Who run the world ? ○ PV

< Queen ; 1 an

ft. Vanhir & Nyoka ; Meridor, Mildred & Maxim

Une nouvelle fois, la jeune femelle au poil blanc avait fuit le giron sécuritaire de Spleen pour partir à l'aventure. Ne tenant pas en place et ayant ce besoin de constant de bouger et de courir, d'entraîner ses muscles à la vitesse et l'endurance à défaut d'avoir encore la force physique des adultes, elle s'amusait à aller toujours plus loin de la tanière maternelle. Bon, elle ne sortait que très rarement seule, parvenant toujours à embrigader l'un ou l'autre de ses frangins, voir les deux dans ses missions commando. Hier c'était Nyoka qui l'avait suivait comme son ombre. Il était bien plus taciturne et discret que Vanhir mais elle savait qu’elle pouvait compter sur lui plus que sur quiconque. Enfin, sur son autre frère aussi, ils étaient tous les droits très soudés et formaient une équipe de choc. Aujourd'hui par contre, c'était jour de chasse ! Spleen avait laissé partir ses trois petits devenant de beaux adolescents, ensemble pour leur première chasse comme des grands. C'était donc avec une certaine fierté qu'ils avaient parcouru quelques kilomètres pour rejoindre le côté du fleuve où les proies abondaient forcément, puisque point d'eau. Le plus silencieux des trois s'était légèrement éclispé mais Queen ne s'en faisait pas pour Nyoka, il devenait un bon pisteur et saurait les retrouver ! La blanche jeta un regard a son frère qu'elle accompagnait, plus large d'épaule qu'elle mais plus trapu aussi, il était sans nul doute le fier fils de Sly. La petite en était un peu jalouse, c'est pourquoi elle redoublait d'efforts pour être au même niveau que les deux mâles. Elle s'efforçait même de faire mieux qu'eux, mais ce n'était pas toujours facile ! La compétition renforçait la détermination de la jeune femelle, mais aussi la complicité entre les trois adolescents. Il était donc impossible à ces trois jeunes loups ne se pas réussir tout ce qu'ils souhaitaient entreprendre, pas vrai ?

Un bruit attira le regard aux iris presque blanches de la jeune femelle qui se tapit pour mieux écouter. Elle fit un signe à son frangin adoré pour qu'il ne fasse plus de bruit non plus. Les sons venaient de derrière un bosquet d'arbustes jaunissants. L'automne était bien présent maintenant et rendaient les nuits fraîches. Cela signifiait aussi un jour déclinant plus vite et de manière général une luminosité moins forte la journée : ils y avaient beaucoup de jours gris. Ce qui était très bien pour eux, car cela favorisait la sortie des proies qui se sentaient plus à l'abri sous couvert d'un temps sombre et qui de toute façon devaient faire leur réserve de gras avant la saison froide. Alors forcément, trop contente de trouver une potentielle proie à ramener la queue haute à leur mère, Queen écouta attentivement le froissement sur le sol pour bien déterminer la position de la bête à attraper et bondit en travers des buissons pour tomber directement sur le beau fessier clair d'une gamine de leur meute. Elle s'en rendit compte juste avant que ses crocs n’éraflent le duvet de la louvette d'Anianka. Rah ces sales gosses allaient faire fuir toutes les proies. Queen, déçue et agacée de croiser une- ah non des- morveux là où ses frères et elle avait décidés de chasser pour la première fois sans adultes pour les surveiller, grondant, la truffe encore collée sur le dos de Mildred.

« Vous feriez un repas trop facile. »

Dédaigneuse, Queen se redressa et regarda son frère avec un sourire moqueur. Elle se demandait si'il voyait les louveteaux de leur mauvais Alpha comme des potentiels adversaires pour plus tard, où si, comme elle, il ne les voyait que comme des moucherons inutiles.

Aujourd’hui, Mildred sentait qu’elle devait quitter l’île.
Elle et sa fratrie avaient récemment eu l’occasion de fêter leurs six mois – ils se sentaient grandir, ils en étaient fiers. Les pattes de Mildred finissaient par s’épaissir, petit à petit. Elle rattrapait les autres à son rythme.
Aussi s’était-elle mise à davantage jouer de ses épaules au milieu de ses frères et sœurs, elle qui précédemment s’effaçait facilement quand les jeux devenaient brutaux –à son grand désarroi.

Car elle pouvait voir le regard ambré de sa mère se poser sur l’agitation explosive de ses enfants les plus vaillants, les futurs héritiers de sa fougue qui devaient porter sa fougue et son renom.
Elle s’était sentie plus d’une fois blessée par ces yeux fiers qui passaient au-dessus d’elle simplement pour apprécier les efforts que les autres mettaient dans la bagarre. Anianka avait eu des filles fortes, et des fils un peu plus discrets. Mais la jeune Mildred désirait par-dessus tout que sa mère, la prêtresse de leur clan, pose toujours un peu plus les yeux sur elle.
Et désormais qu’elle approchait de sa carrure de jeune adulte et qu’elle constatait avec bonheur rattraper son retard, elle osait finalement s’imposer davantage au lieu de se contenter d’ouvrir sa gueule à la langue bien pendue.
Bien-sûr, Elely et Maxim étaient toujours plus fortes. Et elle eut un bref pincement au cœur en pensant au fait qu’Akira aurait également été une jeune louve hors-pair, si seulement elle était restée un peu plus longtemps auprès d’eux.
Mais Mildred continuerait à s’entraîner.

Et bientôt, Mildred goûterait aux grandes étendues qui s’étendaient en-dehors de leurs terres.
Elle se rappelait encore la déception cinglante qui avait empli son petit cœur la première fois qu’elle avait appris que leur territoire s’était du jour au lendemain retrouvé encerclé par des barrières divines, ceci quelques jours à peine avant leur naissance. A croire que les Dieux avaient fait exprès de les punir en avance et de ne pas les laisser cavalcader ailleurs. Ils avaient déjà mis un certain temps avant d’être autorisés à quitter le territoire qui était pratiquement réservé à sa mère et à sa famille, la belle Île aux Roses – Anianka, depuis la tragédie, ne voulait plus les lâcher d’un œil.
Mais même elle devait se rendre à l’évidence : du haut de leur adolescence naissante, ses bébés étaient parfaitement capables de se débrouiller –d’autant qu’ils ne pourraient pas aller bien loin. Après tout, ils étaient le sang de l’Alpha Gloriel et de l’effigie vivante de Moiro, pas des enfants quelconques et incapables de se tenir sur leurs pattes. Ils étaient forts. Ils étaient capables.

Et en cas de problèmes, l’ombre de Rhaegar ne traînait jamais très loin.

C’est donc l’accompagnement de Maxim que Mildred avait exigé pour sa sortie, allant la débusquer des buissons où elle avait toujours des occupations étranges. Peu lui importait de la déranger.
Toutes les deux avaient un marché, et Mildred ne manquait jamais d’aller lui rappeler quand elle était en besoin de compagnie.
Puis les deux sœurs étaient tombées sur Méridor, qui avait semblé vouloir se fondre dans l’ombre d’un arbre en les voyant arriver – comme toujours. Malheureusement pour leur frère, Mildred était d’humeur particulièrement taquine et elle n’avait pas laissé le choix au jeune mâle de venir ou non, lui agrippant les oreilles pour le tirer avec elles.

Mildred avait d’abord voulu voir le dôme de ses propres yeux. Pour la première fois elle avait vu la paroi, miroitante et irréelle, qui les séparait du monde extérieur et les maintenait prisonniers. Elle l’avait touché de sa patte. La barrière était bel et bien physique. Elle s’était rapidement gonflée de colère pour un instant éphémère. Mido les avait enfermés, Mido avait injustement marqué l’œil de son demi-frère. Mildred ne deviendrait jamais la disciple de ce Dieu injuste !

La petite troupe avait finalement échoué non loin du fleuve qui traversait les terres Lazulis, leurs corps agiles serpentant à travers les arbres, leurs oreilles guettant les sons de la forêt. Mildred n’avait pas prévu d’attraper quelque chose mais ses sens étaient en éveil, son instinct d’espèce prédatrice fluctuant dans ses veines.
Le fond de l’air était frais, annonciateur de l’automne, mais les rayons du soleil qui perçaient la canopée d’une lueur orangée et qui baignaient leurs pelages étaient encore chauds et agréables. Cet endroit serait parfait pour jouer. Un petit sourire carnassier retroussa légèrement les babines de Mildred en laissant poindre le bout de ses canines tandis qu’elle sauta sur place pour faire face à Méridor, entraînant avec elle une volée de feuilles mortes qui craquèrent sous ses pattes. La queue haute et provocatrice, la petite rousse comptait sur Maxim pour l’aider à faire sortir leur frère de sa frayeur. Il fallait bien qu’il apprenne ! Il n’était pas le fils de l’Alpha Gloriel et de leur féroce mère pour rien !

Mildred banda ses muscles, s’apprêtant à bondir sur le mâle aux cheveux blonds.
Mais une masse plus lourde s’abattit sur elle en premier.

Le choc chassa tout l’air de ses poumons et elle ne put empêcher un glapissement de surprise de s’échapper de sa gorge par la même occasion. Elle mordit ses lèvres immédiatement après, se refusant à laisser tout autre son involontaire s’échapper.
Qui avait osé ?!
La colère et l’indignation montèrent en flèche dans son corps. Peu importe qui lui avait sauté dessus – c’était un individu plus âgé qu’elle, elle pouvait en sentir le poids plus important que le sien. Fort heureusement, l’intrus ne s’était pas complètement affalé sur elle non plus et lorsqu’elle sentit un léger redressement, Mildred poussa puissamment sur ses pattes avant pour s’extraire de l’emprise de son assaillant. Ses griffes retournèrent l’humus qui commençait tout juste à tapir le sol de la forêt, et dans une gerbe de terre elle parvint à s’extirper de sous la carcasse probablement disgracieuse l’ayant bousculée.
Un bond la propulsa hors d’une nouvelle atteinte, tout près de sa fratrie, et elle se retourna finalement pour affronter et analyser la menace, ses yeux vairons lançant des éclairs. Sa fourrure aux poils légèrement ondulés dont les touffes avaient été emmêlées par le choc se gonfla encore plus quand elle reconnut l’une des jeunes plus âgée qu’eux dans la meute, accompagnée de ses deux frères en retrait derrière quelques arbres.

— Vous feriez un repas trop facile.

Ses babines se retroussèrent immédiatement et elle gronda d’irritation, outrée que la louve au pelage blanc ose ainsi s’en prendre à eux avec son air si dédaigneux.
Elle s’appelait Queen, si ses souvenirs étaient exacts, et elle était fille de la prêtresse du Dieu injuste. Une prêtresse si peu investie dans son travail qu’elle avait été également marquée par la croix de pupille. Quel déshonneur pour une dévote.
Elle prit quelques secondes pour la détailler rapidement. La fourrure blanche, les yeux clairs – mais surtout les nombreuses marques et couleurs striant son pelage de manière désordonnée. Malheureusement pour elle, la jeune adulte ne pouvait pas cacher l’impureté de son sang. Descendante de pirates et progéniture bâtarde d’un mâle étranger à la meute.
Mildred repoussa les quelques mèches qui s’étaient échappées de son chignon d’un geste sec de la tête, une lueur révoltée brillant toujours dans ses yeux. Elle comprenait mieux pourquoi la louve pâle s’en prenait à eux, maintenant, quitte à vouloir faire du mal à plus jeune qu’elle. Elle était jalouse.
Et si elle croyait pouvoir les intimider… A six mois, elle saurait se défendre. Revitalisée par ses récents progrès, Mildred se sentait prête à affronter n’importe quel adversaire de sa meute. De toute façon, personne n’oserait jamais faire du mal aux enfants de Gloriel et Anianka.

Elle redressa fièrement le menton et la queue, défiant du regard la femelle aux cheveux bariolés de couleurs.

— Que vous êtes disgracieux. Vous avez probablement fait fuir toutes les proies de la forêt.

Puisque la louve blanche avait choisi la guerre, elle l’aurait. Et elle n’avait pas misé sur les bons adversaires à avoir.
Mildred ne la lâcha pas des yeux lorsqu’elle fit un léger pas en arrière, reculant jusqu’à pouvoir sentir contre son épaule la présence rassurante de la carrure plus dense de Maxim.