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 Quite a Heartbeat — Epreuve de Vie

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Cassius
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MessageSujet: Quite a Heartbeat — Epreuve de Vie   Quite a Heartbeat — Epreuve de Vie EmptyMar 03 Sep 2019, 15:22


Spoiler:





Quite a Heartbeat
Epreuve de Vie | Joaquín



Slalomant entre les arbres.

Joaquín allait bon train. L'estomac plein, la démarche souple et l'oeil vif. D'un pin à l'autre, le bruit de ses pas étouffé par les aiguilles roussies qui constellaient le sol, entre deux tapis de lichen. La respiration calme, sa silhouette noire se coulant parmi les ombres du petit matin, lorsque la brume ne l'avalait pas totalement.
Cela faisait quelques mois qu'il prenait de plus en plus de risques, s'enfonçant toujours plus loin dans les terres des meutes, s'approchant toujours plus près des patrouilles, devenant de plus en plus laxiste lorsqu'il s'agissait de couvrir ses traces, ne cherchant même plus à brouiller les pistes.
Il n'en avait pas eu véritablement conscience, les premières fois. Il se supposait l'esprit ailleurs, trop occupé à cogiter sur Dieu seul savait quoi pour remarquer les touffes de poils qu'il pouvait laisser en rasant les arbres d'un peu trop près. Ces derniers temps, c'était comme si son esprit était dans le flou. Il y avait cet espèce de bruit blanc qui lui emplissait le crâne, embrouillait ses idées, allait jusqu'à lui en filer la migraine. Il semblait évoluer en dehors de son corps, parfois, se contentant d'observer ses faits et gestes de loin, spectateur silencieux et invisible, incapable de s'investir dans ce qu'était devenu sa vie.

Soyons honnêtes, ça n'allait pas.

Ca aurait pourtant dû aller. Il vivait tranquillement dans son coin, se nourrissait correctement, avait un petit terrier plus que correct creusé sous une vieille souche d'acacia, au beau milieu de la Savane. Manquaient l'alcool et le rapports sociaux, peut-être. Il supposait que c'était surtout l'aspect social qui lui faisait défaut. Etre dans une bande lui manquait. Le contact et l'interaction, même hostile, lui manquaient. Merde, même le regard fulminant de rage à peine contenue que Nacho posait sur lui à chaque fois qu'il le croisait lui manquait. Il avait bien croisé quelques personnes, eu des échanges remarquablement peu agressifs, mais n'avait strictement rien construit depuis qu'il était ici.
Il avait longtemps cru que c'était de là que venait son mal.
Puis il y avait eu cet ours.
Pas spécialement balèze, pas un grizzly, mais un ours tout de même. Avec des griffes capables d'aller chercher ses tripes directement dans son ventre et de les en faire sortir sans la moindre résistance pour peu qu'il ait bien placé son coup. Ca avait été une rude soirée, et Joaquín avait mis trois bonnes semaines à totalement s'en remettre.
Et ça avait réveillé quelque chose en lui.
Parce que tandis qu'il s'échinait à ne pas crever entre les pattes de cette immense bestiole, donnant autant de coups qu'il en encaissait, pissant le sang, buvant le sang, tout, dans son esprit, avait été limpide. Il s'était senti vivant. Plus de doute, plus de confusion. Son cerveau noyé sous un torrent d'adrénaline, toutes vannes ouvertes, il s'était accompli.
Pour mieux mourir à petit feu une fois de retour chez lui, ses plaies pansées, la viande digérée, et son corps exempt de toute douleur résultant de l'affrontement.
A partir de ce jour, Joaquín n'avait plus fait attention. Plus du tout. Il aspirait à plus.
Et il avait trouvé plus.


Slalomant entre les arbres.

Joaquín allait bon train. La respiration accélérée, ses pattes martelant frénétiquement le sol, éclaboussant les alentours de terre humide, les fougères fouettant son visage, et son coeur battant à tout rompre. Il fallait bien que ça arrive un jour. C'était pas non plus comme s'il avait tout fait pour l'éviter.
Une trentaine de minutes plus tôt, alors qu'il s'amusait à trainer dans les parages et y répandre son odeur un peu partout depuis deux bonnes heures environ, le vent avait porté à son nez l'odeur d'une patrouille, à quelques kilomètres de là. Il n'y avait pas spécialement prêté attention au début, ce genre d'évènement étant devenu assez récurrent pour lui, ces derniers temps. Il avait continué d'avancer, à son rythme, dans une certaine insouciance.
Dix minutes plus tard, l'odeur était toujours présente. La brise était légère, changeante, tourmentée. La brume s'était désormais dissipée. La patrouille, elle, s'était considérablement rapprochée. Joaquín avait commencé à y prêter plus attention, mais n'avait pas changé de cap. Un peu plus alerte, il avait continué.
Dix minutes de plus et un craquement survenait sur sa gauche. Il avait accéléré le pas, et puis un autre bruit, un peu en contrebas, lui avait suggéré qu'il était en passe d'être cerné. A ce stade, il galopait.
Bondissant par dessus les fourrés, ses griffes ripant sur la pierre, le bruit d'une folle cavalcade juste derrière lui.
Par delà le bruit sourd de sa respiration désormais brûlante, il avait entendu le roulis de l'eau, non loin à l'Est. Avisant une vieille souche aux dimensions colossales, il s'était précipitée vers cette dernière, creusant pour passer en dessous, ne faisant plus qu'un avec la terre, et il s'était tapi là, à l'écoute. Au bout de quelques instants ses poursuivants avaient débarqué, allant et venant en tous sens, et il s'était enfoncé un peu plus dans le sol, se collant aux éclats de bois rongés par l'humidité, s'imprégnant de leur odeur pour camoufler la sienne. Il avait entendu des éclats de voix, juste au-dessus de lui. Attendu qu'ils s'éloignent un peu pour repartir au triple galop dans la direction depuis laquelle il était venu. Avait rallié l'eau, plongé dans un ruisseau glacial, remonté son courant sur une vingtaine de mètres, préférant noyer sa trace olfactive plutôt que de perdre du temps, puis était monté sur l'autre berge et avait repris sa course.
Il avait cru les avoir semés, un temps, mais s'était de toute évidence leurré puisqu'un quart d'heure plus tard, ils étaient de nouveau derrière lui.
A ce stade, Joaquín avait abandonné l'idée de fuir. Et avait constaté que l'idée d'une confrontation avec de multiples opposants dans un territoire qu'ils connaissaient bien mieux que lui était loin de le terrifier, comme elle aurait dû le faire.

Il aurait pu se dissimuler de nouveau pour tenter une attaque surprise et mettre toutes les chances de son côté. Mais il avait plutôt choisi de s'arrêter dans une petite clairière dégagée et d'y attendre ses poursuivants, calmement, profitant de ce court moment de répit pour reprendre son souffle et se préparer à la suite, quelle qu'elle soit.


Lorsque de nouveau un bruit retentit sur sa droite, un peu au-dessus de lui, Joaquín avait les paupières closes, et l'esprit des plus clairs. Il laissa les loups l'encercler dans la sérénité la plus totale. Sachant pertinemment ce qui se présentait à lui et ce que cela impliquerait pour son avenir, si toutefois avenir il y avait. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il y avait face à lui un grand mâle à la fourrure claire, un peu plus âgé que lui, probablement chef de patrouille. Accompagné de deux individus bien plus jeunes.
A sa droite, un mâle gris et blanc, portant à son cou un artefact qui luisait du même jaune que ses yeux. Sur sa gauche, une femelle, petite, fine. Le dégoût qui l'animait était indéniable. Les mâchoires de Joaquín se crispèrent. Il n'avait pas envisagé ça.
Ses prunelles dorées allant rapidement d'un loup à l'autre, il demeura silencieux pendant qu'ils échangeaient quelques mots entre eux, visiblement satisfaits. Il crut entendre des mots comme ami, assassin. Il eut l'impression qu'on parlait de quelqu'un d'autre. Une personne à laquelle il serait visiblement apparenté. Il supposa se tromper, son esprit trop peu disposé à la discussion en l'état actuel des choses, car ça n'avait strictement aucun sens. Lorsque le chef fit un pas dans sa direction, Joaquín se campa légèrement sur ses pattes, l'échine basse, prêt à bondir. Son poil se gonfla et ses babines se retroussèrent. Sur ses côtés, les deux autres s’avancèrent à leur tour, et il n'y eut plus qu'une issue seule possible.

Visiblement plus impatiente que les autres, ce fut la femelle qui fondit sur lui le premier. C'était sûrement pour lui la meilleure chose qui puisse arriver, et il eut à peine le temps de se tourner vers elle qu'elle le heurtait à une vitesse inattendue. Avec un aboiement rauque, il se laissa emporter par l'élan de cette dernière, roulant avec elle, et lorsqu'il se retrouva sur le dos utilisa ses pattes pour la projeter plus loin. Elle était bien plus légère que la plupart des opposants auxquels il avait pu être confronté jusque là et alla heurter un rocher, au pied duquel elle s'affala, visiblement sonnée. A peine se relevait-il que l'autre jeune, visiblement échauffé de voir sa compagne de patrouille rembarrée de la sorte, lui sautait sur le dos et s'accrocher à son encolure. Contrairement à ce dernier, Joaquín avait la fourrure épaisse, et un épais collier pour protéger cette zone sensible, aussi l'autre ne parvint-il pas à trouver une prise valable, permettant au loup noir de lui faire lâcher prise en se cabrant violemment. Il fit volte-face vers lui et tenta de le mordre, mais l'autre se recula vite, et les dents de Joaquín claquèrent dans le vide, à quelques centimètres de son museau. Joaquín darda sur lui un regard empli de colère, et le grondement qui s'échappa de sa gueule fut presque immédiatement étouffé lorsque le dernier membre de la patrouille arriva par derrière et le percuta d'un coup d'épaule, l'envoyant rouler plus loin. Il finit sa course dans la terre, qui eut le mérite de le protéger d'éventuelles écorchures. Se redressant aussitôt, Joaquín gratifia ses assaillants d'un nouveau grognement, et entreprit de tourner lentement autour des deux mâles, surveillant du coin de l'oeil la petite femelle, qui se hissait péniblement sur ses pattes. La logique aurait voulu qu'il s'attaque d'abord à elle, alors qu'elle était amoindrie, et se débarrasse vite de la plus fragile du groupe, évitant d'éventuelles mauvaises surprises par la suite, car si cette dernière n'était pas la plus robuste, sa vitesse était remarquable, et il ne doutait pas qu'elle n'hésiterait pas à l'étriper si elle en avait l'occasion au vu de la manière dont elle le regardait. Il n'en fit cependant rien, concentrant principalement son attention sur les deux mâles, qui s'éloignaient l'un de l'autre et venaient dans sa direction.
Les préliminaires désormais terminées, il fut temps d'entrer dans le vif du sujet.
Il prit son élan et fondit sans prévenir sur le plus jeune, la gueule béante. Ce dernier, voyant venir une attaque frontale, se recula, et Joaquín, atterrissant face à lui, changea de cible et visa ses pattes. Réussissant à refermer ses mâchoires sur l'un des antérieurs du mâle, il se braqua et, ses griffes fouillant la terre, pris appui sur le sol pour tirer violemment dessus, secouant la tête pour occasionner le plus de dégâts possibles. Le sang commença à couler dans sa gueule, et il déjà le plus vieux des deux mâles lui fondait dessus. Il choisit de ne pas lâcher prise, espérant mettre hors course le jeune — qui, dans un jappement de douleur, était tombé au sol et battait l'air de ses autres pattes, probablement dans l'espoir de retrouver son équilibre – le plus tôt possible, quitte à essuyer des dégâts. Une douleur lui transperça le flanc tandis que les crocs de l'autre transperçaient sa peau. Sans pour autant lâcher la patte du premier, il se laissa tomber sur le côté, prenant le risque d'exposer temporairement son ventre, et abattit ses pattes dans le visage du second, frappant au hasard. Avec un brusque coup de tête, il se recroquevilla sur lui-même et ramena le plus jeune des deux loups contre lui, tirant de nouveau sur sa prise. Ce dernier percuta son compagnon et tandis qu'il secouait une ultime fois sa prise, et Joaquín entendit la douce mélodie d'un os qui se brisait. Un sourire ravit étira ses lèvres imbibées de sang et il ouvrit enfin la gueule, griffant et donnant des coups de dent dans tout ce qui se présentait à lui, cherchant un appui pour se remettre debout et se tirer de là.
Ce fut cette fois l'une de ses pattes arrière qui fut parcourue d'une intense douleur : la femelle s'était rétablie et jetée dans la mêlée, et tenyait visiblement de l'immobiliser, exposant de nouveau son ventre par la même occasion. Il gronda avec fureur, se sentant dans une mauvaise passe, et envoya un grand coup d'épaule dans le plus jeune des deux mâles avant d'attraper son aîné par le cou et de se tordre sur le côté pour le faire tomber. Emporté par l'élan d'un loup plus lourd que lui, il profita du mouvement pour s'arracher à l'étreinte de la femelle et revenir sur ses pattes. Bondissant en arrière, il sentit de nouveau sa cuisse qui le lançait, là où elle l'avait mordue un peu plus tôt.
Il n'entendait plus grand chose, si ce n'était le bruit irrégulier de sa respiration, et le martèlement frénétique de son coeur, qui retentissait dans tout son crâne. Tout était confus, et pourtant si clair.
Mais il y avait toujours un problème.
La femelle.
Joaquín ne pouvait se résoudre à frapper une femme.
En dépit de la répulsion qu'il inspirait à cette parfaite inconnue, il ne pouvait s'empêcher de voir en elle sa grand-mère, sa mère, sa soeur.
C'était la limite qu'il ne pouvait franchir. Il s'en savait incapable. Et il savait pertinemment que ça le perdrait, un jour ou l'autre.
Un jour qui était peut-être bien plus proche qu'il ne l'avait jamais imaginé.

Le plus âgé des meutards était plus touché qu'il ne l'avait cru au début, et son cou présentait désormais une plaie béante et ruisselante de sang. L'autre mâle tentait de se remettre debout, mais sa patte était également salement touchée, et ne serait-ce que tenter de prendre appui sur cette dernière lui causait visiblement une douleur intolérable, car il s'affaissait aussitôt. La petite, elle, revenait déjà vers lui, tous crocs dehors. Elle était toujours indemne. Furieux, Joaquín cracha par terre, et se tapit au sol lorsqu'elle lui arriva dessus, avant de lui donner un autre coup d'épaule pour la repousser. Il claqua plusieurs fois des dents en la fixant, en guise de mise en garde, espérant lui signifier de ne pas s'approcher. Cette dernière n'en eut que faire et revint à la charge, et il se résolut à aller au contact, la percutant de nouveau, claquant des dents rapidement, mordant, parfois, mais jamais trop fort, jamais trop gravement. A jouer au con, comme ça, il essuya en revanche beaucoup de dégâts. La harpie était coriace et n'avait contrairement à lui aucune réticence à frapper. Ils roulèrent ensemble un moment, l'un sur l'autre, dans un concert d'aboiements féroces, et s'il la toucha quelques fois il réalisa bien vite que la plupart du sang qui coulait dans sa gueule était principalement le sien, non celui de la femelle. Il la repoussa avec force, claqua de nouveau des dents, et s'apprêta à la réceptionner une nouvelle fois lorsqu'une ombre fondit sur lui. Le vieux mâle était revenu sans qu'il ne s'en aperçoive, trop occupé à parer les coups de la jeune femme sans trop l'amocher en retour, et il se retrouva à faire avec deux gueules avides de plonger dans sa chair au lieu d'une. Au bout d'interminables secondes, il parvint à enfoncer l'un de ses antérieurs dans la blessure qu'il avait infligée plus tôt au vieux loup, et appuya de toutes ses forces, sentant le sang couler le long de sa patte et éclabousser son visage. La douleur étant trop intense à supporter, contraignant ce dernier à basculer en arrière, et Joaquín réussit s'agripper à son épaule. Laissant de nouveau le poids de l'autre l'attirer pour l'aider à se remettre debout, il alla chercher la gorge du mâle. Et était sur le point d'atteindre sa cible lorsque de nouveau quelque chose le heurta, le faisant manquer son objectif de peu. Le jeune mâle avait réussi à se trainer vers eux. La suite ne fut plus que chaos. Griffant et mordant à tout va, griffé et mordu en échange, Joaquín ne voyait plus. Perdu dans une brume rouge, criblé de toutes parts, il sentait au-delà de la douleur une certaine quiétude s'emparer de lui. Il se sut exactement là où il devait être.
Quelque chose l'attaqua au visage. Une profonde estafilade courut le long de sa joue, manquant de peu son oeil, et dans un sursaut, il enfonça ses crocs dans quelque chose. Secouant de nouveau sa tête en tous sens, il entendit un hurlement déchirant, par delà le bourdonnement assourdissant qui encombrait son esprit, et ce fut comme une douche froide qui le ramena immédiatement sur terre.
Ce n'était pas une voix d'homme.
Il tenait dans sa gueule la femelle. Ses mâchoires refermées sur son cou, non loin de sa tête, à quelques centimètres à peine de son oreille, en un étau redoutable. Saisie de convulsions, cette dernière s'agitait, échouée sur lui.
Il lâcha immédiatement prise et la repoussa. Il crut entendre un éclat de voix, sentit que quelque chose l'attrapait par la nuque, de nouveau, et roula sur le côté avant que celui qui s'attaquait désormais à lui n'ait le temps d'affermir sa prise. Sans réfléchir, voyant que l'autre allait lui tomber dessus, il plongea ses crocs dans la fourrure qui passait dangereusement près de sa gueule, n'ayant pas vraiment conscience de ce dans quoi il mordait, sachant juste que ce n'était pas la femelle, puisque cette dernière gisait désormais inconsciente à côté de lui, une flaque de sang de formant peu à peu sous sa tête.
La viande était tendre et gorgée de sang. Il serra de toutes ses forces, agitant de nouveau la tête, et ne lâcha pas, assénant des coups de patte à tout ce qui s'approchait. Quelques secondes plus tard, celui qui était sur lui s'effondrait totalement, le couvrant de tout son poids.
Joaquín se débattit, et parvint à s'extraire de sous le corps inerte. Il constata qu'il s'agissait du mâle le plus âgé, et qu'un trou béant s'ouvrait désormais là où devait être sa gorge. Heureux hasard.
Il était mort.

Un mouvement sur sa droite lui fit faire volte face. Le plus jeune des deux mâles le regardait avec effroi, peinant à se tenir debout, son regard allant de lui à son aïeul, fébrile. Ressemblant désormais plus à un triste épouvantail couvert de sang des pieds à la tête qu'à un véritable loup, Joaquín s'approcha de lui, grondant. L'autre se ramassa sur lui-même, visiblement en état de choc. Il s'arrêta à un mètre, le surplombant de toute sa hauteur. La confusion s'estompait peu à peu et si l'adrénaline continuait de courir dans tout son corps, il sentait ses membres s'alourdir, et une profonde fatigue menaçait de s'emparer de lui. Merde, il n'avait aucune idée de l'état dans lequel il se trouvait. Il aurait pu avoir un énorme trou dans le ventre et les tripes à l'air, il n'aurait même pas été au courant. Même s'il supposait que ça aurait été sensiblement plus douloureux que le vague tiraillement qu'il ressentait actuellement au niveau de son abdomen. Approchant sa tête couverte d'hémoglobine du jeune loup, il s'arrêta à quelques centimètres de son visage, ses crocs toujours dévoilés. Ses yeux allèrent chercher ceux, terrifiés, de son congénère, et après quelques secondes, il finit par cracher avec hargne :

— Ahora, lárgate.

Voyant le gosse qui le regardait sans comprendre, il émit un nouveau grognement.
Puis, jetant un rapide coup d'oeil vers la femelle, un peu plus loin, il la désigna d'un rapide coup de tête.

Dégagez, articula-t-il d'une voix grave.

Il le vit papillonner des yeux, semblant peu à peu comprendre, et lui asséna un brusque coup d'épaule pour le mettre en mouvement, accompagné d'un pincement de dents au niveau du flanc. L'autre se recroquevilla et partit en boitillant en direction de la femelle.
Il le regarda qui tentait désespérément de la relever, peinant à la hisser sur son dos, incapable de la transporter bien loin, trop
handicapé par sa patte meurtrie pour arriver à quoi que ce soit.
Lorsque le mâle releva la tête, Joaquín avait disparu.



Slalomant entre les arbres.

Le pas un peu moins régulier, la respiration saccadée, l'oeil hagard. Joaquín avançait, il sentait son corps peu à peu s'engourdir, et e laissait peu à peu submerger par une profonde lassitude. La piste qu'il laissait derrière derrière lui était maculée de sang, d'empreintes, de marques, mais il n'avait ni la force, ni l'envie de camoufler ses traces. Il faisait route vers le Sud, et si la satisfaction d'un combat bien mené était légèrement obscurcie par la perspective de possibles représailles, un jour, de la part de ces meutards, Joaquín ne s'en faisait pas trop. Il allait comme le vent, là où ses pas le menaient, et cela n'était pas près de changer. Il aviserait, il avisait toujours.
Cela dit, cette fois-ci, le sentiment d'accomplissement qu'il s'attendait à ressentir, comme lorsqu'il avait tué l'ours, tardait à venir.
Car quelque chose le tracassait.
Il avait beau se sentir apaisé, comme repus, son esprit était agité.

Il n'arrivait pas à se la sortir de la tête.
L'image de cette femelle baignant dans son propre sang, gisant là, au sol, inconsciente, peut-être morte.
Tout ça, uniquement par sa faute.
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