Seule...ou presque (feat Descada)

C'est avec une curiosité morbide que venait souvent PearlNox dans ce genre d'endroit. La Bleue marchait calmement et vagabondait sur le territoire de manière aléatoire vers là où le vent l'emmenait. Fervente du calme, l'île fantôme, bien que lugubre, lui fournissait ce dont elle avait besoin : on n'y croisait pas grand monde ou du moins, pas de vivants. Les fantômes et les esprits hantaient ces lieux et cela se sentait dans l'air moite qui entourait cette île. PearlNox ne trouvait pas ce lieux effrayant, tout simplement étrange, plein de mystère. Elle prenait le temps de bien regarder autour d'elle, de humer comme il se faut cet air lourd et plein d'histoires enterrées par le temps et écoutait avec intérêt les murmures presque inaudibles des esprits vagabondant. Oui, il en fallait bien plus pour l'apeurer. Elle se rappelait cependant sa première venue ici quand elle était enfant : elle en était repartie la tête basse et la queue plaquée contre le ventre en couinant, priant pour qu'un adulte vienne la chercher et la ramener au camp. Mais à présent, Pearl avait compris que le fruit de sa peur qu'elle éprouva à ce moment de sa vie n'était que la peur de l'inconnu et de l'incompréhension. Elle croyait dur comme fer que ce lieu était bien incompris des autres qui voyaient ce lieu bien d'un mauvais œil... Peut-être le revers de son côté profondément optimiste qui la poussait à voir le bien en chaque chose ? Peut-être bien.. En tout cas, l'adepte appréciait ce lieu et son atmosphère hors du commun. Le fait de pouvoir ressentir les esprits habitant les lieux était un sujet qui la passionnait franchement, quitte à passer pour la folle de la meute (Chose qu'elle pensait sincèrement ne pas être. Non. Elle voyait bien d'autres personnes occuper cette place plutôt qu'elle -sans vouloir jeter la pierre à qui que ce soit bien sûr-).
Par moment, chose plutôt surprenante de la part de Pearl, elle essayait de communiquer avec les esprits. Ou du moins tentait de les comprendre en premier lieu. S'efforçant de déchiffrer ne serait-ce qu'une parole, un mot, elle fermait les yeux et se concentrait de manière à pouvoir discerner les dialogues qui se faisaient derrière elle.

- Qu.. Qu'est-ce que vous dites ?... Est-ce que quelqu'un m'entend ? Demandait-elle par moment avec la voix la plus douce possible, de peur d'effrayer les esprits qui passaient par là.
Cependant, à chaque tentative, rien de concluant ne s'en suivait ; mais cela ne l'empêchait pas de retenter quelques minutes plus tard. Toujours avec ce même résultat. Pourtant, les murmures semblaient plus forts, plus puissants, mais rien de déchiffrable ne pouvait atteindre les oreilles aiguisées de la femelle, pourtant très attentive à ce qui l'entoure de manière générale.

Marchant paisiblement, sa queue traînée au sol (comme habituellement), la jeune louve regagna la plage de l'île qui permettait la vue sur le continent. La brume y était moins épaisse ici, l'air moins lourd et les murmures moins audibles. Emportée par ce calme plat, Pearl ferma les yeux et prit une grande inspiration, reteint sa respiration quelques instants et expira doucement. Il y avait peu de vent ici, voire même aucun. Ce qu'on pouvait penser être le bruissement des arbres n'était qu'en fait les murmures des âmes qui tantôt se rapprochaient, tantôt s'éloignaient. C'était un peu comme les aléas des vagues : ce petit spectacle qui se déroulait sous les yeux de la louve qui restait d'un calme presqu'affolant. Pearl, toujours fidèle à elle-même.

C’était d’humeur nostalgique, peut-être, que Descada avait traîné les pattes jusque ici. Elle était encore en réflexion, ne savant pas vraiment quelle direction prendre, elle, et son frère Azkaban. Mais elle aimait épier ses parents, qui s’aiment toujours autant cela dit en passant. Morokei et Aurélion étaient toujours fidèles à eux-mêmes, et à cette meute, bien visiblement. Plongée dans ses pensées, Descada n’avait presque pas remarqué une présence bleutée qui se fondait parfaitement bien avec le décor de la nuit. La louve qu’elle trouva magnifique avec ses petites constellations parcourant son corps, se dirigeait, toujours su le territoire, vers l’île fantôme, ou l’île aux brumes, comme Descada aimait à la surnommer. Elle ne voyait rien d’effrayant à un fantôme, puisqu’on ne le voyait pas. Tant qu’elle n’avait pas besoin de voir, ça allait très bien à la jeune femelle. Alors elle n’avait pas peur. Et la louve qu’elle avait aperçue non plus d’ailleurs, semblait-il, car elle allait d’un pas franc vers l’île. Curieuse, elle décida de suivre sa congénère Nakhu, surprise de ne pas l’avoir remarquée auparavant.

La jolie louve tenta le spiritualisme, en lançant des paroles pour s’adresser aux esprits qu’on ne voyait pas. Elle se demanda alors si elle pouvait les entendre, comme elle. Descada avait l’ouïe aiguisée, à cause de son handicap visuel, ce qui expliquait pourquoi elle entendait les chuchotis qui flottaient dans la brume de ce lieu. Mais elle ne savait rien de cette louve. Elle la suivit alors sur la berge, piquée de curiosité et tuant le temps, espérant que le ciel étoilé lui offre ses réponses, en vain, pour le moment. Discrètement, elle s’assit à ses côtés, écoutant d’abord le paysage, pour ensuite s’adresser à elle.

« Aimez-vous les mystères de la nuit ? »

N'ayant toujours pas ouvert les yeux, La Bleue profitait purement et simplement du calme plat qui englobait l'île. Elle en était même parvenue à oublier le bruit des âmes derrière elle. Cependant, un autre son lui parvint aux oreilles qui n'était en rien un bruit venant du monde des morts : des bruits de pas. Très discret, comme la louve qui en était l'auteure. Celle-ci s'assit aux côtés de Pearl et regarda comme elle l'horizon.
La Bleue garda les yeux fermés tout d'abord puis les ouvrit quelques temps après que sa congénère lui pose sa question.

- Oui...C'est certainement durant la nuit que je m'épanouis le plus, répondit-elle tranquillement, sans la moindre précipitations. Le regard perdu dans l'horizon, elle tourna légèrement la tête pour constater plus précisément qui l'avait rejoint. C'était Descada.

- C'est pour ça que tu es là toi aussi ? demanda-t-elle, une pointe de curiosité dans son ton pourtant très calme.

Elle connaissait peu Descada, pourtant les deux louves avaient le même âge et vivaient dans la même meute. Pearl se dit alors intérieurement que ce résultat était surement lié à son habitude à rester à l'écart des autres. Si la louve ne l'avait pas rejoint, Pearl ne l'aurait sans doute jamais fait. L'adepte se disait même quelque fois qu'elle devait aller vers les autres et leur parler, mais elle finissait par ne jamais le faire. Non pas par timidité, mais tout simplement parce qu'elle ne voyait pas un intérêt quelconque à la chose. Elle restera toujours sympathique, là n'est pas le problème, mais c'est vrai que la louve est une réelle adepte de la solitude et de la liberté. Pour elle, une société engendre inévitablement des conflits (chose complètement normale). Elle aime la société, mais à petite dose. Elle aura souvent tendance à partir avant que les choses ne dégénèrent en dispute. Pearl n'aime pas les problèmes, elle déteste ça. C'est peut-être pour cela qu'elle a une tendance à essayer de résoudre ceux des autres... Allez savoir.