La voix des Sages ○ Crystal

Ann ; 1 an
F  A E I

La montagne. Tout était rocailles, herbes plus ou moins sèches, gravats. Dans toutes les histoires, étrangement, les loups sages se trouvaient dans les grottes profondes des plus hautes montagnes, ou dans des lieux difficiles d'accès et toujours, il faut grimper pour y parvenir. Et si pour Ann, la raison et la clairvoyance venaient des tréfonds de l'Océan, elle voulait rencontrer les plus éclairés des autres groupes, sur le continent. Pour jauger de leur connaissance du monde, du haut de ses dix lunes. La petite sorcière au poil noire se glissait donc, de corniches en rochers, de crevasses en éboulis, pour monter toujours plus haut, toujours plus loin, en quête d'un vieux loup avec toute la connaissance de son monde. C'était, bien sûr, une lubie d'enfant, une idée saugrenue d'adolescente qui veut découvrir la terre et qui se croit au dessus des règles. La jeune pirate aimait les contes, les les légendes et autres récits fantasmagoriques. S'imaginant croiser un esprit de la montagne à l'instar de ceux peuplant les profondeurs de la mer, l'imagination débordante de la femelle s'emporta jusqu'au frontières de l'impossible. Ann finit même par perdre un peu contact avec la réalité et trébucha dans un fracas de cliquetis et de grelots tintinnabulant. Forcément. La noiraude se releva d'un bond et s'ébroua vigoureusement. Puis, elle reprit sa marche solennelle, tête basse et cette fois-ci, dans la discrétion la plus totale, ainsi, elle passa de clochette ambulante à un silence parfait. Idéal pour surprendre l'âme d'un vieux sage de la terre.

Ann ; 1 an
F  A E I

Et ce n'est pas un vieux qage qu'Ann surprit. Il y avait là, légèrement en contrebas, une louve ailée. Elle ne portait pas le même ramage qu'Eva la créature de légende, ni son corps fin idéal pour la vie dans les airs. Par contre deux choses firent pétiller son regard de jeune louve malicieuse : cette femelle était également une porteuse de la magie pourpre, et elle était extrêmement belle avec ses couleurs chatoyantes et ses ailes vibrantes de magie. Certaines plumes d’ailleurs, semblaient plus lumineuses, plus chantantes. Si magnifiques qu'Ann voulu posséder ces ailes. Son instinct de forbante s'éveilla, avide de ce trésor. Oubliant toute prudence, car trop obnubilée par cette idée, elle bondit de sa corniche sur le dos de la Nakhu et manqua sa cible de très peu. La jeune noiraude roula sur le côté, la gueule pleine d'une petites poignées de plumes vaporeuses, cotonneuses, mais normales. Du moins, elle n'avait pas réussie a arracher les joyaux de ces jolies ailes. Dommage. Dans un grand sourire innocent et un regard plein d'émerveillement à peine feint, elle se releva et cracha les quelques plumes volées. ( Dé réussite AGI 3 )

« Pffrt. DESOLEEEE !! J'ai glissé de là-haut ! Je t'ai pas fait mal ??   »

Yeux doux, sourire timide. Face d'enfant adorable. Et en même temps, elle balaya d'une patte parfaitement silencieuse les plumes duveteuses au sol vers l'arrière pour qu'elles disparaissent discrètement derrière ses pattes et qu'elle les subtilise définitivement, tout en faisant un maximum de bruits avec les breloques dans ses boucles blondes. A defaut des plumes de lumières, elle en aurait des belles violines à accrocher dans ses cheveux.

« OHLALA mais t'es trop jolie, je suis désoléééée d'avoir abimé tes ailes !! »

Se plaignit la louvette au regard sanguin et au pelage de charbon.

Ann ; 1 an
F  A E I

Ouf. Elle était tombée sur une louve plutôt sympa. Une chance pour elle ! Enfin, bon, elle ne risquait pas énormément avec un porteur de violet, mais bon, on en savait jamais. D'ailleurs, la louve était si avenante qu’elle ne se formalisa pas des quelques plumes manquantes et lui retourna la question. Ann offrit un véritable sourire d'ange à la louve ailée. Un sourire aussi faux que machiavélique.

« Non non, tout va bien ! Quelques touffes de poil ébouriffées ! »

Après avoir glisser les douces denrées récupérées et soigneusement cachées dans une de ses poches secrète, à l'intérieur de sa cuisse, elle s'avança vers la femelle aux cheveux couleur aurore. Elle se secoua et ouvrit ses ailes en grands. Le regard d'Ann brûla plus encore d'envie. Là, elle les voyait bien, les plumes iridescentes, merveilleuses, mystiques. Mieux qu'avant, et plus elle les avait sous les yeux, plus son âme les lui réclamait. Ce trésor serait sien ! La vision cessa soudain quand la disciple de la Corneille referma ses ailes contre son dos. La noiraude dû retenir un soupir de déception.

« Oh... Euh... Je cherchais des plantes pour soigner mon papa malade... Il n'y a pas grand-chose qui poussent sur mon île. »

Ann prit un air tout penaud. Ce n'était bien entendu pas du tout vrai, mais de temps en temps il pouvait être aussi amusant qu'utile d'user de charmes et de tromperies. C'était le propre des Pirates plein de convoitise pour le bien d'autrui. Avec un peu de bon sens, elle qui avait l'air d'être une pauvre petite jeune louve, donnerait envie à la Nakhu trop gentille d'aider, et viendrait alors l'occasion de lui dérober l'une de ses plumes joyaux. Et si elle ne parvenait pas à être une assez bonne actrice et qu’elle se faisait griller, elle tenterait le vol à patte armée. Bien qu’elle était aussi frêle qu'un concombre de mer face à une raie manta. Ou presque.

Ann ; 1 an
F  A E I

Son plan fonctionna à merveille. Merveilleusement bien. Trop bien. Même. S'engouffrant dans la brèche volontairement creusée, la louve aux jolies ailes proposer immédiatement son aide parce qu’elle avait des connaissances en matière de soins et de plantes... Elle n'avait pas prévu ça et ne connaissait pas assez de maladie pour pouvoir donner des symptômes cohérents. Elle ne connaissait rien d'autres que le rhum de mi-saison, la grippe de la saison froide, les insolations et... Les affres de la beuverie.

« Il a très tr-ès mal à la tête... et... »

Ou pouvait-elle aller avec ça ?

« ...euh il tousse... Beaucoup beaucoup ! »

Oh làlà, vite une idée de truc grave !

« Et il a la truffe qui coule... Du sang ! Comme si le cerveau fondait et passait par là ! »

Alors là si c'était pas genre une catastrophe hein ! La louvette sourit à la caresse de la femelle aux cheveux couleur d'aube. Bon, elle souriait parce qu'elle était contente de son mensonge, pas parce que l'autre la rassurait, mais bon... la différence était difficile à discerner chez un enfant, pas vrai ? Du coin de l'oeil, Ann visait toujours les quelques plumes miroitantes comme des diamants non polis.