Riptide | Ft. Judas

Pourquoi retournait-il sans cesse vers les douleurs et les souffrances ? La raison était simple, il aimait ça. Judas avait vu son très cher maître se faufiler discrètement loin de la meute comme tous les jours depuis que le dôme s’était formé. Un animal mort dans la gueule, et le bleu n’avait que trop remarqué la maigreur de son compagnon. Sa destination ne laissait pas place au doute et le cueilleur laissa Jésus partir loin devant pour lui laisser son moment privilégié avec Ao même si la plupart du temps, Judas le voulait aussi ce moment. Alors ce jour là, il avait décidé de prendre les devants même si sa fesse droite le menait encore vers l’autre loup rayé de violet. Discrètement, le loup prit le même chemin que le maître, jusqu’à arriver devant la chute d’eau. Ce n’était pas réellement un endroit qu’il affectionnait d’ailleurs, trop humide, l’odeur exhalait l’humus et le lichen, l’hiver ne faisant qu’accentuer la froideur des lieux.

Pourtant il traversa la chute sans rien dire, il le voulait son moment. Jésus était là, allongé face à la fontaine récemment reconstruite. Son corps luisait d’humidité mais le rendait encore plus divin aux yeux de son disciple. Et il avait même remarqué sa présence malgré le vacarme assourdissant de la cascade. Judas laissa le silence pour réponse et s’avança à son appel. Puis, dans un souffle, il se trouva le museau devant la fontaine. Mais ce n’était pas assez douloureux pour lui, pas encore, ce n’était qu’un amuse bouche.

« Moi j’ai de la peine pour ceux qui ne croient pas en leur puissance. Mais la souffrance éternel ne suffirait pas à les punir de tant de médisance. »

A peine eut il finit sa phrase que sa gueule plongea dans le liquide bleu, jusqu’à ce que Jésus en décide autrement bien sûr. Ce petit geste eut pour effet de durcir des zones qui ne devraient pas l’être face à de tels actes.

« Oh que non je ne les renierai pas, mais je crois que certains ne veulent pas de moi ! »

Tout fier de ses conneries, il se tourna et montra sa fesse droite à son maître. Un coeur s’y était fiché, arabesques violettes luisantes dans la pénombre de ces lieux. Le mâle à la longue crinière continua :

« Je nettoyais le dôme quand un étrange loup inconnu m’a fixé bizarrement, avec la vitre je n’entendais pas ce qu’il me disait mais j’ai eu le temps d’apercevoir une lumière violette filer à toute vitesse. Depuis, j’ai la désagréable sensation de toujours savoir où il se trouve ce petit fifrelin. »

D’une voix doucereuse d’un rire presque satisfait, il tendit plus fort son postérieur à l’endroit de Jésus. Attendant encore d’autres marques d’attention.