Mon papa après la peur [Feat Raison]

J’étais restée dans la neige, étourdie par ma mésaventure. Je me sentis bientôt protéger par les ailes de papa qui s’était approché. Cela me fit du bien et me força à ouvrir les yeux, même si je ne le voyais pas, j’imaginais sa silhouette imposante et chaleureuse qui me défendait contre le vent et le froid de l’hiver. Est-ce que je vais bien ? Je me relevais péniblement avant de me blottir contre le poitrail du mâle, humant son odeur qui me rassura, et mettant les oreilles doucement vers l’arrière.

Qu’est ce qu’il c’est passé hein ? Moi-même j’ai du mal à le savoir. J’imagine encore la créature qui me nargue avec sa machoire pleine de crocs que je n’ai jamais vu, et ne verrais jamais. Je me sentais ridicule et stupide, j’avais sans doute dû halluciner. Alors que j’étais blotti contre papa, un frisson me traversa avant que je n’éternue assez vivement. Reniflant en me frottant la truffe du bout de la patte.

« Je… hum… je crois que j’ai… halluciné… C’est ridicule, de ma part… Je savais même pas que je pouvais avoir des hallucinations auditives. »

Je restais contre lui, continuant de me détendre contre ses pattes. Je n’avais pas répondu à est ce que j’allais bien ou pas. Je ne voyais pas l’intérêt d’y répondre. Je suis vivante, donc je vais bien, c’est tout ce qu’il faut savoir. J’ai mal à la tête, mais je ne lui dirais pas, je chancelle un peu quand je marche, mais si on rentre je ferais tout pour marcher bien droit. Je n’ai pas envie qu’il s’inquiète, il a trois autres petits à gérer, je n’ai pas le droit de le monopoliser.

Je me décidais à contre cœur à me décoller de lui, m’asseyant, secouant doucement la tête avant de replacer correctement mon chapeau et d’agite lentement les oreilles. Je veux bien rentrer mais seule j’en suis incapable et j’en ai parfaitement conscience.

« On… peut rentrer tranquillement à pied. Je devrais être capable de marcher »

Normalement, si mes muscles ne me font pas trop souffrir, et que je ne m’effondre pas à cause de cette chaleur qui m’envahit. J’ai des sifflements dans les oreilles en plus, c’est terriblement embêtant pour se concentrer sur les bruits qui sont aux alentours. Je devrais surtout être capable de suivre si il est prêt de moi, parce que je pourrais me concentrer sur le bruit et le mouvement qu’il produit, et donc rentrer sans être totalement déboussolée à cause du vent qui peut se remettre à souffler quand il veut.

J’étais restée blotties contre papa, je minimisais toujours les choses quand cela me concernais, je ne voulais pas que papa s’inquiète pour moi c’était stupide. Je ne le méritais pas plus que d’habitude. Surtout qu’à cause de moi il avait dû s’occuper de ses activités et ensuite venir s’occuper de la pauvre et misérable aveugle que je suis. A la honte, je me faisais honte et je m’en voulais déjà. Il faudra que je m’excuse correctement quand j’irais mieux.

« C’est pas grave, j’ai retrouvé le chemin. »

Remarquais-je pour essayer de le défaire de ses inquiétudes, sans succès. Je baissais les oreilles en lâchant un soupir, super, je n’arrive à rien. Il ne me fait peut être pas confiance parce que je suis aveugle ? Ou il me croit toute faible ? Et incapable de me gérer ? Quoi que c’est un peu vrai. Il faut que je grandisse et que j’apprenne à gérer mon état d’aveugle pour évoluer correctement dans ce monde.

Je l’écoutais me dire que je ne devais pas me rabaisser ou refouler mes émotions. Mais je n’ai jamais refoulé mes émotions. Je ne les contrôle pas du tout et elles sortent comme elles viennent en moi. Comme des vagues qui me pousse vers un lieu que je ne connais pas encore, et ne connaîtrais sans doute jamais. J’écoutais le grand loup avant de rouler des yeux.

« Papa… Je sais que je ne suis pas en danger avec toi, et qu’il ne m’arrivera rien tant que tu me protègeras. Mais je n’ai rien fait pour mériter tout ça. D’abord je suis étrangère, ensuite une véritable empotée, et ne plus je suis complètement aveugle donc un véritable poids inutile à notre meute. »

Remarquais-je en soupirant fortement avant de me relever. Je me sentais toujours mal de profiter de la quiétude de Nakhus sans y être utile. Il fallait que je trouve un moyen de les aider, de contribuer à mon niveau à la prospérité et la vie en communauté de cette meute qui m’a accueillie.

Père est trop bienveillant avec moi, j’en suis gênée, mal à l’aise, toujours à me demandé pourquoi… Pourquoi il fait ça pour moi ? Je l’écoutais avant de hocher la tête, suivant le bruit de ses pas. J’aurais tellement aimé comprendre avec certitude ce qui m’effrayait là bas dans le sous bois. Ça m’intéressait vraiment, me fascinait et m’attirait même. Mais faire demi tour pour comprendre me terrorisé autant que ça m’attirait. J’étais sublimé par ces ombres, elles me semblaient dangereuses, mais parce qu’elles étaient loin, je les trouvas magnifiques… Ces ombres que je ne vois pas, mais que je perçois jusque dans ma chaire.

« Raison… tu as déjà pensé… que tu avais peur de vivre ? »

Demandais-je en baissant la tête, marchant toujours derrière lui. Me questionnant sur la peur dévorante qui m’avait précédemment envahis.