés se tient un mâle un tout petit peu plus grand qu'elle. Madde déduit qu'ils sont frère et sœur ou alors fils et mère, et un détail attire son attention. Une lumière vacille autour du cou de la femelle, elle porte les couleurs de Dairo. Ses sourcils se haussent, et un sourire carnassier s'affiche sur ses babines. Deux intrus. C'est magnifique, il meurt d'envie de se rendre utile, et pourquoi pas se quereller. Et avec des étrangers, rien ne vaut qu'une bonne engueulade, il ne les connaît pas, il ne risque pas de se faire tirer les oreilles par les Lazulis pour mauvaise conduite. Le bout de sa queue frétille, il claque des mâchoires et avant de s'élancer vers les deux, quelqu'un coupe son élan.

Ce mâle, il sait juste qu'il est le frère de l'alpha Lazuli, la jolie Anastasia. Il l'observe d'un air mesquin, il sourit toujours, et alors qu'il feint la surprise, Madde écarquille les yeux. Le frère de l'alpha, ce guerrier héroïque, se tape une Etelkru. Il rit doucement, pour lui-même, d'un rire sadique, il les écoute parler et tout s'éclaire. Le mâle n'est autre que son fils. Il a un fils Etelkru. Si sa jolie sœur savait ça, peut-être qu'elle verrait Madde comme un sauveur qui lui aura éviter une déception atroce. Il frémit d'excitation devant un tel drame. Ainsi se nomme-t-il Gloriel. Beau prénom, assez évocateur, le mâle balafré semble un guerrier glorieux. Mais Madeleine n'est pas impressionné, et la femelle est plutôt jolie avec ses fleurs autour de son crâne. Madeleine sourit, et une idée germe dans sa tête. Peut-être pourrait-il soutirer quelques avantages d'avoir surpris ces retrouvailles ? Il sort de sa cachette, et s'approche des trois lupins en claquant ses mâchoires à la manière d'un prédateur. Il ignore si Gloriel connaît son prénom, enfin, son surnom, il ignore même s'il sait qu'il fait partie de sa meute. Après tout, Madde est discret, si l'on ôte l'attrait albinos et queue de crocodile. Il sourit et sa voix lézarde doucement, à la manière d'une plaisanterie.

"Eh bien, eh bien. Quelles belles retrouvailles."

Il sourit et un drôle de bruit s'échappe de sa gueule, un rire sifflé. Il tourne lentement autour des trois loups, mesurant le risque d'ainsi agir. Ils sont deux mâles, et une femelle. Si jamais il devait se battre, Madde n'aurait pas l'avantage sur le pouvoir, devenir transparent n'était pas très défensif, mais il aurait sûrement l'avantage physiquement. Gloriel est musclé, athlétique tandis que l'autre mâle semble... ailleurs, psychologiquement parlant. Il sourit encore d'un air vorace.

"Que dira ta sœur quand elle apprendra que son petit frère d'amour fricote avec une Etelkru et lui a fait un gamin ?"

Un tss sort de sa gueule, et le piercing traversant sa langue conservant le liquide fluorescent vert, synonyme de Mido, éclaire les dents acérées du loup-crocodile. Il le regarde comme s'il avait pitié, et un sourire machiavélique se dessine sur ses babines. Il tient là une belle affaire, un scandale magnifique. Le puissant guerrier aurait-il donc craqué pour une fleur de Dairo ? Madde s'approche encore un peu, mais reste à distance raisonnable, préférant éviter toute embardée. Les amoureux pouvaient parfois réagir de façon violente quand on découvre leur petit secret.

Le temps était loin d’être idéal pour une petite balade. D’ailleurs, Alys ne comprenait toujours pas pourquoi sa sœur avait entreprit de sortir avec Thalion. Le bêta était en train de recracher la fumée de sa cigarette lorsqu’il avait aperçut la mince silhouette de sa cadette se faufiler hors du camp des Etelkrus. Au début, il avait juste pensé qu’elle allait faire ses besoins mais quant-il avait aperçut son neveu sa curiosité avait été titillée. Alys s’inquiétait quelque peu pour Korra ces derniers temps, elle avait changé depuis la disparition de Lünn et même si elle ne laissait rien paraître, il ne pouvait que constater que quelque chose semblait être brisée en elle. Bien sûr, le disciple de Dairo ne pouvait pas réellement comprendre ce qu’il ressentait, après tout il n’avait pas d’enfants même si il les adoraient, mais la détresse de sa sœur faisait peine à voir et ça, c’était sans même parler de Geb qui s’usait à tenter de retrouver cette loupiote perdue. Alys avait lui aussi participé à quelques expéditions, c’était tout de même sa nièce qui avait disparu, mais sans résultat. Au final il ne pouvait que laisser les deux parents se noyer dans leur chagrin, impuissant. Le plus discrètement possible, bien qu’il soit épuisée par la nuit qu’il venait de passer, le mâle avait donc suivit sa sœur et qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’il comprit qu’elle se rendait en territoire Lazulis.

Quelques secondes, le bêta avait hésité. C’était tout de même un territoire ennemi et il ne fallait pas éloigné la possibilité de tomber sur une patrouille, mais il ne pouvait se résoudre à laisser sa sœur et son neveu seuls et sans protection, aussi il avait continué à suivre leur piste. Korra avait fait une pause et désirant surveiller les alentours, Alys s’assit derrière un tronc d’arbre, tirant une nouvelle cigarette en espérant que sa sœur remarque l’odeur. Mieux valait qu’elle remarque sa présence maintenant que sur le chemin du retour. Sans prévenir, un mâle sortit de derrière un buisson avec un air plutôt menaçant. Le disciple de Dairo constata que son odorat lui avait une nouvelle fois fait faux bond. Alors avec stupeur, Alys reconnu Gloriel, il manqua d’en lâcher sa cigarette tant qu’il était stupéfait, cela faisait combien de temps qu’il n’avait pas vu ce bougre ? Trop longtemps apparemment car entre temps, son aîné avait trop grandi et s’était un peu trop bien musclé. Un instant, le bêta aurait voulut bondir de sa cachette et serrer son frère entre ses pattes, mais cela serait sûrement perçut comme déplacé, surtout qu’un nouvel arrivant venait de montrer le bout de sa truffe et semblait peu ouvert à la discussion…

Le mâle préféra étudier le comportement de l’albinos avant de se montrer. Cependant les paroles de ce dernier arrachèrent une crise de rire à Alys qui trahirent sa présence, si l’odeur de la cigarette ne l’avait pas déjà fait...

« — Ahah Gloriel père ?! Fichtre mais ce serait la meilleure celle-là ahah ! »

L’idée était tellement farfelue ! Le disciple de Dairo ne voyait même pas comment un camarade de clan de son frère pouvait faire une telle hypothèse. Avec difficulté, le mâle reprit son calme et appuya ses pattes avants sur le tronc mort qui lui avait jusque-là servit de cachette. Il recracha une bouffée de fumée avant de reprendre la parole.

« — Veillez me pardonner cher Lazulis, ma réaction était quelque peu déplacée, néanmoins, penser que mon frère aurait pu avoir une quelconque progéniture me paraît tout à fait impensable. » Il marqua une pause, ses babines s’étirant en un mince sourire. « Il serait quelque peu tordu de penser que la louve ici présente puisse être sa compagne, étant donné qu’il s’agit de notre sœur, Korra accompagnée son fils. Surtout que dans notre famille nous sommes fort peu partenaires de l’inceste… »

Il jeta d’ailleurs un regard désolée à sa cadette, elle comprendrait bien vite qu’il avait suivi ses traces et le disciple de Dairo osait espérer qu’elle ne lui en tiendrait pas trop rigueur. Alys se permit durant un instant de détailler le membre Lazulis. Son pelage était aussi pâle que la neige et était plus rosé à certains endroits, un parfait albinos comme il était si rare d’en voir de nos jours. Il abordait une musculature imposante et cela ne faisait nul doute qu’au combat, il devait avoir peu de rivale. Le plus curieux chez le canin était sa queue, reptilienne, qui n’était pas s’en rappeler celles de la famille de Nout. Cependant, le bêta doutait fort qu’ils aient un lien de parenté, la famille viking possédait une queue plus fine, plus féminine même, qui faisait moins pensé à un crocodile qu’à l’albinos qu’il avait en face de lui. Le bêta reporta ses prunelles vairons sur Gloriel.

« — Hum mon frère, comme tu as raté des choses... cela fait un bien fou de revoir ta silhouette dans le coin. Dit-moi, tu espères avoir un visage entièrement écorché avant la fin de l’année ? »